Messes des jours en semaine T. O. :  QUINZIÈME SEMAINE


INDEX

LUNDI QUINZIÈME SEMAINE
MARDI QUINZIEME SEMAINE
MERCREDI QUINZIÈME SEMAINE
JEUDI QUINZIÈME SEMAINE
VENDREDI QUINZIÈME SEMAINE
SAMEDI QUINZIÈME SEMAINE

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Mt 10,42: Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d'eau fraîche, à l'un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis: in ne perdra pas sa récompense.

 

LUNDI QUINZIÈME SEMAINE
Mt 10,34 – 11,1

Introduction
            D’une part Jésus a dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». D’autre part il nous dira tout de suite :      « N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive (qui divise). » Mais il faut distinguer entre « paix » et « paix » : « Ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre. » La paix de Jésus est son pardon pourvu, que nous reconnaissions en avoir besoin.

Pour l’homélie
            Vision d’ensemble. Quatrième partie du Discours missionnaire. (Voir mardi 14ème semaine). Ce qui précède c’était des exhortations au courage jusqu’au martyre ; maintenant, Jésus, vient-il « diviser » ? Il n’en est rien. Ces paroles du Christ matthéen ont bien pour but d’exhorter les disciples au témoignage sans peur, mais cette exhortation s’exprime sur la base de la mission du Christ lui-même ; l’idée essentielle est donc : pour savoir souffrir en témoin, il faut s’armer, non seulement de courage, mais d’une exacte compréhension de la destinée du Christ lui-même.

            ♦ v. 34.- Ne croyez pas… Il s’agit de corriger quelque malentendu ou quelque erreur qui circulait au sein de la communauté messianique ou des églises mathéennes.

            ♦ v. 34.- La paix (ειρηνη, eirene ; shalom, hébreu). Le shalom apporté par Jésus ne se fera pas en écrasant les adversaires, ni tous les peuples, par une domination humaine et impitoyable. L’idée essentielle est que les hommes seront violemment divisés au sujet de Jésus. On ne sait pas exactement en raison de quoi les hommes seront divisés à cause du Christ : à cause de devoir quitter leurs proches ? ; par l’incapacité des hommes à se mettre d’accord sur la personne de Jésus ?

            ♦ 37-42.- Il n’y a pas d’adhésion au Christ qui ne soit pas une dangereuse aventure publique ; et il n’y a pas d’ « engagement » public aux ordres du Christ qui ne soit pas en même temps l’acte le plus intime et personnel (perdre sa vie).

            « Celui qui aime… » (pas άγαπαν, agapan ; mais φιλειν, filein : rare en Mt ; pris en général dans un sens péjoratif : s’attacher à quelqu’un, à quelque chose pour y prendre plaisir). Ce verset n’oppose pas deux sentiments ou affectivités intérieures en elles-mêmes, mais deux démarches concrètes ; celui qui, sur le point de suivre Jésus, serait arrêté par des liens familiaux, celui-là serait indigne de Lui. S’il fallait choisir… il faudrait... «…n’est pas digne » : Celui qui ne veut pas rompre les liens les plus chers (si cela était nécessaire) pour me suivre se révèle indigne ou, plus exactement, se constitue indigne de moi.

            ♦ v. 38 : Prendre sa croix. L’essentiel est : suivre le Christ, c’est le suivre sur un chemin de souffrances violentes et publiques (caractère honteux du crucifiement). Il annonce à ses disciples la même violence et le même mépris qu’il endurera lui-même.

            ♦ v. 39 : Perdre sa vie signifie mourir de mort violente, non pour une raison quelconque, mais à cause de Jésus, en le suivant. C’est le Christ matthéen qui, seul, peut promettre la vie éternelle dans son Royaume à ceux qui lui resteront fidèles.

            ♦ vv. 10,40 – 11,1 : Qui vous accueille Si le Christ matthéen confère son autorité aux apôtres, c’est que ceux-ci le représenteront, le rendront présent aux hommes ; non certes par eux-mêmes mais en tant que témoins du Règne, prédicateurs, enseignants et exorcistes « autorisés » par le Christ. Recevoir / accueillir, doit être pris dans le sens très concret de l’hospitalité et en celui de la soumission à la parole apportée par l’apôtre. Dignité de l’apôtre = prophète = juste, même les plus humbles.

Passage au rite
            En venant à la messe nous avons choisi, nous allons accueillir, mais aussi être accueillis.

Pour le Notre Père
            « Que ton Règne vienne » : prions pour que nous soyons disponibles pour collaborer à le faire advenir. Depuis mardi dernier (9,32-38)    retour




MARDI QUINZIÈME SEMAINE
Mt 11,20-40

Introduction
            Dans une occasion Jésus avait dit : « À qui l'on a beaucoup confié, on réclamera davantage » (Lc 12,48c). Laissons-nous interroger par Jésus, qui nous a beaucoup donné, soit pour lui rendre grâces des dons reçus, soit aussi pour lui demander pardon de nos négligences.

Pour l’homélie
            ♦ v. 11,19 : Mais la sagesse a été justifié par ses œuvres. « Les œuvres qui justifient » sont les miracles et toute l’activité de Jésus. Parallèle assez stricte (Lc 7,35) qui peut être signe d’ipsissima verba Iesu.

            ♦ v. 20 : Faire des reproches : avec une nuance d’amertume ou de mépris. Jésus ne leur reproche pas leur misère morale ni leur désobéissance générale, mais le fait beaucoup plus précis qu’elles ne se sont pas converties (adhérer à Jésus) malgré les nombreux miracles. Εγένετο (egeneto) : passif = faits par Dieu par l’intermédiaire de Jésus.

            ♦ v. 21 : Malheureuse (ούαί, uai) : exprime souffrance et indignation. Bethsaïda = maison des poissons.

            ♦ v. 22 : Tyr et Sidon : Toutes proches des régions où, après la chute de Jérusalem en 70, d’innombrables juifs se réfugièrent et furent les témoins et les adversaires de la première expansion du christianisme. Elles ne porteront pas la responsabilité d’avoir vu Jésus agir au milieu d’elles.

            ♦ v. 23 : Capharnaüm « élevée » par les miracles ; rabaissée au jour du jugement.

            ♦ v. 24 : Etre témoin de l’activité de Jésus charge d’une responsabilité bien plus grande que l’ignoran- ce de Dieu et la dépravation morale.

Passage au rite
            Puisqu’il est censé que nous avons la foi ; nous sommes « témoins de l’activité » de salut de Jésus pour nous sur l’autel. Que l’Esprit nous garde en unité, surtout avec Jésus. (Que nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps).

Pour le Notre Père
            Délivre-nous du mal ; Ne nous soumets pas. Prions humblement en reconnaissant notre faiblesse.    retour



MERCREDI QUINZIÈME SEMAINE
Mt 11,25-27

Introduction
            Devant Dieu nous ne pouvons pas nous déguiser. Devant lui nous sommes tels que nous sommes. Peut être c’est cela que signifie être nu-pieds devant lui. Du fond de notre cœur disons à Dieu notre vérité et qu’il pardonne ce qui est indigne de lui.

Pour l’homélie
            Contexte.- L’ensemble des ch. 11, 12 et 13 montre une unité remarquable autour du thème de ce qui est « caché » (sommet : dans les paraboles du ch. 13). La pointe de cette péricope ne porte pas tant sur le Fils comme tel, plutôt sur ce qu’il « révèle » aux hommes et la manière particulière dont Dieu se révèle par le ministère de Jésus.

            ♦ v. 25.- En ce temps-là. Litt. En ce moment (εν πω καιρώ, en to kairó) est un moment théologique : refus des uns, acceptation des autres. Jésus remercie, ou loue, son Père (έζομολογείν, ezomologein) pour son « échec », plus exactement : pour son échec auprès des sages et intelligents ; non pas qu’il préfère, par sympathie naturelle, les petits gens aux « élites » ; mais il reconnaît que cet échec, et la réussite qui l’accompagne, correspondent à l’essence même de l’œuvre qu’il accomplit au service des hommes et de son Père : sauver les pauvres, ceux que méprisent les puissants.

            ♦ v. 25.- Ce que tu (ταΰτα, tauta), c’est l’ensemble de l’œuvre révélatrice de Jésus.

            ♦ v. 26.- Tu l’as voulu ainsi. Ce n’est pas l’homme, ni Jésus, le sujet de « cacher »/« révéler », mais Dieu.

            ♦ v. 27.- Tout m’a été confié (παραδιδόναι, paradidonai : donner, livrer). Jésus se dit investi d’un pouvoir, d’une autorité, qui, immanquablement, devait entrer en conflit avec cette des rabbins. De même que Dieu révèle son Fils aux hommes, le Fils révèle son Père par toute son activité.

            « Fils » (υίος, yios) au sens de l’A. T. de fils bien-aimé d’un père qu’il représente et dont il accomplit l’œuvre comme un service.

            J. JEREMIAS (« Abba. Jésus et son Père », p. 56). « Lorsque Jésus vient d’énoncer le thème Tout m’ha été transmis par mon Père, l’explicite par la comparaison père-fils ; voici ce qu’il veut dire, sous le voile d’une image familière : comme un père parle avec con fils, comme il lui enseigne les lettres de la Tora, comme il l’initie aux tours de main de son métier, ainsi Dieu m’a donné la connaissance de lui-même. C’est pourquoi je suis seul à pouvoir transmettre à d’autres la véritable connaissance de Dieu. »

Passage au rite
            Devant Dieu, Moïse avait peur de mourir. Jésus, par contre, nous dit que Dieu n’est pas à craindre mais à aimer… il en est tellement sûr qu’il ose s’abandonner en ses mains lorsque les hommes le crucifient. Nous sommes devant cette révélation. Louons et remercions.

Pour le Notre Père
            Personne ne connaît le Père sauf le Fils… c’est pourquoi il nous a donné de pouvoir prier en toute vérité en disant…    retour




JEUDI QUINZIÈME SEMAINE
Mt 11,28-30

Introduction
            Jésus nous dira tout à l’heure « Venez à moi ». Mais, pour que notre démarche vers lui ne soit pas un échec il vient d’abord vers nous comme il était allé sauver les hébreux en Égypte. Reconnaissons que nous avons besoin d’être libérés.

Pour l’homélie
            Contexte. Jésus rejeté par les cités, par les écoles rabbiniques de sa patrie (20-24), par les lettrés de son peuple, scribes et pharisiens (25-27) ; Jésus se tourne vers « les pauvres » (11,5b) vers ceux qui peinent sous le lourd fardeau du légalisme juif. Notre texte n’affirme pas que la Sagesse enseignée par Jésus apportera le repos aux hommes, mais que Jésus lui-même est doux et humble de cœur : les exigences de Jésus sont, en elles-mêmes, faciles à porter, parce qu’elles sont inséparables du salut qu’il apporte.

            ♦ v. 28.- Alors que les sages d’Israël renvoyaient les hommes à la Sagesse, au joug de la Tora, du Royaume, du Saint, des Commandements – le Christ matthéen presse les hommes à s’attacher à sa propre personne (πρός με, pros me). Tous les anciens et nombreux intermédiaires juifs sont absorbés par la présence de Jésus. Le verbe Δεΰτε (deute, venez) : invitation pressante et joyeuse (4,19 : Venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d'hommes ; 22,4 : tout est prêt, venez aux noces ; 25,34 : Venez, les bénis de mon Père) – mais aussi à rompre avec d’autres maîtres – pour s’attacher à Jésus.

            ♦ v. 28.- Vous tous qui peinez sous le poids du fardeau. À quelle fatigue le texte fait-il allusion ? Poids de la vie, les réglementations pharisiennes ? Le joug des vv. 29-30 fait penser au poids du légalisme juif dans son ensemble qui ne communiquait pas la joie du salut. Le verbe soulager au sens eschatologique, devient en Jésus une réalité actuelle.

            ♦ v. 29.- Vous trouverez le repos. Jésus ne vient pas libérer les hommes de toute obligation morale ; aux exigences légales juives, il substitue les siennes propres qui (ch.5 à 7) sont même plus radicales. Seulement, le maître qui les propose il communique, en même temps, la joie du Royaume de miséricorde.

            Le « joug » signifie que l’homme tout entier est engagé dans cette obéissance, comme un esclave dans son travail. Prendre le joug de Jésus c’est s’attacher à lui, le suivre et apprendre de lui (la vraie portée de la Loi). Tout l’évangile nos montre en Jésus le serviteur, humble devant Dieu et « doux » avec les hommes, au contraire des moralistes. Il n’y a de repos, déjà selon Jer 6,16, (Ainsi parle le SEIGNEUR : Arrêtez-vous sur les routes pour faire le point, renseignez-vous sur les sentiers traditionnels. Où est la route du bonheur ? Alors suivez-la et vous trouverez où vous refaire. Mais ils disent :      « Nous ne la suivrons pas ! ») que dans un retour à Dieu et une nouvelle fidélité à la loi ; cette fidélité Jésus la rend possible par sa vie et son enseignement.

               ♦ v. 30.- Mon joug, doux, mon fardeau, léger. Cette « légèreté » et « douceur » du joug ou du fardeau de Jésus ne signifient pas qu’il exige moins que les rabbins ; il exige plus, mais autrement.

Passage au rite
            Lors du dernier repas, au moment de partir au mont de Oliviers, Jésus donna la raison de la passion qu’il allait subir : « Mais de la sorte le monde saura que j'aime mon Père et que j'agis conformément à ce que le Père m'a prescrit. Levez-vous, partons d'ici ! » (Jn 14,31) Voici comment Jésus a senti la dureté et la douceur en même temps, du joug de la croix, son joug et le nôtre.

Pour le notre Père
            Tout en disant encore une fois la prière du Seigneur, demandons-lui qu’elle soit pour nous « le joug » qui nous attache à lui pour toujours. Disons donc…    retour




VENDREDI QUINZIÈME SEMAINE
Mt 12,1-8

Introduction
            Chaque célébration eucharistique nous renvoie, d’abord, au dernier repas de Jésus ; et encore au repas pascal des juifs, dont il a été le parfait accomplissement. Reconnaissons que nous avons bien besoin d’être libérés et pardonnés de nos péchés.

Pour l’homélie
            Contexte.- Le refus qui ne reconnaît Jésus comme instaurateur du Règne de Dieu est le sujet des huit péricopes du chapitre 12. Elles introduisent l’apparente contradiction : comment peut-il se faire que puisse être à la fois inauguré sur la terre et contesté ou même ignore par les hommes ? À partir d’un certain noyau historique le récit a reçu sa forme définitive par l’église matthéenne. La grande importance du sabbat : « Signe de l’alliance éternelle, comme la circoncision » ; mais aussi : « A vous le sabbat a été livré et vous n’êtes pas livrés au sabbat » ; « Profane un seul sabbat pour que tu puisses en garder beaucoup ».

            ♦ v. 1.- En ce temps là : c’est-à-dire au moment où Jésus vient d’opposer son joug léger à celui des pharisiens.
En suivant les sentiers souvent mal tracés peuvent cueillir des épis en marchant. La législation juive était libérale à ce sujet : « Si tu entres dans les blés de ton prochain, tu pourras cueillir des épis avec la main, mais tu n’agiteras pas la faucille sur les blés de ton prochain » (Dt 23,25s).

            ♦ v. 2.- Ce qu’il n’est pas permis de faire le jour du sabbat. Les pharisiens n’accusent pas les disciples de vol, mais d’enfreindre la réglementation du sabbat : moudre et venter le grain figuraient parmi les 39 travaux élémentaires interdits.

            ♦ vv. 3-4.- Le geste de David n’a rien à voir avec le sabbat. Le point de comparaison peut être : de même que les compagnons de David se sont permis d’enfreindre la loi ; à plus foret raison, les disciples de Jésus peuvent l’enfreindre parce qu’ils sont avec le Messie – Jésus. Cet épisode peut refléter la situation de l’église matthéenne en conflit avec les représentants officiels du judaïsme.

            ♦ vv. 5-6.- N’avez-vous pas lu dans la Loi. Si les prêtres peuvent violer le sabbat parce qu’ils sont attachés au temple, a combien plus forte raison les disciples peuvent aussi le faire parce qu’ils sont attaché au Messie ; conformément à l’eschatologie juive le Messie est le Maître (ou restaurateur) du Temple. Le sabbat a été violé, mais légitimement, par ce temps nouveau inauguré par le Messie.

            ♦ v. 7.- Si vous aviez compris ce que veut dire la parole : C’est la miséricorde que je désire (Osée 6,6). Déjà apparu au sujet du repas avec les pécheurs (Mt 9,13). Le mot sacrifice n’est pas seulement ce qui se faisait au Temple, mais aussi l’observation des prescriptions religieuses en général. Ce verset oppose l’exercice pratique de la miséricorde à la piété orgueilleuse et méprisante des pharisiens toujours empressés à condamner ceux qui ne faisaient pas comme eux.

            ♦ v. 8.- Car le Fils de l’homme est maître… Si les disciples ont pu violer le sabbat innocemment, c’est que leur Maître est le Seigneur du sabbat. Fils de l’homme en tant que juge et sauveur des derniers jours. C’est leur foi et leur appartenance à ce Seigneur qui a donné aux disciples et, bientôt, à tout le christianisme la liberté de transgresses la loi rituelle juive particulièrement les deux points capitaux du sabbat et de la circoncision. Mais aussi parce que la miséricorde permet aux pécheurs et aux païens d’accéder au salut.

Passage au rite
            De même que les disciples (sans en avoir le droit) ont pu faire ce qu’ils ont fait parce qu’ils étaient avec le Messie ; nous aussi, qui « n’en sommes pas dignes », si nous osons célébrer la mémoire de Jésus, c’est parce que, par la foi et l’amour, nous voulons rester attachés à lui. Et seulement à lui.

Pour le notre Père
            L’agneau de la Pâque juive, les épis de l’évangile, nous sont donnés avec le pain de ce jour, comme Jésus nous l’a appris à demander. Ainsi, nous osons dire…    retour

                                                  Complément d’information sur l’affaire des épis arrachés

            L’épisode des épis grappillés dans les champs est daté, littéralement, du « sabbat deuxième primer » (Lc 6,1), ce qu’il faut  sans doute comprendre comme « le deuxième sabbat du premier mois (de Nisan) », c'est-à-dire au moment précis om va commencer la moisson de l’orge, dont on ne peut manger les grains, selon Lv 23,10-14, avant d’avoir offert la première gerbe le lendemain du sabbat. À dire vrai, la prescription du Lévitique ne concerne que les épis grillés. Mais Luc a été attentif à cette prescription, quitte a la restreindre encore ; il a, du même coup, donné à sa narration une portée différente que celle perçue à une lecture superficielle. Le geste des disciples devient discutable et critiquable par les Pharisiens moins parce qu’ils violent le sabbat que parce qu’ils s’approprient et mangent ce qui appartient à Dieu. Du même coup, la réponse de Jésus qui fait référence à David et ses hommes mangeant les pains de proposition est plus adéquate, et plus pertinente. (Jean-Pierre CHARLIER, « Jésus au milieu de son peuple », Tome III : Les jours et la vie. Cerf, Paris, 1989, Col. « Lire la Bible », n. 85, p. 78).


SAMEDI QUINZIÈME SEMAINE
Mt 12,14-21

Introduction
            Nous sommes rassemblés comme tous les matins pour nous unir à l’offrande que Jésus fait de sa vie au Père, son service : faire de nous tous ses fils d’adoption ; libérés de tout mal. Pour que rien n’empêche notre union avec lui, demandons pardon de nos péchés.

Pour l’homélie
            Avec la décision de faire mourir Jésus, ces versets montrent qu’entre Jésus et le judaïsme officiel, il n’y a pas un conflit, un simple choc d’autorités, mais un malentendu beaucoup plus grave : ce sont deux conceptions de l’accomplissement d’Écritures qui s’affrontent.

            ♦ v. 15.- Les Pharisiens se réunirent contre Jésus pour voir comment… Jésus était bien conscient du complot des pharisiens contre lui. D’un côté le Christ de Mt domine entièrement les diverses situations de son ministère ; de l’autre, il suit une voie obscure où il paraît livré à la haine toujours plus efficace de ses adversaires. Le verbe άναχωρέω (anajoreo) signifie se retirer, se soustraire aux regards des pharisiens. La citation d’Is explicite : il faut qu’il se retire pour accomplir dans la paix et la solitude un ministère qui n’est pas encore terminé.

            ♦ v. 16.- Le verbe employé pour « ordonner le silence » (έπιτιμάν, epitiman) c’est très fort : c’est un ordre accompagné d’une menace. On ne peut pas savoir exactement ce qui s’est passé au niveau historique, mais nous pouvions savoir ce que Mt en pense par la citation d’Is.

            ♦ vv. 17-21.- Afin que (ίνα, ina)… Il s’agit d’accomplir le dessin de Dieu auquel Jésus se soumet humblement qui doit s’accomplir. Cette destinée, d’après Mt, eut à se découvrir au travers certains textes de l’AT ignorés ou mal interprétés par le judaïsme officiel. La volonté d’accomplir son ministère sans cris ni violences n’est pas dépourvue de certaines bases scripturaires. Mt veut faire réfléchir « à la juive », pas du tout démontrer quoi que ce soit.

            Remarques sur la citation d’Is.- 1) La plus longue citation d’Is dans Mt. Jésus « devait » interdire aux miraculés la propagande « dans les rues ». 2) C’est une référence biblique déjà élaborée par la communauté Mt. 3) Mt a choisi les versets qui insistent le plus sur ce que le Serviteur ne fera pas ; en effet, c’est ce que Jésus n’avait pas fait qui avait surtout déçu l’attente messianique de judaïsme orthodoxe. 4) Malgré cette absence de violence, le Serviteur n’en poursuit pas moins jusqu’au bout une œuvre de justice (κρίσις, krisis) (vv. 18 et 20). 5) La double mention des nations correspond au thème de l’évangile écrit « contre » le judaïsme de la diaspora syro-palestinienne des années 80 qui apparaissait déjà du vivant de Jésus.

Passage au rite
            Moïse a été serviteur. Jésus aussi. Chacun en toute fidélité dans sa mission. Nous dirons aussi « et nous te rendons grâce car tu nous as choisi pour servir en ta présence ». Unissons-nous à l’offrande et au service de Jésus, nous aussi.

Pour le Notre Père
            Que ton Règne vienne. Celui-ci a été le service accompli par Jésus. En faisant la prière que lui-même nous a enseignée nous nous engageons à servir comme lui. Disons donc…    retour