À l’occasion des noces d’argent d’une sœur, et de mes
noces d’or, il nous a été offert la possibilité de faire un
pèlerinage à Taizé. Un souhait pendant très longtemps rêvé, parce
qu’il s’agit d’un lieu monacal actuel avec des aspects différents.
La visite aurait-elle peu ouvrir d’horizons nouveaux ? A vrai dire,
avec les dix jours dont noua disposions, nous avons voulu faire un
parcours monastique, avec tous les échanges spirituels qu’il nous
serait possible de faire. Au moment du départ, non seulement nous
avions le chemin projeté, mais aussi nous avions déjà concerté les
visites à rendre. Le pèlerinage est devenu si riche d’expériences,
et nous en sommes revenues si joyeuses, que j’ai eu l’idée de
transcrire et compléter les notes que j’avais prises afin de le
partager, pour si jamais cela pouvait intéresser à quelqu’un.
Lundi, 14 – Le voyage jusqu’à Sénanque
Nous avons voulu que chaque jour soit éclairé par la Parole de
Dieu qui nous avait été donnée à l’autel. C’est pourquoi, au début
il y a un résumé des textes des deux lectures de l’Ecriture.
Eucharistie (XVème Semaine du Temps Ordinaire)
Mt « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi10,
34-40: n’est pas digne du Règne de Dieu.
Qui perdra sa vie à cause de moi la gardera. Celui qui donnera à
boire un simple verre d’eau fraiche à l’un de mes disciples ne
perdra pas sa récompense. »
Is 1,11: À quoi bon m’offrir des sacrifices ? J’en suis rassasié.
Lavez-vous, cessez de faire le mal.
Nous apprendras-tu, Seigneur, un nouveau culte en l’esprit ? Nous
voulons être attentives à le renouveler avec tout ce que nous
apprendrons durant ces jours-ci. Mt dit que les envoyés ne doivent
pas aller emplis d’eux-mêmes mais de ton amour bien plus fort que
n’importe quoi. Nous entamons de pèlerinage avec toi. Avec toi tout
devient donner-recevoir. Toi, tu es noter compagnon comme tu l’étais
avec les apôtres. Ton Règne nous l’amenons dans nos mains,
maintenant et toujours. Grâce à l’Esprit nous voulons qu’ils
deviennent une nouvelle adoration.
Visite au monastère de Sénanque (Moines cisterciens)
Le chemin jusqu’à Sénanque devient pour nous autres rapide et
beau. Nous prenons notre déjeuner au dehors, tout en contemplant le
monastère, dan une vallée remplie de lavande en fleur. Nous sommes
surprises à la vue de tant de monde.
Frère Jean, avec barbe blanche et un regard pénétrant et gentil,
nous accueille calmement. Le Père Abbé veut nous dire bonjour ; il
est très jeune. Il nous offre son premier conseil, qui va nous
accompagner tous ces jours-ci : « Demeurer ouvertes à l’accueil de
l’Esprit. »
Frère Jean nous offre une splendide visite guidée. Finalement,
dans l’église, nous porions ensemble le Notre Père. Inoubliable.
En quittant nous ressentons les liens de la fraternité
monastique. Nous lui offrons un petit cadeau en céramique (un moine
en train de prier) qu’il reçoit d’un geste reconnaissant, les yeux
étincelants. Le visage de cet homme austère, mais simple, devient
difficile à oublier.
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Monastère
de Sénanque (moines cisterciens)
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Histoire du monastère de Sénanque (moines cisterciens)
Sénanque est un monastère cistercien et, en tant que tel, il est
placé dans une vallée retirée. L’abbaye est tout près de Gorda, dans le
département de Vaucluse, en Provence.
Il a été fondé en 1148 par les moines cisterciens en provenance du
monastère de Mazan le Vivarais, sous patronnage d’Alfant, évêque de
Cavaillon, du Raymond Bérenger II, compte de la Provence. Il a été bâti
en roman pur. En 1178 eu lieu la consécration de l’Église, très belle.
Les XIIe et XIVe siècles sont ceux de la plus grande splendeur ;
cependant en 1544, avec les guerres de religion, le monastère fut
ravagé. Tout récemment (1988), l’Abbaye de Lérins y a envoyé une
petite communauté de 4 moines.
L’église est d’une austérité extrême. Le cloître, lieu de
passage qui met en communication les différentes parties du monastère,
n’a que décoration à caractère végétal, sauf celle du support placé sur
le pilier d’en face l’entrée de la salle capitulaire, qui représente la
tête du diable. L'emplacement de cet élément unique, n’est pas dû au
hasard. Anciennement, à l’heure des complies qu’ils faisaient dans la
salle capitulaire, dans les monastères, on disait tous les jours le
passage de 1 Pe 5,8 : « Votre adversaire, le démon, comme un lion qui
rugit, va et vient, à la recherche de sa proie… » La beauté de ces
bâtiments est d’une rusticité unique
Visite au monastère de l’Annonciation de Le Barrou. (Moniales
bénédictines)
Rencontrer le monastère des moniales de le Barrou n’a pas été facile
pour nous. Après avoir fait la prière de Vêpres avec elles (nous autres
en deçà des grilles), Sœur Anne, la sœur hôtelière basque qui parle
espagnol, nous montre les chambres où nous reposer. Puisque le lendemain
nous devons partir tôt, nous avons eu un entretien avec l’Abbesse, très
jeune, au dernier moment de la journée.
Il s’agit d’une communauté à style « pré conciliaire », qui se sert de
la permission de célébrer l’Eucharistie en latin, orientée (prêtre et
fidèles en priant tous en regardant l’orient). Néanmoins, l’abbesse est
toute gentillesse, et elle nous demande même de retarder notre départ.
Et avec une simplicité tout spéciale, elle nous raconte que la
permission de célébrer l’Eucharistie d’après le missel de Saint Pie V
leur offre des vocations de partout dans le monde. Il s’agit de jeunes
filles qui aiment ce style de vie et de prière. Conjointement avec les
moines, qui ont leur monastère tout près d’elles, durant une époque
elles avaient été unies à l’évêque excommunié Mgr. Lefebvre, mais
désormais elles n’ont rein à voir avec son mouvement.
En lui disant la raison de notre passage par son monastère, elle précise
qu’elles aussi font des vacances : un seul jour par an et, évidemment,
sans quitter le monastère. Elles sont une quarantaine de moniales, avec
une moyenne d’âge de 41 ans. Malgré le constat que nous avons des
mentalités différentes, la rencontre a été très affectueuse, et elles
sont allés jusqu’à ne pas vouloir recevoir le prix de notre nuit chez
elles.
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Le
monastère de Barrou (bénédictines)
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Histoire du monastère de Notre-Dame de l’Annonciation. Le Barroux
(moniales bénédictines)
La communauté des moniales bénédictines de Notre-Dame de
l’Annonciation est née en 1979 lors que quatre jeunes se sont unies
à Mère Élisabeth, et avec aussi dom Gérard, dans le but de faire
« l’expérience de la tradition ». Après avoir essayé en différents
endroits, elles ont trouvé un emplacement dans la commune de Le
Barroux. Finie une première partie du travail de l’installation,
même d’une manière assez précaire, le monastère est reconnu
canoniquement en dépendance du Saint Siège en 1989 et érigé en
Abbaye en 1992. Mère Élisabeth reçoit la bénédiction abbatiale du
Cardinal Mayer.
L'année 2000 avec la renonciation de la mère abbesse, la charge
passe à Mère Placide, l’abbesse actuelle, qui amené à bon terme les
travaux de bâtiment, es spécial l’église, qui fut consacrée le 12
mai 2005 par le Cardinal Medina en tant qu’envoyé spécial du Pape
Benoît XVI. Le cardinal Ratzinguer, avant qu’i ne devienne la tête
de l’église catholique, faisait ici ses vacances.
Les sœurs travaillent en d’ateliers de reliure, de tissus en soie
et en l’élaboration de confitures.
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Monastère de Le Barrou (Moines
bénédictins)
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Mardi 15. Le Barrou. (Moines bénédictins)
Eucharistie. St Bonaventure
Mt
Mt 11, 20-24 Jésus est rejeté par les gens de
Chorazin i Capharnaüm, villes qui n’ont pas voulu accueillir sa parole.
Is
Is 7:1-10: Des rois assiègent Jérusalem.
Isaïe dit à Acaz de ne pas perdre son sang-froid, ce qu’ils envisagent
ne s’accomplira pas.
Cette renconcre avec les monestères bénédictins, Seigneur, c’est une
entrée en communion avec notre ordre, pour que nous sachions accepter
tes enseignements en toute radicalité. Écarte de nous de devenir comme
ces villes où tu avais accompli tant de miracles et, malgré cela, elles
n’ont pas cru. Que notre vie soit marquée par la paix (« le calme ») que
désire saint Benoît.
Monastère de Ste
Madeline de Le Barrou. (Moines bénédictins)
Nous participons à la messe conventuelle des moines, tout en latin et
grégorien. Il ya a peu de moines, car eux ils célèbrent les messes
individuellement, dans des chapelles particulières. L’évangile nous
avertit sur ce que personne ne peut penser avoir la sainteté comme un
acquis. Les gens de Capharnaüm, de même que ceux qui habitent Montserrat
ou La Barrou, nous avons à nous convertir tous les jours. Et malgré
constater quotidiennement notre faiblesse, nous pouvons conserver en
Dieu « un calme sans crainte » (Is).
Après la messe conventuelle nous nous adressons à la conciergerie,
puisque nous avions déjà prévu un entretien avec l’abbé. La
« désolation » du frère portier est grande lorsqu’il doit nous avertir
que l’abbé n’apparaît nulle part ; c’est pourquoi nous prenons congé en
suivant notre route. Mais voici qu’après avoir fait avec la voiture
quelques courbes, vient à notre rencontre un moine très jeune, en habit
de travail, qui nous fait signe d’arrêter. Moi, je lui demande s’il y a
quelque commission pour nous de la part de Père abbé. Il nous répond :
« L’abbé, c’est moi. » Il nous amène dans une case, où nous nous
asseyons autour d’une petite table.
Après s’être excusé de ne pas avoir regardé son agenda, nous passons à
nous entretenir sur les expériences monastiques avec une profondeur qui
nous laisse bouche bée. L’essentiel, nous dit-il, est la fidélité
comprise comme intelligence du cœur. Il ne s’agit pas d’être fidèles en
« tenant les murs », mais dans la pratique de la patience en face des
faiblesses « physique ou morales » que nous avons tous (Règle de saint
Benoît).
Nous sommes bien d’accord en ce que c’est maintenant qu’il faut
pratiquer la charité, et rendre visite aux malades du monastère, non pas
lorsque nous serons déjà vieux ou sans forces.
Il aime résumer la doctrine de saint Benoît avec la sentence si connue
de « Rien préférer à l’amour de Jésus Christ », mais la compléter tel
que la complète saint Benoît « afin que nous parvenions ensemble à la
vie éternelle ». La primauté du Christ demeure ainsi unie à l’amour pour
la communauté.
Cette petite case, si simple, la petite table et l’entretien, rappellent
une présence bien actuelle de Jésus, et des Pères et Mères de la vie
monastique, que nous avons comme un très grand trésor. Serait-il vrai
que Dieu veut nous faire cadeau de surprises ?
Histoire du monastère de Sainte Madeleine de Le Barroux. (Moines
bénédictins)
Sainte Madeleine est un monastère de moines bénédictins, qui dépend du
Saint-Siège. Cependant, en ce moment il est en train d’intégrer la
congrégation de Subiaco, à laquelle appartiennent les moines de
Montserrat.
En 1970 un jeune moine bénédictin, le père Gérard Calvet, quitta
l’abbaye de Notre-Dame de Tournay et il s’est installé à Bédoin, petite
ville de Vaucluse. Il était déterminé à vivre la Règle de saint Benoît
fidèlement, d’après les traditions liturgiques romaines. Bientôt, il a
été épaulé par quelques jeunes qui désiraient vivre comme lui la vie
bénédictine.
En 1974 s'unit au mouvement de Mgr. Lefebvre et les rapports avec
Tournay se sont coupés. En 1978 compte tenu de la croissance de la jeune
communauté on acquit un terroir de trente hectares à la commune de Le
Barroux. C’est alors le commencement de la construction d’un monastère
néo roman, avec des techniques modernes. De même que les moniales, les
moines coupent les liens avec le mouvement de Mgr. Lefebvre lorsque
celui-ci devient excommunié. Le monastère est érigé en abbaye, en juin
1989. Le mois d’octobre finissent les travaux de construction de
l’abbaye et l’église est consacrée par le cardinal Edouard Gagnon.
En 2002 la communauté parvient à avoir 70 moines, et décide de
faire une fondation. En novembre 2003, le père fondateur démissionne de
sa charge et devient élu le père Louis-Marie, l’abbé actuel.
Gérard Calvet meurt le 28 février de l’année 2008. Notre visite a été
faite le mois de juillet de cette même année. Je me permets de
transcrire un texte rédigé par les moines, eux-mêmes.
Le Mystère des Moines
Les moines ont bâti l’Europe.
Leur aventure, en principe, est, peut-être pas exclusivement, une
aventure non seulement intérieure, dont l’unique motif est la soif de
l’absolu.
La soif d’un monde autre, rempli de vérité et de beauté, avivé par la
liturgie, tout en guidant le regard vers ce qui est éternel.
Le moine est un homme attentif, avec tout son être, à la réalité de ce
qui ne passe
pas.
Avant d’être des foyers de science et carrefours de la civilisation, les
monastères sont des endroits de silence orientés ver le ciel.
Un appel obstiné, non négociable, est celui qui vient du monde de
l’au-delà, dont celui-ci n’est que l’image, qui l’annonce et préfigure.
Visite à l’Abbaye de Notre Dame d’Aiguebelle (Moines trappistes)
Puisque nous croyons être accompagnées par le Seigneur, nous sentons la
« bonne chance » persévérante du Seigneur le long de notre route.
Au
fur et à mesure que nous approchons de la Savoie nous sommes captivés
par le paysage. Les vastes champs de lavande nous parlent de l’amour
gratuit de Dieu, infini en chaque brin, maintenant en alternance avec
les vignobles.
Dans
une petite vallée luxuriante, se cache le monastère. Les « eaux belles »
(Aigue belle) qui jaillissent devant l’abbaye, signifient des eaux
intérieures, cachées, telles une véritable source, qui jaillissent de
l’intérieur. Le serein sourire de l’Abbé d’Aiguebelle que nous avons
contemplé dans une vidéo très bien faite, nous le confirme. Les moines
de Thiberine sacrifiés en Algérie, sont devenus les fondations de ce
bâtiment. Christian, le prieur, conjointement avec les autres, sont
partis de cette communauté pour fonder en Afrique du nord. Le petit
monument en leur souvenir qu’on leur a dédié, est pour nous autres très
proche, à cause de tout ce que nous savons sur eux.
Nous prenons le repas de midi en pleine exubérance de la nature,
presqu’aux portes du monastère. En tant qu’appartenant à la Trappe, et
zélés d’une stricte clôture, on nous dit que nous ne pouvons visiter que
l’église du monastère, très belle, où, avec une douzaine de moines, nous
faisons la prière de None.
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Monastère d’Aiguebelle (Moines
trappistes)
pour regarder les 13 photos cliquez sur l’image |
histoire de l'Ordre cistercien de la
stricte Observance.
L'Ordre
Cistercien de la Stricte Observance (généralement appelée "la Trappe" à
cause de l’endroit où il y eut le premier monastère) plonge sa racine
dans la tradition monastique de la vie évangélique des monastères de
saint Benoît de Norcia.
Notre Ordre, disent-ils, est un institut monastique intégralement
contemplatif, puisque les moines, sont consacrés au culte divin, et ils
assurent cet humble et noble service dans la solitude et le silence,
dans la prière assidue et la joie pénitentielle de la vie monastique.
Ils cherchent Dieu à la suite du Christ sous une règle et un abbé, dans
une communauté stable, école de charité fraternelle, puisque les frères,
n’ayant qu’un seul cœur et une seule âme, ont tout en commun. En portant
les fardeaux les uns des autres ils accomplissent la loi du Christ,
partagent ses souffrances, dans l’attente d’entrer dans le Règne du
ciel. Par cette route de saint Benoît, ils veulent parvenir à la paix
intérieure, cette paix dont notre monde a tant besoin.
En esprit de communion et avec la ferveur d’un désir intense, les
moines sont dévoués fréquemment à la prière. Demeurent sur terre, vivent
en esprit dans le ciel, en désirant la vie éternelle avec empressement
spirituel. Parmi les Cisterciens, la Vierge élevé aux cieux, n’est
jamais loin de leurs cœurs. Le but principal du silence monastique est
donc garder cette mémoire de Dieu qui est plus qu’une simple mémoire.
C’est une attention, un éveil total à Dieu, qui devient impossible sans
le silence, le recueillement, la solitude et un certain isolement.
la lecture
Une des valeurs importantes de notre vie est la lecture des saintes
Écritures, dite « lectio divina ». Elle consiste à lire et à relire
attentivement et lentement les Écritures. À lire les commentaires des
Pères et des auteurs spirituels de l’Église (surtout, en ce qui nous
concerne, les Pères cisterciens), afin de nous imprégner petit à petit
d’eux-mêmes, persuadés que nous sommes que, derrière le texte, Dieu est
présent.
le travail
Le travail manuel, assez simple pour pouvoir le faire ensemble avec la
prière intérieure, est un élément important dans la vie du moine. Le
travail donne aux moines la possibilité de participer à l’œuvre de la
création et de la Rédemption et de marcher sur les traces du Christ
Jésus. Dans la tradition cistercienne le travail a toujours joui d’une
grande estime. Ce travail difficile et rédempteur fournit aux frères ce
qui est nécessaire et, d’une manière spéciale, aux pauvres, et manifeste
la solidarité des moines avec la multitude des travailleurs. Il est
aussi l’occasion d’une ascèse fructueuse, il aide l’évolution et la
maturité personnelle, qui maintient la santé du corps et de l’esprit,
et, enfin, il contribue à la cohésion de la communauté.
une vie simple
A la suite des exemples des Pères de Cîteaux, qui cherchaient un rapport
proche avec Dieu, notre façon de vivre se veut simple et sobre. La
superficialité n’a pas de place parmi nous, si bien que la simplicité
elle-même puisse être une leçon pour tous. Cette simplicité doit
apparaître clairement dans les bâtiments et le mobilier, la nourriture
et les habits, même dans la célébration liturgique.
la secrète fécondite des moines
La fidélité à la vie monastique, le zèle pour le Règne de Dieu et le
salut de toute l’humanité, sont intimement unis. Les moines portent dans
leur cœur ce souci apostolique. Mais leur façon de contribuer à la
mission du Christ et de son Église, de même que sa façon de s’insérer
dans une Église locale, est toujours au travers de leur même vie
contemplative.
Naissance de l'Ordre cistercien
La història de la vida
monàstica comença a principis del segle IV a Egipte amb sant Antoni i
els Pares del Desert que es retiren en la solitud per portar una vida de
pregària i de treball consagrada a Déu.
En Occident, saint Benoît
(480-547) écrit une Règle pour des moines qui vivent en communauté, en
leur proposant de chercher Dieu au travers l’obéissance, l’humilité, la
charité fraternelle et un style de vie équilibré qui unit la prière, le
travail et la lecture. Cette Règle sera bientôt adoptée par la grande
majorité des monastères de l’Occident, en devenant ce que nous appelons
les monastères bénédictins.
Le 21 mars 1098…
Un moine benedictin de l'Abbaye
de Molesme fonde l'abbaye de Cîteaux, sous la direction des saints
Robert, Albéric et Etienne. ...on
veut revenir à la pureté de la Règle de saint Benoît, avec une vie de
simplicité, de travail manuel, de pauvreté et solitude, par opposition
avec le développement culturel de Cluny. À partir de 1112, la communauté
de Cîteaux fonde d’autres monastères par l’ardeur de saint Bernard de
Clairvaux, l'Ordre cistercien se développe très rapidement partout en
Europe.
La famille cistercienne fut réformée plus tard par l’abbé Rancé,
qui vivait dans le monastère de la Trappe, en devenant l’initiateur de
l’Ordre Cistercien de la Stricte Observance (OCSO) auquel appartient
l’abbaye d’Aiguebelle. Cet Ordre rassemble 165 monastères de moines et
moniales de partout dans le monde, dont 30 en France.
Histoire de l'abbaye d’Aiguebelle
La communauté de Notre-Dame
de Aiguebelle compte actuellement 30 moines de 36 à 92 ans et se
poursuit comme d'habitude la vie monastique en essayant de vivre du
travail de ses mains (une liqueur faite contre le stress vendu avec
succès dans toute la France ), aider les pauvres et dans la mesure de
ses possibilités.
L'abbaye fut fondée en 1137, dans les limites du Dauphiné et de la
Provence, par les moines de Morimondo, quatrième fils de Cîteaux en
fondé 1115, à la Champagne.
Le
monastère est construit sur une vallée isolée, et voulait la tradition
cistercienne, au confluent de trois rivières, d'où le nom de "belles
eaux".
L'accueil
D’après la Règle de saint Benoît, le monastère garde la tradition
d’accueillir les hôtes et les pauvres, comme s’il s’agissait
d’accueillir le Christ lui-même. Tous ceux qui cherchent un
approfondissement dans leur vie de prière peuvent bénéficier de l’aide
de la communauté en demeurant quelques jours dans l’hôtellerie, qui peut
recevoir jusqu’à 25 personnes.
Itinéraire vers Tamié
Après avoir passé par la ville de Grenoble, nous escaladons des monts et
des monts, jusqu’à parvenir à la hauteur du Mont Blanc, enneigé,
majestueux. En plein juillet, contempler des sommets enneigés est pour
nous une surprise inimaginable. Le chemin devient compliqué, et le GPS
s’est refusé de nous indiquer l’itinéraire. Il ne faisait que répéter :
« Quand vous pourrez, tournez à droite ». Malgré tout, nous sommes
arrivées aux portes du monastère de Tamié.
Mercredi, 16 - Tamié
Eucharistie
Mt 10, 25-27 - Jésus dit: «Père, je proclame ta louange : parce que
tu as caché cela aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout
petits. Tout m’a été confié par mon Père. Personne ne connaît le Père,
sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. »
Is 10, 5-7.13-16 – Châtiment aux Assyriens qui ont opprimé Israël : eux,
ils avaient maltraité le peuple de Sion, mais, par la suite, Dieu va
leur demander des comptes.
Je te rends grâce, Père, parce que tu t’es révélé aux TOUT-PETITS,
à ceux qui t’aiment de tout leur cœur et se reconnaissent ignorants de
tant de choses. Nous savons que nos actes ne sont pas parfaits, mais
Jésus nous a approchées de TOI, Père, et cette assurance, bien plus que
le combat, vainc les ennemis (les Assyriens) qui veulent nous soumettre
à des esclavages.
Tu t’es révélé aux tout-petits de Tamié, les oiseaux, les fraises des
bois, les hôtes qui, malgré leur silence, offrent de gentils sourires.
Tu t’es révélé, surtout au travers ces moines, SIMPLES, un peu
campagnards, qui te louent avec une vie composée de PRIÈRE, silencieuse,
calme, solide.
Visite au monastère de Tamié (Moines trappistes)
Nous sommes accueillies par le Frère hôtelier. Il y a maintenant une
hôtellerie tout neuve avec des chambres bien conditionnées, et un autre
bâtiment plus ancien avec des chambres plus simples. L’hôtellerie est
complètement remplie.
À 4 heures du matin ils célèbrent les Matines, qui sont faites très
calmement avec de longues pauses. La Messe est célébrée à 07h30. Nous
sommes invitées à nous placer tout autour de l’Autel. La prière est
faite dignement.
Après nous avoir baladés par les alentours, nous avons un colloque avec
un moine qui avait appartenu aux prêtres du Prado. Il nous raconte
l’expérience de sa vie.
Il pense que c’est Dieu qui fait le travail, et que nous autres nous
vivons en nous battant contre d’innombrables tentations qui veulent nous
maîtriser : rester soumis à nos caprices au lieu d’être attentifs aux
autres, et plein d’autres esclavages, conscients ou inconscients, qui
nous menacent. C’est pourquoi il est bon de lire l’évangile en suivant
la méthode de : « voire, juger, agir. »
Après le déjeuner et une
promenade, nous allons voir une superbe vidéo qui explique la vie et le
travail de la communauté.
À présent ils se soutiennent grâce à la
confection de fromages qui sont très appréciés. Pour ce travail ils
emploient 10.000 litres de lait chaque jour.
Il y avait des années que je connaissais l’art de Tamié, d’un style
néo-roman très original. Mais il y a dix années que le moine artiste
quitta le monastère pour devenir orthodoxe. Même s’il n’est plus en
vente, on peut voir ces ouvrages dans des monastères.
Un souvenir très particulier de l’hôtellerie, c’est l’oratoire avec une
image du Christ amical en train d’embrasser, avec les bras courbés en
descendant comme s’il voulait t’accueillir. Le prier avec recueillement
devient un don très précieux. Voilà des surprises constantes de Dieu qui
nous accompagne près de nous.
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Monastère de Tamié (Moines trappistes)
pour voire les 25 photos cliquez sur l’image |
Histoire de l'Abbaye de Notre Dame de Tamié (Moines trappistes)
L’installation des moines.
L'abbaye trappiste de Tamié se trouve en Haute Savoie. L'archevêque de
Tarentaise c’est celui qui eut l’initiative de cette fondation. Il
chercha un endroit favorable et il demanda aux seigneurs de Chevron de
lui accorder la vallée de Tamié pour y établir un monastère. Les moines
y sont arrivés le 16 février 1133 en provenance de l’abbaye de Bonnevaux
au Dauphiné. Les bâtiments se situent à 900 mètres d’altitude, au flanc
d’un mont, dans le voisinage du col de Tamié.
La suite des siècles amena une série d’événements et d’épreuves. La
communauté de Tamié connut de bons moments et de bas moments, parmi
lesquels des incendies, des catastrophes naturelles, ou des
bouleversements à la suite des guerres. L’élan spirituel, la discipline
interne se sont relaxés en certaines périodes, l’office divin ne fut
toujours pas convenablement chanté. En 1486 l’image de Tamié était
n’était pas très rayonnante. Malgré cela, malgré tous les événements et
le peu de moines, la communauté a duré jusqu’à la Révolution française.
1677 - La reforme
Beaucoup de monastères de l’Europe, de tous Ordres religieux, étaient
dans une situation semblable à ceux de la France. La nécessité de se
réformer se faisait sentir, mais le poids des institutions rendait le
problème très difficile. Parmi d’autres, les abbayes cisterciennes ont
fait des essais pour se mettre au jour au début du XVII siècle. Les plus
célèbres furent les entreprises par l’abbé Rancé, en 1664, à la Trappe,
et par Eustache de Beaufort, en 1677, à Sept-Fontaines. L’introduction
de la réforme de Rancé à Tamié, en 1677, fut l’œuvre de dom Jean-Antoine
de la Forest de Somont abbé de 1659 à1701, épaulé par Jean-François
Cornuty, devenu abbé jusqu’en 1707. Ce retour à la régularité s’est
manifesté avec la construction des bâtiments actuels (1679-1703). Les
anciens bâtiments étaient dans un état tel qu’il devenait plus
économique, à la place de les réparer, les bâtir à nouveau en profitant
les matériaux, tout en plaçant la construction quelques 100 mètres au
sud de l’endroit d’origine.
Pendant out le XVII siècle Tamié connaît un accroissement de la ferveur
qui contrastait vivement avec la relaxation des abbayes cisterciennes de
la Savoie.
1792 - La revolutión
En 1789 est élu comme abbé dom Gabet. Trois ans plus tard, l’armée
révolutionnaire française a envahi la Savoie, dépossédant les biens de
l’Église, et en supprimant les Ordres religieux.
La communauté de Tamié se sentant sûre d’elle-même a refusé de se
disperser. Elle fut une des très rares communautés à continuer la vie
monastique, mais, enfin, s’exilant ; si bien que l’on en perd la trace.
De nouveau, on a de ses nouvelles en 1801 lorsque le gouvernement
français lui demande de s’occuper de l’hospice de Mont-Genis. Les
bâtiments de Tamié ont été vendus comme de biens nationaux en 1800. Même
s’ils n’ont pas été utilisés, ils ne furent non plus démolis. Les
membres de la famille Favre, propriétaires d’une ancienne ferme de
l’abbaye, surveillèrent que l’on ne fasse rien d’irréparable puisqu’on
voulait restituer les bâtiments aux moines. Après que la Savoie fut à
nouveau unie au règne de Piémont-Sardaigne, les Favre réussirent
convaincre le roi Charles-Félix qui avait acheté à nouveau l’abbaye de
Hautecombe en 1822, d’acheter aussi Tamié, et en 1828 il la céda à
l’évêché de Chambéry. Un groupe de moines de l’abbaye de la
Grâce-de-Dieu sont allés en prendre possession en 1861.
1960 L’històire recente
Tamié a eu un rôle important dans la renaissance liturgique après le
concile du Vatican II, surtout en ce qui concerne la composition de
chants en langue française. La quête de guide spirituelle et des temps
de retraite pour des personnes de l’extérieur, sont devenus de plus en
plus importants, de même que le passage des touristes. Ce qui a obligé
la communauté à conditionner de nouveaux locaux pour rendre ces
services, tout en gardant la solitude pour les moines. La maison de
Saint-Benoît est ouverte aux jeunes qui ont besoin d ‘y passer quelques
jours.
Tamié dit d’elle-même être une communauté qui veut être tout près de
Dieu i tout près des autres.
Jeudi 17 Tamié-Hautecombe-Tamié
Eucharistie
Mt 11,28-30: Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du
fardeau, car je suis doux et humble de cœur. Je vous procurerai le
repos, car mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger.
Is 26,7-9,18-19 (Cantique de Noël) – Toi qui es droit, Seigneur, tu
aplanis le chemin du juste. Nous rappeler ton nom, voilà tout notre
désir. Mon âme aspire vers toi, pendant la nuit. Aujourd’hui, Seigneur,
tu as été plus que BÉNÉVOLE à travers le paysage que nous avons
contemplé, en nous adoucissant le chemin, et en nous gardant une grande
et amoureuse SURPRISE.
Jésus, celui de l’embrassade mystique et silencieuse de l’oratoire
de Tamié. La vie est certainement courte pour te rendre GRÂCES. Seigneur
du repos, désormais tu habites mon cœur d’une manière nouvelle. À
l’Eucharistie j’ai senti sur le mien ton regard limpide.
Puisqu’aujourd’hui, pour les moines, c’est un jour de « désert », la
messe nous a été célébrée par un prêtre qui habite maintenant à
Thiberine, en Algérie, là où furent martyrisés les moines trappistes.
C’est quelqu’un extraordinairement proche et pastoral. C’est pourquoi
nous avons vécu une eucharistie unique.
Visite au monastère de Hautecombe (moines/moniales du "Chemin Neuf")
Puisque nous avons eu du mal à trouver l’abbaye tous près du lac
Bourget, nous y arrivons qu’ils sont déjà presqu’à la fin de la messe.
Fidèles que nous sommes à l’idée d’établir de rapports spirituellement
enrichissants, je m’adresse à une jeune fille de la Communauté, en lui
demandant s’il y aurait cette possibilité. Elle s’en est allé poser la
question aux responsables, et la réponse c’est l’invitation de prendre
le repas avec eux. L’actuelle communauté est une congrégation laïque
appelée « Chemin neuf » et, d’après ce que nous avons observé, non
seulement ils célèbrent la liturgie très dignement, mais aussi ils
aiment partager la table.
En plus de la nombreuse communauté, ils ont quelques 200 « boy scouts »
qui sont en train de les aider à préparer une session de vie chrétienne
adressée à des couples, qui doit commencer la semaine prochaine.
Les
tables
ont été préparées
à l'extérieur.
À notre côté se placent une mère de famille de l’équipe responsable, et
un jeune homme de la Côte d’Ivoire, Jean Claude, qui justement connaît
cotre ami Grégoire.
L’entretien est vraiment intéressant. Mais l’étonnement arrive à la fin,
lorsque nous contemplons sortir de la cuisine quelques jeunes avec trois
grands gâteux et, après avoir fait un petit parcours tout autour, entre
cris d’acclamation, les déposent devant nous pour ce soit nous qui les
partagions entre les nombreux convives. Nous tous nous rions de bon gré.
Après le repas, il m’est demandé de leur adresser quelques mots sur
l’expérience de ma vie. À mon tour je leur demande s’ils ont à leur
disposition une ou deus heures… Et, après l’ovation de la réponse, je
leur donne comme synthèse que ma vie tourne autour de la Parole de Dieu.
Que je la reçois comme le plus grand trésor que je n’aurai jamais pu
imaginer. Des applaudissements tous pleins d’estime, clôturent notre
rencontre festive.
À la suite, avec Jean-Claude, nous rendons une brève visite au bâtiment.
Surtout l’église, qui jouit d’une très remarquable richesse.
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Monastère de Hautecombe (aujourd’hui
du "Chemin neuf")
Pour regarder les 30 photos cliquez sur l’image |
Histoire du monastère de Hautecombe
Une histoire presque millénaire
Au début de l’année 1101, des moines bénédictins se sont installés au
nord du lac de Bourget. Devenu cisterciens après la réforme de saint
Bernard, les moines changent à l’autre côté du lac, dans un domaine
donné par la famille Amadeus, familiers du deuxième abbé.
Du XII au XIV siècle, l’abbaye éprouve une grande floraison spirituelle.
Pendant les siècles XV et XVI, la gestion est confiée à des abbés
commendataires davantage prêts à profiter des biens de l’abbaye que de
procurer les bienfaits aux moines. De cette façon, l’abbaye tombe en
ruine. Au XVIII siècle, avec la révolution française, le monastère est
classé monument national. Par la suite il tombe sous le pillage et,
enfin, il est abandonné pendant 17 années. Au XIX siècle le roi du
Piémont-Sardaigne, Charles Félix, ravi par la beauté du site, bâtit ici
un mausolée en mémoire de ses ascendants. Il charge de la restauration
de l’église à un fameux architecte, et en 1826 appelle à des moines
cisterciens pour qu’ils y mènent une vie de prière. En 1922 s’installe
une communauté bénédictine en provenance de l’abbaye de Sainte Marie
Madeleine de Marseille.
La ferme de Hautecombe fut bâtie lorsque les premiers membres de la
famille des Savoie furent ensevelis à Hautecombe. Les monarques
voulurent que celle église devienne un grand mausolée à la mémoire de
leurs ascendants. C’est la raison pour laquelle tous les recoins et
piliers ont été transformés en monuments, chacun avec une statue d’un
personnage et un bas-relief, en évoquant une scène de sa vie avec
l’inscription du souvenir du prince enterré. Dans l’ensemble ce sont une
quarantaine de princes et princesses qui y ont été ensevelis, avec une
beauté spectaculaire des tombeaux. Le dernier !roi de l’Italie, Humberto
II de Savoie, fut enseveli en 1983, de même que la reine Marie Joseph en
2001. En tout il y a plus de 120 précieuses statues dites “plaintives”
en signe de deuil et de prière.
En 1992 la communauté bénédictine s’en est allé au prieuré de Ganagobie.
Elle se rendait compte que le tourisme lui étouffait la vie de prière.
Cependant, l’évêque de Chambéry demanda à la communauté du « Chemin
neuf » de suivre la vocation de prière et d’accueil de cette abbaye.
Tout récemment, l’église a été restaurée grâce à l’étroite collaboration
entre l’État, le Conseil Général de la Savoie, l’Union Européenne et la
Communauté du « Chemin Neuf. »
Les activités de l’actuelle communauté
La Communauté laïque du « Chemin Neuf », d’inspiration jésuitique et
composé par des personnes célibataires et mariées, homme et femmes,
offre des sessions de formation biblique, théologique et communautaire
pendant l’hiver (d’octobre à juin). Ces sessions s’adressent à des
jeunes qui désirent se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et au
service de l’église et du monde. Tous les ans il arrive qu’une
quarantaine de jeunes en provenance de différents pays et des
confessions différentes, suivent cette formation. De même, la vie en
Communauté ou en famille, est partagée en fraternité (de 8 ou 10
personnes) qui aident pour le service de la maison, en apprenant à
recevoir les autres comme à des frères et à se remplir de la prière du
Christ. « À
ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples
: à l'amour que vous aurez les uns pour les autres.»
Retour à Tamié
Le chemin de retour, avec le souvenir de la rencontre, et des
merveilles de l’architecture et du paysage, se fait court.
Après le dîner, nous recevons la visite du père Abbé de Tamié. Durant
l’entretien il nous dit qu’il pense que la liturgie balise le rythme de
notre vie monastique, et on doit se laisser porter, aussi bien avec les
gestes qu’avec les paroles. Chaque mot bien prononcé te pénètre petit à
petit.
Vraiment, c’est cela qui ce qui impressionne le plus à Tamié, une prière
paisible qui fait résonner chaque mot en particulier.
Il
nous expose la réunion communautaire qu’il a préparée pour le lendemain
avec les moines: le thème est « La dynamique de l’amour dans le Règle de
saint Benoît ». Lorsque la Règle parle d’aimer elle se rapporte 12 fois
à Dieu, 3 fois à la « charité fraternelle ». L’amour est une impulsion
qui gère tout la vie du monastère. Si tu arrêtes la vie stagne. La
fausse mystique la stagne extérieurement, mais alors la pensée suit le
courant, et elle te joue de vilains tours (jusqu’à ce qu’elle se donne
un coup à la nuque, signifiant par là les imaginations et les
complications qui souvent L'amour ne peut jamais rester stagné.
C’est évident qu’il s’agit de quelqu’un pragmatique et clair.
Vendredi 18 - Cîteaux
Eucharistie
Mt 12,1-8 – Les Pharisiens reprochent aux disciples de manger des
épis en jour du sabbat. Jésus leur répond que David mangea aussi les
pains que seuls les prêtres du Sanctuaire avaient le droit de
consommer, parce qu’il en eut nécessité. Et Lui, Jésus, est plus
grand que le Sanctuaire. C’est la miséricorde que Dieu désire, et
non les sacrifices ni les condamnations.
Is 38,1-6.21-22. 7-8 Ézékias, malade, prie en demandant la santé.
Dieu l’écoute et il lui ajoute 15 années à sa vie.
Toi, Seigneur, tu veux l’amour et non les sacrifices, parce que tu
es plus grand que Salomon et plus grand que le Temple. Tu es le
Seigneur de la VIE, et toi, tu la lui donnes à Ézékias, en tant que
signe de ta VIE pour TOUJOURS : la RÉSURRECTION. Nous avons vécu
cela intensément à la messe Conventuelle de Tamié. Moines et invités
tous en semi cercle autour de l’Autel. Amour, et non sacrifices,
voilà ce que nous sommes en train de recevoir ces jours-ci, et une
vie que l’on dirait prolongée par tant de moments si intensivement
vécus. Le Père Abbé est venu nous congédier et il nous donne le
texte complet de la Réflexion communautaire que les moines feront
aujourd’hui. Merci, Seigneur, notre Dieu, de la rencontre avec cette
communauté si simple et si fraternelle. Nous emportons avec nous la
communion et l’intense prière que nous avons partagées.
Itinéraire vers Cîteaux
La route vers Cîteaux est longue, mais belle. D’abord c’étaient les
champs de lavande ; maintenant, davantage vers le centre de la
France, ce sont des champs immenses de fleurs tournesol. La présence
des vaches demeure toujours.
Tous les repas de l’itinéraire nous les faisons dans des aires de
service, avec de la nourriture que nous avons emmené de chez nous.
Tantôt sur de tables bien aménagées, tantôt en plein air tout près
d’un lac artificiel.
Visite au monastère de Cîteaux (aujourd’hui moines trappistes)
Nous ne
voulons en aucune façon passer au-delà de Cîteaux compte tenu de
l’importance qu’il a dans l’histoire monastique.
Puisqu’une des sœurs connait le P. Frédéric nous demandons au
concierge de l’appeler, mais on nous dit qu’il est fatigué et on ne
peut pas nous assurer de pouvoir le voir. Cependant il apparaît
bientôt pour nous faire le plaisir de nous guider en une visite
inoubliable. Justement aujourd’hui c’est sa fête et, à la fin, il
nous dit très content, que ce jour-ci a été pour lui pareil « à la
visite des trois mages ».
À présent Cîteaux, berceau des cisterciens, est habité par une
communauté de moines trappistes. De même que les bénédictins en
France, lorsqu’ils doivent sortir du monastère, s’habillent d’une
veste avec capuchon, les trappistes lors qu’ils vont en rue,
s’habillent de pantalon et chemise.
L'église est moderne i très belle, mais ce qui est vraiment
intéressant ce sont les restes de anciens bâtiments qui demeurent.
Le P. Frédéric nous explique tout en détail.
De l'église bâtie par saint Bernard (XIII s.) il n’en reste que des
traces marquées sur le sol, mais la présence de ce grand Saint et
homme de prière se ressent partout. Du "définitoire" (endroit où on
se rassemblait pour « définir » les normes monastiques) du XVI s. il
n’en reste que la structure. Aujourd’hui le rez-de-chaussée du
bâtiment est devenu un musée avec des figurines qui représentent les
anciens moines en accomplissant les tâches agricoles. À l’étage
supérieur sont représentés les anciens « scriptoria » avec des
figurines de moines qui enluminent de grands livres miniaturés.
L’actuel monastère est du XVII-XVIII s. d’après le style de l’époque
(tel que Versailles).
Dans unes des grandes pièces dont ils disposent, ils y ont placé une
exposition de l’ordre cistercien au complet, avec les différentes
branches, et chacun des monastères. De notre part, c’est normal,
nous nous attardons aux monastères de la Catalogne.
Puisque le P. Frédéric est un des meilleurs compositeurs de musique
de cithare de la France, et même du monde, nous lui demandons un
petit concert qu’il nous offre volontiers. Dans son studio
personnel, semblable à une crypte, qui invite à la prière, il nous
offre la pièce qui lui plaisait le plus à Christian de Chergé, le
prieur de Thibirine, martyr en Algérie. C’est sur le thème de la
Visitation. Les notes retentissent au-dedans, avec toute sa
richesse, rappelant la Mère de Dieu en train de nous visiter sur les
chemins de notre terre.
Pour ce vieux moine, récupéré d’une sérieuse maladie, et pour nous
autres, la rencontre a été un DON tout à fait spécial que garderons
dans nos cœurs.
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Monastère de Cîteaux (aujourd’hui
trappiste)
Pour regarder les 45 photos cliquez sur l’image |
Histoire de l'Abbaye de Notre Dame de Cîteaux
1098 Quelques moines arrivent de l'Abbaye de Molesme, guidés par
saint Robert avec le désir de chercher Dieu dans une plus grande
solitude et austérité. Ils se sont installés Dans une vallée, deux
kilomètres au nord de l’actuel emplacement de Cîteaux. Les débuts du
« Nouveau Monastère » ont été difficiles : grande pauvreté et peu de
vocations. Le premier site est abandonné car il y manquait de l’eau.
Aubry succède Robert, son abbatiat est de 9 années. On lui doit
l’institution des frères convers. En 1108, l'anglais, Étienne Harding
devient l'abbé de Cîteaux. Il est l’auteur de « la charte de la
Charité », qui établit un rapport de charité et d’entraide entre les
différents monastères.
1113
Bernard de Clairvaux (1090-1153),
alors âgé de vingt-deux ans, de noble famille, né à
Fontaine (près de
Dijon), décide d’aller à la rencontre de Dieu et de vivre dans l’ascèse
monastique la plus rude. Il choisit de prendre l’habit de moine à
Cîteaux. Trente compagnons, parents ou amis, le suivent dans sa
retraite, viennent donner de l’espoir à Cîteaux.
Dorénavant se multiplient les fondations. L’année 1115 Bernard quitte
Cîteaux pour devenir le premier abbé de Clairvaux. Par ses écrits et son
influence et par son ascendant, Bernard est à l’origine d’une vraie
école de spiritualité.
1198 Il y a déjà cinq ans qu’est finie la construction de la
grande église commencée en 1140, qui remplace la tout petite que Bernard
avait rencontré et bientôt devenue insuffisante. C’est ici que seront
ensevelis les ducs de Bourgogne. La renommée de Cîteaux monte très vite.
Cîteaux deviendra pour toujours un havre de paix, un endroit où
s’accomplissent des médiations et des réconciliations.
1310 Au début du XIV siècle, grâce à la renommée de saint
Bernard, l’abbaye de Cîteaux devient la tête d’un Ordre qui compte
environ 500 monastères. De grands personnages se font moines de Cîteaux,
tel qu’Allain de Lille, un savant de son temps, qui prend l’habit de
convers. Cîteaux est à cette époque un des grands centres de la
chrétienté. C’est en ce moment que commence la construction du grand
monastère. Cîteaux est, à cette époque, un des grands centres de la
chrétienté. Cîteaux compte avec plusieurs centaines de moines et de
convers. La renommée du monastère ne fait qu’augmenter. Deux années plus
tard, achètera le prieuré de Gilly, qui deviendra la résidence des abbés
de Cîteaux.
En ce moment, le roi de France, Louis IX, visite Cîteaux accompagné de
sa mère, la Reine, et ses frères.
1398 C’est l’époque de la guerre des Cent Ans. Le monastère est
ravagé. Les moines se réfugient à Dijon.
1498 On construit la bibliothèque. À la suite d’un héritage, le
château de Fontaine, où était né saint Bernard, devient possession de
Cîteaux. Et l’abbé de Cîteaux est reconnu comme le responsable de
l’Ordre pour un grand nombre de monastères.
Mais, c’est alors le moment des guerres de religion en France. L’abbaye
subit trois pillages successifs. Ces pillages ainsi que les pressions
fiscales, touchent fortement l’économie de l’abbaye. Pour se soulever
les ruines, les moines sont obligés de vendre quelques unes de ses
propriétés, mais, au début du XVI siècle, Cîteaux a encore deux-cents
personnes, entre moines et convers.
1598 À cette date, il y a Cîteaux quelques 70 moines profès.
L'organe exécutif du Chapitre Général est établi l’année suivante.
Au XVII siècle, à la suite du Concile de Trente, il y a un nouvel
élan de renouveau dans l’Église. L’Ordre Cistercien de la Stricte
Observance est créé (celui que l’on nomme « La Trappe ») qui regroupe
quelques monastères autour de personnalités éminentes désireuses de
retrouver l’esprit des origines de Cîteaux et de saint Bernard ; mais de
nouveaux conflits apparaissent. Il s’agit de ce que l’on appelle la
« Guerre des Observances ». D’un côté, le siège abbatial deviendra un
poste politique : le cardinal Richelieu avait été pendant 7 ans abbé
commendataire de Cîteaux même s’il n’avait jamais eu la confirmation de
Rome, ni rien n’avait fait pour faire émerger l’abbaye de ses ruines.
L’un des abbés de la « Stricte Observance », le célèbre abbé Rancé,
s’engage à la reforme de son unique monastère : La Trappe. Quelques
monastères de la France suivent son exemple, mais l’abbaye de Cîteaux
préfère garder ses distances à l’égard de ces courants réformateurs et
maintenir l’unité de l’Ordre cistercien, au prix d’une réforme modérée.
Le “Siècle des Lumières” fait progresser certaines couches
sociales, avec de l’hostilité à l’égard du monachisme : on leur reproche
son inutilité. La Révolution française précipite ce mouvement de
discrédit.
L’abbaye confisquée, est vendue en 1791 à des commerçants qui la
ravagent et démolissent pour en vendre les pierres. De ce qui en reste
on en fait successivement, un château, une usine, une colonie pour
enfants. Et on poursuivra de profiter des pierres des fondations des
anciens bâtiments. Pendant les douloureux événements de la Révolution,
24 moines en provenance de La Trappe, réfugiés à la Valsainte, en
Suisse, sont obligés à essayer une nouvelle aventure prodigieuse qui les
conduit jusqu’en Russie. Cette odyssée assure la continuité de la vie
cistercienne réformée, puisque depuis la chute de Napoléon, de nouvelles
abbayes sont fondées.
1898 L'abbaye est achetée à Nouveau, et des moines en provenance
de divers monastères viennent la repeupler. Les débuts sont très
pénibles. Des anciens bâtiments, seulement se sont sauvés de la complète
démolition : une partie de la bibliothèque du XV siècle, la Salle
Capitulaire du XVII siècle et le grand bâtiment du XVIII siècle, bâti
par l’architecte Lenoir, où les moines logent à présent.
1998 L'année du Neuvième Centenaire de la fondation voit le
réaménagement de l’église. Le 21 mars, à l’anniversaire de la fondation
de Cîteaux, cette église renouvelée rassemble plus de 700 moines et
moniales de la Famille Cistercienne.
Actuellement
L'Abbaye de Cîteaux, est à nouveau la Maison-Mère de la Famille
Cistercienne, au travers une communauté « trappiste » d’environ 35
membres. Les frères qui la forment viennent de divers horizons.
Pour nous autres, la recherche s’est montrée dans l’appel de saint
Benoît au début de la Règle : « Qui donc aime la vie et désire les jours
où il verra le bonheur ? Voici que, en sa tendresse, le Seigneur nous
montre le chemin de la vie. » Et il ajoute: « Mais,
à mesure qu'on avance dans la vie religieuse et dans la foi, le cœur
devient large. Et l'on se met à courir sur le chemin des commandements
de Dieu le cœur rempli d'un amour si doux qu'il n'y a pas de mots pour
le dire ». C’est cette règle que les fondateurs de Cîteaux ont comme
guide dans leur recherche du bonheur. Celle-ci s’inspire directement de
la Parole de Dieu dont le Christ est l’expression. Une règle dont
l’équilibre la fait toujours actuelle.
La prière communautaire.
L’ensemble des offices du jour et de la nuit suivent, en gros, l’ordre
de ceux qui sont proposés par saint Benoît. Vers la fin de la nuit,
l’office des Vigiles met le cœur du moine en veille, dans l’attente du
Seigneur, d’après le conseil de Jésus : « Veillez et priez. » Le temps
entre les Vêpres et les Laudes est particulièrement consacré au silence.
Les activités journalières sont aussi faites dans une ambiance de
silence, favorable à la prière personnelle.
La journée commence avec l’office des Laudes, au lever du jour.
« Laudes » ça veut dire « louange ». On loue Dieu pour sa grandeur, pour
sa beauté, pour son amour. Les Laudes sont suivies, en semaine, par la
messe concélébrée.
Après, au long de la tournée, sont priées fidèlement les « heures
mineures » : Tierce, en début du matin ; Sexte, au milieu de la
journée ; None, au début de la soirée, au retour du travail initié le
matin. Ces petits offices créent un rythme qui rend le moine favorable
au souvenir persévérant de Dieu dans les aspects les plus normaux de sa
vie quotidienne. Après le travail, l’office des Vêpres rassemble les
frères pour une prière où, en communion avec les hommes et les femmes du
monde entier, ils offrent à Dieu la journée qui s’achève, aves ses
joies, ses peines et ses fruits.
Le travail manuel
C’est le facteur d’équilibre. Il permet de développer la personnalité,
pourvoir au soutien de la communauté et aider à ceux qui sont dans le
besoin. Les tâches sont diverses. L’activité principale du monastère est
la fabrication d’un formage particulier. Quelques uns s’emploient
davantage dans le travail manuel, d’autres à l’étude et à la formation,
d’autres encore à l’accueil, caractéristique importante de la Règle
bénédictine.
La vie des cisterciens se déroule Dans un climat de silence qui soutient
la prière au milieu de toute activité. Cependant, la communication n’est
pas absente. Elle s’exprime par le service mutuel, les détails, les
attentions des uns aux autres, mais aussi par les échanges
communautaires et la collaboration au travail. Dans le plus intime de
soi, le moine se sait en communion, au travers la prière, avec « le cœur
de l’Église ». Il se reconnaît aussi constamment uni à ses frères du
monde qui cherchent Dieu, peut être autrement – même aussi sans le
savoir – et aussi à ceux qui sont troublés par des épreuves.
L'école cistercienne
Saint Bernard entra à Cîteaux en 1113. Trois années plus tard, il est
envoyé, à la tête de quelques moines, fonder Clairvaux, dans la
Champagne-Ardenne, dont il sera l’abbé jusqu’à sa mort en 1153. Ses
écrits sont la transparence de son expérience intime de Dieu et, par
l’ascendant qu’il exerce sur ses contemporains, il devient la source
d’une vraie école de spiritualité. Cette spiritualité « bernardine »,
avec ses propres caractéristiques, eut de l’influence sur toute autre
spiritualité jusqu’au XVII siècle. L’abbé de Clairvaux a tant marqué son
époque, que l’on a eu le droit de parler du « siècle de saint Bernard. »
Quatre autres auteurs contemporains de saint Bernard sont aussi
remarquables par la qualité de leurs écrits. Dom Anselme Le Bail a parlé
des « quatre évangélistes de Cîteaux » : saint Bernard,
Ælred de Rievaulx,
Guillaume de Saint-Thierry,
admirateur et
ami de saint
Bernard,
et Guerric d’Igny. Ces quatre auteurs ne sont pas les seuls à
former ce que l’on peut appeler « l’École cistercienne », on pourrait
nommer aussi bien d’autres, parmi lesquels il faut citer deux moniales :
Béatrice de Nazareth (1200-1268) et Gertrude
de Helfta (1256-1302) qui ont apporté leur propre nuance à l’expérience
de leurs frères.
Divers traits caractérisent ces auteurs cisterciens et donnent la
possibilité de parler d’une école de spiritualité. Un trait leurs est
commun : au travers leurs œuvres apparaît le rapport quotidien avec la
Sainte Écriture. Leurs écrits en sont, en grande partie, un tissu de
citations explicites ou implicites
1 - D'autre côte ils n’ont pas tous une même doctrine spirituelle, mais
en tous il y a quatre grands thèmes qui, avec de différentes nuances,
donnent le ton : Un enseignement sur la personne humaine et ses
capacités. Les Cisterciens des premières générations ont beaucoup médite
particulièrement sur le thème biblique de l’homme créé à l’image et
ressemblance de Dieu. À cause du péché, cette ressemblance devient
estompée, mais elle demeure toujours dans le cœur de chacun. Dieu
n’abandonne pas celui qui se trouve dans cette situation, mais sans
l’abandonner, il purifie en elle l’image du Fils de Dieu. L’image
parfaite du Père, se fait homme pour se faire un avec l’humanité et
restaurer en nous l’image divine. C’est pourquoi l’ascèse et une
continuelle conversion aboutiront à libérer la personne de sa tendance
au péché et restaurer en elle sa ressemblance originelle avec Dieu.
Parce que le Fils de Dieu s’est fait homme pour demeurer avec nous, le
mystère de l’incarnation devient le point central de la spiritualité
cistercienne.
2 – Les Pères cisterciens ont longuement aussi commenté les mystères de
la vie du Christ le long de l’année liturgique. L’humanité du
Christ est le signe et le mystère de la Présence divine. Il est le grand
médiateur entre Dieu et la personne humaine, le modèle à imiter. Le
“Christ terrestre” est la voie qui conduit à l’amour du « Christ Verbe »
de Dieu.
3 – Avec tout cela on comprend bien la place de la Mère de Dieu
dans la spiritualité des cisterciens, elle qui a engendré le Christ, le
Fils de Dieu, lui qui nous l’a donné comme notre Mère.
4 - L'expérience de Dieu est le résultat de cette marche à la recherche
de Dieu. Chacun de ces auteurs a fait l’expérience de Dieu en lui ; il
essaye d’exprimer cette expérience personnelle et d’aider et de préparer
les autres à la désirer. Expérience de Dieu qui traverse
l’obscurité de la foi, et qui est étroitement unie à la charité. Ces
auteurs en font la description différemment : union spirituelle avec
Dieu, paix et repos en Dieu, « Shabat », joie en Dieu et contemplation.
Cela dont ils ont fait l’expérience à leur époque, au plus profond de
leur cœur, dépasse les limites du temps et de l’espace. C’est pourquoi
nous aussi nous pouvons nous mettre à l’écoute de Dieu, et en tirer
profit. Ce patrimoine de la famille cistercienne est à disposition de
tous.
L’on appelle ces premiers auteurs cisterciens les « Pères de Cîteaux »,
de même que l’on parle des « Pères de l’Église » par rapport à ceux qui
ont formé la pensée de l’Église durant les huit premiers siècles de son
histoire.
Samedi 19 Abbaye Sainte Marie de la Pierre-qui-Vire (Moines
bénédictins)
Eucharistie
Mt 12 ,14-21: Voici mon serviteur que j’ai choisi. Je ferai reposer
sur lui mon Esprit. Il ne disputera pas, il ne criera pas. Il
n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui
faiblit. Les nations païennes mettent leur espoir en son nom.
Mi 2,1-5: Malheur à ceux qui méditent le crime, élaborent le mal.
Ils seront entièrement dépouillés. Ils n’auront plus personne qui
leur assure la distribution des parts.
Le prophète Michée nous offre la vision humaine du Dieu de l’Ancien
Testament qui menace et châtie. Mais toi, Jésus, tu as été choisi
pour prier pour que l’Esprit nous mette en communion avec le Dieu
de la miséricorde, qui ne se querelle pas avec la mauvaise
génération, qui n’écrase pas les roseaux froissés qui risquent de
crever. Toi, Jésus, tu nous donnes l’Esprit NOUVEAU dans lequel nous
pouvons avoir confiance. Merci, Jésus, pour tout ce que tu nous
donnes ces jours-ci, soit à travers la nature, soit à travers les
personnes.
Si toi, tu ne nous avais pas donné ton Esprit, vraiment, nous
n’aurions pas pu deviner tant de Vie et tant de Grâces que nous
sommes en train de recevoir continuellement. Aujourd’hui, surtout au
travers de l’abbé Luc de la Pierre qui Vire et des moines de la
communauté. Il nous attend une surprise jamais imaginée.
Visite au monastère de La Pierre qui Vire
Étant donné que nous savons qu’un moine, tous les jours, prépare la
messe avec un certain nombre d’hôtes, nous nous unissons à eux. Il
s’agit d’un moine assez âgé, qui commente les textes bibliques du
jour avec une vingtaine de personnes. En nous donnant la bienvenue,
tout de suite ils s’intéressent à nous avec l’envie que nous y
apportions nos commentaires. En faisant le commentaire de
l’évangile, le moine rappelle que Jésus : « Ne criera pas sur les
places publiques », en se querellant contre les violents, mais qu’il
crie au devant du tombeau de Lazare en l’appelant à la vie, et
qu’il crie sur la Croix au moment de sa mort. L’Homme Jésus ne crie
pas, ne se querelle pas contre les hommes, mais contre le mal qui
asservit le monde. Nous sommes tous d’accord sur ce que si Jésus ne
nous avait pas révélé la tendresse de Dieu pour les faibles, « les
mèches qui faiblissent », c’est sûr que nous n’aurions pas pu
inventer cela.
L'Eucharistie commence à 9h15, à la suite d’un signal donné par
l’abbé avec une sorte de bol métallique, qui donne un son assez
bizarre. Il est imposant de voir 80 moines, entre des jeunes et des
âgés, entourant l’autel. L’église est pleine à craquer, tous plongés
dans un silence monastique impossible à expliquer. Même si la
décoration moderne de l’église n’est pas, pour moi, très belle,
l’atmosphère créée est vraiment captivante.
À l’intérieur de nos pensées se promènent l’abbé Denis Houerre,
l’abbé Thierry, le Père de Vogue et tant d’autres moines de cette
communauté qui, avec leurs écrits, ont offert une doctrine
monastique très solide à l’Ordre bénédictin. Sans oublier les 80 ou
90 titres de la collection d’art roman (inclus le catalan) qu’ils
avaient édité pendant longtemps. C’est possible que ce monastère
soit l’un de ceux qui a le plus diffusé la culture et la
spiritualité monastiques. Cela s’aperçoit dans leur prière.
Après la messe le jeune moine responsable de l’accueil nous guide
dans la visite de la plus grande et neuve des hôtelleries, pareille
à un hôtel à cinq étoiles. Nous sommes frappées par l’escalier avec
une main courante en bois de très belle facture, dont les
reproductions nous avaient inspiré, il y a des années, des créations
au style « néo – roman ». La bibliothèque des hôtes est large et
l’oratoire invite intensément à la prière en silence. C’est vrai
que, à l’intérieur du complexe des édifications monastiques, il y a
beaucoup d’oratoires, pour celui qui voudrait rencontrer Dieu, ou
pour des groupes qui désireraient prier ensemble en petites
communautés.
À la prière de midi on y ajoute des prières spontanées, qui
expriment souvent la communion universelle et, à la fin, tous
debout, on écoute le son des cloches, qui annonce la prière de
l’« Angélus », et qui retentit calmement.
Nous avons concerté, pour après le repas de midi, une rencontre avec
le Père Abbé. C’est un homme très jeune et calme. Son regard te
perce, comme d’habitude avec les hommes et les femmes de Dieu.
Pendant l’entretient il insiste sur l’écoute spirituelle qu’il faut
mettre en application surtout lorsqu’on est jeune puisque, en
vieillissant, non seulement tu es pris de surdité matérielle mais
aussi souvent avec celle qui lui va unie, la surdité d’esprit ; et
alors il devient difficile d’être attentif à ce qui se passe autour
de toi. L’écoute des lectures exige toujours un effort. La liturgie,
avec son rythme à elle, s’empare de toi plus facilement, et il est
moins difficile de se laisser accompagner, mais pour la lecture, si
toi tu ne fais pas l’effort, il n’y a personne pour t’aider. Nous
finissons en faisant ensemble la prière du Notre Père.
À la suite de l’entretien il nous fait visiter le réfectoire, les
cloîtres et le jardin des moines, en plus des 4 très belles cryptes,
reliquat des autels dont les 200 moines avaient besoin, avant le
Concile, pour célébrer les messes en particulier. Avant de nous
quitter, il nous fait une invitation tout à fait inattendue : nous
rendre à la réunion communautaire de ce soir, juste avant les
Complies. Initiative que nous acceptons avec surprise et
reconnaissance.
Puis, nous sommes allées à la boutique où, parmi d’autres choses,
nous achetons une croix en poterie, simple, mais très belle. Nous
contemplons un montage audio visuel sur la vie des moines, lequel,
comme les autres que nous avons eu occasion de regarder, est très
bien fait et très beau.
Les Vêpres des samedis sont spéciales: les samedis les moines
s’habillent de coules blanches pour signifier la résurrection du
Christ et ils commencent avec l’église demi-éclairée pour le chant
du Lucernaire, remplissant le chœur d’encens. Un rite qui évoque la
proximité de la Pâque hebdomadaire.
Notre participation à la réunion communautaire nous tient un peu en
suspense. Irons nous à nous y rencontrer craintives ?
Le Père Abbé commence en faisant notre présentation en tant que
moniales de Saint Benoît de Montserrat, et il explique la raison de
notre passage : nos noces d’or et d’argent, et il commence la
rencontre en donnant quelques nouvelles au niveau interne de la
communauté. Après il nous invite à prendre la parole.
Les quelques quatre-vingts moines, avec leur tête couverte du
capuchon noire, en prêtant l’oreille bien disciplinés, puisque
c’était la première fois que des moniales partageaient leur réunion,
nous effrayent. Mais en rompant la glace, je commence en leur disant
que j’aimerais leur faire « une déclaration d’amour. » Il va de soi
que l’annonce est reçue avec hilarité.
Je leur explique que, malgré que nous sommes des inconnues pour la
majorité d’entre eux, en réalité, de notre part, il y a assez
longtemps que nous les aimons grâce au contact avec quelques uns de
leurs abbés, et surtout à cause de la doctrine de leurs publications
qui nous ont accompagnés en notre croissance monastique. Notre sœur
Rosario Alemany avait traduit les commentaires à la Règle de Saint
Benoît de l’abbé Denys, très appréciés par notre communauté.
Je leur parle après du travail en poterie et de notre page web. Le
Père Abbé leur montre le petit cadeau que nous leur
avons amené. Bien simple, mais fait exprès, et avec tout dévouement.
Nous expliquons aussi que nous avons préparé soigneusement
l’histoire des monastères que composent le parcours de
notre itinéraire, et que cela nous a beaucoup aidés à le vivre avec
davantage d’intensité. Sans compter avec
«les surprises» que Dieu nous prépare quotidiennement. Telles que
celle de ce même moment.
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Abbaye de La Pierre qui Vire (Moines bénédictins)
Pour voire les 26 photos cliquez sur l’image |
Histoire de l’Abbaye de Sainte Marie de la Pierre-qui-Vire (Moines
bénédictins)
« À la fin des temps se dessine le paysage de nos vies. C’est comme cela
que notre monastère a été bâti par chacun de nos moines, par les
rencontres qui viennent nous rejoindre et très façonné par le jour au
jour qui passe. Un jour nous avons ouvert la porte à quelqu’un qui nous
a dit : ‘Il me faut aujourd’hui demeurer dans ta maison’, et notre vie a
reçu sa présence. Puisse ta visite d’aujourd’hui prendre le nom de
rencontre, dont chacun reçoive le meilleur, sous le regard de Dieu. »
Avec ces mots les moines de La Pierre qui Vire précisent l’accueil à
ceux qui s’approchent de leur monastère.
le monastere
Le nom de « La Pierre-qui Vire », lui vient au monastère d'un grand bloc
de granit sculpté par l’érosion, appelé « le dolmen », placé tout près
de la porte d’entrée. Le bloc supérieur fut bénit par le Père Muard en
1853 pour y placer dessus l’image de « Sainte-Marie de la
Pierre-qui-Vire ».
Le monastère de La Pierre-qui-Vire a été fondé en 1850 par le Père
Jean-Baptiste Muard (1809-1854), prêtre du diocèse de Sense. Désireux de
fonder une communauté religieuse, découvre la Règle de saint Benoît
lorsqu’il fait un voyage à Subiaco (Italie). Il se sent pris par
l’équilibre de vie que propose La Règle entre travail et prière, et Il
revient en France avec ses deux premiers copains. Il fait son noviciat à
la Trappe d’Aiguebelle et en 1850, et établit sa communauté naissante
dans la forêt du Morvan, au sud du Yonne à l’endroit appelé “La
Pierre-qui-Vire”. Le Père Muard meurt le 19 juin 1854, âgé de 45 ans.
Une vingtaine de moines formaient la communauté en ce moment-la pendant
lequel il se vit une rapide expansion. Obligée à s’exiler en 1880,
lorsqu’ils veulent revenir, ils ne peuvent pas récupérer leur monastère
jusqu’en 1921, lorsqu’il n’en restait rien.
"
La Pierre-qui-Vire " a enfanté de nombreux monastères aussi bien en
France qu’à l’étranger. (États Unis, Angleterre, Vietnam, Madagascar,
Congo).
Lorsque le Père Muard choisit l’endroit nommé “La Pierre-qui-Vire” pour
y établir sa fondation, il ne trouve que la forêt. Les frères sont
obligés à mener à terme la construction du monastère. Depuis un siècle
et demi, avec de coupures plus ou moins prolongées, les moines ont
essayé de régulières étapes pour l’élargissement et le renouvellement
des bâtiments.
L'Église
Consacrée en 1871, elle fut très renouvelée en 1992 afin
d’augmenter sa capacité d’accueil. La communauté s’y ressemble sept fois
par jour pour y célébrer ce que saint Benoît appelle l’Office Divin.
Elle est ouverte à tout le monde. Tous les offices sont célébrés en
français. C’est dans l’église, et en la liturgie, qui se fait la
rencontre entre communauté et hôtes.
Les cryptes
En dessous de l’église,
les cryptes
sont un lieu de prière
et de méditation. En une d’entre elles s’y trouve le
tombeau du Père Muard, le fondateur. Le cloître
C’est en même temps le lieu de passage et de méditation, mais
toujours lieu de silence et de recueillement. Le cloître actuel est
formé d’une partie ancienne (1871) et d’autre plus récente (1992).
La salle capitulaire
La COMMUNAUTÉ s’y rassemble tous les matins pour écouter
les paroles du Père Abbé, qui expose son commentaire d’un chapitre de
la Règle de saint Benoît. On s’y rassemble aussi pour le chapitre où
on prend de grandes décision concernant la vie communautaire : élection
d’un nouvel abbé, admission d’un frère à prononcer ses vœux, travaux
importants… etc.
La cellule
Chacun des frères dispose d’une cellule, appellation
traditionnelle de la chambre du moine, où il se repose et il étudie.
C’est aussi l’endroit de la prière la plus personnelle. C’est là que
l’on fait la « lectio » des matins, et là que nous pouvons nous
recueillir sous le regard de Dieu. C’est l’endroit du combat spirituel
et de la conversion.
La bibliothèque
Comprend environ 100.000
volumes. Elle est d’abord pour l’usage des moines. Mais, s’il y a
l’occasion, on y reçoit aussi des chercheurs ou des étudiants étrangers,
lorsque l’on en reçoit la demande. Il y a six fonds principaux :
Ecriture Sainte, Patristique (écrits chrétiens des premiers siècles),
Philosophie, Théologie et Spiritualité, Monachisme, et un fonds
important de Littérature, Art et Sciences humaines. Cette bibliothèque
offre aux moines l’opportunité d’approfondir leur foi en lisant des
auteurs chrétiens ou non.
Le Forêt
Au milieu de la forêt du Morvan, le monastère jouit d’un grand
calme à l’écart des bruits qui envahissent la vie de nos contemporains.
On peut s’y promener et profiter de la beauté du site. Par la même
occasion elle nous offre une occasion de prière, elle procure la beauté
et la paix que l’on peut partager.
Le travail dans le monastère
On travaille pour se gagner la vie. Mais on av fait le choix d’un
horaire de travail réduit (5 heures par jour) pour se donner le temps
pour l’office divin et la lectio. L’argent que l’on gagne permet d’aider
les plus démunis.
Avec son travail chaque frère se met au service de la communauté. Les un
se dédient à des tâches internes (cuisine, entretien de la maison,
bibliothèque, infirmerie, comptabilité…) D’autres travaux assurent le
financement du monastère : Éditions Zodiac, atelier de poterie et de
porcelaine, usine hydroélectrique, bouquinerie… etc. Le monastère
dispose d’une ferme, pour laquelle la Communauté, depuis trente ans, a
fait le choix d’une agriculture biologique. À présent cette ferme est
gérée par des laïcs, et elle dispose d’une fromagerie selon les normes
européennes. Elle produit des fromages élaborés à partir du lait de
leurs troupeaux de vaches et des chèvres. Les samedis et dimanches on
dispose davantage du temps pour la prière, la méditation et les
rencontres fraternelles.
Leur vie vient organisée par l’horaire quotidien, mais aussi elle est
très marquée par les différents temps liturgiques. On ne fait pas des
vacances, dans le sens habituel du terme, mais on dispose tous les mois
d’une journée de solitude et on peut se retirer une semaine à l’année
pour réfléchir.
Dimanche 20, Saint-Benoît-sur-Loire
Eucharistie du XVIème Dimanche du Temps Ordinaire
Sg 12,13.16-19 : Toi, Seigneur, tu prends soin de toute chose et
montres ainsi que tes jugements ne sont pas injustes. Les justes
doivent se comporter, comme toi, humains avec les autres. À ceux qui
ont péché tu accordes la conversion.
Rm 8,26-27. L'Esprit lui-même intervient pour nous avec par des cris
inexprimables. L’ardeur de l’Esprit c’est d’intercéder pour le
peuple saint.
Mt 13 ,24-43 (Suite du discours en paraboles) Sur les champs du
monde il y a du bon grain et de l’ivraie ; il faut les laisser
pousser ensemble. Le dernier jour l’vraie sera jetée au feu, alors
que les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur
Père. Le Règne est comme une graine de moutarde ; c’est la plus
petite de toutes les semences mais elle parvient à dépasser les
autres plaintes potagères. Mais aussi comparable à du levain qui
fait lever toute la
pâte.
C’est en paraboles que Jésus proclamait des choses cachées depuis
les origines.
Seigneur, c’est à Saint-Benoît-sur-Loire, parmi ces splendides
bâtiments, que j’ai compris que dans tous les champs de la vie il y
a du bon grain et de l’ivraie. Malgré habiter dans un lieu
privilégié, on aperçoit aussi la présence de la zizanie. Vivre là où
on surveille le tombeau de Saint Benoît, entouré de pierres
millénaires, remplies de mystère pour les bénédictins, n’empêche pas
de sentir que dans a vie il y a du bon grain et de l’ivraie. Ce
constat est plutôt une invitation à faire croître la moutarde et le
levain, afin que cette vieille souche des bénédictins devienne un
grand arbre. Blé et zizanie, Seigneur, font partie de toute vie et
de toute situation. L'Esprit nous l’explique avec de mots que l’on
ne peut pas exprimer, mais que nous ressentons vivants en
nous-mêmes.
Ces très belles et intimes constructions nous exhortent « à être
humains avec tout le monde ».
La première visite c’est la crypte où la tradition dit que les
restes du corps de Saint Benoît sont gardées. Il s’agit, vraiment,
d’un lieu très recueillit, où l’on respire le désir de prière. Il y
a du monde à genoux au devant de l’arche qui garde les restes du
corps. L’obscurité produite par les larges colonnes romanes, les
bougies allumées, remplissent de « mystère » cet endroit si sacré
pour nous.
La communauté, formée de 35 moines, célèbre l’eucharistie avec une
foule de fidèles qui remplit l’église. On dit que la couche sociale
de la bourgeoisie française aime la Liturgie célébrée à l’intérieur
de ces pierres dignes de vénération.
En sortant de la messe nous allons dire bonjour au Père Lin, qui
tout de suite nous invite à prendre le repas à l’hôtellerie.
La visite conduite par en guide si excellent devient magnifique. Le
Père Lin est un grand spécialiste en Pères de l’Église ; et il
commence en nous faisant cadeau d’une citation de saint Augustin :
« Te ipsum tibi reddam, quant te mihi reddidero », « Je te donne à
toi-même, lorsque tu te donnes à Celui qui est à moi. » Ce qui
équivaut à dire : Tu seras toi-même lorsque tu seras à Moi. Avec
toi, Seigneur, nous savons que nous deviendrons de la bonne graine,
malgré l’ivraie qu’il y a au-dedans de nous.
Nous commençons la visite en contemplant la tour porche qu’il y a
devant l’entrée de l’église. Avec les chapiteaux sculptés avec des
scènes de l’Apocalypse, ce qui donne une magnificence unique à l’art
roman de Saint-Benoît-sur-Loire. Il nous fait savoir que nous sommes
à l’époque de l’Abbé Oliva. La mosaïque du sol du chœur de l’église
est carolingienne, de même que celui d’un autel latéral (XVIII). Les
stalles du chœur sont du XVII s. et la balustrade du chœur est un
don du Cardinal Richelieu, qui avait été abbé commendataire.
Il nous fait revenir à la crypte, mais, pour l’occasion, il éclaire
les lumières nécessaires pour mieux pouvoir contempler l’arche avec
les restes de Saint Benoît, et il nous invite à quelques moments de
prière en silence.
Vraiment impressionnant.
J’avais désiré de voir le Pantocrator du Portail latéral et, malgré
qu’il n’est pas très bien entretenu, nous jouissons devant la
sérénité de cette image.
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Monastère de Sain-Benoît-Sur-Loire (Moines bénédictins)
Pour regarder les 190 photos cliquez sur l’image |
Histoire du Monastère de Saint-Benoît-Sur-Loire
Les premières données connues sur le monastère bénédictin de
Saint-Benoît-sur-Loire, situé sur une colline tout près de la Loire,
sont de 630 (peu avant le décès de saint Benoît, survenu à Monte Casino,
Italie).
Au début de ce VIIème siècle, deux communautés religieuses se sont
installées près de la Loire, dans le territoire de Fleury. L’une sous la
protection de la Vierge, l’autre sous celle de Saint Pierre. Les deux
sont régies par la règle de saint Colomban laquelle sera substituée, par
la suite, par la Règle bénédictine. Les deux communautés finissent pour
se fusionner.
L’année 670, lorsque les barbares ravagent l’Italie et Montecassino
même, l’abbé de Fleury, afin que les reliques du corps du saint de
Norcia ne soient pas perdues au milieu de cette « barbarie », les
emporta dans son monastère de France. Depuis lors ce monastère
change son titulariat en se nommant « Saint-Benoît-sur-Loire ».
L’arrivée des reliques offre l’occasion d’une splendeur maintenue par
Théodulf d’Orléans, lequel y crée deux écoles monastiques. On
raconte que, pour rendre culte à saint Benoît, les moines de Fleury ont
voulu bâtir une église digne du saint. Ce chef d’œuvre est réalisé les
XIème et XIIème siècles. La communauté de cet endroit persiste à penser
que les lestes de Saint Benoît demeurent dans ce lieu, même si à
Montecassino on y en vénère d’autres. En fait, le transfert des reliques
est le sujet décoratif de plusieurs anciens chapiteaux.
Les invasions normandes interrompent cet élan le IXème siècle, avant
d’une nouvelle renaissance le Xème siècle. En ce moment, une réforme est
entreprise par l’abbé Odon de Cluny. L’abbaye connaît son plein
développement sous l’abbatiat de Saint Abbon (988-1004) et de Gauzlin
(1004-1030). Elle devient alors un centre littéraire, et jouit d’une
lettre d’exemption.
En 1026, un incendie détruit les bâtiments monastiques. Mais ils sont
rapidement reconstruits.
À la même époque, on commence la construction de la tour porche. En 1067
on commence la construction de la basilique, dont l’autel est consacre
en 1108. Elle s’accomplit en 1218.
En 1486, l'abbaye passe sous régime de commande. C’est alors qu’arrivent
les guerres de religion lesquelles
affectent
son fonctionnement et la
dégradent. L'abbé Odon Châtillon
Coligny, frère de l’amiral, se convertit au protestantisme et permet le
pillage du monastère. Les ouvrages de la bibliothèque sont vendus et
éparpillés par Europe, le trésor disparaît. En 1627, la Congrégation de
Saint Maur prend en charge l’abbaye. Un nouveau monastère est bâti en le
XVIII siècle. Mais avec la Révolution les bâtiments monastiques son
détruits.
En 1865, les frères de La-Pierre-qui-Vire font revivre le monastère,
même si, en réponse à la loi sur les Congrégations, la communauté
choisit de s’exiler. Ils ne reviennent qu’en 1920, et ils achètent alors
à nouveau les terrains prochains à la basilique. La vie monastique se
récupère en 1944 et le monastère est alors restauré. Maxime Jacob, avant
d’être arrêté par la Gestapo, avait choisi Saint-Benoît-sur-Loire pout
se retirer. Saint-Benoît-sur-Loire est visité tous les ans par des
milliers de pèlerins dans le but d’admirer la beauté artistique du site
et pour prier dans la crypte romane du début du XIème siècle où il est
dit que reposent les restes de saint Benoît. La vie monastique née à
nouveau le XIXème siècle, devient une communauté de prière, de travail
et d’accueil actif de pèlerins et visiteurs, tel qu’elle le fut en ses
origines. Aujourd’hui cette communauté est composée d’une quarantaine de
moines.
Les bâtiments
La crypte, placée en plein milieu du cœur du bâtiment, contient le
reliquaire avec les reliques du saint patron du site, Saint Benoît. On
explique qu’elles ont été déposées dans ce lieu de culte, lorsque le
maître autel fut consacré l’année 1108.
L’imposante tour-porche devant l’entrée de l’église, est bien une
forteresse et le nombre de piliers qui la composent fait apparaître
l’ambition de ce projet.
L'architecture de cette tour évoque la Jérusalem céleste décrite pas
saint Jean en Ap 21: “Sa longueur égalait sa largeur… À l’Orient trois
portes, au nord trois portes, au midi trois portes, et à l’occident
trois portes... Ses portes ne se fermeront pas au long des jours, car
en ce lieu, il n’y aura plus de nuit. »
Le chœur est composée
de deux sanctuaires
à différents niveaux, le plus
proche en majesté, l'harmonie
et la noblesse, rappelle
les grandes basiliques
romaines. Derrière le maître autel il y a le
mur des confessions qui sépare l’église de la crypte des reliques.
La nef centrale, plus sobre que le sanctuaire,
romane en ses parties inférieur, es couverte par une voûte
gothique.
La croisée du transept repose sur des chapiteaux
romans.
Le passage de l’un à l’autre style est harmonieux. Le Christ, Maître,
domine et préside, entouré des quatre évangélistes et leurs symboles
Itinéraire vers Taizé
Nous avons quitté l'endroit avec nostalgie, mais avec un cœur plein
d'émotions, afin de nous diriger vers Mazille Carmel, près de Taizé, où
les sœurs carmélites nous attendait déjà. Parmi les nombreux invités à
manger un peu et nous sommes retournés à notre chambre minuscule.
Le lendemain, après avoir partagé avec la communauté de prière Carmes (surtout
des jeunes), nous allons à Taizé.
Lundi 21 - Taizé
Eucharistie
Mt 12,38-42. Matthieu nous dit que cette génération mauvaise réclame
un signe, mais en fait de signe, il ne lui sera pas donné que celui
du prophète Jonas: la résurrection après trois tours au cœur de la
terre.
Mi 6,1-4.6-8 Le passage d’aujourd’hui du prophète est du Vendredi
Saint que nous appelons « Les Impropères » :
« O
mon peuple, que t’ai-je fait ?
En quoi
t’ai-je contristé? Réponds-moi! Est-ce parce que je t’ai fait monter
du pays d’Égypte ? »
C’est pourquoi nous nous demandons, qu’est-ce que nous allons offrir
au Seigneur ? Et Dieu nous dit « ce qu’il réclame de toi : rien
d’autre que pratiquer la justice, aimer la miséricorde, et marcher
humblement avec ton Dieu. »
Aujourd’hui nous vivrons vraiment la RÉSURECTION à Taizé. Un
endroit qui nous invite à la justice, à la miséricorde, à marcher
humblement avec tant de frères et de sœurs qui y font pèlerinage.
Séjour à Taizé
Au premier abord on a l’impression qu’il s’agit d’un immense chaos
où chacun cherche son petit coin. De grandes espaces tout pleins de
tentes, et parkings remplis de bus. Plein de jeunesse de
d’animation.
Après avoir passe par la maison d’accueil et de nous avoir situé
dans nos propres appartements, nous allons jeter un coup d’œil à la
boutique où nous rencontrons Frère Emmanuel, un jeune Maître de
novices très gentil. Nous accordons un rendez-vous avec Frère
Daniel, l’artiste potier, pour cet après midi.
Ensuite je m’en vais dans l’église ou je veux rester seule:
Seigneur, je te sens très proche. Tu es plus que Jonas, plus que
Salomon. Tu es la Vie et la Résurrection. Tu es UNIVERSEL. Jésus, tu
es Celui qui touche les cœurs, comme le demandait le prophète
Michée. Notre route, notre réponse, c’est « la justice et la
miséricorde ». Je le ressens au vif ici, à Taizé, parmi cette
jeunesse qui te cherche de tout son cœur, même, peut-être, sans s’en
rendre compte. Je suis toute proche de la petite icône qui te
représente ressuscité avec Marie Madeleine. Demain, justement, ce
sera la fête de Sainte Marie de Magdala. Déjà chez nous, en
préparant le voyage, il s’est fait présent dans mon esprit ta
rencontre avec elle. Maintenant elle devient réelle. C’est comme ta
réponse au désir de ce pèlerinage. Toi et moi nous nous rencontrons
lorsque je contemple le Bon Berger et Marie, dans le cloître de chez
nous. Toi et moi, maintenant, ici, à un moment très attendu,
inoubliable.
A 12h30 c’est la prière de midi. Quatre chants répétitifs, lents,
médités, accompagnent quelques textes lus avec ferveur. Tout est
très méditatif, pénétrant au fond du cœur. À la fin, des prières
pour la paix. Ici, on touche, dans une certaine mesure ; la
Transcendance et l’Humanité. Nous nous sentons, UNIS, Seigneur, à
tes côtés.
Après le repas de midi nous sommes allées rencontrer Frère Daniel
qui travaille la poterie avec Frère Ludovic. Le rendez-vous devient
une rencontre très sympathique. Nous nous rencontrons dans leur
atelier d’artistes. De petites chambres tout pleines de peintures,
de pièces poussiéreuses, et de fours. Frère Daniel, déjà âgé, fait
partie des fondateurs de Taizé, et, au début, il avait travaillé
avec notre potier Llorenç Artigues, que j’avais eu comme professeur
à l’École Massana de Barcelona. Petit à petit on tisse de l’amitié
jusqu’à ce que Frère Ludovic est allé chercher l’appareil photo pour
garder un souvenir de la rencontre. Ce qui a été le plus intéressant
c’est qu’il finit par nous expliquer « les secrets » pour réussir
les effets typiques de la poterie qu’il fait et que, évidemment,
nous n’imiterons pas. Il va sans dire que nous les avons invités
venir à notre monastère, mais Frère Daniel dit qu’il n’en a pas le
courage. Ludovic, il dit qu’il viendra lorsqu’il en aura l’occasion.
Ce sont eux même qui nous accompagnent à l’atelier du monastère où,
avec plus ou moins de régularité, tous les moines travaillent. En ce
moment-là il y avait 15 moines, chacun en train d’accomplir sa
tâche. Tout est très industrialisé. Pour la cuisson des pièces on
les place sur des grands chariots qui deviennent la base des fours.
Ce sont eux aussi qui se font la pâte et les émaux.
Ils nous font cadeau de quelques pièces avec de petits défauts.
Comme partout, ils ont de tas de déchets par de petits défauts. Ce
sont les avantages du métier.
Pus tard nous allons à Cluny, qui est très proche. Une étape
important de notre pèlerinage.
Visite de l'Abbaye de Cluny
La place qui occupait jadis l’abbaye était immense. Aujourd’hui le
composent diverses rues et bâtiments. Traverser ces espaces te
remplit d’une haleine monastique qui pénètre à l’intérieur, te
remplit de l’histoire de nos racines. De l’église il n’en reste que
le clocher, majestueux, lequel, en ce moment, est en travaux. On
visite aussi le cloître de la renaissance, une chapelle, et on peut
voir, de l’extérieur, le palais de l’Abbé, en gothique flamboyant.
Nous ressentons plus de mésentente que de déception devant des
restes si pauvres, en pensant à ce qu’avait été Cluny à l’époque des
cinq abbés qui sont parvenus à la sainteté (saint Odon, saint
Mayeul, saint Odilon, saint Hugues et saint Pierre le Vénérable).
Mais avant de nous en aller nous sommes invitées à regarder un
montage audiovisuel en trois dimensions, renversant. On ha reproduit
virtuellement l’église, à l’intérieur de laquelle on peut se
promener, tout en écoutant les airs grégoriens de l’époque. Dieu,
aujourd’hui aussi, a voulu nous surprendre.
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Monastère de Cluny (Jadis des moines bénédictins)
Pour regarder les 42 photos cliquez sur l’image |
Histoire de l'abbaye de Cluny
L'abbaye fut fondée en 910 dans une réserve forestière de chasse, dans
la zone où plus tard il y aurait une commune, lorsque Guillaume I
d’Aquitaine, compte d’Auvergne, installa l’abbé Bernon de Baume, et le
plaça sous l’autorité du Pape Serge III. L’abbaye et sa constellation de
dépendances est devenue bientôt l’exemple de vie religieuse du XI
siècle. Le village grandit autour du monastère.
L’ordre bénédictin fut la clé de la stabilité acquise par la société
européenne de cette époque, et, en partie aussi, par l’adhésion à la
reforme contre les investitures pour les charges ecclésiastiques
(investir des laïcs pour devenir des évêques, des abbés…), contre la
simonie (achat de l’office clérical) et contre la clerogamie (violation
du célibat par des clercs et des moines). Une succession d’abbés
compétents et saints, deviendrait des personnages remarquables dans la
société internationale. Si bien que Cluny est devenu le monastère le
plus prestigieux de l’Europe. En instituant des fédérations, il est
arrivé à avoir 2.000 monastères fédérés, avec des centaines de moines
adscrits, dont l’abbé de Cluny était le supérieur. Le monastère fut
ravagé par une troupe de révolutionnaires en 1790.
Organisation
Le monastère de Cluny gardait trois différences à l’égard des autres
maisons de l’ordre : dans l'organisation de sa structure, dans
l’interdiction de louer des terrains à tierces personnes d’après l’usage
féodal, et dans la considération de la liturgie en tant sa principale
forme de travail. Tandis que la majorité de monastères étaient autonomes
et simplement associés de façon informelle, Cluny créa un vaste ordre
fédéré subordonné à l’abbé de Cluny.
Les coutumes
de Cluny représentent aussi l’élan idéal du monastère bénédictin en tant
qu’unité autosuffisante dans sa production agricole, semblable aux
exploitations agricoles contemporaines, lesquelles s’installaient dans
les endroits les plus romanisés de l’Europe et dans
ses fiefs, où chaque membre exerçait un travail physique en plus de se
dévouer à la prière. Saint
Benoît d’Aniane, le « deuxième Benoît », était conscient que les
moines noirs (bénédictins) ne pouvaient pas continuer à se nourrir
seulement du travail physique. En 817 pour gouverner les monastères
carolingiens il fallut l’aide de Louis le Pieux. Cluny, par
contre, accorda offrir des « prières perpétuelles » (laus perennis), à
ses bienfaiteurs, en signifiant par là que prière est aussi une tâche à
accomplir.
Les arts
A Cluny, les
arts ont été
centrées sur la liturgie,
dans un vaste et beau
cadre d'inspiration, qui reflétait
le sentiment de pitié du XIe
siècle. L'intercession
monastique est apparu
indispensable pour parvenir à l’état de grâce,
et les dirigeants politiques
ont rivalisé pour se faire rappeler dans les
prières interminables
de Cluny, ce qui, en
revanche, assurait le maintien
du monastère, et offrit
la possibilité de la
créativité artistique dans d'autres domaines.
La rapide croissance de la communauté de Cluny avait besoin de bâtiments
de plus en plus grands. Les
constructions de Cluny ont
profondément affecté les
pratiques architecturales de
l'Europe occidentale du Xe au
XIIe s.
Les trois
Eglises successives sont appelées
conventionnellement Cluny I,
Cluny II et Cluny
III. Avec
la construction de la
troisième et dernière église
de Cluny, l'abbaye
a également eu le plus grand
bâtiment de l’ Europe,
avant la reconstruction de Saint-Pierre
à Rome au XVI s.
La campagne pour
la construction
Cluny III
a été financé par la
redevance annuelle établie par Ferdinand I
de Castille
- Léon,
entre 1053 et
1065. La somme a été fixée à
1000 pièces d'or pour
Ferdinand, montant
doublé par Alphonse VI
en 1090. Pour Cluny, cette quantité représentait la plus grande
quantité annuelle d’argent jamais reçue par un ordre religieux et jamais
dépassée. La redevance du roi Alphonse permit à l’abbé Hugues (décédé en
1109) construire
l'immense troisième
église abbatiale.
Lorsque
cette source a été fermée,
s’est générée une crise
financière qui a frappé
économiquement pendant les mandats
des abbés de Cluny Pons (1109
- 1125) et Pierre le Vénérable
(1122-1156). L'or
donné à Cluny a servi à faire
connaître les nouveaux chrétiens
riches de l'Espagne,
et a placé pour la première
fois ce pays dans
l'orbite européenne.
Retour à Taizé
Revenant enfin à Taizé, nous nous joignons à la foule pour la prière du
soir à 20h.
L'acte de se tourner
toute l'assemblée vers
livre, parfois même
complètement tourné le dos à
l'autel, lorsqu’on fait la
lecture de l'Écriture, exprime au vif
l’importance de celle-ci. Les
psaumes et les chants répétitifs
pénètrent à l’intérieur du cœur,
jusqu'à ce que lors des quelques moments de SILENCE
il te semble toucher Dieu.
Enfin on met
la croix au
milieu de l'église et les
jeunes approchent pour rester en adoration,
jusqu'à la nuit bien avancée. En sortant de la prière, Dieu nous
avait préparé une nouvelle surprise. Le frère Pierre, fils de Barcelona,
vient nous dire bonjour. Finalement il nous a rencontrées. Il savait
qu’à Taizé il y avait des moniales de Montserrat et il voulait nous
saluer. Lui avec Glòria, une jeune fille barcelonaise aussi, deviennent
désormais nos anges les plus proches.
Mardi 22 - Taizé. Fête de Sainte Marie Madeleine
Eucharistie
Jn 20,1.11-18 Marie se rend au tombeau de grand matin, alors qu’il
fait encore sombre. Elle restait là dehors, à pleurer. On a enlevé
le Seigneur, mon Maître… ¡Marie! ¡Rabbouni!
Ct 3,1-4 Toute la nuit j’ai cherché celui que mon cœur aime. Je l’ai
trouvé. Je l’ai saisi, je ne le lâcherai pas.
Providentiellement à 7h30, dans une des
cryptes, nous rencontrons une Eucharistie catholique. On y proclame
les textes propres de sainte Marie Madeleine.
Tout comme je l’avais
préparé pour ce jour,
avant de commencer le
voyage. Le Jésus de Taizé, pour
moi, prend du corps dans la rencontre avec la Madeleine dans le
jardin de la résurrection. La rencontre avec lui, tout en étant
plurielle à cause de la diversité de l’assemblée, devient profonde
et personnelle. On l’aperçoit dans son propre cœur et dans chaque
visage.
Il se peut qu’il y ait environ vingt concélébrants et quelques 300
personnes. Je suis tout à fait
« chez
moi », même si j'aurais
aimé l'expérience d’une Eucharistie
œcuménique. Mais
cette chance se présente tout de suite.
Dans la célébration du matin qui suit, après les chants et les
psaumes, on distribue le Pain consacré, mais aussi avec d’autres
signes de communion d’autres religions. La grande majorité se rend
au centre de l’église pour recevoir, avec les moines, le Corps et le
Sang du Christ. En ce moment,
j'ai décidé
de prendre des mains d'un
jeune Indien un pain
bénit, et surtout
de partager avec lui un sincère sourire
FRATERNEL.
Après le petit déjeuner nous sommes allées à la causerie de Fr.
Émile qui fait le commentaire de la lettre de Cochabamba. C’est de
la vraie joie:
« “Dieu s’est fait l’un de nous afin que nous soyons comme Lui”,
dit saint Irénée de Lyon dans une notre de ses lettres. À l’Ancien
Testament on nous parle de la puissance de Dieu mais, surtout dans
l’évangile de saint Jean, il nous est dit que Dieu, en se penchant
vers nous, s’est fait chair, c’est-à-dire, notre propre Vie. Saint
Paul remarque que, lui, par son abaissement, « a pris la condition
de serviteur », et voilà quelle est sa gloire. C’est pourquoi
maintenant nous ne prions pas le Dieu tout-puissant, mais le Dieu
qui s’est fait « petit » afin d’être en tout pareil à nous. Avec ce
partage, il nous rend vraiment personnes.
Celle-ci donc n'est pas
seulement sa gloire, mais elle
doit être aussi la nôtre.
Ce partage avec Dieu et avec les autres nous rend libres, semblables
à Dieu. C’est pourquoi partager en dialoguant sur les expériences de
chacun de nous nous enrichit, en nous faisant connaitre ce qui est
mieux de nous-mêmes. »
Puisque notre séjour est si bref, je n’entre dans aucun des groupes
organisés.
J’ai envie de contempler le paysage en essayant de retenir
l’intensité du moment.
Mais bientôt Dieu vient à
ma rencontre dans le visage d'une
jeune fille qui demande
à s’entretenir avec moi.
Irène, fait partie désormais de mon souvenir de Taizé,
avec beaucoup d'autres personnes
de nombreux autres pays.
Le jeune Irène, âgée de 17 ans,
est française d’adoption, en provenance de l’Algérie. Elle ne sait
rien de ses parents, seulement qu’ils l’ont abandonné, à cause de
leur pauvreté, ensemble avec son frère jumeau, handicapé. Elle me
raconte que sa maman adoptive est une grande personne, et qui l’aime
beaucoup, de même que les sept autres frères adoptés aussi, de
différents pays. Dès maintenant elle ne me quitte point. Elle se
fait un plaisir d’être ma « protectrice » lors que je me sens
déboussolée au milieu de la foule. Avant de nous quitter je lui
offre de petits objets sans valeur que j’avais portés du monastère,
non seulement pour elle mais aussi pour sa maman et ses frères. Elle
les reçoit comme un grand cadeau. Elle me dit qu’elle viendra me
voir à Montserrat. Je la rencontrerai en Dieu tous les jours, en
rendant présente sa rencontre.
Nous partageons le repas de midi non seulement avec Glòria et les
autres catalans, mais aussi avec un couple de Moscou, qui est
orthodoxe. On profite de l’occasion pour parler de son pays : ils en
sont blessés. Il y a beaucoup de monde sans abri, ni sécurité
sociale, en plus de beaucoup de corruption. Malgré le changement,
Putting continue à commander, et il y a un grand écart de classes
sociales entre ceux qui sont très riches et d’autres, très pauvres.
De même aussi, parmi les orthodoxes, la pratique religieuse a
beaucoup diminué.
À 14h30 nous avons arrêté un rendez-vous avec le Frère Pere. La
première question qu’il nous adresse c’est de nos demander :
« Qu’est que vous a semblé Taizé ? » Chacune de nous dit sa réponse.
En ce qui me concerne, c’est ce qu’ils ont su créer une ambiance
dans laquelle les personnes montrent qu’elles s’AIMENT.
Mais aussi, fournir la possibilité de se découvrir soi-même, ou,
encore pour beaucoup de jeunes, la découverte du chemin de
l’initiation au fait religieux. Et, surtout, le sens de
l’universalité.
Nous aussi nous lui posons des questions. Il nous explique qu’entre
eux « ne veulent pas savoir » si on appartient à l’église catholique
ou à d’autres confessions. C’est une manière de ne pas donner de
l’importance à des différences qu’ils considèrent de peu de relief.
Eux tous ils vivent comme des frères. Il nous rappelle que, lorsque
frère Roger commença, on interdisait aux catholiques de prier avec
les moines de Taizé parce qu’ils étaient des protestants. Lorsque
frère Pere dit à frère Roger qu’il était catholique, en pensant que
cela allait être un empêchement, celui-ci lui répondit qu’il y en
avait d’autres et que Jean XXIII en était connaissant.
Lorsque nous posons la question sur la branche féminine, il nous
répond que les sœurs qui s’occupent de l’accueil à Taizé, leur
rendent un service très utile, mais qu’elles appartiennent à la
communauté de Grandchamp, en Suisse ; et que ce sont elles qui ont
commencé l'expérience féminine avec le même esprit de frère Roger.
En fait, les deux communautés se rencontrent de temps en temps. Il
nous nous dit qu’elles aussi elles font une tâche œcuménique dans
leur pays.
En fin, il nous conduit à l’église du village de Taizé, où tout a
commencé. C’est ici, nous dit-il, en nous montrant le tambour, que
priaient les catholiques puisqu’il leur était interdit de le faire à
l’intérieur d’une église avec « des protestants ». C’est touchant de
voir le tombeau de frère Roger aussi simple que tous les autres.
Il nous dit que le nonce Roncalli n’avait jamais donné la permission
pour que les catholiques rejoignissent la communauté de Taizé, mais
ce fut l’évêque du diocèse qui, après avoir attendu en vain la
réponse, il prit sa liberté à ses propres risques et périls.
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Monastère de Taizé (moines)
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Histoire de Taizé
Elle commença en 1940, lorsque frère Roger avait 25 ans. En quittant
son pays, la Suisse, il est venu en France, le pays de sa maman.
Pendant les soins d’une
tuberculose pulmonaire il avait mûri
son désir de former
une communauté œcuménique.
Lors de la deuxième guerre mondiale il voulu aider les personnes qui
en souffraient. Taizé était tout près de la frontière de la France
et c’était donc un bon endroit pour y accueillir des réfugiés. Il
acheta une maison abandonnée et il commença les services aidé par
une sœur à lui. Parmi les réfugiés y allaient des juifs et des
agnostiques, c’est pourquoi, lorsqu’il voulait prier, il le faisait
tout seul, en dehors de la maison, et il exhortait à faire de même à
ceux qui vivaient avec lui. Lorsqu’il fut découvert par les
militaires il fut obligé de rentrer dans son pays. Il est revenu à
Taizé en 1944, lorsque la guerre était finie.
En 1945, avec un petit groupe de jeunes, il commença l’accueil
d’enfants orphelins et de prisonniers de guerre allemands. Petit à
petit d’autres jeunes le rejoignirent et le jour de Pâques de 1949,
sept d’entre eux s’engagèrent à garder le célibat et à mener une vie
en commun avec grande simplicité.
Durant une longue période, en hiver 1952-53, le fondateur de la
Communauté rédigea la Règle.
Un document qui fut très bien accueilli et mis en valeur par
l’église catholique et surtout par les
monastères.
Je
me rappelle qu’à l’époque de mon noviciat, le texte de la Règle de
Taizé était très apprécié. « Vivre l’aujourd’hui de Dieu » c’était
une pensée très appréciée par l’abbé Cassià Just.
Mercredi 23 - Taizé Toulouse
Eucharistie
Mt 13,1-9 Début des paraboles sur le Règne: le semeur est sorti
pour semer; comme il semait, des grains tombèrent au bord du chemin,
d’autres dans les ronces. D’autres sont tombés sur la bonne terre et
ils donné du fruit en raison de cent, ou soixante, ou trente pour
un.
Jr 1,1.14-10 Récit de la vocation de Jérémie: Avant même de te
former dans le sein de ta mère, j’ai fait de toi un prophète. Je ne
suis qu’un enfant ! Je ne sais pas parler, dit Jérémie. Dieu lui
répond : Je suis avec toi, je mets dans ta bouche mes paroles.
Itinéraire
Nous croisons plein de villes et de villages, en traversant la
moitié de la France. Dieu a ensemencé généreusement les champs de ce
monde-là. La beauté extérieure exprime le mystère du DON intérieur.
Merci, Seigneur, de nous avoir donné des ouïes pour entendre tant de
voix de la nature. Nous autres nous sommes vraiment des enfants qui
ne savons pas parler. Mets toi-même tes paroles dan nos bouches.
Afin de raccourcir le voyage de retour et pour parvenir chez nous
moins fatigués, un couple ami nous offre de faire une pause chez
lui. Eux ils nous accueillent très gentiment.
Jeudi 24 - Toulouse - Sant Benet de Montserrat
Eucharistie
Mt 13,10-16. À vous il vous est donné de connaître les mystères du
Royaume en paraboles. Heureux vos yeux parce qu’ils voient. Beaucoup
ont désiré voir, et ne l’ont pas
vu.
Jr 2,1-13. Je n’ai pas oublié la tendresse de tes jeunes années.
Je vous ai fait entrer dans un pays plantureux, mais, à peines
arrivés, vous avez profané mon pays. Mon peuple a commis un double
péché : ils m’ont abandonné, moi source d’eau vive, et ils se sont
croisés des citernes fissurées, qui no retiennent pas l’eau.
Heureux nos yeux qui voient tes merveilles. Seigneur, fais que nous
ne te quittions jamais pour nous creuser des citernes fissurées qui
ne peuvent pas garder l’eau.
Séjour à Toulouse
Le
bref séjour à la maison
des amis a été un vrai répit. Nous
nous y sommes rencontrées tellement comme chez nous, que nous avons
décidé que cette villa, au faubourg de Toulouse, devienne pour
quelques unes heures « un monastère ». Nous faisons ensemble les
Laudes, même avec des prières spontanées qui expriment les riches
expériences du voyage. Nous dialoguons sur de thèmes de “philosophie
religieuse » très intéressants.
Arrivée au Monastère
On arrive enfin au Monastère en nous souvenant de tout comme si d’un
rêve s’agissait. Un long rêve que nous partageons avec la communauté
sans oublier du tout les SURPRISES de Dieu. Un rêve que fera partie
de notre cheminement monastique, tant que Dieu voudra.
Un rêve qui, en fin, j’ai voulu partager aussi avec vous tous, mes
amis et mes frères internautes.
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