LUNDI
TREIZIÈME SEMAINE
Mt 8,18-22
Introduction
Il ne
faudrait pas tirer, des lectures d’aujourd’hui, que Dieu n’est pas généreux
et gratuit dans ses dons ; notamment dans le don le son pardon. S’il pose de
conditions c’est pour que nous comprenions, soit le sérieux de suivre Jésus,
soit la gravité du péché.
Pour l’homélie
♦ v. 18.- Le
fait que Jésus va quitter la région de Capharnaüm explique la hâte de ses
interlocuteurs et souligne la portée de ses réponses.
♦ v. 18.-
Donna l’ordre. Verbe d’autorité royale. Il fallait rien moins qu’une
autorité impérative pour rompre avec Capharnaüm au moment où les foules
accourraient de toutes parts.
♦ v. 18.-
De partir. Le verbe « partir » décrit souvent des ruptures personnelles
grosses de conséquences. (Mt 19,22 : À cette parole, le jeune
homme s'en alla tout triste, car il avait de grands biens.)
♦ v. 18.-
Sur l’autre rive. Vont gagner une terre étrangère, la Trachonitide,
tétrarchie de Philippe.
♦ v. 19.-
Maître (διδάσκαλε, didàscale), ou rabbi, est appliqué à Jésus, parce
qu’il révèle le vrai sens de la loi donnée aux pères.
Les
renards… Il n’est pas dit que la réponse peu rassurante de Jésus ait
découragé le scribe. Habituellement ils font partie des opposants à Jésus.
Ici il n’apparaît rien de négatif.
♦ v. 20.-
Le Fils de l’homme n’a pas… Dans ce contexte l’expression s’applique à
l’itinérance dramatique du Messie souffrante jusqu’à la croix. L’expression
« fils de l’homme » peut désigner l’homme, un homme particulier, comme
souvent dans l’A. T. (Ez) ; mais elle applique aussi à Jésus, dans les
évangiles, la dignité de juge suprême des derniers jours de Daniel (7,13 :
voici qu'avec les nuées du ciel venait comme un Fils d'Homme; il arriva
jusqu'au Vieillard, et on le fit approcher en sa présence. Et il lui fut
donné souveraineté, gloire et royauté.) Dans la pensée évangélique les deux
sens ne s’opposent pas.
♦ vv. 21-22.-
Laisse les morts… Dans le judaïsme palestinien, la piété filiale
fondée sur le 5e commandement du Décalogue, faisait un devoir absolu aux
enfants de pourvoir aux funérailles de leurs parents ; aucune parole de
Jésus ne fut peut-être plus dure à accepter, soit par ses auditeurs
immédiats, soit même par les juifs convertis de l’église matthéenne. On
enterrait les morts immédiatement après de décès. La parole de Jésus ne
conteste pas, en principe, la validité des cérémonies funéraires, qui
étaient longues et compliquées ; elle affirme seulement que la présence et
l’appel de Jésus sont une exigence plus urgente encore que les devoirs
funéraires eux-mêmes.
Les premiers
« morts » du verset 22b désignent tous ceux qui n’ont pas trouvé la vie du
Royaume en Jésus Christ. Dans le sens de morts-cadavres de la fin du verset,
cf. 23,27 : (Malheureux… sépulcres blanchis) ; Lc 16,30 (Le riche et ses
frères)
Il ne
faudrait pas tirer, des lectures d’aujourd’hui, que Dieu n’est pas généreux
et gratuit dans ses dons ; notamment dans le don le son pardon. S’il pose de
conditions c’est pour que nous comprenions, soit le sérieux de suivre Jésus,
soit la gravité du péché.
Passage au
rite
Nous, qui
participons au Mystère Pascal à chaque eucharistie, nous sommes appelés à ne
pas mourir de mort éternelle, parce que l’eucharistie est semence de vie
éternelle
Pour le Notre
Père
La mort
physique fait partie de la vie physique ; elle n’a rien de punitif en
elle-même. Cependant cette mort physique annonce la possibilité d’une vie
sans Dieu… vie sans vie éternelle, c’est mort éternelle. Le pain que le Père
nous donne est pain de vie éternelle.
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MARDI
TREIZIÈME SEMAINE
Mt 8,23-27
Introduction
Avec Lot,
avec les disciples au risque d’être noyés, implorons la miséricorde de Dieu
pour tenir bon dans les épreuves ou pour demander le pardon de nos péchés.
Pour l’homélie
Contexte.- Nous sommes toujours dans le contexte de faire apparaître «
l’autorité » de Jésus : sur la Loi ; sur les malades ; sur la nature
elle-même… [sur toute force hostile à Dieu et à l’homme –symbolisée par la
mer – ?]
♦ v. 23.-
Comme Jésus montait dans la barque, ses disciples le suivirent. Comme
d’habitude dans Mt, Jésus précède, les disciples suivent. Les « disciples »
de Mt sont aussi bien les chrétiens de son Église syro–palestinienne que les
compagnons de Jésus. En racontant, l’évangéliste « voit » ses auditeurs :
dès les origines du christianisme : église est une barque secouée par des
vagues (Persécution de Domitien : 81-96 ?) et sauvée par Jésus (selon
Tertullien).
♦ v. 24.-
La barque était couverte par les vagues. Mt parle d’abord du danger dans
lequel se trouve la barque : l’Eglise se trouve en péril.
♦ v. 24.-
La mer s’agita violemment.- Mt emploie un terme qui signifie tremblement
de terre : σεισμός, seismós, pour relever le caractère catastrophique de la
situation.
♦ v. 24.-
Mais il dormait. Ne signifie pas qu’il est dangereusement inconscient de
ce qui se passe, mais qu’il demeure totalement confiant et maître de la
situation.
♦ v. 25.-
Seigneur. Κΰριε, σωσον : kyrie, sôson : Seigneur, sauve ! Mt seul
donne ces mots, d’allure liturgique. Mc et Lc emploient le mot Maître
(έπιστατα, epistata), qui n’appartient pas au jargon liturgique. Elle n’est
pas la prière, pas des matelots effrayés, mais des disciples qui ont recours
à celui qui peut les sauver.
♦ v. 26.-
Hommes de peu de foi. (όλιγόπιστος, oligopistós: peu de foi).
Dans Mt seul, Jésus s’adresse aux disciples avant d’apaiser la tempête ; ce
qui n’est guère naturel et correspond à la préoccupation « ecclésiastique »
de l’évangéliste. « Petite foi » : signifie ce qui est contraire à
l’intérieur de la foi ; des mots adressés aux disciples de Mt et aux
chrétiens de son église. Ce manque de foi est particulièrement grave puisque
c’est en présence du Révélateur lui-même, que ses disciples succombent au
doute. La structure de Mt fait penser que c’est sur ce mot que cet
évangéliste veut insister, plutôt que sur le miracle en lui-même.
♦ v.
26.- Interpella vivement les vents et la mer. En agissant comme un
exorciste (même mot employé pour exorciser le possédé dans la synagogue de
Capharnaüm en Mc) mais en s’adressant aux forces de la nature, Jésus
commande en Seigneur.
♦ v.
26.- Ces gens furent saisis d’étonnement. Qui sont-ils ? Les
disciples ou tous les témoins et auditeurs de ce récit ?
♦ v.
26.- Qui donc est celui-ci ? La question exprime la profondeur du
doute, mais s’adressant à la personne même de celui qui agit devant eux, est
une question qui peut conduire à la foi. La mer de Galilée donne exemple
d’obéissance à l’autorité de Jésus.
Le centurion
de Capharnaüm et la mer de Galilée donnent une leçon d’obéissance aux
disciples hésitants.
Passage au
rite
Jésus s’est endormi paisiblement sur la croix et s’en est réveillé le
troisième jour pour ordonner avec autorité de faire taire la tempête de la
mort éternelle. Sommes-nous hommes de peu de foi ?
Pour le notre
Père
Demandons de toujours obéir la volonté du Père, comme Jésus, et nous aurons
aussi, comme lui, l’assurance au milieu de toutes nos tempêtes.
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MERCREDI
TREIZIÈME SEMAINE
Mt 8,28-34
Introduction
Dans l’A. T. Abraham renvoya le fils de l’esclave et sa mère. Jésus nous
dira en parabole que Dieu accueille toujours le propre fils qui, librement,
a voulu quitter la maison paternelle. Dieu nous attend les bras grand
ouverts. Refuserons-nous d’aller vers lui repentants ?
Pour l’homélie
Vision d’ensemble. Mt a soigneusement concentré le récit sur l’essentiel.
Une fois arrivés à l’autre rive seuls subsistent Jésus, les miraculés
eux-mêmes, quelques mots des réactions le plus souvent publiques au miracle.
La principale originalité de Mt est au v. 29 : l’expression « avant le temps
» (προ καιροΰ, pro kairou).
♦ v. 28.-
Pays des Gadareniens. En pays païen, comme le souligne la présence d’un
troupeau de porcs, la curieuse réaction des gens de la « ville » (v. 34) et
l’atmosphère du récit. Les sépulcres désaffectés ou non, servaient souvent
de refuge aux misérables qui pouvaient occuper l’espèce d’antichambre
précédant les chambrettes où l’on déposait les morts. Pas de détails sur la
force des possédés : seulement « très dangereux ».
♦ v. 29.-
Ils se mirant à crier… Récit est concentré dans ce verset. Les
démoniaques expriment une certaine crainte, en même temps qu’une claire
confession de Jésus comme Fils de Dieu. Les mots ώδε (ôde, ici) et πρό
καιροϋ (pro kairou, avant le temps) sont loin d’être accidentels : « Ici, en
pays païen, viens-tu déjà nous faire subir les tourments qui nous sont
réservés pour le jugement dernier ? » Le salut n’est pas une promesse, il
est déjà ici, sur terre.
♦ vv. 30-32.-
Or il y avait au loin un grand troupeau de porcs… Ces versets
étranges expriment qu’à l’approche de l’Adversaire décisif, les démons, pour
éviter l’anéantissement immédiat, supplient Jésus de les envoyer dans un
troupeau de porcs, refuge naturel des esprits impurs. Remarquons que Jésus
s’entretient avec les démons non avec les possédés. Le récit demeure centré
sur les démons.
♦ v. 32.-
Moururent dans les flots. Le verbe « moururent » se rapporte sans doute
au troupeau des porcs et aux démons.
♦ v. 33-34.-
Mt s’intéresse seulement à la noyade des porcs et des démons et à la
réaction publique à l’événement, qui a peur parce qu’elle est païenne et
expulse la sauveur. « On voit en ces gens-ci un signe d’une vilaine
stupidité, de ce que la perte de leurs pourceaux leur donne plus de crainte,
que le salut de l’âme ne leur porte de joie. » (Calvin).
Passage au
rite
Jésus nous
libère (« mon sang… en rémission des péchés »). Il veut rester et demeurer…
allons-nous « le faire partir » ?
Pour le notre
Père
Disposons-nous à la Communion. Que la présence eucharistique de Jésus
remplisse tout l’espace (de foi et d’affection) de notre cœur, si bien que
s’accomplisse pour nous d’être libérés du « Mal / Malin / πονηρος ».
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JEUDI
TREIZIÈME SEMAINE
Mt 9,1-8
Introduction
Le paralysé
dont les péchés seront pardonnés était amené à Jésus par des amis.
Conduisons-nous les uns les autres à la célébration – « je reconnais devant
mes frères » – pour que le Seigneur nous pardonne aussi nos péchés au moment
d’entrer dans l’eucharistie.
Pour l’homélie
Vision d’ensemble. L’ensemble des ch. 8-9 présente 10 récits de miracles «
signes caractéristiques du rôle messianique du Maître, comme de la mission
qu’il délègue à ses disciples ». Ces « signes », on pourrait aussi les tenir
pour des illustrations de l’autorité de Jésus soulignée en 7,28 (fin du
sermon sur la montagne) : sur la loi, sur les démons et les maladies ; sur
tout homme ; maintenant sur le péché lui-même.
Le Règne
de Dieu « arrive » sur la terre par les gestes d’autorité de Jésus,
autorité que Dieu lui a déléguée, et qu’il déléguera à son tour à ses
apôtres (ch. 10). Malgré les probables modifications du récit primitif, le
récit actuel a une réelle valeur documentaire : la question d’autorité,
typiquement palestinienne, fut un des éléments du conflit mortel qui opposa
Jésus à ses adversaires.
Mt est si
brève qu’il devient presque obscur ; il faut recourir aux parallèles pour se
rendre compte de la scène. Ce système sert à Mt pour centrer l’attention sur
les enseignements doctrinaux.
♦ v. 1.-
Dans sa ville. C’est-à-dire Capharnaüm ; probablement parce qu’il y
était inscrit et il y payé l’impôt.
♦ v. 2.-
Un paralysé. « Le paralytique », handicapé pour « marcher ». Il est
frappant de voir les trois synoptiques se rejoindre presque complètement
dans le récit de ce que dit et fit Jésus. Cette particularité montre que la
tradition orale attachait surtout du prix aux paroles et aux gestes de Jésus
mais usait d’une grande liberté dans leur mise en valeur par les autres
éléments du récit.
Dans Mt,
Jésus voit leur foi au seul fait qu’ils lui ont amené le malade. La foi est,
en quelque sorte, un climat social, non seulement stricte acceptation ; elle
met en mouvement les hommes vers celui qui est d’abord venu vers eux.
♦ v. 2.-
Confiance, mon fils… Jésus, fort de l’autorité de Dieu, communique à cet
homme un pardon personnel et actuel. Les juifs, voyaient dans la maladie un
signe, pour ne pas dire une preuve individuelle, du péché, si bien que Jésus
porte secours au malade en son malheur le plus profond.
♦ v. 3-4.-
Cet homme blasphème… Il n’y avait de blasphème que lorsque le nom de
Dieu est explicitement prononcé, ce qui ne paraît pas être le cas ici, mais
les scribes entendent l’idée de blasphème en se donnant à soi le droit de
donner ce que seulement appartient à Dieu de donner, en l’occurrence le
pardon des péchés. Jésus sait ce qui se passe chez ses adversaires ; c’est
dans le cœur que ces pensées mauvaises s’agitent.
♦ 5-6.-
Qu’est-ce qui est le plus facile… ? Jésus se place au point de vue de
ses interlocuteurs. Qu’est-ce que c’est le plus facile : soit, « dire »
(pardonner) sans que l’on puisse le vérifier ; soi, « ordonner » (lève-toi),
qui peut être vérifié par tout le monde. Tout est pareillement difficile,
c'est-à-dire « sérieux » : aussi bien communique le pardon de Dieu que
donner la sante du corps. Eh bien ! pour que vous sachiez… « Je vais faire
un miracle qui vous acculera, plus encore que ma parole de pardon, à
accepter ou rejeter mon autorité divine. »
L’expression
le Fil de l’homme ne désigne explicitement ni le juge céleste des derniers
temps, ni un homme quelconque ; elle pourrait être remplacé parfaitement par
le pronom je.
Sur terre… doit désigner autant le lieu du ministère de l’église matthéenne
que celui de l’activité de Jésus.
♦ vv. 7-8.-
Un tel pouvoir aux hommes. Cette fin surprenante (pluriel à la place
du singulier) peut évoquer le milieu ecclésial où Mt a été rédigée : la
possibilité d’accorder le pardon des péchés est attribué à la propre
autorité de Jésus.
Passage au
rite
Parole de
Jésus invérifiable, mais efficace, aussi bien pour le pardon que pour rendre
présent toute son existence de sauveur, dans le mystère : « mon corps, mon
sang ».
Pour le Notre
Père
Notre pardon devient efficace par notre parole… et rend possible
l’efficacité de la parole de pardon de Dieu pour nous-mêmes.
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VENDREDI
TREIZIÈME SEMAINE
Mt 9,9-13
Introduction
Dans une
certaine mesure nous allons reproduire en vérité la scène de l’évangile :
Jésus à table entouré de pécheurs… Son geste de s’asseoir avec nous signifie
le pardon qu’il nous offre. Allons-nous l’accueillir ?
Pour l’homélie
Vision
d’ensemble. Tel que l’on le signalait hier, aujourd’hui aussi, malgré les
modifications apportées au récit original, Mt a eu soin de transcrire
exactement toutes les paroles de Jésus dans cette péricope. Cohérence
catéchétique de la péricope : 1) l’appelé est un pécheur, un malade ; 2)
l’appel de Jésus à Matthieu est le don de sa communion et de sa miséricorde
(partage de table) ; 3) est une sorte de « miracle de l’autorité » de celui
qui appelle les pécheurs ; le pardon est offert et scelle par un repas.
♦ v. 8.-
Son bureau de publicain. Personnel subalterne souvent recruté parmi les
autochtones dont il était haï et méprisé, non seulement parce qu’il
collaborait avec la puissance occupante mais aussi parce que ses fonctions
le mettaient en contacte régulier avec les païens impurs ; d’où le couple «
publicains et pécheurs ». Matthieu n’était pas au service direct des
Romains, mais d’Hérode Antipas.
♦ v. 8.-
Matthieu. Le nom apparaît dans les quatre listes des Douze. Dans les
récits parallèles au nôtre, le nom du collecteur d’impôts est : Lévi, (fils)
d’Alfée, dans Mc ; et Levi, dans Lc. Ce qui fait douter de son vrai nom ou
penser qu’il en avait deux.
♦ v. 8.-
Suis-moi. Il signifie ici: “”attache-toi définitivement à ma personne
pour m’écouter et me servir. La réponse de l’appelé a été immédiate. Rien ne
l’explique dans la personne de Matthieu, seule l’autorité de Jésus peut
transformer la vie d’un homme.
♦ v. 10-11.-
À la maison. Il n’est pas dit que la maison soit celle de Matthieu,
mais le contexte l’impose.
♦ v. 10.-
À table. Le verbe άνάκειμαι (anakeimai) signifie être « être
couché à table ». Telle n’était pas la manière habituelle d’être à table en
Palestine. Seulement chez des milieux atteints par les coutumes
gréco-romaines, ou dans des occasions solennelles. Ce partage de table
compromet Jésus dans la compagnie d’une société pervertie à tous égards aux
yeux des juifs fidèles.
♦ v. 10.-
Beaucoup de publicains et de pécheurs. On s’invitait souvent en
Palestine. Rien d’étonnant à cette réunion à cette réunion imprévue. Ce
qu’il faut surtout souligner ici, c’est la signification générale du repas
dans le monde oriental, palestinien en particulier ; il constituait le
moment de la communion la plus intime, sur ses deux aspects principaux : le
repas est le moment d’un service offert et célébré ; il est aussi le moment
de la participation commune et joyeuse aux mêmes biens. C’est dans un repas
que culminait la vie religieuse ; on se représentait le royaume de Dieu
comme un grand festin. Jésus ne pouvait accorder plus profondément sa
communion à Matthieu qu’en acceptant de se « coucher » à table.
« Six choses
sont inconvenantes pour un disciple de sage : sortir parfumé dans la rue,
sortir seul pendant la nuit, sortir avec des sandales rapiécées, prendre
place dans un repas avec des ammé ha-arés (peuple inculte et pécheur des
campagnes…) » (Du traité juif des Bénédictions, Bérakot). Jésus non
seulement n’évite pas le contact de cette très importante classe sociale,
mais qu’il le cherche, non sans doute par sympathie personnelle, mais parce
que sa vocation s’étendait à son peuple tout entier.
♦ v. 12.-
…mais les malades. Jésus assimile les percepteurs et les pécheurs avec
qui il festoie à des malades. Ces pécheurs ne se sentent pas malades, mais
Jésus sait qu’ils le sont. Une maladie qui consiste en une situation ou
condition devant Dieu. Jésus en général a respecté la législation juive sur
le pur et l’impur, mais il l’a consciemment et publiquement enfreinte à
certaines occasions pour témoigner de son autorité sur la loi et de son
amour pour les pécheurs.
♦ v. 13.-
Allez apprendre… Jésus invite ironiquement ses adversaires à étudier les
Écritures ; dans le sens de les comprenez ce sens en voyant mon comportement
avec les pécheurs.
♦ v. 13.-
C’est la miséricorde… et non les sacrifices. Dans notre contexte, le mot
sacrifice résume les prescriptions relatives à la pureté rituelle ; ce
sacrifice-là est condamné dans la mesure où il met entre les justes et les
pécheurs une barrière de mépris religieux que veut abattre. Le Christ des
évangiles prend très au sérieux l’existence des « pécheurs », mais il se
sait envoyé vers eux, pour les appeler à la repentance.
Passage au
rite
Nous allons
faire « l’offrande » de tout ce que Jésus a fait pour nous sauver, mais sans
miséricorde pour les autres [et pour nous-mêmes], cette offrande ne saurait
pas être agrée par Dieu.
Pour le Notre
Père
Que nos
pensées s’accordent à nos voix, en offrant et en demandant pardon avec la
prière de Jésus.
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SAMEDI
TREIZIÈME SEMAINE
Mt 9,14-17
Introduction
Notre messe est le repas des Noces de l’Agneau. Supplions le Seigneur de
bien vouloir nous habiller du vêtement de fête par son pardon.
Pour l’homélie
Vision
d’ensemble. Hier, question de légitimité sur prendre (ou non) un repas avec
des « pécheurs » ; aujourd’hui, question sur le repas lui-même. Les
interlocuteurs ont changé : pharisiens / disciples de Jean. Trois niveaux de
questionnement, s’agit-il 1) du jeûne en général (ni Jésus ni ses disciples
ne jeûneraient jamais) ? ; 2) d’un jeûne particulier opposé au festin offert
par Matthieu ? ; 3) de la pratique du jeûne dans premières communautés
chrétiennes ?
La réponse de Jésus est dans le v. 15 ; illustrée par deux images (les amis
; les outres). Le jeûne est absent parce que Jésus est là (l’inverse est
aussi annoncée).
Question exégétique quel sens faut-il donner ici aux adjectifs « ancien » et
« nouveau » ?
La loi
ne prescrivait qu’un seul jour de jeûne (Yom Kippur) (Nb 29,7 : Le dix de ce
septième mois, vous aurez une réunion sacrée. Vous jeûnerez, vous ne ferez
aucun travail pénible) ; les Pharisiens avaient considérablement renchéri
sur les ordonnances traditionnelles ; ils jeûnaient deux fois par semaine
(Lc 18,12 : Je jeûne deux fois par semaine, je paie la dîme de tout ce que
je me procure), le lundi et le jeudi.
♦ v. 14.-
Les disciples de Jean : communauté de disciples constituée autour de
Jean après sa mort. Donc au moment de la rédaction des évangiles (?). Le
verbe est au présent : soit présent d’actualité (en ce moment précis) ; soit
présent de durée… par habitude.
Mais
Jésus et ses disciples observaient les règles générales du jeûne. Il s’agit
d’un autre état de choses : les disciples ne jeûnent comme le font les
grands jeûneurs. Le jeune des juifs n’était pas compatible avec la foi au
Messie Jésus. Leur jeûne est un jeûne d’affliction (on est triste parce que
l’on « manque du Messie ») et ils jeunent pour renforcer leur prière pour
que le Messie arrive.
Donc la
péricope ne traite pas du jeûne en lui-même, mais du jeûne en tant qu’il
exprime affliction du manque du Messie. Ce qui ne convient pas eux temps
messianiques caractérisés par la joie du Règne déjà inauguré. Les disciples
de Jean et les Pharisiens n’ont rien compris de Jésus en tant qu’« époux
messianique » et son message.
♦ v. 15.-
Les invités de la noce, sont les disciples. « Les jours viendront » :
allusion à la passion seulement et à rien d’autre.
♦ v. 16-17.-
Les 2 petites paraboles décrivent ce qui se passe dans le refus de Jésus.
C’est le grave dommage qui se suit de ce refus.
Les « outres
neuves », dans lesquelles la nouveauté pourrait être gardée, c’est quoi ?
L’Église du Christ ? Des nouvelles formes de piété qui remplacent les juives
? Il ne faut pas trop presser cette double parabole ; son sens général
paraît être : les Pharisiens et les disciples de Jean, en attaquant les
disciples de Jésus sur le vieux problème du jeûne, montrent qu’ils n’ont
rien compris à la nouveauté de ce qu’apporte Jésus ; la religion juive devra
se laisser complètement renouveler par le Christ, faute de quoi la foi
nouvelle ne pourra que précipiter sa perte
Passage au
rite
Nous sommes
des amis de l’époux. Soyons dans la joie. « Le sang versé pour le pardon des
péchés », l’unique source de tristesse
Pour le Notre
Père
Demandons,
tel qu’il nous été enseigné le pain du ciel, pain de ce repas de fête. C’est
la joie d’avoir l’Époux avec nous. Disons donc…
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