LUNDI SEIZIÈME
SEMAINE
Mt 12,38-42
Introduction
Jonas a été
englouti par le gros poisson. Les hébreux traverseront la mer rouge à pied
sec. Jésus aussi a été englouti dans la mort. Dans la célébration de la
messe laissons-nous engloutir par la mort avec Jésus afin de ressusciter
lui, tous nos péchés pardonnés.
Pour l’homélie
Contexte.-
Après que Jésus a été accusé d’être possédé du diable et d’avoir répondu à
l’accusation (qui n’a pas été proclamé aux lectures en semaine) ses
adversaires viennent à lui dire : « Si tu veux que nous ne parlions mal de
toi fais-nous donc voir un signe qui atteste ta messianité ! » (Mt 12,36-37
: Or je vous le dis: les hommes rendront compte au jour du jugement de
toute parole sans portée qu'ils auront proférée. Car c'est d'après tes
paroles que tu seras justifié, et c'est d'après tes paroles que tu seras
condamné.») « Cette génération » sera doublement coupable : elle
n’a pas compris le signe de Jonas, ni celui du Christ Jésus.
♦ v. 38.-
Maître, nous voudrions un signe venant de toi. D’après BONNARD (p. 182),
la requête est polie et sérieuse, elle l’était probablement aussi dans leurs
esprits. Le verbe « nous voudrions » (θέλειν thelein) exprime aussi
bien un désir sincère qu’une exigence impérative. Le mot signe (σμηειον,
semeion) plus encore que le miracle en général (δύναις, dynamis)
était une notion cataloguée par la tradition juive, le Messie devait se
faire reconnaître à certains signes bien précis. Le Messie devait se faire
connaître par des signes précis, divers selon les écoles rabbiniques.
♦ v. 39.-
Cette génération réclame un signe. Cette question du signe doit avoir
troublé les contemporains et puis les disciples de Jésus.
La génération
a un sens plus théologique que chronologique : le peuple d’Israël tel qu’il
répond ou qu’il ne répond pas aux avertissements que Dieu lui envoie en un
temps donné. Une génération forme un tout solidaire devant Dieu.
♦ v. 39.-
Le signe de Jonas est le signe qui caractérise la destinée de Jonas et,
après elle, celle de Jésus, à savoir, l’engloutissement dans la mort.
Attention !! Le texte ne contient aucune allusion à la délivrance de Jonas,
ni à la résurrection de Jésus. Jésus n’offre que le contresigne de sa mort
prochaine. Comment croire à un Juge et à Libérateur qui partagerait la
destinée dérisoire de Jonas dans la baleine ?
♦ v. 40.- Les
mots de même que (καθώς οΰτώς, catho autôs) : il n’y aura rien
de plus signifiant dans la destinée de Jésus que dans celle de Jonas : il
sera également englouti dans la mort. Notre verset ne contient aucune
allusion à la résurrection de Jésus. Le but des vv. 39-40 n’est donc pas de
faire allusion à la Résurrection, mais de relever le signe paradoxal et
déconcertant de la mort du Fils de l’homme.
♦ vv. 41-42.-
Privés des signes qu’ils demandent, les juifs ne se repentiront pas et
seront devancés par les païens au jugement dernier. La phrase il y a ici
plus que Jonas ou Salomon résume la pensée de toute la péricope. Plus que :
il n’y a donc pas plus de raisons humaines de croire en Jésus qu’en Jonas ou
à l’A. T. en général. Jésus est plus que l’A. T. puisqu’il est le Messie,
mais ce plus que se présente dans une humanité bientôt engloutie dans la
mort de la croix. Au plus infini en dignité devant Dieu correspond un moins
aux yeux des hommes, et c’est là ce que cette génération ne pouvait
supporter.
Passage au
rite
Même si au
point de vue humain, ni les hébreux, ni Jonas, ni Jésus n’avaient pas
d’issue, se remettre à Dieu en toute générosité, gratuité et liberté ne peut
aucunement décevoir. C’est dans ce mystère de Jésus que nous allons entrer.
Pour le Notre
Père
La sagesse bien plus grande que celle de Salomon, Jésus nous l’a transmise
en nous donnant la prière du Notre Père. Que l’Esprit Saint nous aide à en
approfondir le sens, en disant…
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MARDI SEIZIÈME
SEMAINE
Mt 12,46-50
Introduction
Préparons-nous à célébrer l’eucharistie. Nous avons eu une préparation, la
vraie, l’unique légitimation : notre plongeon dans les eaux baptismales.
Prions le Seigneur de renouveler en nous la grâce du Baptême pour bien
entrer dans la célébration du Mystère du Christ.
Pour l’homélie
Contexte.-
L’intention de Mt en plaçant cette péricope à la fin des conflits avec les
pharisiens, veut montrer la rupture dramatique de Jésus avec les plus
proches : les Pharisiens et sa propre famille. Seul le maître était
supérieur au père : Les parents se bornent à donner à l’enfant la vie de ce
monde, tandis que le maître l’amène à la vie du monde à venir. (Sentence
rabbinique). Mais de façon générale les rabbins exaltent la piété filiale
avec une ferveur à peine croyable. On enseignait même que, dans certains
cas, l’honneur des parents devait passer avant celui de Dieu (Pea, 15).
♦ v. 46.-
Sa mère et ses frères. Les « frères » : conformément au dogme de la
virginité perpétuelle de Marie, les exégètes catholique romains voient dans
ces frères soit de fils de Joseph, mais d’un autre lit (antérieur), soit des
proches parents ou cousins comme pourrait l’autoriser la traduction grecque
du mot hébreu correspondant.
♦ v. 47.-
Quelqu’un lui dit : Ta mère... Ce verset manque dans de très importants
manuscrits. Ni Mt ni Lc ne parlent pas des raisons de la recherche de la
famille, contrairement à Mc 3,21 (Il a perdu la tête).
♦ v. 48.-
Qui est ma mère, qui sont mes frères ? Remarquons l’absence du père de
Jésus ici comme dans tout au long du ministère de Jésus. Les mots de ce
verset ne sont pas à comprendre comme ♦ un reniement de sa famille, de la
part de Jésus.
v. 50.-
Celui qui fait la volonté de mon Père... Le Christ de Mt rappelle
maintes fois l’importance de la pratique de la volonté de Dieu. S’attacher à
Jésus ne signifie pas autre chose que faire la volonté de son Père :
c’est-à-dire l’obéissance concrète de la loi interprétée par le Christ.
Grâce au
Christ, qui la révèle et en rend l’accomplissement urgent et possible, cette
volonté peut être faite immédiatement et joyeusement. Yuda ben Tema disait :
Sois fort comme un léopard, agile comme l’aigle, rapide comme le cerf,
courageux comme le lion en vue de faire la volonté de ton Père qui est dans
le ciel. (Piké Abot, 20. [Sentences étiques des Pères, compilées entre 250
et 275. Ensemble de cinq chapitres de la Mishna : c’est-à-dire mise par
écrit de la tradition orale]).
Passage au
rite
Dans Jn,
Jésus dit que sa nourriture c’est d’accomplir la volonté de son Père. Pour
que nous soyons capables de faire pareillement, il se donne à nous offert au
Père en victime et à nous en nourriture.
Pour le notre
Père
La volonté du Père c’est que son nom soit sanctifié par tous les hommes, ce
qui est l’équivalent de dire qu’ils arrivent à appartenir tous à son Règne.
Comme Jésus nous l’a appris, disons...
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MERCREDI
SEIZIÈME SEMAINE
Mt 13,1-9
Introduction
Préparons-nous à célébrer l’eucharistie. Elle sera pour nous, aujourd’hui,
expression du souci que Dieu a pour nous, son peuple. Car nous y serons
nourris comme les hébreux dans le désert ; nous y serons instruits comme les
foules au bord du lac. Que Dieu lui-même enlève tous les empêchements.
Pour l’homélie
Contexte.-
Pour neuf jours de suite nous lirons en entier le ch. 13 de Mt, le discours
en paraboles. * Interlocuteurs à tenir en compte : 1) les disciples
(l’église syro – palestinienne des années 80) – à ceux-ci les paraboles
doivent expliquer pourquoi le règne, inauguré par Jésus, n’éclate pas encore
dans la gloire ; 2) les pharisiens (ou scribes et pharisiens), du dehors,
elles doivent expliquer, avant tout que, ce qu’ils peuvent voir du règne, de
l’extérieur, est bien fait pour les confirmer dans leur refus de croire en
l’autorité de Jésus, et que cela fait partie du mystère, c’est-à-dire du
dessein de Dieu pour son règne. ** Les paraboles apportent des instructions
au sujet d’une réalité éminemment contestée et particulière du Règne de Dieu
inauguré par Jésus ; les comprendre, c’est comprendre le rôle et l’autorité
de Jésus dans l’établissement actuel et à venir de ce Règne.
♦ vv. 1-3a.-
Ce jour-là ... beaucoup de choses en paraboles. Formule pédagogique à
relier à ce qui précède. Il ne s’agit plus de l’annonce ou de la
proclamation du Règne, mais d’un enseignement à son sujet. Cet enseignement
est donné à de grandes foules, mais seuls les disciples le comprennent.
Παραβολή (parabolé, parabole) traduit un mot hébreu (mâchâl) qui
désigne toute espèce d’enseignement sous forme de comparaisons, souvent
énigmatiques.
♦ v. 3b.-
...est sorti... C’est un événement qui a déjà eu lieu. Tous les verbes
sont à l’aoriste (passé).
♦ vv. 4-7.-
Comme il semait... Sur les six versets de la parable, quatre
décrivent l’échec des semailles ; c’est la pointe du récit. Tous ces échecs
sont dus à un élément destructeur extérieur ; l’accent ne porte pas
tellement sur les terrains en eux-mêmes que sur l’anéantissement de la jeune
plante par des forces contraires.
Peut-on
mettre ensemble les deux idées : d’autorité messianique – et – d’échec ?
Telle est, sembla-t-il, la question posée par le corps de la parabole.
♦ v. 8.-
D’autres sont tombé sur la bonne terre. La réussite exceptionnelle
racontée à la fin de la parabole n’a pas pour but de faire oublier les
échecs. Dans Mt, surtout, comment accepter l’idée qu’il y aura une récolte,
mais à travers de pertes considérables ?
♦ v. 9.-
Celui qui a des oreilles... Qu’est-ce que les auditeurs de Jésus
pouvaient comprendre s’ils n’avaient pas la foi, la seule qui aurait pu
faire comprendre ?
Sens résumé
de la parabole : Tout comme le semeur palestinien fait son œuvre à travers
de difficultés nombreuses et le plus souvent victorieuses, le Règne de Dieu
inauguré par Jésus ne s’établira qu’au travers de nombreux et
impressionnants échecs. L’accent principal porte sur le fait que Jésus et le
royaume « devaient » être « étouffés » avant la victoire finale à la fin des
temps.
Passage au
rite
Nous allons rendre présent l’étouffement du Grain de Blé (grand G) tombé sur
terre, mort mais qui a fructifié. Puissions-nous être du nombre des cent
pour un.
Pour le Notre
Père
« Notre pain de ce jour » est le Corps du Christ semé en notre cœur. Comme
il nous l’a appris nous osons dire.
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JEUDI SEIZIÈME
SEMAINE
Mt 13,10-17
Introduction
Préparons-nous à célébrer l’Eucharistie. C’est la rencontre avec le Seigneur
qui vient. Mais il nous dit, comme toujours il l’a dit : « Si tu veux… »
Ouvrons nos cœurs pour que le Seigneur lui-même enlève tout empêchement à
cette rencontre de salut d’aujourd’hui
Pour l’homélie
Contexte (vv. 10-15). Aucun pharisien ne peut comprendre que le Messie
puisse échouer. Cette incompréhension s’exprime aussi dans la prétention
pharisienne à avoir la compétence religieuse. Elle devient en même temps
jugement de Dieu contre les pharisiens.
♦ v. 10.-
Les disciples s’approchèrent... Ce sont seulement les disciples qui
posent la question à Jésus. Pourquoi leur parles-tu en paraboles (alors
qu’il n’a parlé en paraboles qu’une seule fois). L’interrogation des
disciples a une nuance d’étonnement et agressivité : « pourquoi leur
parles-tu en paraboles, alors qu’il serait si facile d’être plus simple,
plus direct ? » « Leur » ce sont les « grandes foules » du v. 2.
♦ v. 11.-
S’il leur parle en paraboles : c’est parce que [à] vous [il] a été donné
de connaître les mystères du Règne. « Mystères du Règne » : 1)
Aux disciples seuls est donné de connaître le Règne ; donc, pour les autres
« en paraboles ». 2) C’est Jésus qui instaure le Royaume ; connaître ce
mystère, c’est connaître que Jésus est le messie. 3) Les mystères du
Royaume, c'est la dispensation divine selon laquelle l’inauguration du Règne
s’accomplit à travers des échecs et des épreuves de Jésus.
♦ v. 12.-
Celui qui a recevra encore... Dans la première partie du verset avoir
(έχει, éjei) signifie avoir reçu de Dieu (la connaissance du Règne) ; dans
la deuxième, il signifie : être surpris en état de misère totale par le
jugement (ici : se trouver dans l’ignorance du Règne instauré par Jésus).
♦ v. 13.-
Si je leur parle en paraboles... C’est ce qui se passe maintenant dans
la confrontation des hommes avec le Christ. Dans Mt les paraboles ne font
que constater l’endurcissement (préalable? simultané à l’enseignement ?).
♦ vv. 14-15.-
La pointe de la citation d’Is 6,9-10 porte sur le verbe comprendre qui
correspond au verbe connaître du v. 11.
Contexte (vv.
16-17).- Dans le contexte matthéen ces deux verbes voir et entendre
correspondent aux même verbes de la péricope précédente ; les disciples sont
opposés à ceux qui voient et ne comprennent pas ; l’idée est probablement la
suivante : vous êtes heureux non seulement de voir et entendre ce que tous
voient et entendent (c’est-à-dire ma personne et mes œuvres), mais de les
voir et de les comprendre.
♦ v. 16.-
...parce qu’ils voient... Tous les verbes sont au présent. C’est
maintenant qu’est le temps du bonheur eschatologique attendu par le peuple
de l’ancienne alliance. Vous yeux... vos oreilles : vos personnes en tant
qu’elles voient et entendent. L’homme tout entier est concentré, non dans
une vie intérieure censée échapper aux malheurs de la vie concrète, ni même
dans la contemplation d’une idée ou d’une personne céleste, mais dans
l’examen visuel et l’audition du ministère terrestre de Jésus. Heureux
(μακάριοι, makarioi) : Je vous dis (ce que vous ne sentez peut-être
pas) que vous êtes heureux ; en même temps, je vous permets et je vous
ordonne de l’être.
♦ v. 17.-
Beaucoup de prophètes... Le bonheur biblique est en relation avec un
passé et avec l’avenir du Royaume ; son intensité se mesure à sa proximité
de l’événement du salut.
Passage au
rite
Nous voici « provoqués » au bonheur – pourvu que nous ayons la foi un peu
éveillée – par la « proximité eucharistique » du Mystère de Salut accompli
par Jésus, qu’il nous invite à partager.
Pour le Notre
Père
Chaque fois que nous prions le Notre Père, il nous faudrait « voir » et «
entendre », dans la foi, ce que nous disons pour être vraiment heureux. Que
l’Esprit Saint vienne à notre aide pour confirmer notre foi.
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VENDREDI
SEIZIÈME SEMAINE
Mt 13,18-23
Introduction
Depuis les temps les plus anciens Dieu n’a pas cessé de semer sa parole dans
le cœur des hommes. Les Dix paroles (le Décalogue) en sont un exemple. La
parabole du semeur en est un autre. Pour toutes les fois que nous avons
empêché que cette parole donne du fruit…
Pour
l’évangile
Contexte.- La question la plus importante est de savoir si ces versets, avec
la parabole elle-même et avec toute la narration matthéenne, identifient le
Semeur et sa parole décisive à la personne historique de Jésus, ce qui est
certainement le cas. D’où l’insistance matthéenne sur comprendre. Il s’agit
d’un combat dont le cœur de l’homme est le théâtre, pour et contre la
compréhension de la Parole.
♦ v.
18.- Écoutez[-vous]... Vous c’est les disciples. Jeu du double sens :
écouter // écouter et comprendre. Mt laissent entendre que cette semence est
la Parole. Manque la réponse à : qui prononce la Parole ? quand surviendra
la moisson ?
♦ v. 19.-
Premier échec de la Parole. Il ne comprend c’est équivalent à connaître
les mystères du règne. La parole a été semée dans cœur (de celui qui écoute)
non pas comme un lieu naturellement favorable à sa germination mais comme
lieu de la décision humaine face à cette parole. Les semailles ne sont autre
chose que les enseignements de Jésus. L’accent ne porte ni sur le tort de
cet homme qui aurait dû recevoir la Parole ailleurs que sur le chemin
(puisqu’on vient de dire qu’il la reçue dans son cœur), ni sur la maladresse
du semeur, mais sur l’intervention démonique.
♦ v. 20-21.-
Deuxième échec de la Parole. D’un côte « responsabilité » de l’homme
qui manque de racines. D’autre côté, intervention extérieure : tribulation
et persécution. L’intervention diabolique consiste à ne pas laisser à la
parole le temps pour germer. Remarquons que cette persécution n’est pas
quelconque, elle a été déclenchée à cause de la parole (persécutions
impériales ?)
♦ v. 22.-
Troisième échec. Les empêchements à germer sont très concrets : les
soucis du monde (les intérêts mondains). Il s’agit de nouveau d’une
intervention extérieure. La Parole n’est ni enlevée ni anéantie : elle est
habilement rendue inefficace, inoffensive, neutralisée ; elle est là, mais
il ne se passe rien.
♦ v. 23.-
Succès. Le bon terrain est caractérisé par le fait que l’homme comprend
la Parole. Il n’est pas dit que telle ou telle qualité psychologique ou
spirituelle lui permet de la comprendre ; c’est le fait qu’il la comprend
qui permet d’affirmer que c’est un bon terrain. L’allégorie demeure donc
beaucoup plus dramatique, satanologique, que psychologique ou piétiste.
Passager au
rite
Les agents extérieurs ont essayé de faire taire la Parole, Jésus. Mais la
Parole a parlé à nouveau pour dire : « La paix soit avec vous » : pardon et
salut. Morts et résurrection que nous allons rendre présentes sur l’autel.
Pour le Notre
Père
Pour que nous soyons capables d’accomplir la volonté du Père, comme Jésus
lui-même l’a accomplie, il viendra dans notre cœur par la communion.
Préparons-nous-y en disant encore une fois la prière que lui-même nous a
enseignée.
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SAMEDI
SEIZIÈME SEMAINE
Mt 13,24-30
Introduction
Un jour ou l’autre [p. e. à la Veillée Pascale] nous avons dit ce que les
hébreux dirent au pied du Sinaï : « Tout de que le Seigneur a dit nous le
mettrons en pratique. » Pour toutes les fois que nous n’avons pas gardé
notre parole, demandons pardon.
Pour l’homélie
Contexte.- Si la parabole du semeur pouvait se résumer : La germination
finale du royaume n’ira pas sans de cuisants échecs ; celle de l’ivraie
prend la suite en posant la question : ces échecs (cette résistance au
royaume ; cette œuvre du Malin) ne pourraient-ils pas être immédiatement
écartés ? L’une et l’autre parabole combattent l’impatience messianique (des
pertes ; vouloir devancer les temps).
♦ v. 24.-
...comparable à un homme... Il faut comprendre : Ce qui se passera dans
le royaume peut certainement être comparé à ce qui se passe quand un homme…
♦ v. 25.-
Son ennemi survint. La parabole raconte l’histoire de l’événement
eschatologique : le Messie vient faire pousser une plantation pour la gloire
de Yahvé. De même que dans « le Semeur » le Malin vent de l’extérieur. Le
monde est le théâtre des semailles opposées. L’ivraie n’est plus de fruit de
la paresse (Pr 24,31) ou le châtiment divin, mais l’œuvre de l’Ennemi (ce
dualisme est loin d’être absolu).
♦ vv. 26-27.-
Quand la tige poussa... les serviteurs... C’est l’étonnement radical
qui fut probablement la plus forte objection juive à la foi chrétienne du
premier siècle : si Jésus est le Messie, comment sa venue peut-elle
coïncider avec un tel déchaînement du mal ? Le messianisme pharisien
attendait deux purifications immédiates : celle du monde (par conversion des
païens) celle d’Israël par un jugement équitable.
♦ v. 28.-
C’est un ennemi qui a fait cela. La réponse du propriétaire correspond
exactement à la pensée de la parabole du semeur : les échecs ou le mal dans
le monde, dans les jours messianiques, viennent d’un ennemi. L’ivraie semée
dans le monde est elle : 1) le mal en général ? ; 2) la souffrance au sein
du peuple élu ? ; 3) les pécheurs dans le monde ? ; 4) ou des pécheurs dans
l’Église ? L’avant dernière (3) correspond mieux au contexte du chapitre.
L’interrogation des ouvriers n’est pas dubitative : ils brûlent d’arracher
immédiatement l’ivraie.
♦ vv. 29-30.-
Ne l’arrachez pas, de peur... La réponse du maître à l’empressement
est catégorique. Il est absolument sûr de son affaire. Le « dualisme » du v.
25 s’explique par un choc d’autorités dans le champ du monde, mais la
victoire finale du Maître ne fait pas de doute. La coexistence entre le Bien
et le Mal est eschatologique. Les deux idées dominantes de la réponse du
Maître sont : a) le propriétaire seul, qui a semé, est habilité à opérer ce
tri ; 2) l’heure n’est pas encore là, mais elle viendra. La moisson est une
image régulière du jugement dernier.
Passage au
rite
Depuis le baptême nous avons été ensemencés, nous sommes entrés dans la
nouvelle Alliance qui va être rendue présente. Que le Seigneur qui est, qui
était et qui vient, nous juge (qu’il fasse en nous le tri) pour que nous
ayons le temps de nous convertir.
Pour le Notre
Père
En disant à nouveau le Notre Père, demandons d’être de vrais enfants de Dieu
dans le champ du monde pour que sa gloire soit manifestée et son Nom
sanctifié.
retour
Complément d’information sur l’impatience messianique
Pour se faire une idée de l’impatience messianique aux temps de Jésus il
faudrait relire les textes de Qumram et les Psaumes de Salomon. Cette
impatience ne consiste pas seulement à espérer et à demander la délivrance
du peuple saint et l’écrasement des infidèles ; plus précisément, elle
compte que cette délivrance sera instantanée et qu’elle coïncidera avec une
correction ou purification parfaite du véritable Israël ; des résistances
efficaces au Sauveur (parabole du semeur) et une coexistence prolongée avec
le mal dans les temps du Messie (parabole de l’ivraie) étaient impensables.
Alors Dieu séparera le juste du pécheur (Ps. Sal. 2,38) ; « que Dieu perde
ceux qui vivent dans l’hypocrisie en compagnie des saints » (Ps. Sal. 4,7).