Messes des jours en semaine T. O. :  VINGT-TROISIÈME


INDEX

LUNDI VINGT-TROISIÈME SEMAINE
MARDI VINGT-TROISIÈME SEMAINE
MERCREDI  VINGT-TROISIÈME SEMAINE
JEUDI VINGT-TROISIÈME SEMAINE
VENDREDI VINGT-TROISIÈME SEMAINE
SAMEDI VINGT-TROISIÈME SEMAINE

Cliquez sur le jour souhaité
pour aller aux "Notes bibliques"


 

 

 

 

Lc 6,17.20:Descendant avec eux, il s'arrêta sur un endroit plat avec une grande foule de ses disciples et une grande multitude du peuple de toute la Judée, de Jérusalem et du littoral de Tyr et de Sidon. Regardant alors ses disciples, Jésus dit: "Heureux..."
 


LUNDI VINGT-TROISIÈME SEMAINE
Lc 6,6-11

Introduction
            Nous entendrons tout à l’heure Saint Paul dire aux Colossiens en quoi consiste le mystère de l’Eglise qu’il leur prêchait : Le Christ est au milieu de vous, lui, l’espérance de la gloire. Cette réalité s’accomplit merveilleusement à la célébration eucharistique. Demandons pardon de nos péchés pour nous rendre moins indignes de cette présence ici et maintenant.

Pour l’homélie
            Contexte.- Voici la dernière (5ème) des discussions que Jésus a eues avec les pharisiens et les scribes concernant questions de discipline juive.

            ♦ v. 7.- S’il ferait une guérison. Les casuistes pharisiens regardent la guérison, même miraculeuse, comme un acte médical et donc comme un acte interdit le jour du sabbat (de même en 13,14 – guérison de la femme infirme depuis 18 ans – et 14,1s – guérison d’un hydropique chez un chef pharisien –). Luc est le seul à noter ici comme en 9,47 (pensées des disciples sur qui serait le plus grand).

            ♦ v. 9.- Est-il permis le jour du sabbat, de faire le bien… Jésus oppose l’action qu’il va faire (faire du bien, guérir une vie diminuée) à celle de ses adversaires qui épient avec malveillance (faire du mal, tuer, cf. v. 11). Autre interprétation : il était admis que la loi du sabbat cesse quand une vie est menacée ; ce n’est pas le cas ici ; mais Jésus étend ce principe à toute guérison et à tout bonne action accomplie le jour du sabbat, car ne pas guérir équivaudrait à tuer, ne pas faire le bien à faire le mal. Dans les deux cas l’attitude de Jésus à l’égard du sabbat tend à le mettre au service du bien et de la vie.

            ♦ v. 11.- Ils discutaient entre eux ce qu’ils allaient faire à Jésus. Tandis que Mt et Mc rapportent ici les dessins meurtriers des Pharisiens (et Hérodiens) contre Jésus, Lc ne précise pas leurs intentions. Peut-être parce qu’il juge cette menace prématurée, et par- ce qu’il ne mêle jamais le Pharisiens à la mort de Jésus ; il en attribue la responsabilité aux grands prêtres.

            Jésus cette fois-ci « attaque » en utilisant la terminologie légaliste des pharisiens : s’il est permis ou non… sauver une vie… la perdre. Cette question pose le débat sur le fond, en en généralisant les termes.

            C’est la première occurrence du verbe sauver (σώσαι, sôsai) qui, pendant tout son ministère en Galilée (à une exception près), s’applique à la pratique de guérisons. La lutte victorieuse contre la maladie fait partie du combat libérateur de Jésus contre toutes les formes du mal. Sans attendre la réponse de ses adversaires, Jésus leur lance un regard de défi, et guérit cet infirme, en confirmant ainsi sa prise de position précédente : guérir une vie amoindrie prime sur les dispositions négatives de la loi du sabbat (v. 10).

            Lorsque dans le dernier verset Lc dit seulement qu’ils parlaient entre eux de ce qu’ils pourraient faire à Jésus c’est sûr qu’ils envisagent à lui faire du mal plutôt que du bien.

Passage au rite
            Pierre a parlé de Jésus chez Corneille, de Jésus issu de Nazareth : « Vous savez comment Dieu lui a conféré l'onction d'Esprit Saint et de puissance; il est passé partout en bienfaiteur, il guérissait tous ceux que le diable tenait asservis, car Dieu était avec lui » (Ac 10,38). Cette bienfaisance lui a valu la mort… et la glorification, que nous allons rendre présentes.

Pour le Notre Père
            Est-il permis ? Quelle est la volonté de Dieu ? Que ta volonté soit faite ! Prions pour savoir l’accomplir.    retour



MARDI VINGT-TROISIÈME SEMAINE
Lc 6,12-19

Introduction
            Comme la foule venue de partout s’attroupait autour de Jésus pour écouter ses paroles et lui présenter des demandes, nous aussi nous sommes venus écouter le Seigneur et lui présenter ce qui nous tient au cœur. Demandons-nous : Qu’est-ce que Jésus tient au cœur pour nous ? Qu’est-ce qu’il veut nous donner et qu’il attend que nous lui demandions ? Peut-être, d’abord, le pardon de nos péchés.

Pour l’homélie
            Contexte. Nous entamons une partie nouvelle dans le récit de Luc. La partie parallèle au Sermon sur la Montagne de Mt. Nous aurons la possibilité de l’écouter en entier jusqu’à samedi inclus. Nous repérerons sans doute des différences entre le texte de Luc et celui de Matthieu, en commençant par l’endroit où se tient l’enseignement de Jésus. Il ne faut pas s’en étonner, il s’agit d’une géographie théologique.

            ♦ v. 12.- Jésus s’en alla… pour prier. Lc mentionne souvent la prière de Jésus : 5,16, après la guérison d’un    lépreux ; 6,12, notre passage ; 9,18, avant la « confession de Pierre » ; 9,28-29, à la Transfiguration ; 10,21, après la défaite apostolique des villes galiléennes ; 11,1, avant l’enseignement du Notre Père ; 22,32, il a prié pour Pierre ; 22,40-46, à Gethsémani ; 23,34, au même moment de la crucifixion 23,46, au moment de mourir. Cette prière est le lieu de rencontre avec le Père : 10,21 ; 22,42 ; 23,34.46.

            ♦ v. 13.- Il donna le nom d’apôtres. Lc souligne que les Douze sont choisis par mi les disciples et qu’ils reçoivent le nom d’apôtres. Ce titre désigne ceux que Jésus envoie porter son message de salut. Lc l’utilise six fois dans son évangile (ici ; 9,10, au retour de leur apprentissage missionnaire ; 11,49, lors des plaintes aux légistes ; 17,5, lorsqu’ils demandent que Jésus augmente leur foi ; 22,14, lors du repas pascal ; 24,10, ceux à qui les femmes racontent leur expérience au tombeau vide) ; Mt et Jn, 1 fois : Mc, 2 fois. À la différence de Paul, il réserve ce nom aux Douze (sauf Ac 14,4.14, Barnabas).

            ♦ v. 14.- Auquel il donna le nom de Pierre. Pour la pensée biblique celui qui donne à un homme un nom nouveau prend pouvoir sur lui (2 R 23,34, Eliyaqim changé en Yoyaqim par le pharaon Néko ; 24,17, le roi de Babylone change le nom de Mattanya par Sédécias), comme le fait le père à la naissance de son fils ; il définit aussi pour lui une destinée nouvelle par l’efficacité du nom, surtout lorsque c’est Dieu lui-même qui impose le nom nouveau (Gn 17,5.15, Abram par Abraham ; Jacob par Israël 32,29). L’attribution à Simon du nom de Pierre est rapportée par les évangélistes à des moments différents : Mt 16,18 la place assez tard, en réponse à la question messianique ; Jn 1,42 la situe à la première rencontre des disciples avec le Maître ; Mc 3,16 et Lc la rattachent au choix des Douze ; tous les deux soulignent cette donnée en nommant jusque là Simon et ensuite Pierre (Lc 22,31 et 24,34 qui nomment Simon doivent provenir des sources particulières).

            ♦ v. 16.- Judas Iscarioth. D’autres interprétations ont été proposées. Originaire de Kérioth, bourgade du sud de la Palestine ; menteur (d’après une racine araméenne), épithète injurieuse appliquée au traître après coup ; transcription sémitique de sicarius, équivalent latin de zélote (qualificatif de Simon, qui forme pair avec Judas) ; cette dernière interprétation aiderait à comprendre pourquoi Judas trahit Jésus qui refuse l’idéologie zélote.

            ♦ v. 17.- De toute la Judée. Ici ce terme désigne sans doute toute la Palestine.

            ♦ v. 18.- La puissance est plusieurs fois mentionnée par Lc pour présenter les miracles du Très Haut, de Jésus, des Apôtres, de Simon le Mage (Ac 8,10)

            Hypothèse d’histoire. Le choix des Douze apôtres suit immédiatement les récits des affrontements qui s’étaient achevés sur la mention des projets malveillants des adversaires. Jésus a des raisons d’être préoccupé pour l’avenir de son œuvre, et c’est là sans doute l’objet de la nuit de prière, qui aboutit à la désignation de Douze, expressément nommés apôtres (envoyés) titre que Lc leur réserve et leur donne assez fréquemment (voir v. 13).

            Le discours sur la montagne de Mt est ici sur la plaine. Il y a un contraste frappant entre le succès populaire de Jésus à cette étape et l’hostilité des dirigeants du peuple à son égard.

            Les vv. 17-19 sont un sommaire très généralisant (toute, tous, etc.). Lc s’adresse à la foule tandis que Mt le faisait aux disciples. Au v. 7,1 Lc dit « Quand Jésus eut achevé toutes ces paroles aux oreilles du peuple ». Lc n’utilisera plus ici le verbe « enseigner ». Le dire qui va suivre est de l’ordre d’une proclamation prophétique, plus précisément d’une parole qui est acte, qui réalise ce qu’elle dit.

Passage au rite
            A la fin de l’évangile les disciples sont envoyés à proclamer tout ce qu’ils ont vu et entendu. Dans ce « tout », émerge la proclamation de sa Mort et sa Résurrection. Nous y entrons maintenant encore une fois. Nous sommes invités à y croire pour après pouvoir accomplir le commandement du Seigneur.

Pour le Notre Père
            La contemplation de Jésus prier a provoqué la demande, dont la réponse a été le notre Père. Prions comme Jésus le faisait, même si ce n’est pas avec les mêmes mots qu’il employait. Nous disons ceux qu’il nous a appris.    retour



MERCREDI VINGT-TROISIÈME SEMAINE
Lc 6,20-26

Introduction
            Dans l’évangile de Luc la montagne est le lieu où le Seigneur rencontre le Père par la prière ; la plaine, le lieu de la rencontre avec les hommes pour les instruire. Voilà qu’il va ouvrir sa bouche pour nous instruire nous aussi. Ouvrons nos esprits pour accueillir ce que Jésus nous dira et fera. D’abord, pardonner.

Pour l’homélie
            Contexte.- Version selon saint Luc des Béatitudes. Probablement, aussi bien Lc que Mt, ont adapté celles que la tradition leur avait transmisses de la bouche de Jésus, chacun à leur projet évangélique. Il ne faut pas mettre Lc versus  Mt ; mais interpréter chaque texte dans son contexte global.

            Lc a dû écarter de sa source les éléments proprement juifs qui ne concernant pas ses lecteurs (Mt 5,17-38, les six antithèses ; 6,1-6.16-18, instruction sur la prière, l’aumône et le jeûne). Il présente ces versets comme un discours qui s’adresse d’abord aux disciples pour définir la conduite du parfait disciple. On peut y distinguer, après les béatitudes et les plaintes, des invitations à l’amour des ennemis (vv. 27-35), à la générosité envers le prochain (vv. 36-42), au réalisme efficace du vrai disciple (vv. 43-49) : à la grâce du salut qui lui annoncent les béatitudes, le fidèle de Jésus doit répondre par un amour généreux et concret.

            ♦ v. 20.- Heureux.- Les béatitudes sont des formules classiques dans la tradition biblique et juive pour exprimer : soit l’annonce prophétique d’une joie future ; soit l’action de grâce pour une joie présente (Heureux l'homme dont l'offense est enlevée et le péché couvert ! Heureux celui à qui le SEIGNEUR ne compte pas la faute, et dont l'esprit ne triche pas! [Ps 32/31,1-2] ; Heureuse la nation qui a le SEIGNEUR pour Dieu! Heureux le peuple qu'il s'est choisi pour patrimoine! [Ps 33/32,12]) ; soit, dans les exhortations des sages, la promesse d’une récompense (Heureux qui a trouvé la sagesse, qui s'est procuré la raison!, Pr 3,13). Et maintenant, fils, écoutez-moi. Heureux ceux qui gardent mes voies ! Heureux l'homme qui m'écoute, veillant tous les jours à ma porte, montant la garde à mon seuil! [Pr 8,32.34]). Elles visent toujours une joie accordée par Dieu.

            Les béatitudes de Lc semblent viser des situations présentes concrètes, celles de Mt des attitudes qui constituent la justice. Il n’est pas impossible que Mt ait accentué leur fonction d’exhortation et Lc leur caractère social, suivant son intérêt pour les pauvres.

            Chez Lc les béatitudes sont suivies par quatre antithèses qui proclament systématiquement le malheur des heureux de ce monde. (Des exemples dans l’A. T. : Maudits soient tous ceux qui te parleront durement ! Maudits soient tous ceux qui te détruiront et renverseront tes murs, tous ceux qui abattront tes tours et brûleront tes maisons ! Mais bénis soient à jamais tous ceux qui te craindront ! [Tb 3,14] ; Heureux l'homme qui est constamment sur ses gardes, mais l'obstiné tombera dans le malheur. [Pr 28,14]) et la dureté des menaces répond mal à la douceur de Lc. Cela fait supposer l’originalité de ce texte).

            L’idée générale des Béatitudes de Lc est de promettre le salut à ceux qui sont maintenant pauvres et affligés. Le Royaume de Dieu y apparaît comme le renversement des situations présentes (Lc 1,51-32 ; 16,19-26).

            ♦ v.21.- Les pleurs et les rires caractérisent les malheureux et les heureux de ce monde. Tout le reste de l’évangile montre qu’il ne suffit pas d’être malheureux ou heureux pour obtenir le bonheur ou le malheur, mais qu’il faut comprendre et accueillir sa situation dans la lumière du salut.

            ♦ v. 23.- Leurs pères traitèrent les prophètes.- À partir de la persécution d’Antiochus IV Épiphane (167 av. JC) le judaïsme a souvent insisté sur les persécutions subies par les prophètes et sur leurs martyres. Jésus de même mentionne souvent le martyr des prophètes (Lc 11,47-51, lors des plaintes contre les pharisiens ; 13,33.34, dans la réponse à l’annonce que Hérode menace Jésus).

            ♦ v. 24.- Les quatre déclarations suivantes strictement parallèles aux béatitudes, veulent en faire ressortir les promesses mais aussi les exigences. Elles ne sont pas des malédictions (Malheur à vous !) ni de condamnations irrévocables, mais de plaintes (Malheureux êtes vous !) et des menaces : des appels vigoureux à la conversion (10,13 : Malheureuse es-tu, Chorazin ! Malheureuse es-tu, Bethsaïda! car si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps qu'elles se seraient converties, vêtues de sacs et assises dans la cendre ; 11,42-52 : Mais malheureux êtes-vous, Pharisiens, vous qui versez la dîme de la menthe, de la rue et de tout ce qui pousse dans le jardin, et qui laissez de côté la justice et l'amour de Dieu. C'est ceci qu'il fallait faire, sans négliger cela…).

            La figure de proue des béatitudes est celle des pauvres. Le lecteur de Lc peut faire entrer sous cette large désignation bien de personnages déjà rencontrés : les bergers, les malades, les démoniques, les lépreux, les disciples réduits à glaner pour se nourrir… Ici, elle trouve dans le discours de Jésus un contenu très concret, sans la moindre spiritualisation. Les pauvres sont des gens en manque grave, sur le plan économique : ceux qui ont faim ; sur le plan affectif : ceux qui pleurent ; sur le plan social : ceux que l’on hait et qu’on jette dehors (v. 22). C’est à nouveau l’évocation des « exclus ». La diffamation envers ceux qui ont embrassé la cause du Fils de l’homme semble une anticipation des risques encourus par le lecteur chrétien, plutôt qu’une possibilité ouverte à ce moment du ministère de Jésus.
Ici « les riches » de ces antithèses le sont économiquement comme « repus » ; affectivement, comme ceux qui peuvent « rire » ; socialement, comme ceux dont « on dit du bien », les bien-pensants objets d’une haute considération.

            L’emploi constant de la deuxième personne du pluriel « vous ! » indique que Jésus ne parle pas d’une manière théorique mais interpellatrice.

Passage au rite
            Dans une certaine mesure tout le ministère de Jésus a été l’annonce pratique des béatitudes jusqu’au sommet du Calvaire et le Jardin de Pâques. Nous y sommes. Croyons-y. Vivons-y d’accord.

Pour le Notre Père
            Essayons de découvrir dans les demandes de la prière du Seigneur, comme en filigrane, le message des béatitudes. Disons donc en faisant attention aux mots…    retour




JEUDI VINGT-TROISIÈME SEMAINE
Lc 6,27-38

Introduction
            Nous sommes toujours assis autour de Jésus sur la plaine, en train d’écouter ses enseignements et en faire mémoire (ne pas seulement nous en souvenir). L’amour, par-dessus toute différence, est un des principes qui distingue le disciple du Seigneur. Où en sommes-nous de cet aspect de la vie chrétienne ?

Pour l’homélie
            Dans les parties que l’on peut distinguer de l’enseignement de Jésus sur la plaine, celle d’aujourd’hui est comme polarisée par l’amour des ennemis. C’est vraiment un des caractères fondamentaux du disciple de Jésus.

            ♦ v. 27.- À vous qui m’écoutez. Après les Béatitudes (maintenant) s’adresse à tous ceux qui dans la masse de ses auditeurs, se mettent situation de disciples : « Mais je vous dis, à vous qui m’écoutez. »

            ♦ v. 28.- …pour ceux qui vous calomnient. Tandis que Mt, dans l’endroit parallèle, pense à un procès judiciaire ; Lc ressent l’affaire comme une agression.

            ♦ v. 31.- Ce que vous voulez que les autres fassent… « La Règle d’Or ». Mt dit que c’est là la Loi et les Prophètes, comme résumé de la révélation de l’A. T. Pour Lc la Loi et les Prophètes sont essentiellement les prophéties de Jésus (24,27-44, Jésus ressuscité aux apôtres).

            ♦ v. 32.- Quelle reconnaissance.- À l’idée juridique de récompense (Mt 5,46), Lc substitue celle de reconnaissance, lit. Grâce). Ce mot évoque pour lui la faveur de Dieu. Au lieu de collecteur d’impôts et des païens il va nommer les pécheurs.
 
            ♦ v. 33. – Vous faites du bien.- Ce terme général et moral remplace chez Lc la salutation orientale de Mt 5,47 : Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire? Les païens n'en font-ils pas autant?

            ♦ v. 35.- Sans rien espérer en retour. On peut dire aussi : sans désespérer de rien. Quelques témoins anciens    lisent : sans désespérer personne, ou de personne.

            ♦ v. 38.- Votre Père miséricordieux.- Alors que Mt 5,48 dit parfait, selon le vocabulaire légaliste juif, Lc définit Dieu comme miséricordieux. C’est une expression traditionnelle de l’AT et ce pourrait être le mot originel de Jésus. Vous ne serez pas jugés : Dans ces phrases les passifs expriment le jugement de Dieu.

            Remarques : Au paradoxe de renversement des situations dans le jugement de Dieu correspond le paradoxe d’une pratique des disciples qui renverse les rapports humains habituels. Ces derniers sont caractérisés par une loi de réciprocité : aimer ceux qui vous aiment, faire du bien à ceux qui vous ont fait du bien… c’est l’économie qui est de règle dans le monde pécheur (vv. 32-34).

            À l’inverse, ceux qui écoutent Jésus auront un comportement jamais vu ! Le comble du paradoxe est proclamé d’entrée de jeu : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. (vv. 27-28).

            C’est l’aspect positif, qui implique corrélativement l’exhortation à ne pas juger ni condamner (v. 37). Cette exigence équivaut à demander l’imitation de Dieu : devenez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux (v. 36) : la « perfection » de Dieu (version de Mt) est essentiellement pour Lc cette miséricorde qu’il avait souligné à cinq reprises dans les cantiques du premier chapitre.

Passage au rite
            Ce que Jésus demande d’accomplir à ses disciples, il l’a d’abord accompli lui-même le long de son ministère, notamment au moment de sa passion. C’est Mystère de la Foi que nous allons rendre présent, offrir et communier, pour apprendre à pratiquer la miséricorde de Dieu.

Pour le Notre Père
            « Pardonne-nous… comme nous pardonnons ». Facile à dire, difficile à faire. C’est pourquoi Jésus nous a appris à prier en disant.    retour



VENDREDI VINGT-TROISIÈME SEMAINE
Lc 6,39-42

Introduction
            Nous sommes toujours à l’école du Sermon sur la plaine. On dit qu’aucun bossu ne se rend compte de sa bosse. Jésus va nous apprendre à être clairvoyants. Demandons-lui d’enlever de notre regard ce qui pourrait nous empêcher d’y voir clair.

Pour l’homélie
            Contexte.- Suite des enseignements de Jésus concernant le comportement entre frères.

            ♦ v. 39. Les deux aveugles qui tombent dans un trou. Mt 15,14, applique cette image aux pharisiens qui égarent leur peuple. Lc l’adresse aux disciples et invite spécialement leurs responsables à la lucidité.

            ♦ v. 42.- Homme au jugement perverti. Litt. « hypocrites ». Ce mot qui ne réapparaît chez Lc qu’en 12,56 (ceux qui savent prévoir la météo et ignorent les signes du temps), et 13,15 (ceux qui détachent leur bœuf pour l’amener à boire, et empêchent de libérer une malade), a, dans l’usage biblique, un sens plus large que dans notre vocabulaire courant. S’il indique parfois la dissimulation volontaire, il marque quelquefois le désaccord entre la conduite extérieure et la pensée profonde ou comme ici fausseté, consciente ou non ; il désigne souvent l’impie, le pervers.

            Selon le v. 40 (Le disciple n’est pas au dessus du maître ; mais celui qui est bien formé sera comme son maître), parole curieusement placée, mais bien en accord sur le fond avec le contexte, (l’imitation du Fils après celle du Père) apparaît pour la première fois la notion de la similitude entre le maître et le disciple : « le disciple n’est pas au-dessus du Maître, tout disciple accompli sera comme son Maître ». Par le contexte, l’affirmation implique ici l’identité de comportement.

            Plus tard surgira fortement l’idée au plan de l’identité de destin.

Passage au rite
            Jésus, l’unique à ne pas avoir ni poutre ni paille dans ses yeux, était autorisé à dénoncer les péchés des autres. Il l’a fait comme des appels à la conversion. Il a été mal interprété il lui a coûté la vie. Puissions-nous recevoir ses corrections et le remercier d’avoir risqué sa vie.

Pour le Notre Père
            Dire Notre Père c’est de dire nous sommes frères. Responsables les uns des autres. Responsables d’exercer comme il le faut la correction fraternelle. Que le Seigneur nous accorde que nos actes correspondent à nos paroles.



SAMEDI VINGT-TROISIÈME SEMAINE
Lc 6,42-49

Introduction
            De nous-mêmes, nous ne pouvons pas donner de bons fruits. Nous sommes venus nous greffer à Jésus Christ pour donner du fruit comme lui. Qu’il nous aide à enlever ce qui est mort dans nos branches.

Pour l’homélie
            Nous sommes à la conclusion du sermon sur la plaine. Essayons de ne perdre aucun mot de l’enseignement de Jésus.

            ♦ v. 45. Car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. Ce dernier verset applique à la parole de l’homme la parabole précédente de l’arbre et de son fruit, comme à Mt 12,34 (Engeance de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, alors que vous êtes mauvais? Car ce que dit la bouche, c'est ce qui déborde du cœur) tandis que Mt 7,16-20 utilise la même image pour dire qu’on est jugé sur ses actes. (C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Cueille-t-on des raisins sur un buisson d'épines, ou des figues sur des chardons ? Ainsi tout bon arbre produit de bons fruits, mais l'arbre malade produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un arbre malade porter de bons fruits. Tout arbre qui ne produit pas un bon fruit, on le coupe et on le jette au feu. Ainsi donc, c'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.) (Mais Mt 7,15-23 restreint cette leçon au discernement des faux prophètes.)

            ♦ v. 48.- Il ressemble à un homme qui bâtit une maison. Lc adapte au monde grec le tableau palestinien de Mt 7,24-25 : Ainsi tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et les met en pratique peut être comparé à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé; ils se sont précipités contre cette maison et elle ne s'est pas écroulée, car ses fondations étaient sur le roc. Il vise un pays où il faut creuser profond pour jeter les fondations, où les rivières sont permanentes et ne menacent les maisons que par leurs crues. Jésus (et Mt) pense à un oued qui se jette sur la maison d’une manière absolument inattendue un jour d’orage.

            La conclusion de cette instruction éthique (depuis le v. 27 : Mais je vous dis, à vous qui m’écoutez) est la parabole bien connue des deux maisons, amenée par une forte interpellation : Pourquoi m’appelez-vous « Seigneur, Seigneur », et ne faites-vous pas ce que vous dis ? » (v. 46). L’important est moins de dire ce que Jésus est, que de faire ce qu’il dit ! Dire sans faire c’est imposture. Voilà qui vise les générations chrétiennes ultérieures, sûrement plus tentées par une confession de foi conformiste que les premiers auditeurs de Jésus. Il faut les avertir qu’attribuer à Jésus, même sincèrement, le titre de « Seigneur », après être venu et avoir écouté ses paroles, mais sans les « faire », sans qu’elles soient réalisées dans un comportement réellement changé, n’est pas bâtir sa vie sur un fondement solide.

            Que l’image d’une maison bien construite serve à dire ce que c’est l’auditeur authentique des paroles de Jésus, fondement d’une vie réellement sauvée, c’est-à-dire mettant en œuvre les valeurs nouvelles du Règne de Dieu, ne saurait surprendre le lecteur qui a eu et aura encore souvent l’occasion de remarquer le rôle de cette figure typique de la maison, si souvent manifestée dans le texte du troisième évangile. (D’après « Bible Works » le mot maison apparaît 41 fois dans Lc).

Passage au rite
            Quelle a été le roc solide sur lequel Jésus a bâti la maison de son existence ? « En tes mains Seigneur je remets mon esprit ! » Nous rendons présent ce mystère de confiance mutuelle entre le Père et le Fils. Puissions-nous y participer.

Pou le Notre Père
            Nous allons dire de belles paroles. Est-ce qu’elles correspondent à ce qu’il y a dans nos cœurs ? Il faut dire « Notre Père », mais agir aussi en conséquence. Malgré tout, nous osons dire…     retour