L E    T E M P S    D U    C A R Ê M E  :   Première Semaine

INDEX
Lundi première semaine
Mardi première semaine
Mercredi première semaine
Jeudi première semaine
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6
Mt 4,1 Jésus fut conduit par l'Esprit au désert, pour être tenté par le diable. 2 Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il finit par avoir faim. Alors le diable l'emmène dans la Ville Sainte, le place sur le faîte du temple 6 et lui dit: «Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit: Il donnera pour toi des ordres à ses anges et ils te porteront sur leurs mains pour t'éviter de heurter du pied quelque pierre.» 7 Jésus lui dit: «Il est aussi écrit: Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu.»

 

 

LUNDI PREMIÈRE SEMAINE
Lv 19,1-2.11-18
Réponse du Psaume : Tes paroles, Seigneur, sont l’esprit et la vie. (EqC, 66)
Mt 25,31-46

Introduction
            Depuis hier nous sommes entrés dans la première semaine de Carême. Que le Seigneur nous accorde l’intelligence – la lecture en profondeur « intus legere » – de notre foi, ainsi nous pourrons mieux vivre en accord avec cette foi qui est la nôtre. Toujours avec son aide ; naturellement ! Comme maintenant, en demandant de recevoir le pardon de nos péchés.

Pour l’homélie
            À la recherche du thème.- C’est clair – à mon avis – que le « thème » qui « unit » les lectures est, d’une part, la dernière phrase du Lévitique Tu aimeras ton prochain comme toi-même », et d’autre, chaque fois que vous l’avez fait (vous ne l’avez pas fait) à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (à moi non plus vous ne l’avez pas fait).

            Mais il y a aussi des remarquables différences à tenir en compte entre les deux textes.

            Dans le Lévitique le prochain est : ton compagnon (3 fois) ; ton prochain (3 fois) ; ton compatriote (1 fois) ; ton frère (1 fois) ; les fils de ton peuple (1 fois) ; toutes ces appellations deviennent comme synonymes. Or, c’est clair ton prochain n’est rien d’autre que « le juif comme toi » ; celui qui appartient à la même société clanique que toi. C’est donc « une proximité fermée ».  En plus il y a ceux qui sont censés être inférieurs socialement : journalier, le sourd, l’aveugle, le faible ; toujours aussi appartenant à ton peuple. Et le référent, comme toi-même.

            Par contre, dans l’évangile, le référant est le Roi lui-même ; Roi qui est le signifiant de Jésus. Et ce Roi s’identifie à tous ceux qui sont dans le besoin, sans d’autre condition. C’est donc « une proximité sans limites ».

            Encore davantage : si nous voulions « traduire » en chrétien le « comme toi-même » du Lévitique, il faudrait que « moi-même », je sois aussi le signifiant de Jésus. C’est-à-dire : Jésus reçoit comme fait à lui les aides données au petits et pauvres. Petit et pauvre, donc, l’égal de Jésus. L’aimer comme à moi-même, c’est me faire l’égal des petits et pauvres ; me mettre à leur place. Ainsi donc : Jésus l’égal des pauvres ; moi l’égal des pauvres ; moi donc l’égal de Jésus. Autrement dit je dois les aimer effectivement comme si Jésus était a ma place, compte tenu de cette sorte d’« équation » : pauvre = Jésus = moi-même. Ce qui est bien plus exigeant, et plus véritable, que faire des « équilibres » pour identifier celui qui est devant moi avec Jésus… ce qui n’est pas toujours honnêtement possible. Par contre je dois – parce que c’est possible avec la grâce de Jésus lui-même – agir comme si Jésus était à ma place devant le plus misérable et méchant des humains !

            Le thème pourrait être exprimé par Soyons les proches de ceux qui ont besoin de nous puisque Jésus veut être proche d’eux.

Passage au rite
            Toute la vie publique de Jésus n’a été rien d’autre que la mise en pratique des ces « œuvres de miséricorde » ; qui l’on conduit à la Croix, mais aussi à la gloire. C’est cette œuvre globale de miséricorde qui est rendu présente sur l’autel. Pour en participer d’abord comme bénéficiaires ; après comme bienfaiteurs. Soyons conséquents à la participation liturgique.

Pour le Notre Père
          
 « Notre Père » c’est proclamation de fraternité, de proximité ouverte, sans limites. Prions donc comme nous l’avons appris…    retour   

 

MARDI PREMIÈRE SEMAINE
Is 55,10-11
Réponse du Psaume : De toutes leurs épreuves, Dieu délivre ses amis. (Mis. noté vert, 59/3)
Mt 6,7-15

Introduction
            Célébrer l’Eucharistie c’est plus qu’une prière ; celle-ci n’est qu’un entretien avec le Seigneur. Célébrer l’Eucharistie c’est d’accomplir une action sacramentelle : une offrande, un geste… bien sûr, accompagné de mots qui donnent le sens à ce qui se fait. Nous sommes venus donc offrir au Père tout honneur et toute gloire par, avec, en, Jésus ; unis à lui et entre nous par l’Esprit. Qu’il veuille maintenant pardonner nos péchés.

Pour l’homélie
             À la recherche du thème.- Pourrait-il être exprimé en disant Quelle est la prière qui pénètre toutes les couches célestes jusqu’à parvenir au cœur du Père ?

            Quel est le point (le mot) de tangence entre les deux lectures ? Dans Isaïe : Ma parole qui sort de ma bouche, ne me reviendra sans résultat. Dans Matthieu : Ne rabâchez comme les païens, ne les imitez pas. Vous donc, priez ainsi : Notre Père.

            Cette parole qui fait le « vient-et-va » efficace entre Dieu et la terre, pourrait être considérée en « petit p » et alors elle pourrait être la prière dominicale elle-même (Notre Père). Mais aussi, elle pourrait être considérée « grand P » (même si on glisse vers Jn), et alors elle est le Verbe-Parole qui a dit : Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde; tandis qu'à présent je quitte le monde et je vais au Père (Jn 16,28) ayant tout achevé (Jn 19,30). Le « vient-et-va » parfaitement bien accompli, absolument efficace.

            Dans Isaïe il est aussi question de résultat, de faire ce que Je veux, de sa mission confiée à la parole. Nous-mêmes, nous sommes un peu « le résultat » de ce « vient » de la Parole (grand P) : En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance (Jn 12,24). C’est donc que nous aussi devrions retourner, revenir à Dieu… Ce qui devrait s’accomplir le jour de notre entrée dans la maison du Père. En attendant, nous faisons déjà ce « va » du trajet « vient-et-va », chaque fois que nous sommes capables de prier dans l’intelligence de la foi la Prière Dominicale.

Je dis bien « dans l’intelligence de la foi » pour signifier la compréhension de chaque mot et de chaque phrase du Notre Père. Autrement nous risquons de faire comme des perroquets. (Entrer dans l’intelligence du Notre Père : bon « effort de Carême »). Jésus nous donne encore une autre condition nécessaire pour que notre prière pénètre les cieux : le pardon mutuel préalable. Vite dit… pas facile, peut-être, à faire ; mais nécessaire tout de même.

Nous pouvons devenir cette « récolte »  que le Père attend après avoir envoyé sur terre la pluie et la rosée de Jésus pour la féconder. Qu’allons-nous faire ?

Passage au rite
           
Nous allons célébrer tout de suite le « vient-et-va » du Verbe Parole : du Père au monde, du monde au Père. Vie, mort, glorification du Christ : Mystère de la foi. Jésus a fait le « vient » tout seul. Dans le « va », Jésus ne le fait pas seul, nous qui sommes là, nous le faisons avec Lui. Laissons-nous emporter par le Christ.

Pour le notre Père
           
Plus que jamais, aujourd’hui à la suite de notre évangile, l’invitatoire du missel pour la prière de Jésus prend tout son sens : Comme nous l’avons appris du Seigneur et selon son commandement, nous osons dire :    retour

 

MERCREDI PREMIÈRE SEMAINE
Jon 3,1-10
Réponse du Psaume : Pardonne-moi, mon Dieu, relève-moi ! (EqC 196)
Lc 11,29-32

Introduction 
          Notre pratique chrétienne devrait être vécue comme la célébration d’un sacrement. Celui-ci s’accomplit par l’action conjointe (synergie) d’éléments matériels (gestes, paroles) et de l’Esprit. De même pour nous : les actes corporels – gestes, paroles – et l’esprit (le notre) plus l’Esprit (le Saint) qui agissent ensemble. Que notre célébration nous fasse grandir dans l’esprit et l’Esprit. En commençant par le rejet de nos péchés.             

Pour l’homélie
[Pour les renseignements exégétiques de ce passage de Lc 11,29-32, voyez, s. v. p., le Mardi de la 23ème semaine].

            À la recherche du thème.- Convertissons-nous ; nous avons de meilleures raisons que les Ninivites. Le prophète anonyme, auteur du livre de Jonas, interpelle ses contemporains fermés en leur propre salut et en excluant de cette possibilité les étrangers. L’auteur du livret donne comme exemple de conversion l’opposant le plus opposé pour un Juif : les Assyriens de leur capital Ninive. Ils se sont convertis rien qu’en entendant l’appel à la conversion du prophète Jonas.

            À la fin du récit, Jonas se fâche contre Dieu parce qu’il s’est montré bienveillant à l’égard des ninivites (comme pas mal de personnages qui apparaissent dans les évangiles à l’égard de certaines actions de Jésus). Cette fin du livre de Jonas n’apparaît pas dans notre lecture. (Voyez les premières lectures – du lundi au mercredi – de la 27ème semaine impaire).

            Jésus s’est identifié à ce Jonas de fiction à l’égard des gens de sa génération qui lui demandaient des signes éclatants pour se convertir, c’est-à-dire accepter sa personne et son message puisqu’ils n’étaient ni des païens ni des athées.

            Il ne faut aller plus loin dans la réflexion. Nous pouvons déjà nous interroger à la suite de ce thème : A qui ressemblons-nous davantage, aux ninivites qui font confiance à Jonas, ou à cette génération contemporaine de Jésus qui refuse sa personne et son message parce qu’il ne leur donne les signes éclatants qu’elle lui demande ?

            En ce Carême, où en sommes-nous de notre progression dans la connaissance de Jésus, de ses paroles, de ses exemples ; dans la suite de ses consignes ? Sommes-nous capables de croire que même les cheveux de notre tête sont tous comptés lorsque des adversités sans raison apparente tombent sur nous ? Ou, par contre, exigeons preuves, miracles, pour confier inconditionnellement en l’amour paternel de Dieu pour nous, rien que parce que Jésus nous l’a dit ?

            Notre culpabilité, si c’était le cas, serait bien plus grande que celle de la génération de Jésus car nous possédons le grand signe de la Glorification de Jésus après sa fidélité jusqu’à la Croix, jusqu’au tombeau. Avons-nous besoin davantage ?

Passage au rite
            Nous accomplissons dans la foi – donc avec l’assurance de la certitude – le grand signe que Jésus nous donne pour « mériter » notre adhésion : le Mystère de la foi ! Que notre vie corresponde à notre foi. 

Pour le Notre Père
            Il y a ici bien plus que Salomon. C’est son descendant, et Fils de Dieu, qui est là et qui nous a appris à prier : en paroles et en Esprit. Suivons donc fidèlement son enseignement en disant :
     retour

 

JEUDI PREMIÈRE SEMAINE
Est 14,1-3.12-14. Vg
Réponse du Psaume: Tu m'écoutes, Seigneur, quand je crie vers toi (Mis. noté, 87/A)
Mt 7,7-12

Introduction
           Mardi dernier nous disions que l'Eucharistie est plus qu'une prière. Rien à enlever de cette affirmation. Elle est don, elle est accueil. Don de Dieu, accueil du Don divin. Don aussi de nos louanges et nos actions de grâce. Don de la Parole, accueil de la Parole, réponse à la Parole. Vidons nos cœurs du mal pour que le Don puisse les remplir.

Pour l'homélie
            A la recherche du thème.- Il est question de la prière de demande: celle d'Esther avant doser se présenter devant le roi de Perse, Xerxès, pour le supplier en faveur du peuple juif déporté dans le pays. D'autre part, l'enseignement de Jésus, ver la fin du Sermon sur la Montagne, sur l'assurance d'être exaucé par Dieu los de nos prières, sous-entendu de demande.
            Les généralités du début du passage: demandez, cherchez, frappez, sans trop de précision sont suivies de quelque précision: on demande du pain, on demande du poisson, on demande à son père dont la bonté est celle du Père céleste qui dépasse infiniment celle du père terrestre. Aucune raison à douter de l'exaucement.
            Quelle liaison entre la "Règle d'or" et cet enseignement? Une réponse parmi d'autres (cf. Bonnard, p.100-101): Les disciples pourront constater qu'ils sont enfants de Dieu (votre Père céleste) en ceci qu'ils agiront selon la règle d'or, résumé de la Loi.
            Cette règle d'or était connue du monde antique. Jésus la renouvelle sur deux points: il ne s'agit pas de faire du bien pour en recevoir au retour, mais de prendre l'initiative de ce bien, sans compter qu'il sera rendu. D'autre part, la règle est présentée comme un résumé de la pensé biblique: la Loi et les Prophètes. (cf. Mt 5,17:
N'allez pas croire que je suis venu abroger la Loi et les Prophètes: je ne suis venu pas a abroger, mais accomplir; 22,40: De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes).
            Au sujet du contenu de nos demandes, de ce que nous devons ou pouvons demander dans notre prière, vois quelques pensées de saint Augustin (354-430). Augustin accepte que l'on demande tout à Dieu, mais il cherche aussi à purifier ces demandes. Toujours il les centre en Dieu pour apprendre à ses catéchumènes, finalement, à ne demander à Dieu que Dieu: "Demande autre chose, si tu trouves quelque chose de meilleur." Il ajoute, en faisant parler Dieu: "C'est moi qu'il faut posséder, de moi qu'il te faut jouir. Moi qu'il faut embrasser."

            ♦ Extraits de "Lettre à Proba", veuve romaine en Afrique, après la prise de Rome en 410. Saint Augustin répond à cinq questions.
            1. Dispositions.- Concentre toute ton action à l'intérieur de toi... Tu veux prier dans un temple? Prie en toi-même. Mais commence par être temple de Dieu... La prière est d'abord un retour de l'extérieur vers l'intérieur.
            2. Que demander dans la prière?-
Demande la vie bienheureuse. ~ C'est donc uniquement à cette vie que où nous vivons avec Dieu que, sans nul doute, il faut rapporter tout ce qui peut être demandé utilement et convenablement...
            3.- Pourquoi Dieu nous demande-t-il de prier, lui qui  sait? - Le Seigneur notre Dieu n'a certes pas besoin que nous lui fassions connaître notre volonté car il ne peut l'ignorer, mais il veut par la prière exciter et enflammer nos désirs, pour nous rendre capables de recevoir le don qu'il nous prépare... Comme d'autres affaires peuvent attiédir notre désir, nous rappelons à certaines heures notre esprit à la prière. ~ Autre est un long discours, autre un sentiment durable du cœur.
           
4.- Quel type de prière adresser à Dieu? - Il répond par le commentaire du Notre Père. elle est la prière parfaite: parce que le Seigneur nous l'a apprise; parce qu'elle éveille le véritable désir. Tout prière doit se ramener au Notre Père, norme de toute prière chrétienne. si nous prions comme il convient nous utiliserons, peut-être d'autres mots, mais leur contenu ne s'écartera pas de la prière du Seigneur. Il nous est loisible de formuler dans notre prière les mêmes demandes en variant les paroles à notre guise, mais nous ne serions être libres de demander autre chose... Pour Augustin la prière ne saurait être séparée des œuvres: jeûnes, aumônes: Comment chercher avec les mains le Dieu incorporel et impalpable? Ces mains sont nos œuvres.
           
5.- Que penser de la prière non exaucée? - Le Seigneur donne toujours quand on lui demande, mais il ne donne pas toujours ce qu'on lui demande. Il faut prier en confiance: le Seigneur sait mieux que nous ce qui nous convient. Nous sommes ainsi engagés sur le chemin de l'espérance et de la patience. Nous savons que l'Esprit intercède pour nous; lui il sait prier comme il faut, alors que nous ne le savons pas: il n'intercède pas selon nous, mais selon Dieu. Or, dieu est le seul à connaître notre vrai désir. Il ya donc en nous une sorte de docte ignorance, mais éclairée par l'Esprit qui aide notre faiblesse. (Dans Marcel NEUSCH, "Initiation à saint Augustin", Cerf, Paris, 1996, col. "Épiphanie").

Passage au rite
            L'Eucharistie accomplit en actes - Mystère de la foi - toutes les demandes du model de prière: depuis la sanctification du Nom, jusqu'à la délivrance du Malin, passant par le pardon des péchés et le don du pain quotidien. Entrons-y avec le cœur bien disposé, et l'intelligence de la foi des nos paroles et nos actes.

Pour le Notre Père
            Combien plus votre Père céleste ne donnera-t-il de bonnes choses... Y a-t-il de meilleures choses que celles qui sont demandées au Notre Père? Prins donc en pleine assurance, en disant...
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VENDREDI PREMIÈRE SEMAINE
Ez 18,21-28
Réponse du Psaume : Si tu retiens nos péchés, qui donc, Seigneur, pourra survivre ? (Mis. noté vert, 210/54)
Mt 5,20-26                                                                                                                                             

Introduction
            Quel est le sommet « pénitentiel » de la messe ? A mon avis, ce n’est pas « la préparation pénitentielle » du début ; mais lorsque, dans le récit de l’institution, nous rendons présent « le sang versé (et offert)  pour nous et pour la multitude en rémission des péchés ». Offrande et don s’emboîtent. Entrons reconnaissants et repentants dans cette stéréophonie liturgique dons nous sommes acteurs et bénéficiaires.

Pour l’homélie
            À la recherche du thème.- Il est question de pardon dans les deux lectures, mais pas sur le même registre.
En Ezékiel, l’accent est posé sur la responsabilité personnelle ; détachée de l’agir du clan ou de la famille. C’est la grande innovation apportée par le Prêtre-Prophète en Exil. Chacun répondra devant Dieu de ce qu’il a fait… Il y a un « petit » problème supplémen-taire : on ne se souviendra plus de toute la justice qu’il avait pratique : c’est possible ? Je n’ose pas répondre… C’est vrai aussi qu’il est dit : Si le juste se détourne de sa justice, se pervertit, et meurt dans cet état, c’est à cause de sa perversité qu’il mourra. Il faut aussi tenir compte que la révélation de la survie – pour le vrai bonheur ou le vrai malheur – n’était pas encore arrivée. Mais cette mort « seulement » corporelle était, à l’époque, le résumé de toute séparation de Dieu … Ma question demeure.

            D’autre part l’accent du passage évangélique est porté sur la responsabilité du respect – de l’amour ? – à l’égard du frère depuis les sentiments – se met en colère – jusqu’à l’insulte offensive, dont la commission est considérée par Jésus aussi grave que le meurtre. Le principe est annoncé en sentence généralisant : Tout homme… Si quelqu’un…  Suivent deux exemples pratiques, parmi nombreux d’autres possibles, reportés à le deuxième personne du singulier : Lorsque tu vas… Accorde-toi…

            Une des caractéristiques des six antithèses dont il est question au début du Sermon sur la Montagne, c’est de radicaliser les aspects fondamentaux de la Loi. Il ne suffit pas de ne pas faire du mal physique au frère (5e commandement), mais même pas de mal « psychologique », dirions-nous aujourd’hui. (Nous savons que celui-ci laisse aussi de traces, non pas dans le corps mais dans l’esprit).

            Peut être de ce côté-là nous pourrions rapprocher la perversité dont parlait Ezékiel (qui faisait oublier à Dieu tout le bien jadis accompli) de ce mal verbal infligé au frère. Radicalisation apportée par Jésus.

            Le thème serait donc, sous un jour négatif, ne pas faire le moindre mal au frère : ni physique, il va de soi, tout le monde connaît la Loi ; ni psychologique, verbal, ou gestuel… En présence du Père des frères, ce mal commis a la même gravité.

            Mais on pourrait aussi retourner le thème et le regarder sous un jour positif : faire le bien – aimer en parole et en acte – à tous les niveaux au frère qui est à nos côtés.

            Le sérieux de l’enseignement se traduit par le premier exemple particulier : impossible s’approcher du Père, sans avoir offert ou demandé, le pardon au frère. Dans le deuxième exemple, le sérieux s’exprime par l’urgence à faire la paix.

            Je copie de Bonnard : « Ce frère n’est pas l’homme en général, mais au niveau de la vie palestinienne, le membre de la communauté juive ; à celui de l’Église matthéenne, le membre de l’Église ; on perçoit dans le 1er évangile une polémique contre la notion sectaire de frère caractéristique de l’essénisme » (p. 64).

Passage au rite
            Nous entrons dans l’acte stéréophonique, où on offre en même temps que l’on reçoit. Le sang, la vie ; le pardon. Même si mes péchés sont absolument personnels, je ne peux pas entrer dans le mystère sans être réconcilié à mon niveau afin de l’être aussi au niveau de Dieu.

Pour le Notre Père
           
Disons donc Pardonne-nous comme nous pardonnons, comme venons de l’apprendre :
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SAMEDI PREMIÈRE SEMAINE
Dt 26,16-19
Réponse du Psaume : Heureux qui règle ses pas sur la parole de Dieu (Mis. noté vert, 146/2)
Mt 5,43-48

Introduction
            Marie de Béthanie reçu la félicitation de Jésus parce qu’elle avait choisi l’unique nécessaire. Au moment de commencer la messe qui clôture notre première semaine de Carême, nous allons demander de savoir chercher le même unique : non pas une chose mais une Personne. Que lui-même puisse nous pardonner nos égarements.

Pour l’homélie
            À la recherche du thème.- Le Deutéronome nous rappelle les deux volets de l’Alliance (de la Première et de l’Éternelle) : D’une part, tu as obtenu du Seigneur cette déclaration : il sera ton Dieu ; d’autre part : le Seigneur a obtenu de toi cette déclaration : tu seras son peuple particulier… tu devras garder ses commandements. Il y eu alliance mais les engagements sont de la part du peuple, de l’inférieur, du bénéficiaire. Il y a deux partenaires, mais c’est une alliance à « sens unique », du « haut en bas ».

            L’évangile, pour sa part, s’adresse à des partenaires de l’Alliance ; elle est censée être signée : Vous avez appris… Eh bien moi, je vous dis. Et ce qui nous est dit sont des impératifs, des expressions d’appartenance à l’Alliance : aimez, priez, afin d’être, soyez parfaits ! Il est nécessaire de bien méditer pour bien accomplir, pour bien se maintenir dans l’Alliance offerte ; nous ne la méritons pas ; nous la gardons.

            Des précisions. On chercherait en vain dans l’A. T. l’ordre explicite de haïr l’ennemi. Cette instruction suppose l’idée largement répandue dans le bas judaïsme que tous ceux qui ne font pas partie de la communauté nationale et religieuse sont des ennemis.

            ♦ v. 43.- L’ennemi dans ce contexte, n’est ni l’adversaire personnel, à l’intérieur de la communauté religieuse, ni l’ennemi de la nation au sens politique et militaire, mais le persécuteur de la foi, l’ennemi de la communauté messianique. En conséquence prochain doit être compris au sens de membre de la même communauté religieuse. Didaché : « Pour vous, aimez ceux qui vous haïssent et vous n’aurez pas d’ennemi. » Mt veut dire que les chrétiens auront toujours des ennemis ; la Didaché, qu’ils doivent essayer de n’en plus avoir en les aimant. Pour ma part, j’oserai dire : « Ne soyez ennemis de personne et vous accomplirez cette clausule de l’Alliance tellement difficile, en apparence, à accomplir ».

            ♦ v. 45.- Afin d’être [litt. devenir] vraiment : afin que vous deveniez ce que vous n’êtes pas encore.

            Car il fait lever : Ce verset ne signifie pas que nous devons chercher des preuves de l’existence de Dieu dans la nature ; mais que, pour celui qui connaît le Dieu de Jésus Christ, la générosité de la nature est une image, et même et même un signe valable, de son amour.

            D’après Jésus, l’amour pour l’ennemi ne mérite pas une récompense mais, sur la foi en la parole du Christ, il peut l’espérer. L’extraordinaire évangélique (que faites-vous d’extraordinaire ?) c’est de rompre l’égoïsme de clan ou de classe pour aimer l’ennemi. L’extraordinaire de l’amour évangélique tient moins à l’intention de celui qui aime qu’à l’objet, au bénéficiaire - ennemi  de cet amour.

            ♦ v. 48.- Vous donc, soyez… exprime un ordre mais aussi une promesse. Le thème de la perfection dans les écrits bibliques, n’exprime pas tant l’idée de pureté morale que celle d’engagement total, d’appartenance sans réserve à Dieu, au sein même du péché. Dans leurs actes d’amour, de réconciliation, de fidélité intrépide à la loi du Christ, ses disciples feront apparaître dans le monde quelque chose de la perfection du Royaume de Dieu.

            L’évangile nous montre le volet auquel nous sommes engagés dans l’Alliance Nouvelle et Éternelle.

Passage au rite
            Il n’est pas une banalité de célébrer l’eucharistie. Sérieux exercice de carême pour la redécouverte de la vérité de notre conduite. À chaque célébration l’Alliance nous est offerte, comment nous nous en acquittons ?

Pour le Notre Père
            Haine pour personne, amour effectif pour tous.
Afin d’être vraiment les fils de…
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