T E M P S   DE   O R D I N A  I R E : Première semaine

INDEX

     Lundi première semaine
     Mardi première semaine
     Mercredi première semaine
     Jeudi première semaine
     Vendredi première semaine
     Samedi première semaine


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"Notes bibliques"

 

 


Mc 1,16 Comme il passait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter le filet dans la mer: c'étaient des pêcheurs.
17 Jésus leur dit: «Venez à ma suite, et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes.»
18 Laissant aussitôt leurs filets, ils le suivirent.
19 Avançant un peu, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, qui étaient dans leur barque en train d'arranger leurs filets.
20 Aussitôt, il les appela. Et laissant dans la barque leur père Zébédée avec les ouvriers, ils partirent à sa suite.
 


LUNDI PREMIÈRE SEMAINE
Mc 1,14-20 

Introduction
            Nous sommes entrés dans le temps que l’on dit « ordinaire » dans le sens du temps normal, le temps de tous les jours. Du point de vue chrétien, le temps d’exprimer par notre vie de tous les jours, notre foi et notre fidélité à Jésus. Saint Marc va nous accompagner durent ces neuf premières semaines ; coupées par le temps de Carême et Pâques. Demandons-nous sur notre fidélité de tous les jours à Jésus.

Pour l’homélie

            ∆ v. 14.- En exergue au récit de l’activité de Jésus en Galilée, Mc note le thème fondamental de sa prédication, vv. 14-15 (Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée. Il proclamait l'Évangile de Dieu et   disait : « Le temps est accompli, et le Règne de Dieu s'est approché: convertissez-vous et croyez à l'Évangile. »)
            Jean livré, c'est-à-dire emprisonné comme cela est dit de Jésus (Mc 10,33 :
« Voici que nous montons à Jérusalem et le Fils de l'homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes; ils le condamneront à mort et le livreront aux païens… »; 14,21 : « Car le Fils de l'homme s'en va selon ce qui est écrit de lui, mais malheureux l'homme par qui le Fils de l'homme est livré! Il vaudrait mieux pour lui qu'il ne soit pas né, cet homme-là ! »; 14,41: Pour la troisième fois, il vient; il leur dit : « Continuez à dormir et reposez-vous! C'en est fait. L'heure est venue: voici que le Fils de l'homme est livré aux mains des pécheurs”; 15,10 : Car il voyait bien que les grands prêtres l'avaient livré par jalousie). Le choix du terme et la forme du verbe en passif suggèrent que, même si les hommes sont les acteurs du drame, c’est Dieu qui cependant les conduit selon son dessin.
            Proclamer l’évangile de Dieu définit la tâche des apôtres (
Mais, alors que nous venions de souffrir et d'être insultés à Philippes, comme vous le savez, nous avons trouvé en notre Dieu l'assurance qu'il fallait pour vous prêcher son Évangile à travers bien des luttes. ~ Nous avions pour vous une telle affection que nous étions prêts à vous donner non seulement l'Évangile de Dieu, mais même notre propre vie, tant vous nous étiez devenus chers. Vous vous rappelez, frères, nos peines et nos fatigues: c'est en travaillant nuit et jour, pour n'être à la charge d'aucun de vous, que nous vous avons annoncé l'Évangile de Dieu (1 Th 2,2.8-9). En l’appliquant à Jésus, Mc souligne la continuité de la mission de Jésus et de celle de l’Église.

            v. 15.- Le temps est accompli. Le temps fixé par Dieu pour l’accomplissement des promesses est venu.
            Est devenu proche. Le même verbe qu’en 14,42 :
Levez-vous! Allons! Voici qu'est arrivé celui qui me livre.                     
            Convertissez-vous et croyez à l’évangile. La prédication de Jésus est résumée en des termes qui suggèrent qu’elle se continue dans la prédication chrétienne. Celle-ci affirme que les temps sont accomplis (Ga 4,4 : Mais, quand est venu l'accomplissement du temps, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme et assujetti à la loi ; Ep 1,10 : … pour mener les temps à leur accomplissement: réunir l'univers entier sous un seul chef, le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre ; 1 Th 1,5-6.9 : En effet, notre annonce de l'Évangile chez vous n'a pas été seulement discours, mais puissance, action de l'Esprit Saint, et merveilleux accomplissement. Et c'est bien ainsi, vous le savez, que cela nous est arrivé chez vous, en votre faveur. Et vous, vous nous avez imités, nous et le Seigneur, accueillant la Parole en pleine détresse, avec la joie de l'Esprit Saint. ~ Car chacun raconte, en parlant de nous, quel accueil vous nous avez fait, et comment vous vous êtes tournés vers Dieu en vous détournant des idoles, pour servir le Dieu vivant et véritable ; 1 Th 2,13 : Voici pourquoi, de notre côté, nous rendons sans cesse grâce à Dieu: quand vous avez reçu la parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l'avez accueillie, non comme une parole d'homme, mais comme ce qu'elle est réellement, la parole de Dieu, qui est aussi à l'œuvre en vous, les croyants.) Mais la bonne nouvelle de l’approche du Règne de Dieu devient, après Pâques, celle du salut offert en Jésus Christ.

            v. 16 : Passant au bord….- Aux origines de l’Évangile, Mc voit aussi l’appel de quatre disciples qui feront partie du collège des Douze et qui, envoyés par Jésus, seront ses apôtres. Mc donc place ici, sans aucun souci de préparation psychologique, ces deux courts récits. Coulés dans le même moule, ils mettent en valeur l’initiative de Jésus dans l’appel, l’obéissance des hommes dans la réponse.

            v. 17.- À ma suite : litt. Derrière moi.

            Pêcheurs d’hommes : L’image malgré son emploi peu favorable dans l’A. T., notamment comme menace de châtiment (Jr 16,16 : Je vais envoyer quantité de pêcheurs - oracle du SEIGNEUR - qui les pêcheront; et puis j'enverrai quantité de chasseurs qui les chasseront sur toute montagne, sur toute colline et jusque dans les creux des rochers) s’applique ici à la mission future des Douze : en prêchant l’Évangile ils rassembleront des hommes en vue du jugement et de l’entrée dans le Royaume de Dieu.

            v. 18.- Et le suivirent. (Note à Mt 4,20 : Dans le judaïsme du premier siècle, le verbe suivre, désignait couramment le respect, l’obéissance et les nombreux services que les disciples des rabbis devaient à leurs maîtres. En appliquant ce terme à Jésus et à ses disciples, Mt transforme le sens en plusieurs points :
     1) ce n’est plus le disciple qui choisit son maître ; l’appel vient de Jésus et il lui est généralement répondu par une obéissance immédiate ;
     2) les disciples suivent Jésus non seulement comme auditeurs mais comme collaborateurs, témoins du Règne de Dieu, ouvriers dans la moisson de même que chez les zélotes, les disciples s’attachent non seulement à l’enseignement du maître, mais à sa personne ;
     3) Mt relève souvent que les foules suivent Jésus, indiquant par là qu’elles cherchent obscurément en lui le maître qu’elles n’ont pas trouvé chez les rabbis attitrés de la synagogue ;
     4) en un second temps Jésus procède à une critique de cette suite, montrant qu’elle signifie beaucoup plus que ce que les disciples ou les foules avaient d’abord imaginé ; suivre Jésus ce n’est rien de moins que se charger de sa croix (Mt 16,24).

            Suivre Jésus, c’est devenir disciple. L’abandon du métier pour vivre avec le maître exprime la nouveauté de vie avec Jésus, l’expérience des Douze servant de typer aux croyants appelés à leur tour à se mettre à leur école.

Passage au rite
            Ils le suivirent. Suivons-le nous aussi dans la célébration, en passant par la Croix, jusqu’à la gloire.

Pour le Notre Père
          
Ils apprirent d’abord qu’ils sont devenus disciples ; pour apprendre, après, qu’ils étaient déjà des fils bien aimés. Nous aussi ; c’est pourquoi nous osons dire…    retour


 

MARDI PREMIÈRE SEMAINE
Mc 1,21-28 

Introduction
            Aujourd’hui et demain nous allons accompagner Jésus durant une journée missionnaire. En commençant par la prière du sabbat à la synagogue. Un peu – un peu seulement – comme nous à la petite messe de chaque matin. Supplions-le de nous garder dans sa fidélité.

Pour l’homélie

            Vue d’ensemble.- Dans cette scène Mc associe l’enseignement de Jésus (vv. 21-22) et sa victoire sur l’esprit du mal (vv. 23-26) comme une seule et même manifestation d’autorité venue de Dieu (v. 27)

            ∆ v. 22.- On était frappé par son enseignement.- Mc précise rarement l’objet de l’enseignement de Jésus, mais le fait qu’il enseigne est souvent noté, ainsi que la forte impression faite sur les auditeurs (6,2 : Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Frappés d'étonnement… ; 10,26 ; 11,18 ; 7,37). L’autorité qu’il manifeste lui vient de Dieu. Jésus est présenté ici par opposition aux scribes, interprètes attitrés de la loi et spécialistes des Écritures, qui se retranchaient derrière l’autorité des textes ou de la tradition.

            v. 23.- Esprit impur.- Expression fréquente pour désigner un démon ; l’esprit est impur parce que son influence est de celles qui s’opposent à la sainteté de Dieu et de son peuple. Ici, il réagit vivement à la sainteté de Jésus (le Saint de Dieu). Pour la relation entre maladie et influence démonique voir le note au v. 32 (ce mercredi-ci). 

            ∆ v. 24.- Que nous veux-tu ? Litt. Quoi à nous et à toi ? (p. e. 1 R 17,18 : La femme dit à Elie : « Qu'y a-t-il entre moi et toi, homme de Dieu ? Tu es venu chez moi pour rappeler ma faute et faire mourir mon fils » ; Jn 2,4 : Mais Jésus lui répondit [à sa mère] : « Que me veux-tu, femme? Mon heure n'est pas encore venue.») expression biblique pour repousser une intervention jugée inopportune ou manifester le refus de tout rapport avec quelqu’un. Le démon, censé parler par la bouche du malade et au nom de ses congénères, comprend que son pourvoir sur l’homme touche à sa fin (Lc 10,18 : Jésus leur dit: « Je voyais Satan tomber du ciel comme l'éclair »).

            v. 24.- Le Saint de Dieu.- Dieu seul est saint et sa sainteté s’attache à ce qui lui appartient ou à ce qui lui est consacré : Jésus est le Saint de Dieu par excellence, étant le Christ (consacré, cf. v. 1,1) et le Fils de Dieu (vv. 1,1 et 1,11 au baptême). Il ne semble pas que ce titre ait été employé par les Juifs à propos du Messie.

            v. 25.- Tais-toi, voir note du v. 34 (voir ce mercredi-ci).

            ∆ v. 27.- Tellement saisis.- Nouvelle expression, propre à Mc cette fois, de l’étonnement voire de la frayeur, provoqué par les actes de puissance ou les paroles de Jésus (Mc 10,24 : Qu'il sera difficile à ceux qui ont les richesses d'entrer dans le Royaume de Dieu!» Les disciples étaient déconcertés par ces paroles; v.32 : Ils étaient en chemin et montaient à Jérusalem, Jésus marchait devant eux. Ils étaient effrayés, et ceux qui suivaient avaient peur.)

            Dans l’office synagogal, après la lecture de la Tora et d’un extrait prophétique, le plus souvent d’Isaïe, l’homélie faisait le commentaire et l’application à la vie des textes proclamés. C’est dans ce cadre que Jésus a commencé à enseigner ; la réaction a été immédiate : son discours est différent de ce que l’on entend habituellement. Il s’impose par l’autorité qui s’en dégage. Mais l’autorité de Jésus ne s’arrête là : elle se manifeste également par l’obéissance qui lui rendent les puissances mauvaises habitant un pauvre homme qui participait à la prière de la synagogue, et dut entendre l’homélie prononcée par Jésus.

            Chez les spectateurs il en résulte un double étonnement : ils viennent d’entendre un enseignement nouveau ; ils ont été témoins d’une puissance inhabituelle sur le mal. Ils se posent alors la question qui va peut-être leur permettre d’avancer : « Qu’est-ce que cela ? »

Passage au rite

            Notre foi devrait nous permettre d’admirer la bonté du Seigneur qui nous donne de participer à la célébration de son Mémorial : bien plus digne d’étonnement que ce que Marc nous a raconté qui s’était passé à Capharnaüm.

 Pour le Notre Père

            Jésus n’a pas honte de nous appeler ses frères. Il faut le faire ! Puissions-nous en avoir conscience chaque fois qui nous disons cette prière qui proclame la paternité de Dieu et notre fraternité avec Jésus et des uns à l’égard des autres.   retour

 

MERCREDI PREMIÈRE SEMAINE
Mc 1,29-39

Introduction
           
Nous accompagnons encore Jésus durant cette journée apostolique du Maître. Puissions-nous l’accompagner aussi maintenant dans la célébration du Mystère Eucharistique.

Pour l’homélie
           Contexte.- Voici le deuxième, le troisième et le quatrième épisode de la «Journée de Capharnaüm». Même si l’expression « le soir venu » nous déplace déjà dans le premier jour de la semaine suivante.

            ∆ vv. 29-31.- Celui qui, à la synagogue, vient de manifester l’autorité de sa parole et sa puissance sur le mal, peut faire sans doute quelque chose pour la malade de la maison. Pourquoi ne pas lui demander ? Jésus intervient. La femme guérie rend service à son guérisseur. Cette femme devient pour Marc et ses lecteurs le modèle de celles et ceux qui se mettent au service de Jésus et de son Église.

           ∆ v. 32.- Le soir venu.- L’apparition des premières étoiles marque la fin du sabbat.
           Les démoniaques.- Mc (et ailleurs dans le NT) associe plusieurs fois maladie et influence d’un esprit mauvais, malades et démoniaques. Les démons ne sont jamais mentionnés dans le NT que sous l’aspect de leur influence en ce monde : l’œuvre de Jésus est d’y mettre fin.
           Note dans Mt 8,16 r) : Comme dans le judaïsme de leur temps, les évangiles connaissent les quatre expressions : démoniaques (litt. Ceux qui sont la proie des démons), démons, esprits et esprits impurs. Dans les exorcismes opérés par Jésus, il faut noter surtout, le rôle de la parole souveraine contrastant avec les manipulations souvent compliquées des exorcistes de son temps et le lien explicite avec l’AT qui présente les guérisons de Jésus comme les signes de l’intervention décisive de Dieu pour la guérison et le salut des hommes.

           ∆ v. 34.- Ils connaissaient qu’il était le Christ.- Mc explique ici pourquoi Jésus impose le silence aux démons : tandis que sa grandeur échappe aux hommes (1,27 :
Il commande même aux esprits impurs et ils lui obéissent ! ; 4,41 : Ils furent saisis d'une grande crainte, et ils se disaient entre eux : « Qui donc est-il, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »; etc.) les démons savent qui il est (1,24 : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es: le Saint de Dieu » ; 3,11 : Les esprits impurs, quand ils le voyaient, se jetaient à ses pieds et criaient : « Tu es le Fils de Dieu » ; 5,7 : D'une voix forte il crie : « Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je t'adjure par Dieu, ne me tourmente pas. ») ; secret que Jésus ne veut pas voir divulgué, quoiqu’il exprime la vérité révélée par la voix divine en 1,11 (Baptême) et 9,7 (Transfiguration), et confessée par la foi chrétienne (Jésus Messie, Fils de Dieu, Saint de Dieu). L’affrontement entre Jésus et le démon est public et témoigne d’une puissance extraordinaire, mais il est trop tôt pour en révéler le sens.

          ∆ v. 38.- Pour que j’y proclame aussi l’évangile. Ce verbe à lui seul suffit à désigner en Mc la proclamation de la Bonne Nouvelle (1,14 : Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée. Il proclamait l'Évangile de Dieu ; 13,10 : Car il faut d'abord que l'Évangile soit proclamé à toutes les nations ; 14,9 : En vérité, je vous le déclare, partout où sera proclamé l'Évangile dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d'elle, ce qu'elle a fait).

          L’étonnement à cause de la découverte de l’absence de Jésus par les habitants de Capharnaüm fut plus grand encore que celui des disciples. Une soirée comme la précédente ne s’oublie pas ; ils en redemandaient. On partit à sa recherche. Quand ils l’eurent enfin découvert, Jésus leur fit comprendre que la fête locale allait devoir se terminer. En plusieurs heures de prière, revoyant les événements de la veille sous le regard de Dieu, il avait mesuré son succès, les limites de sa réussite, l’attente immense des villages voisins. Il serait trop facile de s’y attarder sous prétexte que ça marchait bien. La prière de Jésus l’a aidé de se libérer des séductions de la popularité et à vivre les ruptures nécessaires.

Passage au rite
           « Partons ailleurs… », même si « ailleurs » je vais trouver la croix. « Je suis sorti » pour proclamer la Bonne Nouvelle quoi qu’il puisse arriver.

Pour le Notre Père
            Jésus a accompli « la volonté du Père » en toute perfection. Qu’il nous aide à prier et à accomplir.
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JEUDI  PREMIÈRE SEMAINE 

Mc 1,40-45

 

Introduction

Souvent Dieu s’est plaint de l’entêtement du peuple hébreu à faire la sourde oreille aux bienfaits reçus de lui au long des années. Qu’est-ce qu’il aurait à dire à notre égard ?

 

Pour l’homélie

            ∆ v. 40.- Un lépreux.- La journée de Capharnaüm (vv. 21-34 : mardi et mercredi) groupe quelques actes caractéristiques, selon Mc, des premières manifestations de Jésus et de l’extension de ses activités à toute la Galilée (vv. 35-39, mercredi, deuxième partie) ; Mc ne fournit ici qu’un exemple typique : un acte de purification comparable aux victoires sur les esprits impurs (v. 23 dans la synagogue). La lèpre en effet était considérée comme une impureté, excluant le malade de la société religieuse. Note à Mt 8,2 : En guérissant un lépreux, Jésus triomphe d’une impureté religieuse, considérée comme un châtiment divin par excellence ; signe du péché qui exclut de la communauté (Lv 13 – 14) ; abolissant la frontière entre pur et impur, il donne ainsi un signe de sa mission (Mt 11,5).
 

            ∆ v. 41.- Pris de pitié ; d’autres témoins lisent irrité. Impur et cause d’impureté, le lépreux était censé se trouver sous le coup d’un châtiment divin et mis au ban de la société. Jésus par son geste (étendit la main et le toucha), le dénie, mais renvoie pourtant le malade guéri au prêtre, pour qu’il soit réintégré dans la communauté religieuse.

            La guérison de la lèpre était considéré un acte comparable à la résurrection des morts et attribué à Dieu seul. Signe de l’approche du Règne de Dieu, elle accompagne la résurrection des morts et est comptée parmi les bienfaits des temps du Messie (Mt 10,8 ; 11,5). De ce fait la consigne de silence se justifie dans la perspective de Mc.
 

            ∆ v. 44.- Ne dis rien à personne.- La consigne de silence n’est pas respectée ici, comme si le rayonnement de la puissance du Fils de Dieu, ne pouvait être empêchée.

            Et donne pour la purification….- Le lépreux guéri ne pouvait être intégré dans la communauté religieuse que si la guérison était homologuée par le prêtre en fonction au Temple.

            Ils auront là un témoignage.- Cette formule désigne ailleurs un témoignage de valeur juridique porté contre (6,11 : Si une localité ne vous accueille pas et si l'on ne vous écoute pas, en partant de là, secouez la poussière de vos pieds: ils auront là un témoignage) ou devant (13,9 : Soyez sur vos gardes. On vous livrera aux tribunaux et aux synagogues, vous serez roués de coups, vous comparaîtrez devant des gouverneurs et des rois à cause de moi: ils auront là un témoignage) quelqu’un. En 13,9 ce témoignage semble être favorable ou accusateur selon la manière dont il est reçu. Il doit être de même ici : l’attestation régulière de la guérison revêt la force d’un tel témoignage. La difficulté de concilier cette idée avec la consigne de silence du v. 44, signale la tension souvent exprimée par Mc entre les aspects public et secret de la personne et de l’activité de Jésus : il refuse de se révéler comme Messie, mais il manifeste, en ses paroles et en ses actes, son autorité et la puissance de Dieu.
 

            v. 45.- Répandre la nouvelle. Litt. La parole. Ce mot a le sens technique de Parole de Dieu en 2,2 (Et tant de monde s'y rassembla qu'il n'y avait plus de place, pas même devant la porte. Et il leur annonçait la Parole) et en 4,14-20.33 ; rapproché ici du verbe proclamer qui se dit de l’Évangile, il peut suggérer que le lépreux guéri préfigure les prédicateurs de l’Évangile (cf. 5,19-20 ; 7,36).

            Jésus est tout remué par la demande du lépreux. Il fait un geste royal : toucher un lépreux, c’est risquer contagion et impureté. Il prononce une parole catégorique : « Je le veux ». (~) Jésus a pouvoir sur la maladie, mais pas sur la conscience des hommes. L’ancien lépreux est trop bavard. Dès que Jésus arrive dans un bourg, il est maintenant précédé d’une renommée dont il n’a que faire car elle fausse les rapports. La tournée de prédication dans les villes de Galilée, que Jésus avait en tête en quittant Capharnaüm, ne peut avoir lieu. Il reste alors dans la campagne comme si la lèpre s’était attachée à lui, et malgré cela, il est encore assailli. Finalement il retournera à Capharnaüm.

 

Passage au rite

            Une des antiennes du temps de Noël parle du Mystère de l’Incarnation comme d’un « Admirable Échange ». L’homme donne à Dieu son humanité ; celui-ci lui donne sa divinité. Non seulement cela : l’homme donne à Jésus son péché ; Lui, il lui donne sa sainteté. Cela se passe à chaque eucharistie.

 

Pour le Notre Père

            Prions, tel que le lépreux, en toute simplicité, en toute humilité, les paroles du Notre Père que Jésus nous a appris. Il ne peut pas ne pas être pris de pitié pour nous.   retour

 

 

VENDREDI PREMIÈRE SEMAINE
Mc 2,1-12

Introduction
            Tous les matins nous entendons la Bonne Nouvelle, mais est-ce que nous l’écoutons aussi du fon du cœur ? Pour toutes les fois que nous avons fait la sourde oreille…

Pour l’homélie
           
Regard d’ensemble.- Avec cette page d’aujourd’hui, commence une série de cinq discussions de Jésus avec ses adversaires, que Mc situe à Capharnaüm (d’aujourd’hui à mercredi, inclus). L’intérêt se porte sur les paroles de Jésus, qui s’exprime nettement sur le sens de sa mission.

            ∆ v. 1.- La maison.- Il faut penser sans doute à la maison de Simon (1.29) où Jésus se trouve en quelque sorte chez lui. En 7,17 ; 9,28 et peut-être 3,20 le sens est différent (dans une maison).

            v.2.- Annoncer la Parole est une expression consacrée pour la prédication chrétienne (p. e. Ac 4,29.31 : « Et maintenant, Seigneur, sois attentif à leurs menaces et accorde à tes serviteurs de dire ta Parole avec une entière assurance. » ~ À la fin de leur prière, le local où ils se trouvaient réunis fut ébranlé: ils furent tous remplis du Saint Esprit et disaient avec assurance la parole de Dieu ; 8,25 ; etc.) dont Mc souligne ici encore qu’elle continue celle de Jésus.

            ∆ v. 4.- Faisant une ouverture. Il faut imaginer une maison palestinienne à un seul étage, dont le toit en terrasse est fait de bois et de terre battue. Brancard : lit. grabat.

            ∆ v. 5.- Voyant leur foi.- La foi est ici exprimée par la démarche vers Jésus accomplie par le malade et ses porteurs. Dans les récits des miracles, il arrive que Jésus demande la foi avant d’intervenir (le cas de Jaïros ; du père de l’épileptique ; etc.) ou qu’il relie après coup la guérison du malade à sa foi (la femme avec des pertes de sang ; Bartimée).

            ∆ v. 6.- Quelques scribes.- Les scribes sont très souvent nommés en Mc, le plus souvent comme des adversaires de Jésus. Cf. cependant 12,34, celui qui interroge sur le premier commandement.

            ∆ v. 7.- …sinon Dieu seul ? L’idée des scribes est juste. Mais ils devraient examiner si la prétention de Jésus est pas fondée ou pas.

            v. 10.- Le Fils de l’homme.- En dehors d’Ac 7,56 (Martyre d’Etienne), Ap 1,13 et 14,14, la désignation de Fils de l’homme (décalque d’une expression sémitique) ne se trouve que dans les évangiles et sur les lèvres de Jésus. La communauté primitive y a reconnu une des expressions typiques de Jésus de Nazareth, de préférence aux autres titres qu’elle s’est plu à lui décerner (Seigneur, Fils de Dieu). En certains cas, Jésus semble ne pas s’identifier avec le Fils de l’homme (p. e. Mt 16,27 : Car le Fils de l'homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père; et alors il rendra à chacun selon sa conduite ; en d’autres le fait nettement (Mt 8,20 : Les renards ont des terriers et les oiseaux du ciel des nids; le Fils de l'homme, lui, n'a pas où poser la tête).

            Parole Bonne Nouvelle.- v. 10 : Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir de pardonner les péchés sur la terre.

            a) Acteurs qui empêchent la liberté : la foule (Jésus dedans ; le paralysé dehors) ; les scribes, qui empêchent la liberté du pardon. b) Acteurs au service de la liberté : le paralysé et ses compagnons ; Jésus.  Jésus récupère sa liberté : Et il (Jésus) sortit de nouveau le long de la mer. Toute la foule venait à lui et il les enseignait (2,13), malheureusement absent de notre page.

Passage au rite
            Jésus nous a fait rentrer dans le repos de son pardon. Il en a gagné l’accusation de blasphème. Il ne s’est pas arrêté… et l’opposition sera de plus en plus dure. C’est le Mystère de la Pâque. Nous y entrons en rendant grâce à Dieu.

Pour le Notre Père
            Pardonne-nous… comme nous pardonnons nos offenseurs… Nous, enfants des hommes devenus enfants du Père, nous osons dire…   retour

 

 

SAMEDI PREMIÈRE SEMAINE

Mc 2,13-17

 

Introduction

            Jésus a table avec des publicains. Jésus avec nous à la célébration de l’Eucharistie. Confions-lui le pardon de nos péchés.

 

Pour l’homélie

            Deuxième discussion avec des scribes du groupe des pharisiens sur le partage de la table.
 

            ∆ v. 14.- L’appel de Lévi, rapporté sous la même forme que celui des quatre premiers disciples, introduit une seconde controverse ; celle-ci sur l’attitude des Jésus à l’égard des pécheurs.
 

            Bureau des taxes.- On y percevait des taxes sur les marchandises qui entraient dans la ville ou en sortaient. Capharnaüm était à la frontière du territoire d’Hérode Antipas et de celui de Philippe (tétrarque de Trachonidite). Systématiquement organisée par les Romains, la perception de taxes et impôts était affermée à des personnes privées, qui s’aidaient d’employés subalternes. Certaines villes, ou rois dépendant de Rome, pouvaient lever à leur profit des droits de passage ; ce devait être le cas d’Hérode Antipas.
 

            Se leva et le suivit.- Voir Mc 1,18 le lundi de cette semaine.
 

            v. 15.- Dans sa maison.- Il s’agit probablement de celle de Lévi, qui donne une fête chez lui, comme l’a compris Lc 5,29 (Lévi fit à Jésus un grand festin dans sa maison; et il y avait toute une foule de collecteurs d'impôts et d'autres gens qui étaient à table avec eux).
 

            Collecteur d’impôts.- On traduit souvent par des publicains, mais ce nom désigne des personnages importants qui centralisent la levée de l’impôt. Dans les évangiles, il s’agit de leurs lointains subalternes juifs. Ceux-ci sont mal vus dans leur milieu, par suite de leur collaboration avec l’occupant païen et des exactions de bon nombre d’entre eux. L’opinion publique les classe parmi les pécheurs. Parce qu’ils abusaient facilement de leur charge pour s’enrichir injustement, ils étaient assimilés aux pécheurs qui n’observaient pas la loi et qu’il ne fallait pas fréquenter. La conduite de Jésus devait éclairer les communautés des origines qui rassemblaient à la même table, non sans tensions, des chrétiens venus du judaïsme et du paganisme.
 

            ∆ v. 16.- Des scribes du parti des pharisiens. Lit. Les scribes des pharisiens. Autre leçon : car ils étaient nombreux et ils le suivaient. Et les scribes des pharisiens, voyant qu’il mangeait… Les scribes appartenaient pour la plupart à la confrérie des Pharisiens, qui s’appliquaient à bien connaître la loi et la tradition pour en promouvoir la stricte application (ils étaient ainsi séparés – étymologie de « pharisien » – des non observants jugés impurs : c’est probablement le sens de leur nom).
 

            v. 17.- Je suis venu.- Formule caractéristique des paroles de Jésus sur la mission qu’il tient de Dieu (cf. Mc 10,45 : Car le Fils de l'homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ; Mc 1,9 : Ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient: «Hosanna! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient! »).

            Le point d’accrochage c’est le repas pris avec « des pécheurs ; des impurs » alors qu’un repas est un acte religieux qui unit intimement ceux qui le partagent.

 

            Parole Bonne Nouvelle.- Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades; je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs.

 

Passage au rite

Nous t’offrons… et nous te rendons grâce car tu nous as choisis pour être à table avec toi, avant goût de l’éternité.

Pour le Notre Père
           
Nous sommes des pécheurs, nous avons vraiment besoin de dire « pardonne-nous ». Mais nous savons qu’il est venu pour nous. Confiance. Courage de persévérer.    retour