LUNDI DIXIÈME
SEMAINE
Mt 5,1-12
Introduction
Nous entrons dans une nouvelle étape de l’Année, dans les jours en semaine.
Finie la proclamation de Mac, nous entamons celle de Mt pendant 12 semaines.
De même pour la première lecture, nous ouvrons la deuxième épitre de saint
Paul aux Corinthiens. Comme d’habitude pour cette année, je focalise mes
commentaires seulement sur l’évangile. Que le Seigneur nous libère de tout
empêchement.
Pour l’homélie
Introduction
vv. 1-2. Le Sermon sur la montagne (premier des cinq « sermons » de Jésus
dans Mt
(2e /missionnaire, 3e /parabolique, 4e /communautaire, 5e /eschatologique)
n’est pas un résumé de l’évangile ; il n’en est qu’une partie.
♦ v. 1.- Les
foules que Jésus voit le suivent depuis le chapitre précédent. Cette
montagne est probablement la région montagneuse des environs de Capharnaüm
et du lac de Génésareth. Jésus assis annonce un enseignement en forme ;
l’instruction principale du jour.
♦ v. 2.-
Ouvre la bouche. Formule traditionnelle, relevant l’importance de ce qui va
être dit.
♦ Les
Béatitudes. Introduction. Le bonheur du Psalmiste est bien différent de
celui du sage grec : il est fait de confiance personnelle en Dieu dont les
hautains se rient, et d’attachement à ses projets. Les béatitudes, en dehors
de celles de notre chapitre, font apparaître quatre orientations principales
: 1) Le bonheur a sa source en la présence et l’activité de Jésus ; 2) Ce
bonheur est eschatologique, présent, mais caché et promis lors de
l’éclatement définitif du Royaume ; 3) Ce bonheur n’est ni une donnée
sensible de l’expérience, ni une douce résignation au lot départi à chaque
mortel ; il est à la fois déclaré, promis et communiqué par le Christ à ceux
qui l’écoutent avec foi ; 4) Le bonheur a un caractère cosmique ; ce qui
réjouit les disciples, c’est la création restaurée par le Christ.
♦ v. 3.-
Les pauvres sont ceux qui, par une longue expérience de la détresse
économique et sociale, ont appris à ne plus compter que sur le salut de
Dieu. Ces pauvres sont en même temps les doux moins par tempérament que pas
nécessité ; ils n’ont rien à attendre de la société. Ils ne sont pas pauvres
ni en Saint-Esprit, ni en intelligence, ni par une conscience spirituelle de
leur dignité, etc. Ils sont pauvres dans leur esprit, c’est-à-dire au plus
profond et au plus concret de leur condition, devant les hommes et devant
Dieu.
♦ v. 4.- Les
béatitudes suivantes désignent le même petit peuple d’humbles croyants
autour de Jésus. Ces affligés le sont très concrètement ; ils ne sont pas
des mélancoliques, ni de personnes qui pleurent sur leur péché. Cette
consolation devient actuelle, sinon encore universelle et manifestée, dans
le ministère de Jésus.
♦ v. 5.-
Hériter la terre.- Expression juive classique ; ceux qui avaient manqué
de tout ne manqueront de rien. Cette confiance pacifique au Dieu des
humiliés est bien différente des préparatifs de guerre sainte que l’on
voyait dans les Esséniens.
♦ v. 6.-
La faim et la soif désignent le désir ardent, un besoin du cœur et du
corps. La justice est le verdict souverain de Dieu délivrant les opprimés.
Le rassasiement fait allusion au Règne de Dieu définitivement établi ; Dieu
y répondra à tous les besoins légitimes de l’homme.
♦ v. 7.-
Être miséricordieux désigne une activité plutôt qu’un caractère interne.
Celui qui se sait objet de la miséricorde divine, n’est pas miséricordieux,
il le devient ; il agit en conséquence. Le futur passif (ils obtiendront…)
fait allusion à la miséricorde dernière de Dieu.
♦ v. 8.-
Les purs en leur cœur. Ce ne sont pas des hommes purs par leur cœur
(pur). Il s’agit du cœur non partagé, sincère, loyal, servant Dieu et les
hommes « de tout son cœur » sans calculs intéressés ou feintes pieuses. Voir
Dieu : dans le royaume éternel ; être admis en sa sainte présence sans en
mourir.
♦ v. Les
pacifiques ne sont pas ceux qui demeurent en paix mais ceux qui la font.
Ils seront appelés, c’est-à-dire déclarés fils au jugement dernier.
♦ vv. 10-12.-
Les deux dernières béatitudes, qui n’en forment peut-être qu’une, montrent
que ces humbles et ces actifs sont aussi pourchassés. Cette justice (pour la
justice) n’est pas celle de Dieu mais la fidélité aux préceptes de Dieu.
Toutes les béatitudes sont aussi déclaratives, à la fois promesses et
ordres, adressées aux auditeurs. Les souffrances des témoins ne sont ni
nouvelles, ni accidentelles, ni absurdes. L’unité entre l’Ancien et le
Nouveau Testament se marque dans la persévérance de l’opposition humaine aux
témoins de Dieu.
Passage au
rite
Jésus est la
personnification du « bienheureux ». Surtout sur la croix ; et dans son
sacrement sur l’autel. Puissions-nous entrer en une communion aussi parfaite
avec lui, dans la célébration eucharistique, que nous puissions être
toujours dans « le bonheur » qui est le sien.
Pour le Notre
Père
Jésus ouvre la bouche pour déclarer « heureux » ; ceux qui
seront capables de « vivre » le notre Père, le deviendront aussi. Il ne peut
pas se contredire. Prions en disant et en demandant d’accomplir : …
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MARDI DIXIÈME
SEMAINE
Mt 5,13-16
Introduction
Depuis hier
et pour beaucoup de jours (presque trois semaines) nous entendrons « Comme
les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus sur la montagne ». C’est
comme nous, à la « petite messe » matinale. Nous avons soif des paroles du
Maître. Qu’il nous accorde le pardon de nos infidélités.
Pour l’homélie
Contexte.
Pline l’Ancien (Histoire naturelle) : Nihil esse utilius sale et sole. (Il
n’y a rien de plus utile que le sel et le soleil). Vous êtes ce sont les
mêmes heureux ! En tant qu’auditeurs de ma parole, bénéficiaires du Règne,
persécutés « à cause de moi ». « Vous » tous ensemble, non chacun isolément.
(Insistance ecclésiale). Bonnes œuvres : insistance opératoire du disciple.
Dans la Règle essénienne : lumière pour les adeptes, ténèbres pour ceux qui
ne le sont pas. Par contre Mt : Lumière pour les hommes de ce monde.
Avertissement aux disciples eux-mêmes.
♦ v. 13.-
Symbolique du sel : purifie ; donne du goût ; conserve ; donne du prix à ce
qui doit être salé. Les sacrifices étaient salés ; de même les nouveau-nés ;
le partage du sel est signe d’alliance. Les disciples, en faisant les œuvres
et en témoignant de l’Évangile donneront du goût à la terre moins,
probablement, pour les hommes que pour Dieu. Difficulté : le sel,
chimiquement, ne peut perdre sa saveur. Alors : 1) S’agit-il du sel (Mer
Morte) de mauvaise qualité ? 2) Le sel symbole du trésor, confié
aux disciples, qui ne peut s’affadir mais qui peut être perdu, négligé, ou
utilisé pour les seuls besoins égoïstes de l’Église, et, par là, refusé au
monde. Le symbolisme passe du sel à ceux qui en ont la responsabilité. 3)
Les disciples ne sont le sel pour la terre que par leurs œuvres ; s’ils ne
les font pas deviendront inutiles, dangereux, haïs par les hommes.
L’impropriété de la perte de la saveur souligne la gravité de la négligence
possible des disciples.
♦ vv. 14-16.-
Les œuvres, faut-il les faire pour elles-mêmes ou pour qu’elles soient
faites devant les hommes ? Probablement cette deuxième hypothèse. Les
disciples sont lumière pour le monde ; en témoignant de la révélation de
Dieu en Jésus Christ ils seront la lumière pour le monde. Possible allusion
à la lumière familiale allumée le soir par la mère de famille et symbole de
la Loi de Dieu. Votre lumière est celle de l’ensemble de votre vie entière
comme un ensemble d’œuvres. Glorifier Dieu, c’est le reconnaître comme seul
le seul vrai Dieu. La pensée juive ignore toute connaissance de Dieu
préalable à sa glorification. Le connaître vraiment c’est le glorifier.
Cette glorification universelle était une des espérances pour les temps
messianiques.
Passage au
rite
Jésus a été
le premier à être le sel pour le monde, la lumière pour le monde. Il l’a été
par toute sa vie (par les et œuvres) dont le sommet a été le don de soi au
Calvaire. Nous entrons dans ce mystère ; unissons-nous au don de Jésus ;
nous « les heureux » de faire comme lui : tout honneur et toute gloire pour
le Père.
Pour le Notre Père
Ton nom sanctifié ; ton règne arrivé ; ta volonté faite : c’est la gloire de
Dieu. Faite par les œuvres : partage du pain, pardon mutuel, fidélité dans
les tentations. Prions comme nous l’avons appris : …
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MERCREDI
DIXIÈME SEMAINE
Mt 5,17-19
Introduction
Comme depuis
lundi nous sommes toujours auprès de Jésus sur la montagne. Il nous y
apprend à vivre en disciples. Laissons-nous surprendre par ses paroles… qui
aboutiront à la gloire en passant par la Croix. Demandons-lui de nous
purifier de nos propres pensées pour adhérer aux siennes.
Pour l’homélie
Contexte.
Après avoir exhorté les disciples à faire les œuvres qui glorifieront Dieu
(v. 16), le Christ matthéen leur rappelle que la norme de ces œuvres est
l’Écriture (v. 17), particulièrement la Loi (v. 18)… mais pas n’importe
comment.
♦ v. 17.-
N’allez pas vous figurer que… Allusion à une erreur qui circulait sur
l’enseignement de Jésus, soit chez les Juifs, soit chez les disciples, soit
dans l’église matthéenne des années 80. Je suis venu. Désigne la mission
dont Jésus a été chargé par Dieu.
Abolir.
Ce verbe est très fort : détruire, démolir. Une telle activité aurait pu
s’expliquer soit par leur attente ardente de la fin du monde, soit par
réaction contre le légalisme rabbinique, soit par une conception erronée du
pardon gratuit ou du Saint-Esprit.
Accomplir.
*) Réaliser les prophéties et se soumettre aux prescriptions morales ; **)
Parfaire, sublimer, porter à une plus pure expression la loi de l’A.T. ;
***) Se soumettre personnellement aux exigences et aussi aux prophéties
vétérotestamentaires annonçant les souffrances de serviteur de Dieu ; ****)
Révéler la vraie portée des Écritures par son enseignement et par sa vie.
Cette dernière interprétation est celle qui convient mieux au contexte de
Mt.
♦ vv. 18-19.-
Ensemble littéraire et didactique indépendant. Le v. 19 répète et intensifie
le v. 18. La difficulté est que le Christ matthéen ne paraît pas avoir
observé très méticuleusement la loi. Il faut y voir une manière juive,
typiquement rabbinique de souligner l’autorité absolue et permanente de la
loi mais de la loi réinterprétée par Jésus.
Jusqu’à ce que tout arrive. *) Non pas jusqu’à ce que j’ai tout accompli sur
la croix ; **) ni jusqu’à ce que tous les commandements aient été accomplis
par mes disciples ; ***) mais, probablement, jusqu’à la fin du monde.
Pour la
pensée juive pratiquer et enseigner ont toujours formé une unité
indissoluble.
Les mots
le plus petit et le plus grand n’expriment pas l’idée d’une hiérarchie
dans le Royaume : ce sont des expressions juives qui désignent l’exclusion
ou la participation au Royaume.
Passage au
rite
Jésus est venu accomplir… en toute fidélité, malgré les obstacles, malgré la
croix. Le Père n’a pas été indifférent à cet accomplissement fidèle. Il l’a
glorifié. C’est ce mystère d’accomplissement que nous sommes en train de
célébrer pour nous en imprégner.
Pour le Notre
Père
Que ta
volonté soit faite. «Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui
m'a envoyé et d'accomplir son œuvre. » Donne-nous aujourd’hui de
cette nourriture, donne-nous d’accomplir ta volonté. Nous osons dire…
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JEUDI DIXIÈME
SEMAINE
Mt 5,20-26
Introduction
Nous entendrons encore une fois Lorsque tu vas présenter ton offrande à
l’autel… etc. C’est exactement ce que nous sommes en train de faire. Il
faudrait dire en toute vérité Je confesse à Dieu tout-puissant et à vous,
mes frères. Que notre cœur s’accorde à nos paroles.
Pour
l’évangile
Contexte. Le
premier verset sur la justice pourrait faire partie de l’introduction aux
six antithèses. Nous apprendrons ce que Jésus voulait dire lorsqu’il
affirmait qu’il était venu non à abolir mais accomplir… et faire accomplir
par ceux qui voudraient être ses disciples.
♦ v. 20.-
Justice. Fidélité à la Loi, et à la loi réinterprétée par le Christ
matthéen. Surpasser : *) surpasser par ses exigences (allusion à la
radicalisation apportée par Jésus) ; **) surpasser par l’obéissance
(allusion aux scribes et pharisiens qui disent et ne font pas). Le Christ
matthéen ne préconise pas seulement plus d’obéissance que les scribes, mais
une obéissance nouvelle, radicale.
♦ v. 21.-
Instruction sur le meurtre. Le judaïsme du temps de Jésus tant officiel
que sectaire, était unanime à réprouver la colère entre frères : « Que
l’honneur d’autrui te soit plus cher que le tien, ne sois pas incliné à la
colère » (Abbot, 2,14) ; mais aussi : « Je serai sans rancune et sans colère
avec ceux qui se sont convertis de la rébellion, mais je serai sans
miséricorde à l’égard de tous ceux qui se sont écartés de la voie ; je ne
consolerai pas ceux qui sont frappés
jusqu’à ce que leur voie soit parfaite
» (Règle de Qumran, X, 20s).
♦ v. 21.-
Vous avez entendu a un accent polémique. Tribunal : « petit sanhédrin »,
local, composé de 23 membres, pour les affaires criminelles.
♦ v. 22.-
Mais moi je vous dis, sera répétée six fois, introduit l’interprétation
du Christ matthéen. L’opposition possible n’est pas sur le fond mais de
radicalisation (accomplissement plus exigeant, dans l’intention du «
législateur », Dieu). Le mouvement de colère est condamné pour la blessure
qu’il inflige au frère. Ce frère n’est pas l’homme en général, mais le
membre de la communauté (juive et/ou ecclésiale). Raka, probablement :
imbécile, fou, insensé. Par opposition au tribunal local (23 membres) le
sanhédrin est le tribunal suprême (71 membres). Insensé : terme anodin au
début, très grave après (« incrédule » ?). La géhenne, c’était le crématoire
des ordures de Jérusalem dans la vallée où on avait offert des victimes
humai- nes à Moloch.
L’interprétation de Jésus est donnée à la deuxième personnes du pluriel
(vous) ; ce qui est dit à la deuxième du singulier (tu) doit être compris
comme un exemple qui n’épuise pas le sens général.
♦ vv.23-24.-
Le thème de la réconciliation était connu dans la judaïsme ambiant, mais
dominé par la crainte de se souiller ou de souiller le Temple et non, comme
ici, par l’idée du respect du frère.
♦ vv. 25-26.-
Ces versets peuvent être pris au sens d’une petite parabole allégorisée : le
chemin, c’est la vie ; la prison, ce serait l’enfer. Pris littéralement ils
peuvent signifier comme une exhortation à faire cesser au plus tôt, à cause
du jugement imminent, les procès qui ravageaient la société palestinienne,
ou la chrétienté primitive. Le temps du verbe indique qu’il s’agit d’une
action, d’une mesure concrète à prendre au plus tôt, non d’une attitude
générale ou d’une bonhomie de caractère.
Passage au
rite
Jésus a pratiqué ce qu’il enseignait. S’est-il mis en colère contre ceux qui
le crucifiaient ? Il n’a été l’ennemi de qui que ce soit. Il a pardonné tous
ceux qui lui en ont voulu. L’amour à la plus intense expression… aussi pour
nous ; pour que nous en bénéficiions ; pour que nous le partagions.
Pour le notre
Père
« Notre »,
pas mien ; « pardonne-nous », pas pardonne-moi ; « comme nous pardonnons »,
je fais partie de ce « nous ». Nous, donc, nous osons dire.
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VENDREDI
DIXIÈME SEMAINE
Mt 5,27-32
Introduction
« Prenez et
buvez-en tous » parce que tous nous sommes des partenaires de l’Alliance
Nouvelle et Éternelle. C’est un aspect, parmi d’autres, du mystère de la
messe. Demandons pardon de nos infidélités plus ou moins grandes à nos
engagements de vie chrétienne.
Pour l’homélie
Contexte.
Toujours sur la montagne des Béatitudes : instruction de Jésus sur
l’adultère ; instruction su la répudiation. Ce n’est pas l’unique fois où
Jésus place l’adultère à la suite du meurtre. C’est le hasard, ou c’est une
allusion à la gravité de ce péché à côte de celui qui est le plus grave de
tous ?
♦ vv. 27-30.
Instruction sur l’adultère. Dans les premiers contacts du
christianisme avec le monde gréco-romain, c’est peut-être sur ce point que
le choc des conceptions éthiques, anthropologiques et même sotériologiques
était le plus aigu ; il n’est que de lire les épîtres aux Corinthiens pour
s’en convaincre. Le thème de l’adultère n’est pas traité ici dans les
catégories dualistes grecques de l’ascèse ou de la pureté personnelle, mais
dans celles typiquement juives, de la relation avec autrui. L’œil du v. 29
pourrait à la rigueur correspondre au regard du v. 28 mais la main du v. 30
est sans relation avec le thème du v. 28.
Certains
éléments, peut être tardifs, peuvent nous renseigner sur les conceptions
juives sur le mariage du temps de Jésus : l’adultère, pour l’homme, n’était
pas infidélité à la propre épouse mais le rapt de l’épouse d’autrui. La «
liberté » de la femme, en ce sens, était beaucoup plus limitée que celle de
l’homme/époux. L’idée du pardon à la femme adultère n’était pas ignorée («
le mari peut pardonner à la femme suspecte d’adultère » (Sifré sur Deut. §
218) ; mais les sanctions contre l’adultère demeuraient terribles. « Celui
qui commet l’adultère avec une femme qui se rend chez son mari pour le
mariage, même s’il n’est pas encore consommé, est étranglé » (Sanhédrin
10.6). « Vous ne suivrez pas vos yeux, c’est la fornication à l’exemple de
Samson… des yeux suivent le cœur, comme le montre l’aveugle qui commet
toutes les abominations du monde » (Sifré sur les Nombres, § 115).
♦ v. 27.- La
formule d’introduction ne fait pas allusion aux anciens, mais le sens est la
même. Il faut avoir dans l’esprit que l’instruction s’adresse d’abord à des
hommes dans leur comportement avec des femmes mariées.
♦ v. 28.-
Tout homme qui regarde. Double sens possible de regarder : *) regarder ;
**) prendre garde, pourvoir à ; ici, le sens est la première acception. Or
ce regard est conçu comme un véritable geste qui anime l’intention précise
du cœur ; cet homme-là pose un regard sur elle qui est une action semblable
à un coup de couteau dans le meurtre. Mt s’intéresse peu à la vie intérieure
: que la convoitise du cœur ait été jusqu’à con produire ce regard, voilà ce
qui est grave. Le N. T. emploie le substantif γυνή en trois sens : *) la
femme en général, mariée ou non ; **) l’épouse ; ***) la fiancée. Ce que
nous avons dit plus haut et surtout les parallèles rabbiniques montrent
qu’il s’agit ici de la femme épouse, et non, de n’importe quelle autre. Dans
ce regard, ce qui est grave, c’est qu’il mobilise toute la personne vers
l’action envisagée. L’homme qui convoite la femme de son prochain, la «
recherche » et la « regarde » pour la lui ravir.
♦ vv. 29-30.-
Le péché domine le cœur de l’homme, c’est-à-dire toute sa personne ; mais il
fait de ses membres ses instruments. En se privant d’un membre (œil ou
main), le disciple ne supprimera la source de la convoitise ; mais ce qui
est capital pour l’éthique concrète matthéenne, il en supprimera les
instruments, les moyens d’action contre autrui. Ce n’est pas la destinée de
l’âme ou du cœur qui intéressa Mt, mais celle du corps, c’est-à-dire de la
personne concrète et historique, en relation avec autrui. Un corps privé
d’un membre est encore un corps, une personne ; mais un cœur, une âme ou un
esprit sans corps, dans la conception biblique, ne sont que de mots.
♦ vv. 31-32.
Instruction sur la répudiation. Ces deux versets doivent être mis en rapport
avec 19,3-10, où il est défendue l’indissolubilité du mariage.
♦ v. 31.-
Notre [Bonnard] thèse est que Ma 5-7 n’est pas seulement une
réinterprétation de la loi à la lumière de l’A. T. mais une polémique contre
son interprétation par les scribes de son milieu. Les rabbins discutaient
surtout, au sujet de Dt 24,1, sur le sens de donner au mots « quelque chose
de repoussant » ; comme toujours, on en donnait tantôt une interprétation
étroite, restreignant les possibilités de répudiation, tantôt une
interprétation large, les multipliant. Dans les deux cas on prescrivait la
lettre de répudiation.
♦ v. 32.-
Sans tenir compte de la restriction ; non seulement Jésus affirme que le cas
où il y ait de répudiation il ne faut pas se remarier, mais que, toute
répudiation entraînant un adultère, il ne faut pas répudier.
Quel sens donner à la restriction matthéenne ? *) sens général d’inconduite,
ici, d’adultère de la femme ; **) (H. Baltensweiler) πορνεία (porneia),
d’après le « Décret Apostolique » d’Ac 15,28.29, désigne les mariages
contractés à des degrés de parentés interdits. La pensée de notre verset
serait donc la suivante : interdiction de la répudiation, les cas des
mariages illégaux du point de vue de Lv 18 exceptés (mais non du point de
vue païen, qui tolérait largement certains mariages consanguins). Nous
savons que la casuistique juive autorisait certaines unions interdites par
Lv 18 dans le cas de païens convertis à la foi juive. Ce serait contre de
telles autorisations que notre texte protesterait pour rétablir la position
dure qui est celle d’Ac 15.
Cette parole
difficilement peut remonter à Jésus lui-même, car elle se réfère à des
circonstances locales autres que celles de la vie de Jésus. Jésus avait dit
: que l’homme ne sépare ce que Dieu a uni ; Mt ajoute : la seule exception
est celle des cas de mariages illégaux prévu par Lv 18.
Passage au
rite
Les mariés chrétiens ne peuvent pas se désunir car ils sont le sacrement de
cette alliance nouvelle et éternelle dont la signature a été faite avec le
sang du Christ versé sur la croix.
Pour le Notre
Père
Sans pardon il est impossible qu’un groupe quelconque puisse
durer. Le pardon est, peut être, la démonstration plus profonde de l’amour.
Dieu nous pardonne toujours parce qu’il ne cesse de nous aimer. C’est
pourquoi nous osons dire :
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SAMEDI DIXIÈME
SEMAINE
Mt 5,33-37
Introduction
Dieu nous a
donné le grand don de la parole : pouvoir exprimer nos pensées, pouvoir les
partager avec d’autres. Lorsque nos paroles sont en accord avec nos pensées
nous disons « la vérité » (la nôtre), même si peut-être nous nous trompons.
Ce qu’il ne faudrait jamais faire, c’est de dire exprès le contraire de nos
pensées : ce serait mentir. Jésus « Le Chemin, la Vérité et la Vie » vient
pour célébrer avec nous son mémorial. Demandons pardon.
Pour l’homélie
Contexte. Le
v. 34 pour radicaliser le v. 33 devrait insister sur le devoir d’accomplir
les serments ou veux adressés à Dieu. Il interdit tout serment : nous avons
ici le cas unique de radicalisation, négative.
Le serment, c’est-à-dire la promesse accompagnée d’une invocation à la
divinité, ou l’abus des serments étaient proscrits par de nombreux groupes
religieux ou philosophiques du monde antique. Ce qui préoccupait surtout les
rabbins, était la réglementation des sacrifices expiatoires pour les
serments non honorés et les conditions dans lesquelles un serment est
valable ou non.
♦ v. 33.- On
ne sait pas exactement à quel passage de l’ A. T. le texte fait allusion.
♦ v. 34-35.-
Ce verset est souvent compris dans l’esprit d’Ex 20,7 : Tu ne prononceras
pas à tort le nom du SEIGNEUR, ton Dieu, car le SEIGNEUR n'acquitte pas
celui qui prononce son nom à tort, mais rien ne s’y réfère
explicitement. La pesée du texte est que c’était là des échappatoires, car
la majesté de Dieu, qui a créé toutes choses, interdit qu’on en use ainsi
facilement.
♦ v. 36.-
Par la tête. L’homme ne dispose de lui-même comme garantie d’un serment.
Dans ce verset apparaît la conception biblique de l’homme comme humble
créature responsable devant Dieu.
♦ v. 37.-
Oui, oui ; non, non. (Jc 5,12) À cause du Règne de Dieu inauguré par le
Christ, toute parole superflue devient intolérable ; chaque mot prend son
sens plénier. Les hommes doivent et peuvent vivre dans la sobriété du
langage. Le Malin ou le Mauvais, est une allusion à Satan qui, en
introduisant le mensonge dans le monde, a rendu nécessaires les serments.
Passage au
rite
Pilate lui dit alors : « Tu es donc roi ? » Jésus lui répondit : « C'est toi
qui dis que je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour
rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. »
(Jn 18,37). La vérité de Jésus est la « vérité objective » : la réelle
réalité de Dieu et des hommes. C’est pour cela qu’il en est mort… mais La
Vérité ne peu être détruite : Elle a été glorifiée.
Pour le Notre
Père
La parole de Dieu est première. C’est à elle que nous devons nous adapter.
L’esprit Saint est là pour nous aider dans ce travail de conversion. Avec
son aide, nous osons dire…
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