LUNDI QUINZIÈME SEMAINE
Mt 10,34 – 11,1
Introduction
D’une part
Jésus a dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». D’autre
part il nous dira tout de suite : « N'allez
pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas
venu apporter la paix, mais bien le glaive (qui divise). » Mais il faut
distinguer entre « paix » et « paix » : « Ce n'est pas à la manière du monde
que je vous la donne. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre. »
La paix de Jésus est son pardon pourvu, que nous reconnaissions en avoir
besoin.
Pour l’homélie
Vision d’ensemble. Quatrième partie du Discours missionnaire. (Voir mardi
14ème semaine). Ce qui précède c’était des exhortations au courage jusqu’au
martyre ; maintenant, Jésus, vient-il « diviser » ? Il n’en est rien. Ces
paroles du Christ matthéen ont bien pour but d’exhorter les disciples au
témoignage sans peur, mais cette exhortation s’exprime sur la base de la
mission du Christ lui-même ; l’idée essentielle est donc : pour savoir
souffrir en témoin, il faut s’armer, non seulement de courage, mais d’une
exacte compréhension de la destinée du Christ lui-même.
♦ v. 34.-
Ne croyez pas… Il s’agit de corriger quelque malentendu ou quelque
erreur qui circulait au sein de la communauté messianique ou des églises
mathéennes.
♦ v. 34.-
La paix (ειρηνη, eirene ; shalom, hébreu). Le shalom
apporté par Jésus ne se fera pas en écrasant les adversaires, ni tous les
peuples, par une domination humaine et impitoyable. L’idée essentielle est
que les hommes seront violemment divisés au sujet de Jésus. On ne sait pas
exactement en raison de quoi les hommes seront divisés à cause du Christ : à
cause de devoir quitter leurs proches ? ; par l’incapacité des hommes à se
mettre d’accord sur la personne de Jésus ?
♦ 37-42.- Il
n’y a pas d’adhésion au Christ qui ne soit pas une dangereuse aventure
publique ; et il n’y a pas d’ « engagement » public aux ordres du Christ qui
ne soit pas en même temps l’acte le plus intime et personnel (perdre sa
vie).
« Celui qui
aime… » (pas άγαπαν, agapan ; mais φιλειν, filein : rare en Mt
; pris en général dans un sens péjoratif : s’attacher à quelqu’un, à quelque
chose pour y prendre plaisir). Ce verset n’oppose pas deux sentiments ou
affectivités intérieures en elles-mêmes, mais deux démarches concrètes ;
celui qui, sur le point de suivre Jésus, serait arrêté par des liens
familiaux, celui-là serait indigne de Lui. S’il fallait choisir… il
faudrait... «…n’est pas digne » : Celui qui ne veut pas rompre les liens les
plus chers (si cela était nécessaire) pour me suivre se révèle indigne ou,
plus exactement, se constitue indigne de moi.
♦ v. 38 :
Prendre sa croix. L’essentiel est : suivre le Christ, c’est le suivre
sur un chemin de souffrances violentes et publiques (caractère honteux du
crucifiement). Il annonce à ses disciples la même violence et le même mépris
qu’il endurera lui-même.
♦ v. 39 :
Perdre sa vie signifie mourir de mort violente, non pour une raison
quelconque, mais à cause de Jésus, en le suivant. C’est le Christ matthéen
qui, seul, peut promettre la vie éternelle dans son Royaume à ceux qui lui
resteront fidèles.
♦ vv. 10,40 –
11,1 : Qui vous accueille Si le Christ matthéen confère son autorité
aux apôtres, c’est que ceux-ci le représenteront, le rendront présent aux
hommes ; non certes par eux-mêmes mais en tant que témoins du Règne,
prédicateurs, enseignants et exorcistes « autorisés » par le Christ.
Recevoir / accueillir, doit être pris dans le sens très concret de
l’hospitalité et en celui de la soumission à la parole apportée par
l’apôtre. Dignité de l’apôtre = prophète = juste, même les plus humbles.
Passage au
rite
En venant à
la messe nous avons choisi, nous allons accueillir, mais aussi être
accueillis.
Pour le Notre
Père
« Que ton
Règne vienne » : prions pour que nous soyons disponibles pour collaborer à
le faire advenir. Depuis mardi dernier (9,32-38)
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MARDI
QUINZIÈME SEMAINE
Mt 11,20-40
Introduction
Dans une
occasion Jésus avait dit : « À qui l'on a beaucoup confié, on réclamera
davantage » (Lc 12,48c). Laissons-nous interroger par Jésus, qui nous a
beaucoup donné, soit pour lui rendre grâces des dons reçus, soit aussi pour
lui demander pardon de nos négligences.
Pour l’homélie
♦ v. 11,19 :
Mais la sagesse a été justifié par ses œuvres. « Les œuvres qui
justifient » sont les miracles et toute l’activité de Jésus. Parallèle assez
stricte (Lc 7,35) qui peut être signe d’ipsissima verba Iesu.
♦ v. 20 :
Faire des reproches : avec une nuance d’amertume ou de mépris. Jésus ne
leur reproche pas leur misère morale ni leur désobéissance générale, mais le
fait beaucoup plus précis qu’elles ne se sont pas converties (adhérer à
Jésus) malgré les nombreux miracles. Εγένετο (egeneto) : passif =
faits par Dieu par l’intermédiaire de Jésus.
♦ v. 21 :
Malheureuse (ούαί, uai) : exprime souffrance et indignation.
Bethsaïda = maison des poissons.
♦ v. 22 :
Tyr et Sidon : Toutes proches des régions où, après la chute de
Jérusalem en 70, d’innombrables juifs se réfugièrent et furent les témoins
et les adversaires de la première expansion du christianisme. Elles ne
porteront pas la responsabilité d’avoir vu Jésus agir au milieu d’elles.
♦ v. 23 :
Capharnaüm « élevée » par les miracles ; rabaissée au jour du jugement.
♦ v. 24 :
Etre témoin de l’activité de Jésus charge d’une responsabilité bien plus
grande que l’ignoran- ce de Dieu et la dépravation morale.
Passage au
rite
Puisqu’il est censé que nous avons la foi ; nous sommes « témoins de
l’activité » de salut de Jésus pour nous sur l’autel. Que l’Esprit nous
garde en unité, surtout avec Jésus. (Que nous soyons rassemblés par l’Esprit
Saint en un seul corps).
Pour le Notre
Père
Délivre-nous du mal ; Ne nous soumets pas. Prions humblement en
reconnaissant notre faiblesse.
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MERCREDI
QUINZIÈME SEMAINE
Mt 11,25-27
Introduction
Devant Dieu
nous ne pouvons pas nous déguiser. Devant lui nous sommes tels que nous
sommes. Peut être c’est cela que signifie être nu-pieds devant lui. Du fond
de notre cœur disons à Dieu notre vérité et qu’il pardonne ce qui est
indigne de lui.
Pour l’homélie
Contexte.-
L’ensemble des ch. 11, 12 et 13 montre une unité remarquable autour du thème
de ce qui est « caché » (sommet : dans les paraboles du ch. 13). La pointe
de cette péricope ne porte pas tant sur le Fils comme tel, plutôt sur ce
qu’il « révèle » aux hommes et la manière particulière dont Dieu se révèle
par le ministère de Jésus.
♦ v. 25.-
En ce temps-là. Litt. En ce moment (εν πω καιρώ, en to kairó) est
un moment théologique : refus des uns, acceptation des autres. Jésus
remercie, ou loue, son Père (έζομολογείν, ezomologein) pour son «
échec », plus exactement : pour son échec auprès des sages et intelligents ;
non pas qu’il préfère, par sympathie naturelle, les petits gens aux « élites
» ; mais il reconnaît que cet échec, et la réussite qui l’accompagne,
correspondent à l’essence même de l’œuvre qu’il accomplit au service des
hommes et de son Père : sauver les pauvres, ceux que méprisent les
puissants.
♦ v. 25.- Ce
que tu (ταΰτα, tauta), c’est l’ensemble de l’œuvre révélatrice de
Jésus.
♦ v. 26.-
Tu l’as voulu ainsi. Ce n’est pas l’homme, ni Jésus, le sujet de «
cacher »/« révéler », mais Dieu.
♦ v. 27.-
Tout m’a été confié (παραδιδόναι, paradidonai : donner, livrer).
Jésus se dit investi d’un pouvoir, d’une autorité, qui, immanquablement,
devait entrer en conflit avec cette des rabbins. De même que Dieu révèle son
Fils aux hommes, le Fils révèle son Père par toute son activité.
« Fils »
(υίος, yios) au sens de l’A. T. de fils bien-aimé d’un père qu’il
représente et dont il accomplit l’œuvre comme un service.
J. JEREMIAS
(« Abba. Jésus et son Père », p. 56). « Lorsque Jésus vient d’énoncer le
thème Tout m’ha été transmis par mon Père, l’explicite par la comparaison
père-fils ; voici ce qu’il veut dire, sous le voile d’une image familière :
comme un père parle avec con fils, comme il lui enseigne les lettres de la
Tora, comme il l’initie aux tours de main de son métier, ainsi Dieu m’a
donné la connaissance de lui-même. C’est pourquoi je suis seul à pouvoir
transmettre à d’autres la véritable connaissance de Dieu. »
Passage au
rite
Devant Dieu, Moïse avait peur de mourir. Jésus, par contre, nous dit que
Dieu n’est pas à craindre mais à aimer… il en est tellement sûr qu’il ose
s’abandonner en ses mains lorsque les hommes le crucifient. Nous sommes
devant cette révélation. Louons et remercions.
Pour le Notre
Père
Personne ne
connaît le Père sauf le Fils… c’est pourquoi il nous a donné de pouvoir
prier en toute vérité en disant…
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JEUDI
QUINZIÈME SEMAINE
Mt 11,28-30
Introduction
Jésus nous
dira tout à l’heure « Venez à moi ». Mais, pour que notre démarche vers lui
ne soit pas un échec il vient d’abord vers nous comme il était allé sauver
les hébreux en Égypte. Reconnaissons que nous avons besoin d’être libérés.
Pour l’homélie
Contexte.
Jésus rejeté par les cités, par les écoles rabbiniques de sa patrie (20-24),
par les lettrés de son peuple, scribes et pharisiens (25-27) ; Jésus se
tourne vers « les pauvres » (11,5b) vers ceux qui peinent sous le lourd
fardeau du légalisme juif. Notre texte n’affirme pas que la Sagesse
enseignée par Jésus apportera le repos aux hommes, mais que Jésus lui-même
est doux et humble de cœur : les exigences de Jésus sont, en elles-mêmes,
faciles à porter, parce qu’elles sont inséparables du salut qu’il apporte.
♦ v. 28.-
Alors que les sages d’Israël renvoyaient les hommes à la Sagesse, au joug de
la Tora, du Royaume, du Saint, des Commandements – le Christ matthéen presse
les hommes à s’attacher à sa propre personne (πρός με, pros me). Tous
les anciens et nombreux intermédiaires juifs sont absorbés par la présence
de Jésus. Le verbe Δεΰτε (deute, venez) : invitation pressante et
joyeuse (4,19 : Venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d'hommes ;
22,4 : tout est prêt, venez aux noces ; 25,34 : Venez, les bénis
de mon Père) – mais aussi à rompre avec d’autres maîtres – pour
s’attacher à Jésus.
♦ v. 28.-
Vous tous qui peinez sous le poids du fardeau. À quelle fatigue le texte
fait-il allusion ? Poids de la vie, les réglementations pharisiennes ? Le
joug des vv. 29-30 fait penser au poids du légalisme juif dans son ensemble
qui ne communiquait pas la joie du salut. Le verbe soulager au sens
eschatologique, devient en Jésus une réalité actuelle.
♦ v. 29.-
Vous trouverez le repos. Jésus ne vient pas libérer les hommes de toute
obligation morale ; aux exigences légales juives, il substitue les siennes
propres qui (ch.5 à 7) sont même plus radicales. Seulement, le maître qui
les propose il communique, en même temps, la joie du Royaume de miséricorde.
Le « joug »
signifie que l’homme tout entier est engagé dans cette obéissance, comme un
esclave dans son travail. Prendre le joug de Jésus c’est s’attacher à lui,
le suivre et apprendre de lui (la vraie portée de la Loi). Tout l’évangile
nos montre en Jésus le serviteur, humble devant Dieu et « doux » avec les
hommes, au contraire des moralistes. Il n’y a de repos, déjà selon Jer 6,16,
(Ainsi parle le SEIGNEUR : Arrêtez-vous sur les routes pour faire le
point, renseignez-vous sur les sentiers traditionnels. Où est la route du
bonheur ? Alors suivez-la et vous trouverez où vous refaire. Mais ils disent
: « Nous ne la suivrons pas ! ») que dans
un retour à Dieu et une nouvelle fidélité à la loi ; cette fidélité Jésus la
rend possible par sa vie et son enseignement.
♦ v. 30.- Mon joug, doux, mon fardeau, léger. Cette « légèreté » et «
douceur » du joug ou du fardeau de Jésus ne signifient pas qu’il exige moins
que les rabbins ; il exige plus, mais autrement.
Passage au
rite
Lors du
dernier repas, au moment de partir au mont de Oliviers, Jésus donna la
raison de la passion qu’il allait subir : « Mais de la sorte le monde saura
que j'aime mon Père et que j'agis conformément à ce que le Père m'a
prescrit. Levez-vous, partons d'ici ! » (Jn 14,31) Voici comment Jésus a
senti la dureté et la douceur en même temps, du joug de la croix, son joug
et le nôtre.
Pour le notre
Père
Tout en disant encore une fois la prière du Seigneur, demandons-lui qu’elle
soit pour nous « le joug » qui nous attache à lui pour toujours. Disons
donc…
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VENDREDI
QUINZIÈME SEMAINE
Mt 12,1-8
Introduction
Chaque
célébration eucharistique nous renvoie, d’abord, au dernier repas de Jésus ;
et encore au repas pascal des juifs, dont il a été le parfait
accomplissement. Reconnaissons que nous avons bien besoin d’être libérés et
pardonnés de nos péchés.
Pour l’homélie
Contexte.- Le
refus qui ne reconnaît Jésus comme instaurateur du Règne de Dieu est le
sujet des huit péricopes du chapitre 12. Elles introduisent l’apparente
contradiction : comment peut-il se faire que puisse être à la fois inauguré
sur la terre et contesté ou même ignore par les hommes ? À partir d’un
certain noyau historique le récit a reçu sa forme définitive par l’église
matthéenne. La grande importance du sabbat : « Signe de l’alliance
éternelle, comme la circoncision » ; mais aussi : « A vous le sabbat a été
livré et vous n’êtes pas livrés au sabbat » ; « Profane un seul sabbat pour
que tu puisses en garder beaucoup ».
♦ v. 1.-
En ce temps là : c’est-à-dire au moment où Jésus vient d’opposer son
joug léger à celui des pharisiens.
En suivant les sentiers souvent mal tracés peuvent cueillir des épis en
marchant. La législation juive était libérale à ce sujet : « Si tu entres
dans les blés de ton prochain, tu pourras cueillir des épis avec la main,
mais tu n’agiteras pas la faucille sur les blés de ton prochain » (Dt
23,25s).
♦ v. 2.-
Ce qu’il n’est pas permis de faire le jour du sabbat. Les pharisiens
n’accusent pas les disciples de vol, mais d’enfreindre la réglementation du
sabbat : moudre et venter le grain figuraient parmi les 39 travaux
élémentaires interdits.
♦ vv. 3-4.-
Le geste de David n’a rien à voir avec le sabbat. Le point de comparaison
peut être : de même que les compagnons de David se sont permis d’enfreindre
la loi ; à plus foret raison, les disciples de Jésus peuvent l’enfreindre
parce qu’ils sont avec le Messie – Jésus. Cet épisode peut refléter la
situation de l’église matthéenne en conflit avec les représentants officiels
du judaïsme.
♦ vv. 5-6.-
N’avez-vous pas lu dans la Loi. Si les prêtres peuvent violer le
sabbat parce qu’ils sont attachés au temple, a combien plus forte raison les
disciples peuvent aussi le faire parce qu’ils sont attaché au Messie ;
conformément à l’eschatologie juive le Messie est le Maître (ou
restaurateur) du Temple. Le sabbat a été violé, mais légitimement, par ce
temps nouveau inauguré par le Messie.
♦ v. 7.-
Si vous aviez compris ce que veut dire la parole : C’est la miséricorde que
je désire (Osée 6,6). Déjà apparu au sujet du repas avec les pécheurs
(Mt 9,13). Le mot sacrifice n’est pas seulement ce qui se faisait au Temple,
mais aussi l’observation des prescriptions religieuses en général. Ce verset
oppose l’exercice pratique de la miséricorde à la piété orgueilleuse et
méprisante des pharisiens toujours empressés à condamner ceux qui ne
faisaient pas comme eux.
♦ v. 8.-
Car le Fils de l’homme est maître… Si les disciples ont pu violer le
sabbat innocemment, c’est que leur Maître est le Seigneur du sabbat. Fils de
l’homme en tant que juge et sauveur des derniers jours. C’est leur foi et
leur appartenance à ce Seigneur qui a donné aux disciples et, bientôt, à
tout le christianisme la liberté de transgresses la loi rituelle juive
particulièrement les deux points capitaux du sabbat et de la circoncision.
Mais aussi parce que la miséricorde permet aux pécheurs et aux païens
d’accéder au salut.
Passage au
rite
De même que
les disciples (sans en avoir le droit) ont pu faire ce qu’ils ont fait parce
qu’ils étaient avec le Messie ; nous aussi, qui « n’en sommes pas dignes »,
si nous osons célébrer la mémoire de Jésus, c’est parce que, par la foi et
l’amour, nous voulons rester attachés à lui. Et seulement à lui.
Pour le notre
Père
L’agneau de
la Pâque juive, les épis de l’évangile, nous sont donnés avec le pain de ce
jour, comme Jésus nous l’a appris à demander. Ainsi, nous osons dire…
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Complément d’information sur l’affaire des épis arrachés
L’épisode des
épis grappillés dans les champs est daté, littéralement, du « sabbat
deuxième primer » (Lc 6,1), ce qu’il faut sans doute comprendre
comme « le deuxième sabbat du premier mois (de Nisan) », c'est-à-dire au
moment précis om va commencer la moisson de l’orge, dont on ne peut manger
les grains, selon Lv 23,10-14, avant d’avoir offert la première gerbe le
lendemain du sabbat. À dire vrai, la prescription du Lévitique ne concerne
que les épis grillés. Mais Luc a été attentif à cette prescription, quitte a
la restreindre encore ; il a, du même coup, donné à sa narration une portée
différente que celle perçue à une lecture superficielle. Le geste des
disciples devient discutable et critiquable par les Pharisiens moins parce
qu’ils violent le sabbat que parce qu’ils s’approprient et mangent ce qui
appartient à Dieu. Du même coup, la réponse de Jésus qui fait référence à
David et ses hommes mangeant les pains de proposition est plus adéquate, et
plus pertinente. (Jean-Pierre CHARLIER, « Jésus au milieu de son peuple »,
Tome III : Les jours et la vie. Cerf, Paris, 1989, Col. « Lire la Bible »,
n. 85, p. 78).
SAMEDI
QUINZIÈME SEMAINE
Mt 12,14-21
Introduction
Nous sommes
rassemblés comme tous les matins pour nous unir à l’offrande que Jésus fait
de sa vie au Père, son service : faire de nous tous ses fils d’adoption ;
libérés de tout mal. Pour que rien n’empêche notre union avec lui, demandons
pardon de nos péchés.
Pour l’homélie
Avec la
décision de faire mourir Jésus, ces versets montrent qu’entre Jésus et le
judaïsme officiel, il n’y a pas un conflit, un simple choc d’autorités, mais
un malentendu beaucoup plus grave : ce sont deux conceptions de
l’accomplissement d’Écritures qui s’affrontent.
♦ v. 15.-
Les Pharisiens se réunirent contre Jésus pour voir comment… Jésus était
bien conscient du complot des pharisiens contre lui. D’un côté le Christ de
Mt domine entièrement les diverses situations de son ministère ; de l’autre,
il suit une voie obscure où il paraît livré à la haine toujours plus
efficace de ses adversaires. Le verbe άναχωρέω (anajoreo) signifie se
retirer, se soustraire aux regards des pharisiens. La citation d’Is
explicite : il faut qu’il se retire pour accomplir dans la paix et la
solitude un ministère qui n’est pas encore terminé.
♦ v. 16.- Le
verbe employé pour « ordonner le silence » (έπιτιμάν, epitiman) c’est
très fort : c’est un ordre accompagné d’une menace. On ne peut pas savoir
exactement ce qui s’est passé au niveau historique, mais nous pouvions
savoir ce que Mt en pense par la citation d’Is.
♦ vv. 17-21.-
Afin que (ίνα, ina)… Il s’agit d’accomplir le dessin de Dieu
auquel Jésus se soumet humblement qui doit s’accomplir. Cette destinée,
d’après Mt, eut à se découvrir au travers certains textes de l’AT ignorés ou
mal interprétés par le judaïsme officiel. La volonté d’accomplir son
ministère sans cris ni violences n’est pas dépourvue de certaines bases
scripturaires. Mt veut faire réfléchir « à la juive », pas du tout démontrer
quoi que ce soit.
Remarques
sur la citation d’Is.- 1) La plus longue citation d’Is dans Mt. Jésus «
devait » interdire aux miraculés la propagande « dans les rues ». 2) C’est
une référence biblique déjà élaborée par la communauté Mt. 3) Mt a choisi
les versets qui insistent le plus sur ce que le Serviteur ne fera pas ; en
effet, c’est ce que Jésus n’avait pas fait qui avait surtout déçu l’attente
messianique de judaïsme orthodoxe. 4) Malgré cette absence de violence, le
Serviteur n’en poursuit pas moins jusqu’au bout une œuvre de justice
(κρίσις, krisis) (vv. 18 et 20). 5) La double mention des nations correspond
au thème de l’évangile écrit « contre » le judaïsme de la diaspora
syro-palestinienne des années 80 qui apparaissait déjà du vivant de Jésus.
Passage au
rite
Moïse a été
serviteur. Jésus aussi. Chacun en toute fidélité dans sa mission. Nous
dirons aussi « et nous te rendons grâce car tu nous as choisi pour servir en
ta présence ». Unissons-nous à l’offrande et au service de Jésus, nous
aussi.
Pour le Notre
Père
Que ton Règne
vienne. Celui-ci a été le service accompli par Jésus. En faisant la prière
que lui-même nous a enseignée nous nous engageons à servir comme lui. Disons
donc…
retour