LUNDI DOUZIÈME
SEMAINE
Mt 7,1-5
Introduction
Au moment
d’entrer dans notre célébration, demandons au Seigneur d’y voir clair pour
reconnaître nos manquements et nous soumettre au jugement de Dieu, plein
d’amour et de miséricorde.
Pour l’homélie
Ces versets
ne sont pas des invectives contre les Juifs, mais des avertissements aux «
disciples » (membres de l’Église des années 80).
Structure :
1) Instruction (v. 1) ; 2) fondement théologique « car » (v. 2) ; c’est plus
sérieux qu’un conseil ; 3) deux exemples : « à regarder la paille… ton œil »
; « dire à ton frère » (vv. 3 et 4); 4) v. 5 : adjonction non indispensable.
Dans Mt,
comme dans Jn, kritein (juger) signifie plutôt condamner que juger
apprécier. Jésus n’interdit pas toute appréciation du prochain, mais de
ravir à Dieu l’autorité du jugement dernier au sens de verdict de mort.
Forme passive qui a pour « sujet » Dieu.
Jésus
interdit tout jugement-condamnation. C’est le sens du v. 2 : Si vous vous
mettez à condamner, vous vous excluez du pardon de Dieu.
♦ vv. 3-4
excluent toute condamnation d’autrui. La poutre et la paille sont des images
hyperboliques figurant la faute ou la dette à l’égard de Dieu. L’œil est
choisi parce qu’il est une des conditions à la fois fragile et indispensable
de la vie. (Œil = intention ? Donc : « juger des intentions ?)
« Enlève
d’abord de ton œil… et après enlève… » Peut-on s’enlever soi-même « la
poutre » de l’œil ? Ce n’est pas évident dans les vv. 1-4.
« Après tu
pourras… » c’est tout neuf. Or, soit : soit prolongement inadéquat ;
soit « interpréter de manière ironique : comme tu ne pourras jamais te
débarrasser de la poutre, ne juge pas la paille de ton frère. (Bonnard,
96-97)
Passage au
rite
Jésus n’a ni paille, ni poutre dans ses yeux. Il peut juger ; il peut
condamner… mais il ne le fait pas : il patiente notre conversion ; il
pardonne. « Mon sang verse… ». Entrons dans notre libération ; ne condamnons
personne, non plus.
Notre Père
Nous
devons reconnaître nos péchés en attendant le pardon de « l’Autre », Dieu -
et offrir le notre « aux autres », nos frères. Demandons pour en être
capables.
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MARDI DOUZIÈME
SEMAINE
Mt 7,6.12-14
Introduction
Nous
nous disposons à entrer dans l’Eucharistie, le chemin qui conduit à la vie.
La porte pour y accéder est étroite. Demandons au Seigneur de nous
débarrasser de tout ce qui nous encombre et ferait difficulté ; notamment de
nos péchés.
Pour l’homélie
♦ v. 6
: Il relie ce qui suit aux vv. 1-4 plus qu’au v. 5, Certes il ne faut pas
juger, mais il ne faut pas non plus agir sans discernement et livrer
l’Évangile à l’incompréhension des irresponsables.
Il est
intéressant de relever que la Didachè appliquait cette parole à
l’eucharistie : « Que personne ne mange ni ne boive de votre eucharistie, si
ce n’est les baptisés au nom du Seigneur. Aussi bien est-ce à ce propos que
le Seigneur a dit : ”Ne donnez pas aux chiens les choses saintes“. »
« Les
choses saintes » désigne souvent dans l’A. T. les viandes offertes en
sacrifice et que les fidèles, seuls, pouvaient consommer « afin qu’ils
fussent sanctifiés et consacrés… nul étranger n’en mange- ra car ce sont des
choses saintes. »
Le
parallélisme choses saintes – perles montre que la première de ces
expressions doit être comprise comme une image désignant ce qui est
infiniment précieux et appartient exclusivement à Dieu.
« Les choses
saintes » seraient quoi ? a) pour les catholiques : la doctrine que le
Maître vient d’enseigner (le Sermon sur la Montagne) ; b) pour les
protestants : soit l’évangile ; soit, plus près du contexte, une parole de
correction.
Fouler aux
pieds et déchirer illustrent bien deux refus caractéristiques de l’Évangile
: l’inconscience de ceux qui n’en pressentent pas pour un instant la valeur,
et la violence dangereuse de ceux qui, déçus de ne pas y trouver une
nourriture de leur goût, s’en prennent à ceux qui le leur ont proposé.
(Bonnard).
[L’Église en prière-II – L’EUCHARISTIE. La création des formulaires et
l’organisation des rites du s. IV aux environs de VIII ; p. 135]
« Les choses saintes aux saints »
Toutes les
liturgies orientales connaissent, depuis une époque assez ancienne, le rite
que les constitutions apostoliques décrivent ainsi :
Que le diacre
dise : « Soyons attentifs ! » et que l’évêque s’adresse ainsi au peuple :
"Ta agia tois agiois" et que le peuple réponde "Eis agiois… eis
Kurios. Iesous Cristos eis doxan Theou Patros".
Lorsqu’on dit
: « Les choses saintes aux saints, commente saint Jean Chrysostome,
c’est pour dire : si quelqu’un n’est pas saint, qu’il n’approche pas ».
La réponse de l’assemblée apaise la crainte que pourrait susciter la rigueur
de cette exigence : « Un seul est saint, un seul Seigneur, Jésus Christ.
» Cette acclamation prend parfois, comme chez Théodore de Mopsueste, une
forme trinitaire qui en gauchit le sens : « Un seul Père saint, un seul
Fils… » Ces paroles se situent généralement avant la fraction et
s’accompagnent toujours, sauf le syriens orientaux, d’une élévation de pain
et de la coupe pour les présenter aux fidèles.
Dans les
Églises d’occident, nous ne relevons, à la période que nous étudions, aucune
mention de ce rite. Cependant, les formules latines
Sancta sanctis ; Unus sanctus, unus Dominus Iesus Christus in gloria Dei
Patris ont été trouvés dans de documents du Ve. Siècle ; elles étaient
peut-être utilisées dans certaines communautés. (Robert CABIÉ)
Pour le Notre
Père
Notre
liturgie ne nous prescrit pas l’ancienne acclamation « Les choses saintes
aux saints », mais nous confessons aussi être pécheurs et avoir besoin du
pardon pour accéder à la Sainte Communion.
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MERCREDI
DOUZIÈME SEMAINE
Mt 7,15-20
Introduction
La première lecture nous rappellera l’alliance faite par Dieu avec Abraham.
L’initiative est divine. De même que la Nouvelle et Éternelle dont nous
sommes bénéficiaires. Sommes-nous fidèles aux engagements lors de notre
entrée dans l’Alliance par le Baptême ? Demandons pardon.
Pour l’homélie
Vision
d’ensemble. Le v. 15 sur les faux prophètes ne correspond guère aux vv.
16-20, qui ont rapport aux faux disciples. Le thème des faux prophètes,
d’origine vétérotestamentaire, apparaît souvent dans le NT parce qu’il
aurait dû donner des soucis à l’Église des premiers temps.
♦ v. 15.- Le
verbe méfiez-vous (προσέχειν, prosejein) exprime toujours un appel à
faire attention aux déviations ou à des perversions dans la vie religieuse;
il essaye de corriger une situation qui est en trais de se détériorer. Ce
thème qui retrouve bien sa place dans les lèvres de Jésus en raison de ses
racines vétérotestamentaires, pourrait aussi avoir rapport à des situations
dans les églises de la deuxième moitié du 1er. siècle. En vue de la question
si ces faux prophètes sont des gens de l’intérieur ou de l’extérieur de
l’église, il semble qu’il faut choisir la première hypothèse compte tenu de
références du NT et la Didaché.
♦ v. 15.- Qui
viennent à vous. Qui se font présents, qui surgissent au milieu de vous.
♦ v. 15.-
Déguisés en brebis peut signifier deux choses qui ne s’excluent pas: 1) qui
prétendent se faire passer par membres de l’église; 2) qui prétendent se
faire passer par des frères innocents et inoffensifs.
♦ v. 15.- Des
loups voraces (άρπαγες, arpagues) peut faire allusion : 1) à ce qu’ils
cherchent profiter des biens des chrétiens (c’est le cas de la Didaché); 2)
qui chercher d’arracher les brebis à l’autorité du Berger de l’Église (thème
johannique).
♦ v. 16-20.-
Fruits. Désigne probablement, dans le contexte de Mt, la conduite de ces
prophètes dans son ensemble. Le fruit peut renvoyer soit aux paroles de
l’homme; soit à tout se vie. L’anthropologie de Mt donne la même importance
à ces deux aspects de la conduite humaine: un mot est aussi grave qu’un
geste.
♦ vv. 16-19.-
Devant Dieu, c’est-à-dire en réalité, l’homme est ce qu’il fait, et non ce
qu’il prétend être (un prophète, dans l’occurrence). S’in donne de bons
fruits, c’est un arbre bon; car l’homme est ce qu’il fait.
♦ v. 20.-
C’est donc... Répète le v. 16. À la fin des chapitres 5-7, on ne fait pas
allusion à des œuvres spirituelles; les prophètes ne se reconnaissent pas
par les miracles qu’ils feront, mais par les œuvres ou les fruits dont il
s’agit constamment dans ces chapitres: les œuvres de la “justice” (5,20) i
de l’amour (5,43-48).
Passage au
rite
Jésus a dit être le cep et nous autres les serments qui doivent donner du
fruit. Au moment de rendre présent son offrande, demandons-lui de rester
fidèles à la sève qui nous arrive de la souche.
Pour le Notre
Père
Soyons
cohérents. La prière du Notre Père est déjà un bon fruit qui devrait être
donné par un bon arbre. Puissions-nous l’être au moment de la réciter.
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JEUDI DOUZIÈME
SEMAINE
Mt 7,21-29
Introduction
Nous
entendrons Jésus dire qu’il ne connaît pas ceux que ne font pas la volonté
du Père. Demandons pardon de los fautes afin de pouvoir être reconnus pas
Jésus comme ses disciples et partager sa table.
Pour l’homélie
Vision
d’ensemble. Cette péricope peut être envisagée comme composée de trois
instructions: 1) Instruction sur le verbalisme religieux (vv. 21-23) ; 2)
Parabole des deux maisons (vv 24-27) ; 3) Conclusion su Sermon sur la
Montagne.
♦♦
Instruction sur le verbalisme religieux.
Hier il
s’agissait de démasquer les faux prophètes ; aujourd’hui, il s’agit de tout
croyant. Plus exactement de tous ceux qui, dans la communauté messianique,
sont revêtus de puissance spirituelle, le savent et le disent. Là (les faux
prophètes) leurs fruits étaient mauvais ; ici ils commettent l’iniquité
(c’est-à-dire la désobéissance a la Loi interprétée par Jésus) ; ces deux
expressions ont sans doute la même signification. Cette situation historique
est analogue à celle que nous révèlent les épitres aux Corinthiens, où Paul
avait affaire à un spiritualisme prétentieux d’origine juive ; mais d’un
judaïsme fortement hellénisé.
♦ v.
21.- Seigneur, Seigneur. (Κυριε). Le double vocatif pourrait être un écho de
l’invocation du Christ céleste dans le culte de la communauté. Il s’agit
plutôt de disciples qui, pour attirer l’attention sur eux, ont constamment
le nom (voir v. 22) su Seigneur à la bouche, ou qui s’autorisent de son nom
pour opérer des miracles.
♦ v.
21.- Entrer dans le Royaume des cieux signifie y participer définitivement
de par le verdict favorable de Dieu.
♦ v.
21.- La volonté de mon Père a deux sens complémentaires : l’intention ou
dessin de Dieu ; son exigence pratique pour la conduite quotidienne.
♦ v.
22.- Ce jour-là. C’est une allusion au jour du jugement dernier. Cet
avertissement est une sorte de dénonciation de l’activisme religieux qui a
détourné l’homme des exigences plus fondamentales (9,13 : Allez, et
apprenez ce que signifie: Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux
sacrifices.)
♦ v.
23.- Je ne vous ai jamais connu. C’est une manière juive de s’exprimer : ce
n’est pas à dire qu’il ignore à qui il a affaire, mais qu’ils ne sont rien
pour lui.
♦ v. 23.- Vous qui faites le mal. Le mal (l’iniquité) est la désobéissance à
la loi de Dieu réinterprétée par le Christ matthéen.
♦♦
Parabole des deux maisons
La loi
nouvelle est promulguée pour deux qui connaissent le bonheur messianique ;
mais elle n’en revêt pas moins de sérieux pour cela ; s’ils ne la mettent
pas en pratique, c’est la rune qui s’annonce ici. C’est un avertissement
prophétique adressé à des auditeurs déjà menacés par un certain quiétisme
spirituel. La destinée de l’homme et celle de la maison n’en sont qu’une :
l’homme est ce qu’il construit. Dans Mt cette solidité n’est imaginable et
possible que sur la double base du bonheur messianique et du renouvellement
de la loi apportés par Jésus.
♦ v.
24.- Tout homme qui écoute… Personne ne saurait se soustraire à
l’avertissement qui va suivre.
♦ v.
24.- Un homme prévoyant (φρονιμως: fronimos : prudent), est celui qui
écoute et met en pratique, ces deux verbes revêtent une importance égale,
mais le v. 26 (le deuxième homme) montre que la pointe de la parabole
s’adresse à ceux qui écoutent mais ne mettent pas en pratique.
Quelle
valeur donner ici au verbe άκούει (akuei) écouter-entendre ? Le
contexte suggère de comprendre qu’il s’agit de disciples et chrétiens de
l’Église matthéenne, qui écoutent avec joie le Maître mais négligent de
mettre en pratique, non son enseignement en général, mais les paroles
précises qu’il vient de prononcer dans ces chapitres 5 à 7 (τούσ λογουσ
τούτους: tous logous toutous : toutes ces paroles). Il faut donner au
verbe écouter le sens fort qu’il revêt régulièrement chez Mt : écouter –
recevoir la Parole. Par exemple : Si l'on ne vous accueille pas et si l'on
n'écoute pas vos paroles... (Mt 10,14); Mais vous, heureux vos yeux parce
qu'ils voient, et vos oreilles parce qu'elles entendent (Mt 13,16). Mt
envisage ici le cas des croyants négligents dans l’action.
L’adjectif φρονιμως (fronimos) : prudent, sage, avisé ; es
caractéristique du vocabulaire matthéen (p e. 10,16 : «Voici que moi, je
vous envoie comme des brebis au milieu des loups; soyez donc rusés
(φρόνιμοι, fronimoi) comme les serpents et candides comme les
colombes.) L’homme sage est celui qui sait faire ce qu’il y a à faire au bon
moment.
♦ v.
24.- Sur le roc. Cette partie de l’image est souvent mal comprise: on fait
de la Parole de Jésus le roc sur lequel il importe d’édifier sa vie. La
pointe du texte est ailleurs: c’est le fait de mettre en pratique “ces
paroles” qui fait de l’auditeur de Jésus un homme solide.
♦ v.
25.- La maison ne s’est pas écroulé. La pointe de la parabole souligne la
solidité de cette maison, solidité qui est celle de l’homme qui met en
pratique les paroles de Jésus. L’image de la tempête doit être prise come
signe de la seule tempête décisive du jugement.
♦ vv.
26-27.- Il ne faut pas presser le sens de ce sable, et y voir une allusion
aux passions, désirs, bonnes volontés fragiles de la vie sans Dieu. Cette
seconde maison était perdue d’avance comme l’est toute vie d’homme qui ne
met pas en pratique “ces paroles” de Jésus.
♦
Insensé. Est celui écoute sans mettre en pratique.
♦♦
Conclusion du Sermon Sur la Montagne
C’est
première des cinq fois qui apparaît à la fin des cinq discours qui forment
la structure de Mt. Ici, cette fin de l‘instruction est complétée par
l’évocation de la surprise des foules et, surtout, par une allusion
polémique aux scribes.
♦ v. 28.- Et
il arriva que les foules étaient hors d’elles mêmes…- Cela nous rappelle
opportunément que Mt nous apporte une histoire, non un amas de sentences
intemporelles.
♦ v. 28.-
…eut achevé ces instructions.- Ne signifie pas que Jésus ait dit tout ce
qu’il avait à dire ; c’est la leçon du jour seulement, ou l’instruction sur
un sujet particulier, qui est terminée. Le Sermon sur la montagne n’est pas
tout l’enseignement de Jésus ; il n’est qu’un cinquième !
♦ v. 28.- Les
foules sont stupéfaites parce que parce qu’elles se posent la seule question
décisive pour un juif de ce temps : dans l’enseignement de Jésus, ne peut-on
percevoir la même autorité de Dieu rendue sensible aux hommes ?
♦ v. 29.- Ce
qui frappe les auditeurs de Jésus, au sens le plus fort, est l’originalité
de son interprétation de la loi de Dieu. Voilà un exemple de ce en quoi
consistait l’autorité des scribes : « Moïse reçut la Tora au Sinaï et la
transmit à Josué, Josué aux anciens, ceux-ci aux prophètes, ceux-ci aux
hommes de la Grande Synagogue, ceux-ci prononcèrent trois sentences : soyez
circonspects dans l’interprétation de la justice, établissez beaucoup de
disciples et faites une haie à la Tora. »
La
figures des scribes est beaucoup plus prononcée dan Mt que dans Lc. Mt donne
une large place au conflit de Jésus avec ces représentants attitrés du
judaïsme car cet évangile a été écrit en un temps où les communautés
chrétiennes étaient encore en discussion avec le judaïsme rabbinique,
Passage au
rite
Jésus a bâti sa vie sur la fondation de l’accomplissement de la volonté du
Père. La secousse de la Passion ne l’a pas écroulée. Que le Seigneur nous
accorde d’y participer et de demeurer fermement unis à sa volonté.
Pour le Notre
Père
Nous ne disons pas “Seigneur, Seigneur…”; mais “Notre Père, Notre Père… Que
ta volonté soit faite.” Tout en le disant demandons de l’accomplir.
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VENDREDI
DOUZIÈME SEMAINE
Mt 8,1-4
Introduction
Les jours précédents nous étions avec Jésus sur la montagne. Il en est
descendu, et nous, la foule, nous le rencontrons à nouveau. À son autorité
en parole, « eh bien, je vous dis », il fait apparaître son autorité en
actes, « je le veux ». Demandons-lui de bien vouloir pardonner nos péchés.
Pour l’homélie
Vision
d’ensemble. Celui qui proclame la loi nouvelle est aussi celui commande la
lèpre et, surtout, accomplit les prescriptions légales à sa manière, face
aux autorités religieuses d’Israël. Le récit est beaucoup plus court et
ramassé que celui de Mc.
♦ v.
1.- Mt va faire de cette guérison un geste publique de Jésus, adressé aux
multitudes (όχλοι, ojloi) et indirectement aux autorités religieuses
d’Israël. Les récits qui vont suivre seront présentés comme signes de l’
“autorité” avec laquelle le Christ vient d’interpréter la loi de Dieu.
♦ v.
2.- Un lépreux. En guérissant un lépreux Jésus triomphe d’une impureté
contagieuse, considérée comme châtiment divin par excellence signe du péché
qui exclut de la communauté (cf. Lv 13 – 14) ; abolissant la frontière entre
le pur et l’impur, il donne ainsi un signe de sa mission.
En
rapport a la purification d’un lépreux on peut tenir compte de e dicton
rabbinique : « Il y en a quatre qui peuvent être comparés à un mort [ainsi
don absolument impurs dont il faut s’écarter nécessairement] : le paralysé,
l’aveugle, le lépreux et celui qui n’a pas d’enfant. » (J. Jeremias, «
Teología del Nuevo testamento », Sígueme, Salamanca, 1974 [Col. Bilbioteca
de Estudios Bíblicos, n° 2], p. 128). De même que la résurrection d’un mort,
la guérison d’un lépreux était considérée un signe messianique.
Les
lépreux étaient écartés de la communion des hommes et ne pouvaient être
réintégrés dans la communauté religieuse qu’à certaines conditions
minutieusement fixées. La purification que demande le lépreux est bien autre
chose qu’une guérison physique individuelle.
♦ v.
3.- Jésus étendit la mais, le toucha... Ce geste interdit par la loi (Lv
5,3: l devient impur et coupable quand, sans s'en rendre compte, il touche
une impureté humaine – toute impureté qui rend impur –, alors, dès qu'il
l'apprend, il devient coupable) doit être mis ici en relation avec
l’imposition des mains. La mention de la main tendue relève l’autorité du
geste.
La
parole de Jésus suit le geste, non pour l’expliquer mais pour le rendre
efficace. Les trois synoptiques rapportent en termes identiques la parole de
Jésus.
♦ v.
3.- Je le veux (θέλω, zelô). Le vouloir de Jésus correspond à celui
de Dieu; c’est là seulement ce qui fait son autorité. La terminologie
biblique ne connait pas d’union plus profonde des personnes que l’union des
volontés.
♦ v.
4.- Y a-t-il contradiction entre l’odore de silence el l’ordre de se montrer
au prêtre ?
« L’ordre de silence » correspond à la volonté de Jésus que sa messianité se
soit manifestée qu’aux jours de la Passion, quand il ne pourra subsister
aucun doute sur le genre de Messie qu’il prétend être. Quant à « l’ordre de
se présenter au prêtre », il constitue probablement la pointe du récit ; il
montre que Jésus prétend se soumettre aux observances légales ; légalité
qu’il accomplit tout en étant le Maître puisque c’est lui qui opère la
guérison qu’elle est chargée de valider.
Mt fait bien mention de l’offrande que Moïse a prescrit mais sans exprimer
l’idée qu’elle sera « sacrifice de culpabilité ». Le témoignage sera rendu
non seulement à la guérison du lépreux mais à l’autorité de Jésus.
Passage au
rite
L’humanité entière a crié : « Si tu veux… ». Il est venu, il s’est fait l’un
de nous ; il nous a purifié sur la croix. Nous allons rendre présent ce
mystère de salut. Entrons-y dans la foi et la reconnaissance.
Pour le Notre
Père
Dieu veut toujours guérir le péché ; guérir les maladies c’est « une autre
histoire ». L’homme disait : « Si tu veux » ; « Dieu veut » nous pardonner,
voulons-nous vivre en pardonnés ? « Comme nous pardonnons aussi… » nous
prions.
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SAMEDI
DOUZIÈME SEMAINE
Mt 8,5-17
Introduction
De même que le Seigneur se rendit présent à Abraham aux chênes de Mambré, de
même aussi maintenant il vient à notre rencontre. Demandons au Seigneur
lui-même d’enlever tout ce qui, de notre part, pourraient faire obstacle à
la rencontre.
Pour l’homélie
♦
v. 5.- Le monde antique, et juif en particulier, connaissait bien la
supplication pour un malade ; les grands rabbins étaient souvent sollicités
de prier pour les malheureux. Capharnaüm était une ville de garnison et un
important poste de douane ; d’après les vv. 8 et 10 ce centurion était un
païen, mais pas forcément Romain.
♦
v. 7.- Je vais le guérir. Traduction de la TOB : Moi, j’irai le
guérir ? BONNARD : Comme dans la suite du récit, Jésus n’est pas allé
chez le centurion, certains auteurs proposent de comprendre la réponse de
Jésus comme interrogative : Irai-je, moi, chez toi, un païen ? Mais le sens
positif convient aussi au contexte. La décision de Jésus est immédiate et
souveraine, comme souvent chez Mt.
♦ v.8.-
Seigneur je ne suis pas digne… La réplique du païen est compréhensible : il
sait que Jésus ne peut entrer chez lui et il a entendu parler de l’autorité
de la parole du Christ. Il fait donc confiance à Jésus. Son expérience de
soldat rejoint l’idée juive de la puissance miraculeuse et créatrice de la «
parole. »
♦ v.
9.- Ainsi, moi qui suis soumis… développe implicitement un argument à
fortiori : si moi qui ne suis qu’un homme soumis à un chef, je puis me faire
obéir par la seule autorité de ma parole, à combien plus forte raison toi…
♦ v.
10.- Une telle foi… La foi du centurion a consisté non seulement à croire
que Jésus peut guérir à distance (admiration commune à l’époque), ni en ce
que Jésus possède un pouvoir spécial sur la maladie, mais vraisemblablement
en ce qu’il présent que Jésus est, lui aussi, soumis à une autorité. De même
que la parole du centurion dérive de celle de l’Empereur, ainsi la parole de
Jésus provient de Dieu lui-même.
L’allusion polémique au refus de croire d’Israël constitue probablement la
pointe du récit ; cette note retentira souvent dans la narration matthéenne
;
♦ v.
13.- Que tout se passe pour toi selon ta foi. L’expression “comme tu as cru”
n’est pas comparative; Jésus n’accorde pas un secours proportionné a La foi;
le ώσ (os ; comme) est causatif : parce que tu as cru, par le fait que tu as
cru.
♦♦ vv. 14-15.- Guérison de la Belle-mère de Pierre. L’évangéliste ne
précise en rien le moment de la scène et ne retient que les deux figures
indispensables de Jésus et de la malade. La fièvre est souvent considérée
comme maladie spécifique et non comme symptôme. Le geste de Jésus est simple
et seigneurial : sans aire lever la malade, sans
« menacer la fièvre », Jésus touche légèrement la main de la femme. Celle-ci
se lève et le sert. Le verbe servir (διακονειν, diakonein) aura un avenir
riche dans la terminologie chrétienne.
♦♦ vv. 16-17.- Sommaire de guérisons. Mt présente un texte très
simplifié, d’où tout détail anecdotique est rigoureusement écarté ; il
généralise comme souvent, etc.
Les expressions “chasser esprits” et “soigner ou guérir malades” sont
équivalentes ; le mot « et » (chassa et guérit) est explicatif, non additif.
Par sa parole, la même parole qui proclame la loi nouvelle est la même
parole qui guérit.
♦ v.
17.- Ce qui avait été dit par le prophète Isaïe. Is 53,4 : Ce sont nos
souffrances qu'il a portées, ce sont nos douleurs qu'il a supportées, et
nous, nous l'estimions touché, frappé par Dieu et humilié. Mt nous montre
Jésus, non comme le libérateur glorieux de l’apocalyptique juive mais
l’humble serviteur de Dieu et des hommes.
Pour le
passage au rite
Dieu se fait recevoir. Jésus ne refuse d’être reçu. Il se donne au Père en
toute fidélité, pour être reçu « en communion » (sens fort) par nous.
Pour le Notre
Père
Nous non plus, « nous ne sommes pas dignes »… mais en même temps nous sommes
des enfants pardonnés, et qui pardonnent à leur tour. Que notre voie
s’accorde à nos paroles, en disant :
retour