MARDI ONZIÈME
SEMAINE
Mt 5,38-42
Introduction
Le « moment favorable » dont il
sera question à la première lecture signifie un moment privilégié totalement
favorable qu’il ne faudrait pas rater. Ce moment a été la présence
salvatrice de Jésus et, à son intérieur, sa Pâque dont nous faisons le
mémorial à chaque messe. Ne le perdons pas « le kairós ». Profitons-le aussi
pour obtenir le pardon de nos péchés.
Pour l’homélie
Cinquième
antithèse. Pluriel (je vous dis) : principe à retenir. Singulier (à
celui qui te gifle) exemple explicatif ; typique des enseignements
rabbiniques de l’époque qui voulaient réduire la volonté de Dieu dans la vie
quotidienne. Les exemples ne sont imaginaires mais très réels et possibles.
Le judaïsme
connaissait des exhortations à la patience et à l’entraide, mais il ignorait
une telle condamnation massive de l’esprit procédurier de même qu’une telle
disponibilité à la souffrance injuste.
♦ v. 38.-
Talion de talis (tel) en latin. La réparation exigée au criminel doit
être proportionnelle au dommage causé. Il souligne la rigueur nécessaire,
mais en même temps, il constituait un progrès par rapport au système
anarchique de la vengeance personnelle.
♦ v. 39a
Ne pas riposter au méchant. Si « le talion » est destiné à protéger le
criminel, « ne pas riposter » radicalise « le talion ». Si « le talion » est
destine a châtier tel qu’on le mérite, « ne pas riposter » si oppose
ouvertement. C’est celui-ci plutôt le sens de « ne pas riposter ».
Cette
instruction ne s’adresse pas à des juges qui devraient y trouver une
nouvelle manière d’appliquer la loi ; elle s’adresse au contraire à l’homme
lésé, pour lui apprendre le comportement à tenir en tant que disciple du
Christ. « Le méchant » (πονηρώ, ponerô), ici, n’est pas le Malin,
mais l’homme qui me veut du mal. « Riposter » : soit par un acte de violence
individuelle, soit en traînant l’adversaire devant le juge.
♦ v. 39b.- Un
exemple pour éviter « le spiral » de la violence. (Passion : Jésus chez
Anne…) C’est toujours la « loi » dans le Règne.
♦ vv. 40-41.-
Procès : présenter plainte (habituel aussi en Palestine). La tunique,
vêtement de dessous ; manteau, dont la loi interdisait de dépouiller le
pauvre. « Mille » (= 1000 pas = 8 stades = 1485’5 m). Les Soldats el les
fonctionnaires avaient le droit d’obliger à rendre ce service (p. e., Simon
de Cyrène).
♦ v. 42.-
…à qui te demande : quoi ? Le contexte fait comprendre un requête
violente non fondée sur el droit. Emprunter plus qu’un acte d’amour ou de
charité signifie ici, un acte d’apaisement.
Passage au
rite
Jésus a la
Passion : « Père pardonne-leur » ; à la Résurrection : « la paix avec vous
». Nous allons entrer dans ce mémorial. Il ne « riposte » jamais…
Puissions-nous accueillir la paix et croire son pardon.
Pour le notre
Père
Le Notre Père
nous fait dire chaque fois cet enseignement de Jésus dans l’évangile
d’aujourd’hui : « Pardonne-nous, comme nous pardonnons… »
retour
MARDI ONZIÈME
SEMAINE
Mt 5,43-48
Introduction
Jésus nous dira tout à l’heure d’être « parfaits » comme notre Père est
parfait. Cette « perfection » n’est que l’amour sans aucune distinction.
Comme Jésus. Pour que nous puissions faire comme lui commençons par lui
demander pardon de tous nos manques d’amour.
Pour l’homélie
Contexte.-
Sixième et dernière antithèse. C’est une sorte de conclusion de la série
ouverte au v. 21 (sur le meurtre). On chercherait en vain dans l’A. T.
l’ordre explicite de haïr l’ennemi. Cette instruction suppose l’idée
largement répandue dans le bas judaïsme que tous ceux qui ne font pas partie
de la communauté nationale et religieuse sont de ennemis.
L’ennemi dans
ce contexte, n’est ni l’adversaire personnel, à l’intérieur de la communauté
religieuse, ni l’ennemi de la nation au sens politique et militaire, mais le
persécuteur de la foi, l’ennemi de la communauté messianique. En conséquence
prochain doit être compris au sens de membre de la même communauté
religieuse. Didaché : « Pour vous, aimez ceux qui vous haïssent et vous
n’aurez pas d’ennemi. » Mt veut dire que les chrétiens auront toujours des
ennemis ; la Didaché, qu’ils doivent essayer de n’en plus avoir, en les
aimant.
♦ vv. 43-44.-
Il semble que les chrétiens du premier siècle durent souvent être exhortés à
la patience à l’égard de son adversaire. L’amour dont il s’agit ici n’est
pas seulement l’absence de haine ou de vengeance, mais l’action concrète,
communion vivante signifiée par des gestes précis.
♦ v. 45.-
Όπως (opôs): afin que. Soit l’intention que doivent avoir les
disciples en aimant, soit le dessein de Dieu ou du Christ pour eux. La
deuxième nuance fonde la première. Devenir : afin que vous vous montriez,
deveniez pour les hommes ce que vous êtes déjà ; ou : afin que vous deveniez
ce que vous n'êtes pas encore. Il faudrait préférer la deuxième nuance.
Montrer ce qui était dans le bas judaïsme ambiant : la miséricorde divine
doit se trouver chez les fidèles.
♦ vv. 46-47.-
L’amour pour l’ennemi ne mérite pas une récompense mais, sur la foi de la
parole du Christ, il peut l’espérer. L’amour n’a rien d’extraordinaire en
lui-même : l’extraordinaire évangélique, c’est de rompre cet égoïsme de clan
ou de classe, pour aimer l’ennemi. Les disciples doivent aimer ses ennemis
comme les païens savent s’aimer entre eux. L’extraordinaire de l’amour
évangélique tient moins à l’intention de celui qui aime qu’à l’objet, au
bénéficiaire - ennemi de cet amour.
♦ v. 48.-
Soyez (plutôt serez) exprime un ordre mais aussi une promesse du Messie
à ses fidèles. Le thème de la perfection dans les écrits bibliques,
n’exprime pas tant l’idée de la perfection morale que celle de l’engagement
total, au sein même du péché. Lc a compris en employant « miséricordieux
comme… »
Passage au
rite
Jésus a
accompli son enseignement d’un bout à l’autre de sa vie, surtout à la
Passion et la Résurrection que nous allons rendre présente. Que le Seigneur
lui-même nous transforme en profondeur.
Pour le notre
Père
Soyez « parfaits comme »… « Pardonnez comme… » Disons donc comme le Seigneur
nous a appris.
retour
MERCREDI
ONZIÈME SEMAINE
Mt 6,1-6.16-18
Introduction
« À semer
largement on récolte largement ». Mais « si le grain de blé qui tombe en
terre ne meurt pas, il reste seul; si au contraire il meurt, il porte du
fruit en abondance ». Jésus a semé largement ; nous sommes la récolte… bonne
? Que Jésus lui-même pardonne nos péchés qui, peut-être, l’ont rendu quelque
peu (?) stérile.
Pour l’homélie
Contexte.- Nouvelle partie du Sermon sur la Montagne ; jusqu’à présent il
s’agissait de la vie morale ; désormais, de la vie religieuse (aumône,
prière, jeûne). Le but de l’enseignement de Mt c’est d’opposer le style de
la piété évangélique à celui de la piété juive du temps, caractérisée par le
terme « hypocrisie » : le faire « devant » Dieu ou « devant » les hommes.
Structure littéraire relevant de la transmission orale : + description
ironique de ce qui ne va pas ; + fruits que l’on en tire ; + la vraie façon
de pratiquer.
♦ v. 1.-
Prendre garde : fréquent en Mt ; toujours avec un sens polémique et
négatif. Signe d’un moment où le christianisme primitif se désolidarisait de
formes religieuses ambiantes pour créer son propre style de vie. Cette
justice n’est pas une qualité religieuse à acquérir mais un ensemble
d’actes, de gestes concrets. Il ne faut pas les faire, en privé ou en
public, pour être vu des hommes. Devant les hommes – expression capitale –
dans les écrits bibliques l’homme est caractérisé non par ses qualités
intrinsèques mais par sa situation devant Dieu, c'est-à-dire devant le
jugement de Dieu. « La synagogue était le théâtre où se faisaient les
réputations de sainteté » (Lagrange).
♦ v. 2.-
Instruction sur l’aumône. Commencement des exemples de la mise en garde
du v. 1. L’aumône constituait depuis longtemps en Israël un devoir sacré.
Sentences rabbiniques, comme Jésus, recommandaient la discrétion : « Il vaut
mieux ne rien donner qu’obliger un pauvre à rugir du don qu’il reçoit. » Un
aveugle à qui il avait fait l’aumône dit à Éléazar ben Jacob : « …tu as
montré de la bonté à qui est vu mais qui ne voit pas : que celui qui voit
sans être vu te rende ta miséricorde et t’accorde sa grâce. » (Pea, 21b).
Deux sorte
d’hypocrites : ceux qui font semblant d’être pieux et ne le sont pas
vraiment ; ceux qui sont pris eux-mêmes au jeu de leur propre piété et,
ainsi, n’ont même plus conscience de leur vanité religieuse. Ils ont cherché
l’admiration, ils l’ont trouvé. (Ironiquement).
♦ v. 3.-
…quand tu fais… : l’aumône doit être faite pour le pauvre, non pour la
satisfaction intérieure de celui qui donne. Seul celui qui a été délivré de
tout légalisme par l’amour gratuit de Dieu peut à son tour aimer avec une
telle simplicité.
♦ v. 4.-
L’expression έν τώ κρυπτώ (en tô kriptô, en secret) : soit, sans que
personne ne le sache ; soit (plus radicalement) : même en public, dans la
seule considération de Dieu qui te voit et qui te l’ordonne.
♦ vv. 5-6.-
Instruction sur la prière.- Vue d’ensemble. Trois catégories de
prières : dans le Temple ; dans les synagogues ou autres lieux publics ;
privées ou domestiques. Deux caractères : * conscience de la miséricorde
divine (donc essentiellement « bénédiction ») ; ** extraordinaire proximité
de la vie quotidienne : chaque geste, chaque situation avait sa prière (en
toilette : « abomination »). Les rabbins aussi luttaient contre le
formalisme : « Celui qui fait de la prière un devoir qui revient à heure
fixe ne prie pas du cœur ».
♦ vv. 16-18.-
Instruction sur le jeûne.- Jésus ne s’oppose pas en principe à la
piété juive mais à la vanité religieuse dont elle est souvent l’occasion.
Conception juive du jeûne : intuition de la souveraineté absolue de Yahvé ;
le jeûne prépare le fidèle, dans une attente dépouillée, de l’événement de
la révélation ; il marque des temps d’humiliation et de prière dans la
destinée douloureuse d’Israël et de ses enfants. Malgré Mt 9,14-17 (=), il
faut tenir pour probable que Jésus et ses disciples non pas enfreint, en
principe, les réglementations juives sur le jeûne.
♦ v. 16.-
Être triste. Le sens est qu’ils ne font pas semblant d’être tristes,
mais que, en l’étant vraiment, ils en profitent pour attirer l’attention sur
eux, par des procédés traditionnels précis : cendre répandue sur le visage,
barbe non rasée, crasse, savamment entretenue. « Se faire remarquer » c’est
de ravir à Dieu la gloire de juge qui lui appartient.
♦ v. 17.-
Lave-toi… . Jésus veut dire que le jeûneur ne doit rien changer à ses
soins de toilette quotidienne. Rien ne doit attirer l’attention des hommes
sur le jeûneur. Le chrétien n’a pas à se faire remarquer des hommes par des
artifices vestimentaires, mais par des bonnes œuvres accomplies devant Dieu.
♦ v. 18.-
Dieu récompensera non le jeûne en lui-même mais la sincère attitude
intérieure qu’il exprimait. L’interprétation spiritualiste et intériorisante
nous paraissent ici trop courtes.
Passage au
rite
Nous prions,
nous jeûnons (eucharistique), charité (peut être), nous le faisons en
communauté, les uns devant les autres, mais pas pour nous faire remarquer,
mais toujours devant Dieu, pour lui plaire.
Pour le Notre
Père
« Que ta
volonté soit faite »… telle que Jésus nous l’a fit connaître. Demandons sa
propre aide avec la prière que lui-même nous a apprise.
retour
JEUDI ONZIÈME
SEMAINE
Mt 6,7-15
Introduction
« …Si nous
n’avons pas la même innocence, à sa prière et par ses mérites, imiter son
renoncement » Renonçons à nos péchés.
Pour l’homélie
Développement
de Mt dans l’enseignement sur la « prière »
Même schéma
que les autres enseignements : a) Quand… ne faites pas… b) Ils pensent… ; c)
quand vous… dites… + Car si vous…
Rabâchez
: automatismes pour forcer Dieu à… = c’est du paganisme. (Polycopiés x 90)
Dieu sait
: Ce n’est pas lui qui doit changer par la prière, mais nous.
Prier
quand même : Invocation + Intérêts de Dieu + Nos intérêts (spirituels
seulement ? « pain »)
La messe
accomplit tout ce qui est dit dans le Notre Père
Passage au
rite
Ce n’est pas
la magie des mots dits par la prêtre qui rend présent le Mystère du Christ –
sa mort et sa résurrection – mais la puissance de l’Esprit Saint aui agit à
travers eux. N’agissons pas comme les païens, célébrons en toute confiance.
Pour le Notre
Père
Jésus vient de nous l’apprendre… disons donc :
retour
VENDREDI
ONZIÈME SEMAINE
Mt 6,19-23
Introduction
Pour toutes les fois que nous avons mis notre cœur en dehors de Jésus,
chemin, vérité et vie, demandons pardon.
Pour l’homélie
Deux paroles dans le même sens : « la décision nécessaire » ;
a) sous
l’angle du détachement à l’égard des faux trésors ;
b) celui de
l’engagement sans réserve.
♦ vv. 19-20 :
très parallèles.
♦ v. 21 :
Inattendu, renforce l’idée des vv. précédents.
Tout l’homme
(cœur) est attaché à son trésor.
♦ v. 22.- De
même que le cœur engage la personne dans la vie ou la mort ; de même aussi
l’œil par rapport au corps (la personne tout entière) Peut-on dire que dire
œil c’est dire intentions ? « L’œil est la lampe qui permet au corps de
trouver son chemin ».
Passage au
rite
La messe : notre trésor… La messe : clarté à recevoir dans nos yeux, nos
intentions = Jésus
Pour le Notre
Père
Voici notre trésor ; voici la clarté pour nos intentions.
retour
SAMEDI ONZIÈME
SEMAINE
Mt 6,24-34
Introduction
Notre vie
chrétienne tient sur deux colonnes apparemment contradictoires : notre
effort, d’une part ; la grâce de Dieu, de l’autre. Pour si jamais nous
avions manqué à l’égard de l’une ou de l’autre, demandons pardon.
Pour l’homélie
(Seulement sur le premier verset)
« Mammon ne
figure ici, probablement, qu’à titre du second maître impossible. »
(Bonnard) Selon l’anthropologie biblique, l’homme est toujours au service de
quelqu’un… C’est le terme d’appartenance qui rend le mieux l’idée biblique
de service ; il ne s’agit pas seulement d’un travail effectif à accomplir
mais d’une disponibilité totale de l’esclave ou du serviteur à l’égard de
son maître. » (Id.)
« Aimer n’est
pas ici un complément facultatif de servir ; dans la terminologie
vétérotestamentaire déjà, aimer c’est servir. (~) S’attacher, ne décrit pas
ici un attachement sentimental ou psychologique ; on est attaché à tel
maître ou tel autre, comme on l’aime ou le sert. » (Id.)
Passage au
rite
« Servir » au
sens liturgique du mot devient excluant de n’importe quel « concourrant ». «
Et nous te rendons grâce car tu nous as choisi pou servir en ta présence. »
Notre Père
Prions, non
comme de païens, mais comme chrétiens : d’abord « le Règne », ensuite « le
reste » : nourriture, habillement, etc.
retour