VIE VIE
MONASTQUE MONASTIQUE
SANT BENET DE MONTSERRAT      SANT BENET DE MONTSERRAT
 
N

 

 VISITE  de  L' EXPOSITION de la CÉRAMIQUE

 

ART  et   PRIÈRE    CLIC

CINQUANTE ANNÉES EN UNISSANT ART ET PRIÈRE. Une expérience

À Montecasino, Saint Benoît a écrit
le règlement à la fin de sa vie

 

 
histoire monastique · histoire monastique · histoire monastique · histoire monastique

SAINT  BENOÎT  ET   L'ORIGINE  DU  MONACHISME

Lorsque Saint Benoît écrivit la Règle, le monachisme chrétien était déjà âgé de 200 ans. Les grands modèles bibliques : Élie, Jean le Baptiste et les premières communautés des Actes avaient déjà suscité plein d’adeptes.

Il est vrai qu’avant le Christ, le Désert de Juda avait logé les Esséniens et l’Égypte, les Thérapeutes, mais ces sectes juives avaient déjà disparu depuis longtemps à la première époque des moines chrétiens. Les philosophes païens ne furent pas non plus source d’inspiration pour notre vie monastique.

Antoine (année 250), au bord du Nil, est le père de l’expansion monastique, laquelle bientôt va se répandre par la Syrie, la Palestine et la Mésopotamie (Irak), où on pratiquait des austérités plus fortes que celle des moines égyptiens.

En Cappadoce (Turquie), au IVème siècle, sain Basile mit de solides assises à cette sorte de vie que saint Benoît recueillit et précisa au VIème siècle.
Étant né à Norcia (l’année 480), le jeune Benoît est allé étudier à Rome. Mais, en s’apercevant de la vie désordonnée de ses copains, il quitta bientôt la ville pour se retirer dans la solitude du Subiaco (près de Tivoli).

Après quelques années de vie solitaire, quelques campagnards se sont joints à lui et, avec eux, il fonda 12 petits monastères.

Plus tard il affermit son œuvre à Montecasino (à mi-chemin entre Rome et Naples) où il fini de composer la dernière rédaction de la Règle, et c’est là qu’il est décédé le Jeudi Saint du 547, tandis qu’il priait, debout, dans l’oratoire.

         
COMMENT LA VIE MONASTIQUE A-T-ELLE DÉBUTÉ
 

À la fin des persécutions, qui ont occasionné tant de martyrs parmi les premiers chrétiens, les moines se sont engagés à mener une vie chrétienne rigoureuse. Ils voulaient devenir les « nouveaux martyrs » au travers la vie quotidienne.

Les premiers moines on les rencontre en Égypte, autour de saint Antoine, Abbé (251). La vie monastique s’est répandue bientôt vers la Palestine, en raison d’être le Pays de Jésus. Les premières communautés se sont installées à Gaza (aujourd’hui si malmenée). Dorothée de Gaza fut un homme extraordinaire ; leurs livres nous font connaître en profondeur les réactions de la personne humaine. Aussi bien à Jérusalem et à Bethléem se sont aussi fondé beaucoup de monastères.
 

De la Palestine, le monachisme s’est répandu vers l’Asie Mineure, où saint Basile a commencé la vie « cénobitique », communautaire,  dans le style dont nous la vivons aujourd'hui. Saint Benoît (VIème s.), instaura cette vie par toute l’Italie. C’est pourquoi il est censé être le Père des moines d’Occident.

Les disciples de saint Benoît ont évangélisé l’Europe pendant les siècles VIIème et VIIIème. D’abord ce fut saint Augustin de Canterbury, après saint Boniface. Leur trait particulier c’était d’étendre non seulement la Bible, en apprenant à lire les paysans, mais aussi la culture et l’agriculture.

Aux siècles Xème et XIème, l’abbaye de Cluny (toute proche de Taizé), et grâce à cinq de leurs abbés qui ont atteint la sainteté, eut une grande influence dans la société médiévale.

Au XIIIème siècle saint Bernard, en embrassant la vie bénédictine la transforma, en mettant l’accent sur le travail agricole, à la place du travail intellectuel. De cette façon est né l’Ordre Cistercien.

Au XVème siècle, se sont approuvées d’autres Règles, en plus de celle de saint Benoît, ce qui fut l’occasion de la formation de différents ordres conventuels : Franciscains,  Religieuses de sainte Claire, Dominicains, Carmes, etc.

En Orient il n’y a qu’une seule forme de vie monastique, celle de « Saint Basile ».

 

   
SAINTA SCHOLASTIQUE ET LE MONACHISME FÉMININ
 


Jean Cassien

Avait une sœur qui dirigeait une communauté féminine à Marseille, à côté du monastère des moines. Cette sorte de « monastères jumeaux », issus d’un frère et d’une sœur, plonge ses racines aux origines du cénobitisme (IIIème siècle). Ce fut le cas de saint Pacôme, saint Augustin ou saint Benoît, lorsqu’on se sert de la Règle des moines pour gérer la vie des moniales.

Au Vème siècle, saint Césaire d’Arles prit l’initiative de rédiger une règle spéciale pour la communauté de moniales que sa sœur avait fondée. De cette « Règle des vierges » (œuvre qui lui exigea 20 années de labeur), il en fit un résumé pour les moines.

Au décès de l’évêque d’Arles, le monastère dirigé par sa nièce, qui succéda  en tant qu’abbesse la sœur du saint, avait 200 moniales.

On ne sait pas trop de la vie de sainte Scholastique (VIème siècle), d’après la tradition, sœur jumelle de saint Benoît. Des études récentes attestent qu’elle faisait partie d’un groupe de vierges qui habitaient en des « cellules », ou en des maisons propres, une vie semblable à celle des moines.

L’unique source historique que nous possédons sont les chapitres 33 et 34 du Livre des Dialogues, de saint Grégoire le Grand, Pape et ancien moine bénédictin, qui l’écrivit 100 années après les événements.

Grâce à lui, on sait qu’elle fut consacrée à Dieu depuis sa jeunesse. Il nous assure qu’elle fut une très grande « contemplative ». Sa liberté intérieure allait au-delà de quelque loi que l’on aurait voulu lui imposer. La raison était, dit le Pape, qu’elle « aimait beaucoup ».

Toujours selon la même source, on sait que le jour de sa mort, son frère Benoît, vit une « blanche colombe » montant ver le ciel. Voilà pourquoi l’iconographie de la sainte la montre avec une colombe. Alors, saint Benoît, ordonna que le corps de sa sœur soit déposé à côté du tombeau qu’il avait déjà préparé pour lui-même.                                                                      Encore de nos jours on vénère le lieu où sont déposés les corps des deux saints jumeaux.

 

  
LES ORIGINES DU MONACHISME EN CATALOGNE

 


LES PREMIERS MOINES D'OCCIDENT 

Même avant saint Benoît, saint Augustin (en Afrique romaine), saint Martin de Tours et saint Césaire d’Ales (en France), saint Colomban et saint Patrice (en Irlande) avaient déjà commencé la vie monastique en Europe. En notre presqu’île nous rencontrons aussi des « Regulæ Monachorum » au IVème siècle. Dans les conciles de Saragosse (385) et dans celui de Tolède (400) il est déjà question du monachisme.

Il sembla qu’en Catalogne était déjà aussi arrivé en 385.

EN CATALOGNE 
1- Époque visigotique.
En 514, lorsque saint Césaire est nommé vicaire apostolique, dans les pays catalans on a déjà quatre frères moines nommés aussi évêques : Justinien de Valence, Elpidi d’Osca, Just d’Urgell et Nebridi d’Égara-Terrassa. Les monastères d’Alaó, Gerri de la Sal, sant Sadurní de Tavèrnoles et saint Cugat del Vallès, suivaient déjà des Règles  visigotiques.

 2- Epoque carolingienne.                                                                               
Avec l’empire de Charlemagne, est entrée dans notre pays la Règle de saint Benoît, laquelle avait remplacé dans toute l’Europe celle de saint Colomban. La Règle bénédictine était garantie de sagesse, face aux bizarreries des Règles orientales, et les rigueurs de la Règle irlandaise. L'autorité n’est plus arbitraire telle que dans les règles visigothiques ; elle s’ouvre au dialogue communautaire. En fait, avec elle nous arrive la Règle de la reforme de saint Benoît d’Aniane (778), laquelle, laissant tomber la spécificité agricole des premiers moines bénédictins, s’ouvre à la vie intellectuelle des villes au travers du travail des « Scriptoria ».

3- Epoque comtale.
Ce fut le siècle d’or des bénédictins en Catalogne (du 890 jusqu’à la fin du XIème siècle). Saint Michel de Cuixà est le pôle d’attirance du Conflent ; Ripoll et Saint  Jean des Abbesses deviennent le noyau du repeuplement de toute la Catalogne (Ripoll va essaimer Saint Marie de Montserrat, Saint Marie de Gualter et la transformation de Saint Cugat). Aux Xème et XIème siècles nous avons Saint Pierre de Roda, Saint Feliu de Guíxols, Sainte Marie de Serrateix, Sainte Cécile de Montserrat, Saint Benoît de Bages, Saint Paul del Camp, Saint Pierre des Puelles, Saint Daniel de Girone… etc., etc. Plus de 50 abbayes et environ 70 prieurés.

Il n’est donc pas faux de parler des monastères comme de nos RACINES. (Cf. « El cor de Catalunya », M. Regina Goberna)

Pour d’avantage d’information: 
"Temps de Monestirs". Els monestirs catalans entorn l'any mil. Ed. Pòrtic 199

    
LA REFORME MONASTIQUE DES  X-XIème SIÈCLES 
 

SaInt Benoît d'Aniane (VIII-IXème siècles) fils de Montpellier, est devenu moine après avoir servi dans la cour de Charlemagne.
Homme de culture, et conaisseur de beucoup de Règles monastiques que lui-même avait compilé en le « Codex Regularum », enrichit beaucoup l’enseignement de saint Benoît. Grâce au zèle intelligent de ce moine carolingien, la Règle bénédictine est devenue universelle.

Cette double « paternité » des deux Benoît fit que les bénédictins deviennent les créateurs de l’Europe médiévale. Le monachisme va faire l’expérience d’une expansion si grande, que l’on peut affirmer que la Rège de saint Benoit fut la formatrice de la plupart de ceux qui dirigeraient les destins de cette Europe-là. Vers le Xème siècle on a, surtout, l’influence de Cluny, avec ses 5 Abbés  Saints qui vont se succéder pendant 2 siècles. Cluny est parvenu à compter 1450 monastères sous sa juridiction.

Vers la fin du XIème siècle saint Bernard fonda l’Ordre des Cisterciens, qui envisageait suivre la Règle de saint Benoît avec une nouvelle fidélité.

La société, à l’époque des commencements du mouvement cistercien, était campagnarde en sa grande majorité. Une situation semblable à celle du VIème siècle, lors de la rédaction de la Règle par saint Benoît.

Or, tandis que Benoît d’Aniane s’accordait avec la doctrine du Père des moines, avec l’ambiance culturelle des villes, saint Bernard, pour sa part, es revenu au monde rural d’où il était sorti.  Celle-ci fut la raison du grand épanouissement des moines blancs le long des XII-XIVème siècles. En quittant les « scriptoria », les fils de saint Bernard, se sont dévoués aux travaux agricoles.

Ainsi donc une réforme, qui est le fruit d’une époque et d’une culture, mais qui fut à l’origine de la distinction de deux ordres, n’a pas trop de sens, peut-être, aujourd’hui. On peut dire que la différence, en ce moment, est plus formelle que réelle, puisque, grâce à Dieu, après le Vatican II, nos deux Ordres se reconnaissent vraiment SŒURS.

 

    


 

 MÈRES DU DÉSERT
En l'hipervincle d’en bas vous trouverez le résumé,
assez développé et intéressant, sur cette page inconnue de l’histoire.
Extrait du libre "Madres del Desierto" de M. Sira Carrasquer y Araceli de la Red.
 Ed. Monte Carmelo 2.000, (500 pages)

 LES MÈRES DU DÉSERT  
(voire le résumé du libre)
cliquer


 


Monastères dans le sud de la France
- Abbaye Notre-Dame. de Sénanque
- Monastère de Notre-Dame. de l'Annonciation (Le Barrou) religieuses
- Monastère de Ste. Marie-Madeleine (Le Barrou) moines
- Monastère de Notre-Dame. d'Aiguebelle
- Monastère de Notre-Dame. de Tamié
- Hautecomble Monastère
- Monastère de Notre-Dame. de Cîteaux
- Abbaye de Ste. Maria de la Pierre-qui-Vire
- Monastère de S. Benoît-sur-Loire
- Monastère de Cluny
- Monastère de Taizé                     (voir lien ci-dessous)

 


 
Visite de ces monastères 
 pèlerinage  a   Taizé 
  (Cliquez ici)

 

 
 

Monastères orthodoxes en Russie

 

 

DOCTRINE · DOCTRINE · DOCTRINE · DOCTRINE · DOCTRINE

LA VIE COMMUNAUTAIRE :
UNE COMMUNAUTÉ DE VIE ?
   Montserrat VIÑAS, [1]

I- PassÉ, prÉsent et futur de la vie de communautÉ. 

1. Origines de la vie communautaire.

Le fait communautaire est aussi vieux que l’humanité, l’homme est fait pour la relation, pour vivre en famille. C’est pourquoi nous pouvons dire que la première communauté est la famille, puis viennent le clan ou la tribu. Aux temps anciens existaient déjà une espèce de moines appelés Esséniens, qui vivaient en communauté et en même temps, solitaires. Souvenons-nous des grottes de Qumran. Ce phénomène est inscrit dans la personne elle-même et met en évidence la dimension religieuse de l’homme. A l’origine de la vie religieuse, il y a le monachisme qui est aussi patrimoine de toutes les cultures. Il naît du désir de la personne humaine, religieuse par nature, de s’approcher de Dieu, de la divinité, de l’Absolu, de l’être transcendant, d’une recherche constante de salut, ou de l’effort pour conquérir la paix intérieure, le bonheur ou la libération. 

Les moines et moniales chrétiens et plus tard les religieux, à la différence des autres religions, nous faisons de notre vie une “suite de Jésus”. Au centre, il y a une personne : Jésus de Nazaret et non un désir de perfection. Le point de départ est une parole : “Viens et suis-moi” et une certitude : le Mystère Pascal ou, autrement dit, Jésus, homme historique et Fils de Dieu, présent parmi nous, qui nous interpelle par sa parole, par la vie communautaire, dans la réalité de chaque jour. Notre vie est une réponse à un don de Dieu que chacun de nous, chaque famille religieuse, doit vivre avec son style propre. Notre désir est de suivre les traces de Jésus, disponible à son Père et aux hommes, pauvre et libre de tout, avec un amour si inconditionnel qu’il va jusqu’à donner sa vie. C’est cela qui a motivé des hommes et des femmes dès les premiers temps de l’Eglise à laisser tout ce qu’ils avaient pour s’avancer dans le désert ou se regrouper en communautés de vie ascétique. Ce mouvement monastique s’étend au 4ème siècle avec la conversion de Constantin. L’Edit de Milan crée un Etat chrétien et les chrétiens passent des persécutions à une vie privilégiée, parfois jusqu’au point d´être dispensés de quelques impôts. C’est à ce moment, où les chrétiens n’ont plus à lutter et s’installent facilement, que se fait jour la nécessité d’une vie plus radicale et d’une fuite au désert pour suivre Jésus humble et pauvre, Lui qui n’avait pas une pierre où reposer la tête. 

C’est l’origine de la vie communautaire consacrée. C’est de là que tous les fondateurs et fondatrices ont sorti leur force et leur inspiration, depuis les premiers moines jusqu’aux ordres consacrés aux plus pauvres. A la base de leur inspiration prophétique, il y a toujours la référence aux premières communautés et à la communauté des apôtres que Jésus appela pour qu’ils le suivent.
 

2. Quel sens a la vie communautaire ? 

Après avoir vu brièvement l’histoire de la vie communautaire , il semble facile, à premier vue, de donner une réponse quant à son importance et à sa valeur. Mais si nous nous situons dans le contexte actuel et regardons notre société, ce ne sera peut-être pas aussi facile. Nous vivons dans un contexte économique et culturel où les valeurs humaines, comme la fidélité, le respect de la personne, l’amour authentique, la morale sexuelle... ont perdu leur sens, au profit de la superficialité et de l’efficacité immédiate. Le plus important ce sont les émotions, l’utilisation des personnes pour ce qu’elles m’apportent par leur productivité, la recherche du succès, de la renommée... Cette société du “utiliser - jeter », de l’immédiat, je crois qu’elle nous conditionne et rend difficile la réponse à la question du sens de la vie communautaire aujourd’hui et si elle est une communauté de vie. 

Il faut prendre en compte le fait que nous venons d’une “théologie de la croix” dans laquelle la souffrance, les épreuves et la mortification avaient un sens en elles-mêmes. Au contraire, aujourd’hui, nous partons d’une théologie anthropocentrique, ou du Christ exalté et glorifié qui nous fait vivre dans la joie. Cette théologie est fortement marquée par la pensée humaniste qui attribue un rôle très important à la personne et prend en considération les relations interpersonnelles, l’amitié et le dialogue comme inhérents au développement personnel et à la réalisation de soi-même. Bien qu’il soit vrai que le Christ a sauvé le monde par la Croix, on peut aussi affirmer que Dieu ne veut pas la souffrance. Dieu nous veut heureux, veut que nous vivions dans la joie. Et quand le Fils meurt sur la Croix, dans le désastre et l’échec humains, Le Père démontre que son Amour surpasse la souffrance et que celle-ci n’a pas le dernier mot. Le dernier mot appartient à la Vie parce qu’Il a transformé la souffrance en rédemption; la Vie naît de la mort; la joie de Pâques de la douleur. Notre authentique mission, à nous qui suivons Jésus est celle-ci : proclamer par toute notre vie que Jésus est présent parmi nous, comme nous le répétons chaque jour dans l’Eucharistie : “Nous annonçons ta mort, , nous proclamons ta Résurrection, nous attendons ta venue, Seigneur Jésus”.  

Joan Chittister, dans son livre « La chute du Temple : un appel à la formation », dit : Les vieilles spiritualités d’ascétisme négatif, d’horaires rigides, de retrait total et de docilité infantile aux vétilles d’organisation ne peuvent former le type d’adultes spirituels qu’il nous faut aujourd’hui pour forger de nouvelles manières d’être là où c’est nécessaire : dans les quartiers, les rues, les maisons d’accueil pour les femmes, les tribunaux, les frontières militarisées, avec les réfugiés, les pauvres des villes, ou dans les journaux et la télévision, qui nous imposent tant de conditions pour exprimer à voix haute notre « non » à l’oppression et notre « oui » au Royaume de Dieu. Non, la spiritualité privatisée ne servira pas. Cependant, si, il faut une grande spiritualité. Nous avons besoin d’une vie d’oraison profonde et régulière, et peut-être plus que jamais, l’appui d’une communauté spirituelle. Les programmes de formation qui confondent le travail avec la prière, les bonnes intentions avec la vie spirituelle, la profession avec l’engagement, ne feront rien d’autre que d’accélérer l’écroulement d’une bonne structure sous le poids de l’échec ». 

Partant de ce contexte, je crois que nous pouvons affirmer que la vie communautaire a un sens aujourd’hui si elle cesse d’être une vie en commun pour passer à une vie de communion, à une communauté de vie, à une vie fraternelle capable de guérir les blessures de ses membres et les siennes, une communauté ouverte au dialogue, à la co-responsabilité, à la confiance des unes envers les autres, une communauté où soit visible l’amour fraternel, de telle sorte qu’on puisse nous dire : « Voyez comme ils s’aiment ». Et surtout une communauté ouverte au monde qui souffre. 

3. Quelle communauté nous demandent les jeunes ? 

Nos jeunes avancent en cherchant un sens à la vie et ceux qui entendent l’appel de Dieu et veulent le suivre, cherchent des communautés où se vive précisément ce sens de la vie et veulent en même temps que la manière de vivre en communauté ait un sens pour eux. Je veux dire par là, qu’en ce moment il y a beaucoup de jeunes qui ne trouvent pas de sens dans nos communautés, pour des motifs différents :

-         un excès de travail qui ne les laisse pas vivre la dimension contemplative dont tout religieux ou religieuse a besoin, quel que soit le charisme propre, pour être fidèle à sa vocation.

-          le peu de relief donné à la lecture spirituelle, à l’oraison et à l’office divin.

-          ils rencontrent un manque de communication à partir de la foi, au niveau communautaire.

-          l’importance qu’on donne à des vétilles, à des choses qui se sont toujours faites comme çà…

-          l’impression que les personnes sont valorisées en fonction de leur rendement et efficacité.

-          les heures qu’ils s’habituent à passer devant le téléviseur au détriment des relations communautaires.

-          l’absence de personnes jeunes avec qui pouvoir communiquer.

-          le traitement infantilisant de quelques frères ou sœurs à l’égard des plus jeunes de la communauté comme s’il s’agissait encore d’adolescents. 

Tous ces points sont très importants, mais je crois que le plus préoccupant est le manque de temps que trouvent les jeunes pour la prière. Carlos Palmés, jésuite, dans le numéro 29 de la collection Cevre, intitulé : « Les cinq plaies de la formation et leur traitement » dit : La prière personnelle a son rythme et ses exigences. Elle exige d’être seul avec le Seul, jouissant longuement de son intimité. Le problème n’est pas un problème de temps, sinon de vide intérieur, de désajustement dans l’échelle des valeurs. Est-ce qu’ils n’ont jamais savouré la joie d’être introduit dans l’ampleur et la profondeur de l’amour du Christ ? Cela ne s’obtient pas en donnant au Seigneur les moments qui restent. Ce serait la prière du petit oiseau qui picore de ci-de là cherchant les nouveautés, la variété pour que le temps avec le Seigneur soit moins ennuyeux. Il s’agit plutôt d’une prière de « vache » qui rumine et digère lentement, ce qui produit une carcasse solide et une chair savoureuse. Le temps ne nous manque pas pour les choses que nous considérons essentielles et que nous faisons avec plaisir. Ainsi, peut-être dans certaines congrégations pouvons-nous voir qu’à la fin du noviciat, les jeunes sortent convertis en grands priants, mais pas en « hommes et femmes d’oraison ». Une conséquence lamentable, qui attire beaucoup l’attention, est la perte de vocations de jeunes religieux et religieuses, spécialement pendant les années suivant les premiers vœux. Il me semble que c’est un indice clair d’un manque de solidité et de consistance vocationnelle, qui a beaucoup à voir avec la formation, spécialement en ce qui concerne la relation à Dieu. La vie religieuse a besoin d’être bien enracinée dans l’amour du Christ. Notre vie consacrée exige de nager à contre-courant et cela, seules peuvent le faire les personnes spirituellement robustes, bien entraînées et avec une intense vie d’oraison ». 

Un autre point important parmi les difficultés que trouvent les jeunes, est le manque de communication à partir de la foi, de la vie en Dieu. Une spiritualité assez individualiste nous a marqués et il nous coûte de partager nos sentiments, notre vécu de foi. C’est ce que constate le père Carlos Palmés, parlant d’un cas concret : « Il ne suffit pas qu’il y ait dans une communauté une cohabitation pacifique, ce qui manque ce sont les relations personnelles et la communication profonde. Certaines sœurs ont cohabité plusieurs années et ne se connaissent pas vraiment de l’intérieur, voire sont étrangères l’une à l’autre. Parmi elles, certaines ont une sympathie mutuelle, parlent ensemble avec plaisir de thèmes d’intérêt commun, mais on ne peut pas dire qu’elles soient vraiment amies ». C’est ce que les jeunes trouvent qu’il manque à nos communautés. Il nous manque cette dimension plus humaine, plus de toi à moi ; nous devons prendre en compte le fait que nos jeunes viennent de l’ère des grandes communications ; tout se sait en quelques minutes par la télévision, les communications au niveau personnel n’ont pas de frontières, à n’importe quel moment on peut parler aux amis ou avec qui on veut grâce au mobile, à Internet, au courrier électronique. Jean Marie Bevet dit que, dans quelques cas, la sortie de jeunes profès de la vie religieuse, obéit au fait de ne pas trouver cette chaleur humaine dont ils ont tant besoin pour leur croissance humaine et spirituelle. 

De tout cela se dégage que les jeunes nous demandent des communautés vivantes, enthousiastes, cohérentes, où se vivent en profondeur la communion, le dialogue, la co-responsabilité, l’amour fraternel, avec des espaces personnels ; ils veulent trouver dans la communauté quelque chose de différent de ce qu’ils pourraient vivre en dehors. Pour courir tout le temps, sans un climat communautaire chaleureux et sérieux, sans prière, ils n’ont pas besoin de se mettre dans une congrégation, ils peuvent faire de même et avec plus de liberté à partir de leur profession, qu’elle soit de santé ou d’enseignement. Cela, je l’ai entendu et pas seulement de quelques unités. C’est pourquoi il nous faut nous efforcer de vivre avec enthousiasme, malgré toutes nos limitations réelles, avec l’envie de défier le 21 ème siècle par l’intrépidité de la foi, de l’Amour sans limite comme nous le demande Jésus, nous ouvrant aux pauvres qui réclament notre attention, aux marginaux, toujours en commençant par nos sœurs de communauté et en même temps avec une prière obstinée. Ainsi la vie consacrée attirera encore les jeunes si nous sommes capables de leur offrir une dimension prophétique qui rend apte à risquer sa vie. 

Joan Chittister dit que « la vie religieuse sera viable, vaudra la peine, sera authentique, seulement si elle fait quelque chose pour porter le Royaume de Dieu dans les lieux où la volonté de Dieu est actuellement la plus absente ». Il est vrai que la réalité de beaucoup de nos communautés, du fait du manque de vocations, est celle d’un vieillissement considérable et par conséquent d’un avenir incertain. Mais cela ne réduit pas notre responsabilité de vivre notre vocation avec un amour toujours renouvelé, bien que parfois nous nous sentions dans le désert. Ce qui est vraiment important c’est que nous vivions à tout moment le don de l’appel avec la plus grande fidélité, avec la plus grande joie et dans l’action de grâce. Notre monde, rempli de camps de réfugiés et d’enfants affamés, de femmes maltraitées et d’hommes sans foyer, de dettes du Tiers Monde et de mesures politiques prises pour équilibrer des budgets prévisionnels au détriment des besoins des populations, ce monde nécessite une vie religieuse qui fasse vœu d’être ce dont il a le plus besoin : quelqu’un qui aime avec audace, qui soit une voix pour les pauvres, un chercheur de la vérité. Seules des choses comme celles-la sont celles qu’attend ce monde malmené, exploité et appauvri et celles auxquelles il aspire. (Joan Chittister).

Et pour finir, je pense que les jeunes, comme tous les membres des différentes communautés, ont besoin d’idéaux forts, d’objectifs clairs et avec un contenu, de projets enthousiasmants qui méritent d’être vécus toute la vie, qui soient pour eux source de libération personnelle et de joie authentique. Ils commencent déjà à être rassasiés des plaisirs que leur offre la société de consommation, qui les laissent chaque fois plus vides, et en même temps remplis de frustrations.  

Le chemin à parcourir est rude, nous ne pouvons pas rester avec notre passé plus ou moins glorieux. Des temps difficiles mais à la fois pleins de sens nous attendent. Notre mission prophétique est nécessaire en ce moment historique si changeant. Nous devons être intrépides pour vivre à fond l’Evangile de Jésus.  

II. DIX ATTITUDES POUR CREER UNE COMMUNAUTÉ DE VIE, SELON L’ÉVANGILE DE JÉSUS

 1. LE DIALOGUE 

(Jn 4,1-42) “ Arrive une femme de Samarie, pour puiser de l’eau. Jésus lui dit : “Donne-moi à boire”. Ses disciples en effet, étaient allés à la ville acheter des provisions. La Samaritaine lui dit : « Comment ! Tu es Juif et tu me demandes à boire à moi, une Samaritaine ? (Les Juifs en effet n’ont pas de relation avec les Samaritains). Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui l’en aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive. »… 

Partant de ce texte, exposé merveilleux d’un dialogue qui va jusqu’au plus profond de la personne, jusqu’à découvrir toute sa vérité, toute sa dimension de recherche, de soif de vérité, de sens de la vie, nous pourrons approfondir cette attitude indispensable dans une vie de communauté. Le dialogue et la communication sont très nécessaires dans une vie de communauté. L’absence de communication comme le manque d’information favorise déjà l’imagination et la méfiance, formant des châteaux imaginaires qui s’écartent de la vérité. Sans vraie information il n’y a ni communication ni communauté, dit Bonhoeffer. Cette communication doit partir de la confiance et de l’amour. La confiance, que cet amour suscite, déplace la peur de ne pas être comprise et l’incommunication. L’abandon aux mains du Dieu Amour, dans chaque événement de la vie, se vit comme une expression spontanée et naturelle de consécration, de don de soi. Cela veut dire rénover à tout moment, toutes les relations, les choses, les personnes, grâce à l’Esprit d’Amour. Ce qui rend les relations sacrées, c’est l’amour qui naît à chaque fois que quelqu’un se perd, se vide de soi-même et se donne par amour. Cet amour consacre, c’est à dire qu’il renouvelle toutes choses. Il crée une communauté dont le centre est Jésus, le seul qui puisse donner sens à notre vie consacrée, comme il la donna à la Samaritaine au puits de Sycar. 

Apophtègme 1 : Un frère demandait à Abba Matoes : « Qu’est-ce que je dois faire ? Ma langue me cause beaucoup de problèmes et quand je rencontre des gens, je ne peux la contrôler. Je condamne toutes leurs bonnes actions et je les contredis. Qu’est-ce que je dois donc faire ? » L’Ancien lui répondit : «  Si tu ne peux te contrôler, éloigne-toi des gens et vis seul. Car c’est une faiblesse. Ceux qui vivent ensemble ne doivent pas être carrés, mais arrondis, pour pouvoir se tourner vers tous. 

2. L’accueil 

(Lc 19, 2-10) : « Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et dit à Zachée : «  Zachée, descends vite, car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi. » Et vite, il descendit et le reçut avec joie. » 

Accueillir et être accueilli est vraiment ce dont chaque personne a besoin pour grandir, pour mûrir, qu’il s’agisse du niveau spirituel ou simplement du niveau humain. Sans accueil, nous ne pouvons vivre ; si nous n’accueillons pas, nous privons les autres de vie. La communauté joue ici un rôle très important. Si nous nous sentons accueillies, malgré nos limites, mais aussi avec nos capacités, la communauté se convertit peu à peu en lieu idéal de notre progrès et de notre liberté, sans leurre. C’est quand nous découvrons que nous y sommes accueillies et aimées fermement par les autres, que nous commençons à nous accepter nous-mêmes, chose qui requiert un travail de longue haleine, mais très importante. Antonio Bay dit que « dans la relation humaine j’attends quelque chose de l’autre personne ; j’attends quelque chose qui me fasse du bien, peut-être son approbation, son acceptation, son éloge ou son admiration. J’espère toujours être accueilli, j’espère que ce que je dis sera accepté et que ma présence sera reconnue par l’autre comme quelque chose de précieux. » 

C’est ainsi que Dieu nous accueille et nous rend participants de son œuvre d’AMOUR. D’un autre côté, Jésus nous dit qu’en accueillant les autres, c’est Lui-même que nous accueillons : Celui qui vous accueille m’accueille » (Mt 10,40). 

Apophtègme 2 : Un frère s’en fut à la rencontre d’un anachorète pour partager sa vie spirituelle. Ils passèrent une journée ensemble, et en prenant congé le frère lui dit : « Père, pardonne-moi d’avoir rompu ton silence et l’observance de la Règle. » Mais l’Ancien lui répondit : « Non, mon fils, ma Règle c’est de t’accueillir et de t’offrir l’hospitalité. » 

3. LE RESPECT 

(Jn 12, 3-7) : Marie prit une libre d’un parfum de vrai nard très coûteux, en oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux ; et la maison s’emplit de la senteur du parfum. Judas l’Iscariote, l’un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit alors : « Pourquoi n’a- t’on pas vendu ce parfum trois cent deniers, pour les donner aux pauvres ? » Il ne disait pas cela par souci des pauvres, mais parce que c’était un voleur et que, tenant la bourse il dérobait ce qu’on y mettait. Jésus dit donc : « Laisse-la : c’est pour le jour de ma sépulture qu’elle devait garder ce parfum. » 

Parler de respect paraît à première vue une chose tout à fait normale et évidente. Nous avons appris depuis notre enfance à respecter nos aînés, mais dans une vie de communauté la chose n’est pas si facile ; souvent nous nous méfions quand une sœur répand le parfum de sa vie dans des choses que nous ne comprenons pas. Jésus respecte les sentiments de chaque personne, il sait y donner le sens profond. Dans la pratique, le respect de la personne différente nous est difficile, d’autant que respecter veut dire ne pas imposer mon opinion, laisser l’autre être comme il est. Une sociologue affirmait : « Un groupe pourra seulement commencer à être une communauté à partir du moment où ses membres cesseront de vouloir convaincre les autres de voir les choses comme eux-mêmes les voient. » Et cela, nous savons toutes que ça n’a rien de facile, la tendance est d’imposer nos points de vue, et comme nous nous sentons mal quand ils ne sont pas acceptés !

Apophtègme 3 : Un ancien disait : « Jamais je n’ai voulu faire ce qui m’était utile aux dépens de mon frère. J’ai toujours eu l’espoir que ce qui aide mon frère soit aussi profitable pour moi. » 

4. LE SERVICE 

(Jn 13, 13-17) : Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Si donc, je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Je vous ai donné l’exemple, pour que vous agissiez comme j’ai agi envers vous.  En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son maître ni l’envoyé plus grand que celui qui l’envoie. Sachant cela, heureux serez-vous si vous le faites. » 

Dans ce texte vénérable, nous trouvons le sens de notre vocation ; nous avons été appelées à servir, à donner notre vie, à nous laver les pieds les uns aux autres. Jésus fut l’homme pour les autres. Jésus se met à laver les pieds pour que nous aussi sachions nous mettre au service de nos frères et de nos sœurs, que nous sachions nous abaisser pour leur laver les pieds et ainsi soulager la fatigue, enlever la poussière du chemin, bander les blessures ; il y a tant de manières de nous laver les pieds les uns aux autres ! Un petit service, un sourire accueillant, une parole de consolation, un partage sans jugement, sans exigence, dans la gratuité, l’humilité, le pardon. « N’ayez de dette envers personne, sinon celle de l’amour mutuel. Car celui qui aime autrui a de ce fait accompli la Loi » (Rm 13, 8). C’est que notre frère, notre sœur ont besoin de nous, nous avons tous besoin les uns des autres ; la vie communautaire est très exigeante, elle ne nous laisse pas nous replier sur nous-mêmes, elle ne nous permet pas de passer au large de quelqu’un, quoiqu’il nous en coûte et en même temps elle est notre richesse, le cent pour un dont nous parle l’Evangile. 

Atilano Alaiz dit que les communautés religieuses, comme l’Eglise, sont excentriques, elles ont leur centre hors d’elles mêmes : au service de la croissance du Royaume parmi les hommes. C’est pourquoi, à partir de cette perspective, la « fuga mundi », (la fuite du monde) est une négation totale de la vie religieuse. La communauté narcissique qui cherche d’abord son propre bien, la communauté dont les membres vivent dans l’obsession de leur propre petite sanctification, la « communauté- chaufferette » dans laquelle les religieux se recroquevillent, seulement pour se tenir au chaud mutuellement, n’est ni une communauté religieuse ni une communauté chrétienne. 

Apophtègme 4 : Abba Epiphane disait : Dieu vend la sainteté à très bon marché à ceux qui veulent vraiment l’acheter : concrètement, avec l’esprit de service à l’égard des autres, avec un morceau de pain, des vêtements usagés, un verre d’eau, une menue monnaie. » 

5. L’HUMILITÉ : 

(Mt11,29-30) : Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. » 

Jésus, par sa vie et sa prédication, surtout dans le sermon sur la montagne avec les Béatitudes, nous situe au centre de l’humilité, cette vertu si enviable, que nous voudrions tous avoir, mais qu’il est si difficile d’obtenir. Et Jésus n’a pas fait autre chose que de nous apprendre le chemin de l’abaissement, dans la vérité de ce que nous sommes, de notre pauvreté, de nos désirs, de nos défauts et du désir d’aimer que Lui-même a mis en nous. L’humilité nous libère de la prison de nos peurs, de faire de nous-mêmes le centre pour les autres, de vivre enfermés dans des demandes qui ne nous correspondent pas, laissant aux autres la possibilité de vivre dans leur vérité. « Quand nous apprendrons à ne pas nous préoccuper de nous-mêmes et à découvrir la plénitude, la réalité, la joie de cette Présence constante dans l’Être, alors nous nous convertirons en messagers de la joie, de l’allégresse, de la bonne humeur et aussi en stimulants pour l’effort… Je pourrai exprimer de l’amour parce qu’il n’y aura pas de crainte, je pourrai exprimer de la force parce que je ne retiendrai rien pour moi-même ». Antonio Blay. 

L’humilité nous conduit à l’amour authentique ; celui-ci, plus j’en donne, plus il augmente. Plus je suis proche de mon authenticité, plus je me donne, plus j’en ai. Plus je distribue les dons que j’ai reçus, mon amour, mes désirs, plus ils augmentent en moi. Parce que nous sommes en contact avec une Source inépuisable qui nous fait grandir d’autant plus que nous laissons passer ces qualités divines. C’est pourquoi la loi de la croissance de notre conscience, de notre vérité, nous conduit à la pacification intérieure, à la simplicité, à l’humilité authentique. 

Apophtègme 5 : Certain jour, Abba Macaire revenait des marais, portant des feuilles de palmes. Et soudain, il vit le démon sur le chemin, qui prenait une faucille et tentait de l’attaquer. Mais il ne réussit pas et lui dit : « Oh, Macaire ! A cause de toi, je suis soumis à une grande violence. Je t’assure que je fais tout ce que tu fais. Quand tu jeûnes, je ne mange pas ; et quand tu veilles, je ne dors pas un instant. Il y a seulement une chose par laquelle tu te différencies de moi. » « Laquelle ? » lui demanda Abba Macaire. Le démon lui répliqua : « C’est ton humilité ; et c’est pourquoi face à toi je suis sans pouvoir». 

6. ACCEPTER D’ÊTRE A SA PLACE 

(Jn 17, 12-19) : Quand j’étais avec eux dans le monde, je les ai gardés en ton nom… Mais maintenant je viens à toi et je dis ces choses encore présent dans le monde, pour qu’ils aient en eux-mêmes ma joie en sa plénitude. Je leur ai donné ta Parole et le monde les a pris en haine, parce qu’ils ne sont pas du monde comme moi je ne suis pas du monde. Je ne te prie pas de les retirer du monde mais de les garder du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Consacre-les dans la vérité : ta Parole est vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. Pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient eux aussi consacrés en vérité. »

Savoir accepter le lieu qui nous est donné peut nous être facile s’il satisfait nos désirs ou ambitions, mais si le lieu qu’il nous revient d’occuper ne nous paraît pas juste ou que nous espérions mieux, alors c’est très difficile. C’est ici que l’humilité est nécessaire, pour accepter la volonté de Dieu, bien qu’il nous paraisse qu’il s’agit de celle des hommes. Jésus a accepté le lieu que le Père lui a donné depuis la création du monde et il a vécu le projet d’AMOUR qu’il comportait jusqu’en ses dernières conséquences. C’est pourquoi dans le texte de saint Jean, Jésus prie le Père pour que nous sachions être à notre place comme lui-même le fût, avec liberté intérieure et sans préjugés humains. 

Nous, les bénédictins, faisons un vœu que nous appelons de stabilité. Nous promettons d’être, de vivre toujours dans le même monastère. Comme vous pouvez le supposer, nous ne pouvons pas nous limiter à la matérialité de vivre toujours dans un même lieu, cela va plus loin, bien que nous nous engagions aussi à cela ; il s’agit de la stabilité du cœur, de savoir occuper le lieu qui nous est imparti, sans fuir, sans nous plaindre, servant avec joie, à l’endroit où Dieu nous appelle. Le moine, le religieux ou la religieuse doit toujours partir de l’être et non du faire ; de ce point de vue, on ne peut mesurer l’efficacité à partir de ce qui est fait sinon à partir de ce que chaque personne est en réalité. 

Jean Vanier, dans son livre « La communauté, lieu du pardon et de la fête » exprime très bien cette idée : « La communauté qui a la sensation du travail bien fait, accompli discrètement et simplement dans l’humilité et par amour des autres, peut se convertir en une communauté où se vit profondément la présence de Dieu. Chacun occupe son poste, réalisant les petits gestes quotidiens avec tendresse et compétence, heureux de servir et considérant les autres supérieurs à soi-même, communiant tranquillement avec Dieu, avec les autres et avec la nature, demeurant en Dieu et Dieu en lui. La communauté acquiert alors une dimension contemplative…  Dans une communauté où on travaille dur, avec précision et chacun à sa place, il y a quelque chose qui unifie. Les communautés où il y a beaucoup de luxe et beaucoup de choix possibles, beaucoup de temps perdu et beaucoup d’imprécision, se convertissent en communautés tièdes, où se développe le cancer de l’égoïsme». 

Apophtègme 6 : Un moine dit à un ancien, son guide spirituel : « Père, priez pour moi parce que je m’en vais. » « Et pour quel motif ? » lui demande t’il. « Oh ! fut sa réponse : il y a dix ans que je suis ici et je n’arrive pas à surmonter mes doutes. Je vois jour après jour que cette vie n’est pas pour moi. Je m’en vais ». L’ancien insista : « Toi, ça fait dix ans que tu es ici ? Moi, ça fait quatre vingt et ça m’est encore difficile, mais je persévère et je suis heureux ». 

7. LA COMPREHENSION 

(Lc 2, 40-51) : « Et tous ceux qui l’entendaient s’émerveillaient de son intelligence et de ses réponses. Quand ils le virent, ils s’étonnèrent : Sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Ton père et moi, nous te cherchions tout angoissés. » Alors, il leur dit : «  Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? » Mais eux ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Il descendit avec eux et revint à Nazareth et il leur était soumis. Sa mère gardait toutes ces choses dans son cœur. » 

Dans une vie de communauté la compréhension est très importante. Nous ne pouvons pas porter de jugements sur les autres. Jésus nous dit que même le Fils de l’Homme n’a pas le pouvoir de juger ; cela est réservé à son Père, et pourtant cela nous est tellement facile. Comprendre, c’est entrer sur le terrain de l’autre personne et la regarder avec les yeux de Dieu, avec les yeux du bon Père accueillant le fils qui s’est éloigné. Avec les yeux de la mère qui pardonne tout à ses enfants, qui trouve toujours quelque chose de bon à en dire, quelque nullité qu’ils soient. En réalité, nous avons tous un instinct maternel, que nous cachons souvent, parce que nous avons peur de montrer nos sentiments. Si nous savions prendre soin de nos soeurs et de nos frères, les comprendre, sans maternalisme, mais avec un amour maternel, avec des entrailles de miséricorde, les résultats seraient bien différents.
 

Apophtègme 7 : Quelques anciens s’en furent rendre visite à Abba Poemen et lui dirent : « Dis-nous : quand nous verrons les frères dormir pendant l’office sacré, devons-nous les pincer pour qu’ils se réveillent ? » L’ancien leur répondit : « En réalité, si je voyais un frère en train de dormir, je poserais sa tête sur mes genoux et le laisserais se reposer. » 

8. LA COMPASSION 

(Jn 2, 1-7) : « Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. Or il n’y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui dit : « Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore arrivée. » Sa mère dit aux servants : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Or il y avait là six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs et contenant chacune deux ou trois mesures. Jésus leur dit : « Remplissez d’eau ces jarres. » Ils les remplirent jusqu’au bord. » 

A première vue, il semble que Jésus n’ait pas eu beaucoup de compassion pour les mariés ; sans la présence de sa mère, ils restaient sans vin. Mais cela pourrait peut-être nous indiquer qu’on peut aller à Jésus par Marie. 

Quoiqu’il en soit, Jésus et Marie ont eu compassion des mariés et ne les ont pas laissés dans un mauvais pas. Nous savons déjà que ce récit va au-delà de la matérialité de l’eau et du vin, qu’il est signe de la manifestation et de la révélation de Dieu et de Jésus lui-même. C’est aussi une manifestation de la surabondance du Royaume. Mais il est vrai aussi que c’est un signe de la compassion de Dieu pour l’humanité : Il nous donne le vin nouveau, l’amour gratuit, la joie de nous savoir pris en compassion, sauvés malgré nos misères et faiblesses. 

Être compatissant ne nous est pas très difficile quand il s’agit de choses très importantes, de maladies, de désastres ; nous avons compassion de ceux qui meurent de faim, pour les enfants exploités, pour les femmes maltraitées, pour ceux qui souffrent les conséquences des catastrophes. Souvent, dans la liturgie, nous demandons la compassion de Dieu à travers l’Ecriture sainte, spécialement dans les psaumes : « Pitié pour moi, Seigneur, en ta bonté, en ta grande tendresse efface mon péché, lave-moi tout entier de mon mal, et de mon péché, purifie-moi. (Ps. 50). Nous demandons miséricorde et compassion pour nous-mêmes et pour les autres, nous en avons besoin continuellement, tellement nous nous sentons pauvres. 

Mais quelquefois, cette attitude nous est très difficile : quand ceux qui demandent notre compassion sont pesants, quand il s’agit de personnes avec un léger déséquilibre et qu’il est très difficile de trouver le point juste entre l’exigence et la compassion, entre la tolérance et le fait de se laisser embarquer. Revenant aux noces de Cana, notre tentation est souvent de dire : « Qu’ils se débrouillent ! Pourquoi n’ont-ils pas acheté plus de vin ? Sommes-nous responsables de la distraction ou de la mauvaise organisation des autres ? » Et Marie a compassion des mariés, a compassion de tous, elle est attentive à ce dont nous avons besoin. C’est ainsi que la sensibilité d’une femme peut faire arriver à Dieu les nécessités de mon frère, de ma sœur. C’est ainsi que je dois avoir compassion des autres. Il vaut mieux être excessif en compassion que d’avoir le cœur dur. Dieu est amour, tendresse, miséricorde et c’est notre défi : aimer comme Dieu nous aime. 

Apophtègme 8 : Saint Païsi priait pour son disciple qui avait abandonné Christ. Le Seigneur lui apparut, voulant le consoler et lui dit : « Païsi, comment se fait-il que tu pries encore pour celui qui m’a renié ? » Le saint, malgré cela, continua à prier et pleurer. « Oh, Païsi, lui dit alors le Seigneur, tu m’as égalé en amour. »

 9. LA PATIENCE 

(Lc 13, 6-9) : « Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher des fruits et n’en trouva pas. Il dit alors au vigneron : « Voilà trois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le ; pourquoi donc use-t-il la terre pour rien ? » L’autre lui répondit : « Maître, laisse-le cette année encore, le temps que je creuse tout autour et que je mette du fumier. Peut-être donnera-t-il des fruits à l’avenir… Sinon tu le couperas. » 

Être patient est le propre des fils de Dieu, mais c’est aussi une vertu indispensable pour tous, chrétiens ou non ; tout a son rythme et il faut attendre. « Voyez le laboureur : il attend patiemment le fruit précieux de la terre jusqu’aux pluies de la première et de l’arrière saison. Soyez patients, vous aussi ; affermissez vos cœurs, car l’Avènement du Seigneur est proche. » (Jc 5, 7-8). Chaque personne a son rythme et il est nécessaire d’attendre, de faire confiance. Comme Jésus, il nous irait bien d’arracher tel ou tel figuier ; nous sommes parfois fatigués d’attendre les fruits, mais il est nécessaire d’attendre, d’être patient et de prier. La parole patience signifie en latin la capacité de souffrir, c’est une attitude passive mais pas indifférente. Selon un proverbe africain, la patience est une plante dont la sève est amère mais dont les fruits sont sucrés. 

Il faut savoir espérer en chaque personne, en sa croissance personnelle et spirituelle. Saint Benoît, dans le chapitre 72 qui traite du bon zèle que doivent avoir les moines, dit : « De même qu’il y a un zèle amer, mauvais, qui éloigne de Dieu et conduit à l’enfer, il y a aussi un bon zèle, qui éloigne des vices et conduit à Dieu et à la vie éternelle. Que les moines pratiquent donc ce zèle avec l’amour le plus ardent ; c’est cela, qu’ils se devancent pour s’honorer les uns les autres, qu’ils se supportent mutuellement, avec la plus grande patience, dans leurs faiblesses tant physiques que morales. » 

Apophtègme 9 : Il y avait un ancien qui avait un bon disciple. Un jour il se fâcha et le mit à la porte : Mais le disciple s’assit, hors de la cellule et attendit. Quand l’ancien ouvrit la porte, il le trouva là, assis, et se repentant devant lui, il dit : «  Tu es mon père, car ton humilité et ta patience ont dépassé mon étroitesse d’idées. Entre. Désormais, c’est toi l’ancien et le père et moi je suis le jeune et le disciple, sois-en sûr. Car tes bonnes œuvres ont dépassé mon âge avancé ». 

10. LE PARDON 

(Jn 8, 10-11) : « Femme, où sont ceux qui t’accusaient ?  Personne ne t’a condamnée ? » Elle dit : « Personne, Seigneur ». Alors Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus. » 

Nos communautés doivent être des lieux de pardon et d’accueil. Le pardon que Dieu nous accorde l’une et l’autre fois, nous donnant la possibilité de commencer à nouveau soixante dix fois sept fois, c’est à dire que nous sommes pardonnés indéfiniment, ce pardon est celui que Jésus nous enseigne : « Femme, personne ne t’a condamnée ? » Non, Dieu ne condamne pas et nous invite au pardon. Un pardon qui doit commencer par savoir nous pardonner à nous-mêmes, accepter nos erreurs, sachant que d’elles aussi nous pouvons apprendre. Ensuite, pardonner à ceux qui vivent avec nous et puis à tous ceux qui s’approchent de nous. Le pardon, si rare dans notre monde, dans une société qui ne pardonne pas les erreurs, les mauvais moments, les échecs, le pardon de Dieu, nous devons le manifester en ayant des entrailles de miséricorde. Pardonner veut dire savoir tendre l’autre joue à ceux qui nous offensent ; c’est de cette manière que nous devons défier notre société sans pardon, par le même pardon que Jésus. 

Alors que la compassion peut nous être relativement facile, le pardon nous coûte déjà beaucoup plus au jour le jour. Jean Vanier dit : « Dans une communauté il est très facile de juger et de condamner les autres. Nous cataloguons les personnes avec certains clichés : « Lui ou elle est ceci ou cela ». De cette manière nous repoussons la possibilité de grandir. Jésus nous dit de ne pas juger et de ne pas condamner : C’est le péché de la vie communautaire : Si nous jugeons, c’est souvent parce qu’il y a quelque chose en nous dont nous nous sentons coupable et que nous ne voulons pas voir ou laisser voir aux autres. Quand nous jugeons, nous repoussons les autres ; nous élevons un mur, une barrière : Quand nous pardonnons ces barrières tombent et nous nous approchons des autres ». Le pardon est le fruit d’une âme délicate, c’est un don qui provient de la prière et d’une vie profonde. Seul celui qui se sent aimé de Dieu prend conscience de sa propre misère et de son péché. 

Apophtègme 10 : Un frère demanda à Abba Poemen : « Que signifie se fâcher sans raison ? » Il répliqua : «  Quand ton frère t’attaque, quelles que soient les insultes, si tu te fâches avec lui et ne lui pardonnes pas, tu t’es fâché sans raison. Même s’il t’arrachait l’œil droit et te coupait la main droite, si tu fâches contre lui et ne lui pardonnes pas, tu te fâches sans raison. Cependant, s’il s’agissait de s’écarter de Dieu, alors, mets-toi en colère. »  

LE MESSIE DÉGUISÉ: Un monastère, autrefois florissant, commençait à décliner ferme. L’égoïsme et la médiocrité s’étaient emparés des moines. L’abbé, très préoccupé, se demandait quels étaient sa faute et son péché. Un jour, pour en finir avec ses doutes, il s’en alla voir un homme de Dieu et lui exposa ses peines, doutes et préoccupations. L’homme de Dieu lui répondit : “Dans ta communauté, une personne est le Messie déguisé, et vous ne le savez pas. Voilà votre péché”. Sur le chemin du retour au monastère, l’abbé se demandait comment il avait pu ne pas le reconnaître et qui ce pourrait être. Peut-être le frère cuisinier ? Non, impossible ! Il avait beaucoup de défauts… Mais…, ces défauts eux-mêmes ne feraient-ils pas partie du déguisement ? A l’arrivée au monastère, il raconta à ses moines la réponse de l’homme de Dieu. Quelle surprise ! Incroyable…! Évidemment, pour le cas où…, ils commencèrent tous à se traiter avec respect et amour. Et le monastère retrouva sa ferveur d’antan.

A quoi servent les yeux si le coeur est aveugle ?

Beaucoup des problèmes que nous avons dans notre vie communautaire sont enracinés dans cette histoire,  nous ne savons pas découvrir le visage du Christ dans celui de notre frère, le déguisement de tant de défauts nous empêche de voir la réalité plus profonde de son être. D’où l’intérêt des dix attitudes : si nous les mettions en pratique, il nous serait plus facile d’entrer plus avant dans cette présence.

Montserrat VIÑAS
abbesse du monastère Sant Benet de Montserrat


[1] Abbesse du monastère Sant Benet, de Montserrat, Catalogne. XII Semaine de Vie Consacrée. Logroño. in Volume 43 nº 167 CONFER
    pp. 547-564
 

 Monastère de Saint Benoît du MONTSERRAT (Barcelona)