LUNDI
DIX-NEUVIÈME SEMAINE
Mt 17,22-27
Introduction
La première lecture d’aujourd’hui nous rappellera combien de choses Dieu a
faites pour le peuple de la Première Alliance. Dans l’évangile un
échantillon de ce que Jésus fait pour nous : nous donner la filiation
divine. Rendons grâce et demandons pardon de nos manques de réponse.
QUESTION.-
Quel sens dans Mt les trois péricopes, propres à lui, dans lesquelles Pierre
a un rôle tout à fait protagoniste : Mt 16,17-19 (Tu es Pierre) ; 14,28-31
(Pierre sauvé des eaux) ; 17,24-27 (Pierre et Jésus paient ensemble l’impôt
du temple)
Pour l’homélie
Contexte.- Deux thèmes à la péricope d’aujourd’hui : * Deuxième annonce de
la Passion et de Résurrection.
** Jésus et les impôts. La première partie (*) nous maintient dans la suite
de la Transfiguration et l’inquiétante conversation (pas gardée dans la
lecture liturgique) qui la suivie sur les souffrances imminentes du Fils de
l’homme après celles d’Élie = Jean Baptiste. Le verbe capital être livre
apparaît dans la deuxième et la troisième annonce. Les disciples ne peuvent
comprendre l’imminence de la passion, la preuve en est la profonde tristesse
qui les accable sitôt après l’annonce de la résurrection. Que Jésus ait
assez tôt vu clair dans la fin qui l’attendait nous paraît plus que
probable. Qu’il en ait parlé à ses disciples, également ; de même aussi que
la forme et le contenu théologique de ces annonces aient subi une
stylisation et une évolution.
♦ v. 22.- Le
verbe grec συστρεφομένον (systrephomenon), réunis, signifie * soit
que les disciples se pressent, déjà inquiets, autour de Jésus ; ** soit
plutôt que, après la séparation de la Transfiguration, tous les disciples se
retrouvent autour de Jésus. Le verbe être livré (παραδιδωμι, paradidomi)
sans la moindre mention du sujet de ce passif, indique bien que Dieu ne sera
pas absent de cette souffrance. Le verbe livrer appartient à la terminologie
théologique de la Passion dès ses formulations les plus archaïques. L'idée
n’est donc pas que Jésus, désormais, ne va plus bénéficier de la protection
divine, mais que Dieu sera présent et actif d’une manière nouvelle à sa
destinée.
♦ v. 23.-
Le troisième jour. La terminologie de Mt est le troisième jour, et non
après trois jours (Mc). Mt a usé du verbe sera réveillé (έγερθεσεται,
eyerthesetai) pour dire que c’est une action de Dieu arrachant Jésus du
pouvoir du démon. La profonde tristesse montre qu’ils n’ont rien compris à
l’annonce de la résurrection.
**
Deuxième contexte (vv. 24-27). Péricope propre à Mt, très originale et
intéressante. Elle est une attestation historique et précieuse de l’attitude
de Jésus et des premiers chrétiens à l’égard, non seulement de l’impôt du
Temple, mais à l’égard du pouvoir politico social en général. Jésus semble
donc assimiler l’impôt du Temple aux nombreux impôts dont les rois
(βασιλείς, basileis) de son temps accablaient les hommes. Il faut
payer, mais en hommes libres (έλεύθεροι, eleutheroi) c’est-à-dire
soumis à Dieu seul. La question de l’impôt impérial troublait profondément
la conscience du temps de Jésus avant même qu’elle fût posée aux Églises
hors des frontières de Palestine
♦ v. 24.-
Les deux drachmes. Obligatoire pour tous les juifs, à partir de 20 ans,
même en dehors de Palestine. Il était autorisé par les romains et il passait
pour un des principaux signes de l’unité et de la fidélité religieuses au
sein du peuple juif. La question posée à Pierre revêt un accent accusateur.
♦ v. 25.-
Réponse de Pierre est affirmative. Il entre dans la maison pour demander
l’argent nécessaire (?). La formule interrogative quel est ton avis ? montre
un procès pédagogique en vue de l’enseignement important qui va suivre. La
réponse de Jésus généralise sur toute sorte d’impôts. Ces fils des rois sont
vraisemblablement leurs congénères, l’ensemble du peuple vainqueur. Dans la
Palestine du temps de Jésus on payait des impôts sur l’eau, des articles de
première nécessité, sur le sel, sur la viande, etc.
♦ v. 26.-
Les fils, libérés de l’impôt. Dans le monde gréco-romain il était bien
là la marque par excellence de la liberté.
♦ v. 27.-
Mais, il faut éviter… occasion de chute. Étant libres (moi, Jésus, et
toi, Pierre), nous se nommes obligés à payer. Libres par rapport à quoi ? *)
Libres de la liberté des fils de Dieu (des disciples) à l’égard du Temple ;
**) soit à l’égard des romains. Le texte signifie que Jésus, puis ses
disciples, ont voulu se soumettre à la loi, loi religieuse du Temple ou loi
politique du cens, tout en se considérant libres à leur égard. Jésus paye
l’impôt *) soit pour éviter qu’on ne le prenne par ce qu’il n’est pas un
agitateur, un zélote ; **) soit parce qu’un acte de liberté à l’égard de
l’impôt, spécialement de l’impôt du Temple, aurait choque inutilement les
juifs sincères ; ***) soit pour éviter une rupture avec eux (les juifs
sincères) sur un point secondaire, alors que la rupture devait s’opérer à
une profondeur plus décisive. Le statère vaut 4 drachmes, et correspond donc
au montant de l’impôt de deux personnes.
Passage au
rite
Lorsqu’on ne
peut pas se donner soi-même, on fait un don qui le représente. Ce geste n’a
aucune valeur sans l’intention intime qu’il voudrait exprimer. « Nous
t’offrons le pain de la vie et la coupe du salut… » Quel est l’esprit qui
doit accompagner ces paroles ?
Pour le Notre
Père
Parce que
nous pouvons dire en vérité « Notre Père » nous devons être des hommes et
femmes pour ne faire que le bien : la volonté de Dieu sur la terre.
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MARDI
DIX-NEUVIÈME SEMAINE
Mt 18,1-5.10.12-14
Introduction
De même que
Yahvé a accompagné son peuple pendant la traversée du désert et pour
l’entrée dans la terre promise – de même aussi Jésus nous accompagne pour
que personne ne se perde… sauf celui qui voudrait le quitter. Il est
toujours prêt à nous accueillir à nouveau si jamais nous l’avions quitté.
Pour l’homélie
Contexte.-
Nous arrivons à ce « quatrième discours » de Jésus sur l’humilité active
envers Dieu et les frères.
♦ v. 1.- Les
disciples s’approchèrent… Le lien avec ce qui précède est plus logique ou
catéchétique que chronologique. Disciples : sont, avant tout, les membres
des Églises auxquelles Mt s’adresse. « Dis-nous donc » : il faut le
rapporter à l’affirmation centrale de l’Évangile : Jésus dispose du Règne
pour ses disciples, qu’il nous dise donc quelles seront nos places dans ce
Règne. La suite du récit fait comprendre que dans la question des disciples
il ne s’agit pas d’une grandeur propre au Règne de Dieu, mais au
comportement actuel du chrétien toujours tenté de « faire de la grâce de
Dieu une grandeur humaine » (Schlatter).
♦ v. 2.-
Jésus appela un petit enfant. L’enfant appelé ne sera ni un exemple
d’innocence, ni de pureté, ni de perfection morale. L’enfant est un être
faible, sans prétention, dont l’humilité est plus sociale que subjective.
Comme les pauvres dans Mt, il ne peut que « recevoir » avec joie ce qu’on
lui offre. Le texte de Mt laisse comprendre qu’il ne s’agit ni d’un
nourrisson ni d’un adolescent.
♦ v. 3.-
Si vous ne changez pas… L’appel à la conversion s’adresse ici aux
disciples : à cesser d’avoir des prétentions sur le Règne. La menace est
grave ; même les disciples, voire les apôtres de Jésus, peuvent se voir
refuser l’entrée au Règne. Le verbe στρέφειν (strephein), se
convertir, ne signifie pas revenir au point de départ mais se retourner sur
place, changer direction, changer de conduite ; les disciples doivent faire
un demi-tour dans le façon de concevoir la grandeur. Le και (et), «
se convertir et devenir », est explicatif : c’est précisément cette
conversion qui fera d’eux des enfants.
♦ v. 4.-
Celui qui se fera petit…S’abaisser désigne un service concret de Dieu et
du prochain.
♦ v. 5.-
Celui qui accueillera… Recevoir un petit constitue précisément un de ces
actes d’humilité active requis par Jésus ; derrière la figure du petit
enfant pense-t-il aux petites gens, peut-être négligés dans des églises. Ce
sont ces problèmes intérieurs à l’Église, plutôt qu’une exhortation à
l’accueil des enfants abandonnés, que notre texte fait pressentir.
L’identification (en mon nom) mystérieuse est d’ordre royal et juridique :
Jésus déclare solennellement que ce que l’on fera à ces petits, il le
considérera comme fait à sa propre personne ; on devra lui en rendre compte.
Il n’est question ici ni d’une perfection naturelle de l’enfant qui
l’élèverait à l’égalité du Christ lui-même, ni d’une présence du Christ dans
l’enfant dont l’identité serait absorbée par Jésus.
♦ vv. 10-14.-
La brebis égarée. La parabole de Mt 18 insiste sur la volonté de Dieu
de rien perdre de son troupeau et son empressement à chercher la brebis
égarée. J. Jeremias reconnaît dans cette parabole une des nombreuses paroles
de Jésus adressées à ses adversaires mais dont la tradition a fait des
exhortations aux disciples c’est-à-dire aux membres des premières
communautés chrétiennes.
♦ v. 10.-
Gardez-vous de mépriser… Le verbe mépriser (καταφρονέω, katafroneo)
: pas simplement un sentiment de désaffection intérieure mais un geste
visible et blessant. N’est donc pas un conseil de purification intérieure,
mais un ordre explicite. L’angélologie s’était beaucoup développée dans le
judaïsme ; mais jamais, à notre connaissance (P. Bonnard), elle n’était mise
au service de la défense des faibles et des méprisés.
NOTE u)
de la TOB à Mt 18,10.- Litt. Ils voient sans cesse la face de mon père qui
est aux cieux. Les anges, ici, sont mis au service des petits ; cette idée
ne se trouve pas dans le judaïsme contemporain de Jésus. Les petits sont
dignes des plus grands égards puisque les anges qui veillent sur eux sont
les plus élevés dans la hiérarchie céleste : il leur est permis de se tenir
en présence de Dieu, ce qui n’est pas permis aux autres.
♦ v. 12.-
Cent… une. Il faut remarquer l’opposition voulue entre les cent brebis
de cet homme et l’unique (έν, en) qu’il s’en va chercher. Le seul
individualisme qui puisse s’autoriser de l’Évangile, est celui de la brebis
perdue.
♦ v. 13.-
Se réjouit pour elle plus que… Le texte ne fait aucune allusion d’une
participation quelconque de la brebis à son retour au bercail. Le texte de
Mt, plus encore que celui de Lc, insiste seulement sur l’initiative du
Berger qui a la bonne fortune de retrouver sa brebis.
♦ v. 14.-
Ainsi votre Père qui est aux cieux… De même et en conséquence, c’est
avec diligence et persévérance qu’on devra prendre soin, chez les disciples
de Christ, de tous les membres de la communauté, et des moindres d’entre
eux. Il se pourrait que le phénomène de la concentration christologique que
l’on remarque dans le quatrième évangile (le Berger donnant la vie pour ses
brebis) doive remonter à Jésus lui-même.
1) Si le but
du texte est de rappeler le prix des petits aux yeux de Dieu, la parabole
s’adresse à qui ? *) ici aux apôtres et plus tard aux responsables de
l’Église. **) Soit à l’ensemble des disciples au sens matthéen du terme.
2) À quoi
font exactement allusion les verbes qui décrivent la perdition des petits ?
Ce sont des méprisés qui s’égarent, et risquent rien moins que de se perdre.
Il pourrait s’agir ici, comme dans tout le chapitre, d’une instruction
adressée à des maîtres, catéchètes et scribes chrétiens. Les petits sont
dans ou dehors de la communauté messianique ?
3) L’accent est mis ici sur l’unique ; *) ou bien le texte souligne le prix
d’une brebis pour faire comprendre la valeur de toutes les brebis (ou de
tous les petits), **) ou bien le texte insiste non seulement sur le prix des
petits, ce qui est déjà nouveau dans le monde ambiant, mais sur le prix d’un
seul petit.
Passage au
rite
Jésus s’est
fait petit, non seulement à Bethléem, mais surtout dans sa obstinée fidélité
jusqu'à la croix. Dieu l’a élevé… C’est cela que nous allons célébrer. Que
le Seigneur nous donne de partager son abaissement, pour pouvoir aussi
partager son élévation.
Pour le Notre
Père
Se faire
petit devant Dieu n’est rien d’autre que savoir dire Abba comme Jésus le
disait et qu’il nous l’avait appris. Ainsi donc nous osons dire…
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MERCREDI
DIX-NEUVIÈME SEMAINE
Mt 18,15-20
Introduction
Nous
entendrons le récit de la mort de Moïse, d’une part ; et de l’autre,
l’exhortation de Jésus à la correction fraternelle. Essayons de toujours
agir par amour pour nos frères et notre vie finira paisiblement comme celle
de Moïse. Demandons pardon les un pour les autres, Jésus a promis de nous
exaucer.
Pour l’homélie
Contexte.- Le
chapitre 18 est dominé par l’idée de support à l’égard des frères,
particulièrement à l’égard des petits. Jésus et, après lui, l’évangéliste
n’instituent pas des règles ; le texte présuppose plutôt que ces règles
existaient déjà, qu’elles sont valables certes, mais importe d’en faire un
usage prudent. Nous pensons que tout ce passage (vv. 15-35) ne commence pas
par évoquer le devoir général du pardon pour établir ensuite des règles
disciplinaires, mais qu’il procède inversement, dès règles à la miséricorde
: exigence fondamentale et seule décisive pour les disciples du Christ. Nous
ne pensons que ces vv. sont une instruction se rapportant aux usages
disciplinaires des églises chrétiennes palestiniennes des années 80.
♦ v. 15.- Si
ton frère a commis un péché…Il faut se garder d’excommunier immédiatement le
frère qui pèche (άμαρτήσε, amartese, au sens juif courant : commettre
une faute grave et patente). L’accent porte sur le caractère personnel et
fraternel de cette réprimande ; fraternelle, mais non privée. C’est une
exhortation à la repentance. Gagner (έκέρδησασ, ekerdesas) le frère :
non en tant qu’ami personnel, ni comme victime dans un combat, mais comme
membre de l’Église.
♦ v. 16.-
S’il ne t’écoute pas… Le but de la règle est de « protéger le pécheur ».
L’instruction insiste sur la patience dont il faut user avec le pécheur
récalcitrant (cfr. Dt 19,15).
♦ v. 17.-
…dis-le à la communauté de l’Église. Quelle est cette Église ? On a
pensé à la synagogue du temps de Jésus ; l’Église mère de Jérusalem… nous y
voyons une communauté chrétienne syro-palestinienne des années 80 ; qui
n’exclut pas qu’il s’agisse d’un écho précis des instructions de Jésus à ses
disciples. L’expression qu’il soit comme était courante dans le judaïsme. La
lettre du texte n’impose pas une expulsion de l’Église, mais plutôt celle
d’une mise en quarantaine dans l’Église ; le texte ne dit pas « qu’il soit
pour l’Église », mais « pour toi ». Sur les lèvres de Jésus « l’ami des
publicains » (11,19) cette parole demeure étonnante ; sans doute
emprunte-t-elle une façon de s’exprimer du monde ambiant.
♦ v. 18.-
Amen, je vous le dis : tout ce que vous… A qui s’adresse-t-il ? Le sens
individuel fut condamné par le Concile de Trente. Le contexte recommande de
voir dans ce vous l’ensemble des « disciples » ou de la communauté
chrétienne locale. Lier et délier, signifie, dans ce contexte, se prononcer
pour ou contre une mesure disciplinaire proposée dans l’Église contre un
frère. Dans son ensemble, notre verset souligne la gravité et l’autorité
divine de cette décision ecclésiastique qui ne connaît pas de recours.
♦ vv. 19-20.-
Si deux d’entre vous… On pense erronément à une déclaration générale
de Jésus sur la prière sans relation avec ce qui précède immédiatement. Ces
versets font allusion à une prière (v. 19) et à une présence de Christ dans
son Église (v. 20) qui concernent les décisions évoquées aux vv. 15-18.
Cette décision fraternelle s’accomplit dans la prière ; elle peut compter
sur une assistance et une ratification miraculeuses du Seigneur ressuscité.
Raisons :
1) l’introduction solennelle du v. 19 ; 2) la double mention de deux ou
trois ne peut se rapporte ni aux douze, ni à toute l’Église, mais à une
prière prononcée par deux ou trois frères officiant dans l’ensemble de la
communauté ; 3) par l’accord ici mentionné, qui s’oppose à une prière
individuelle prononcée « contre » un frère ; 4) par le terme qui désigne
l’objet de cette prière, désignant couramment un différend, une action
juridique à tel ou tel ; 5) par la mention de la réunion terme fréquent en
Mt où il désigne souvent une assemblée de caractère officiel ; 6) par
l’invocation du nom du Christ.
Passage au
rite
Toutes les fois que Jésus « gronde » ou « menace » soit les disciples, soit
ses adversaires, il faut le comprendre dans le sens de notre texte. Comment
a-t-il été remercié ? La mort… la glorification par le Père. Il ne nous
exclu jamais de son cœur.
Pour Notre
Père
Pardonne-nous ; pas de problème ; comme nous pardonnons ; voici le problème.
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JEUDI
DIX-NEUVIÈME SEMAINE
Mt 18,21 – 19,1
Introduction
Jadis les
eaux de la Mer Rouge furent la frontière entre l’esclavage et la liberté ;
plus tard, celles du Jourdain marquèrent l’entrée dans la Terre promise.
Aujourd’hui les eaux du baptême nous ont permis d’entrer dans la famille de
Dieu. Pour toutes les fois que nous n’avons pas vécu ni comme des enfants de
Dieu, ni comme des frères, demandons pardon.
Pour l’homélie
Contexte.-
Les deux « paroles de Jésus » d’aujourd’hui doivent être comprises comme
résultat que les mesures disciplinaires ont été tempérées par une exigence
plus fondamentale que celle de l’ordre ou de la bienséance dans l’Église.
♦ v. 21.-
Seigneur, quand mon frère… Pierre pose une question à la fois naturelle
et déplacée, car dans la casuistique juive on discutait sur le nombre de
pardons légitimement accordés : le chiffre 4 était le plus souvent avancée
comme un maximum.
♦ v. 22.-
Je ne dis pas… Dans sa réponse Jésus reprend le chant de vengeance de
Lamech (Gn 4,24) : « Caïn sera vengé sept fois et Lamech soixante-dix fois
sept fois », en le retournant en pardon. Cette vengeance ou ce pardon
n’auront pas de fin. Le pardon seul, peut sauver la nouvelle communauté de
la ruine.
♦ vv.23-35.-
La parabole de l’homme gracié mais impitoyable : Contexte.-
Conclusion des instructions sur la vie communautaire. Pour trois fois
apparaît le mot pardon. Cette parole doit être comprise comme un rappel
adressé à Pierre et aux autres disciples du pardon qui leur a été communiqué
par les Christ, et des exigences fraternelles qui en découlent (compagnons
de service : 28, 29, 31, 33). Tout est énorme et invraisemblable dans ce
récit. On est dans le décor d’une cour orientale. Les violences en disent
long des conflits dans la communauté Mt.
♦ v. 23.-
Le Royaume des cieux est comparable… Le Royaume ne ressembla pas à un
roi, mais que les choses se passeront comme la parabole le décrit. Le mot
qui désigne les comptes signifie que ce sont des comptes définitifs et
totaux.
♦ v. 24.-
10.000 talents = 60.000.000 de deniers (car 1 talent = 6.000 deniers). Si 1
denier = 1 jour de travail, 60 millions ~ 164.383 ans de travail. Si 1
talent ~ 35 kg (argent ou or), 10 mille talents = 350 tonnes d’argent ou
d’or. Situation sans issue.
♦ v. 25.-
Vendu comme esclave, c’est-à-dire perdu sans remède.
♦ v. 26.-
Prends patience… Le serviteur ne demande pas pardon, il ne demande qu’un
délai pour rendre.
♦ v. 27.- Le
roi donne infiniment plus qu’on ne lui demande. « Saisi de pitié aux
entrailles… » enfant prodigue, etc. Les entrailles étaient le siège de la
volonté autant que de l’émotion.
♦ vv. 28-30.-
Mais, en sortant… Le comportement du serviteur à l’égard de son
compagnon est aussi étonnant que celui du maître. En sortant il se jette…
(vite oublié !).
♦ v. 31.-
Ses compagnons… Ce verset, peut-être, exprime-t-il l’étonnement des
disciples du Christ à la vue des conflits qui surgissaient parmi eux.
Remarquons que tout le récit se situe dans la compagnie du Christ ; donc
instruction.
♦ vv. 32-34.-
Celui-ci le fit appeler… Ne devais-tu pas, à ton tour,… Ce « devoir »
du serviteur impitoyable n’est pas rattaché à une exigence générale
d’humanité ; il tient strictement à la grâce dont il vient d’être l’objet.
Le « comme » est autant causatif que comparatif. Le v. 34 signifie
simplement que le serviteur impitoyable, par sa conduite, s’est exclu de la
grâce qui lui avait été faite ; c’est le sens du v. 35.
v. 35.-
C’est ainsi que mon Père… Conclusion de la parabole et du chapitre tout
entier. Frères le montre clairement. L’amour fraternel n’est pas la
condition du salut ; il en est la conséquence exigée
Passage au
rite
A chaque
messe nous entendons le grand don du pardon : Mon sang versé pour vous et
pour la multitude. Accueillons-le et ne l’oublions pas en quittant la
présence de celui qui nous a pardonné.
Pour le Notre
Père
Voici le plus
clair commentaire du « Pardonne-nous, comme nous pardonnons ». Quel rapport
entre nos paroles dans la prière et nos actes dans la vie de tous les jours
?
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VENDREDI
DIX-NEUVIÈME SEMAINE
Mt 19,3-12
Introduction
Dieu s’est
lié d’amour avec les hommes. Par Jésus il a fait avec nous l’Alliance
Nouvelle et Éternelle. Notre célébration la rend présente encore une fois.
Demandons-nous jusqu’où avons-nous été fidèles et, si besoin, implorons
pardon.
Pour l’homélie
Contexte.-
Cinquième « livret » (après sermon sur la montagne ; discours missionnaire ;
paraboles sur le mystère du Règne ; instructions communautaires) : 19,1 –
25,46 (discours eschatologique). Deux perspectives : *) approche de
Jérusalem ; **) instruction aux disciples sur l’attente de la fin.
Des vv. 1-12
; *) Introduction narrative - didactique ; **) instruction sur la
répudiation (vv.2-9) ; ***) sur les eunuques ou la continence (vv. 10-12).
Les deux derniers thèmes ne doivent pas être considérés comme en gradation
de moins important à plus important ; elles traitent de sujets différents.
♦ vv. 1-2.-
Jésus marche vers la Judée. Chez Mc Jésus enseigne, ici il guérit.
Formules stéréotypées.
♦ v. 3.-
Pour n’importe quel motif ? dit Mt. École stricte de Schammaï ; id.
large de Hillel ; vers 135 Rabbi Aquiba voir une femme plus jolie que la
sienne suffit pour répudier la sienne. Piège : mêler Jésus dans leurs
discussions casuistiques.
♦ vv. 4-5.-
N’avez-vous pas lu l’Écriture ? À la recherche minutieuse de la
volonté de Dieu dans les discussions, Jésus oppose la découverte
rafraîchissante de la volonté de Dieu dans les Écritures. Jésus fait voir
dans l’institution du mariage la priorité, en droit comme en fait, du
dessein créateur de Dieu. Dans le récit vétérotestamentaire Jésus relève les
éléments qui soulignent l’indissolubilité du mariage.
♦ v. 6.-
Ce que Dieu a uni… Dans le mariage, d’après Jésus, c’est Dieu qui unit
les époux, quelque soit le moment où cette union s’accomplit. Cette dernière
question (quand ?) était disputée en milieu juif et elle l’est encore
aujourd’hui.
♦ v. 7.-
Pourquoi donc Moïse… Dt 24,1 : Lorsqu'un homme prend une femme et
l'épouse, puis, trouvant en elle quelque chose qui lui fait honte, cesse de
la regarder avec faveur, rédige pour elle un acte de répudiation et le lui
remet en la renvoyant de chez lui.
♦ v. 8.-
Jésus leur répond… Jésus, fait capital, n’oppose pas à cette à cette
objection biblique une autorité toute individuelle ou spirituelle ; il se
fonde aussi sur l’Écriture, mais sur l’Écriture comprise en son sens
fondamental. De la prescription du Dt, certes utile dont il ne conteste pas
en principe l’application courante, il remonte au dessin créateur de Dieu.
La « sclerocardia » désigne la révolte obstinée de l’homme contre
Dieu. Il ne faudrait confondre la prescription deutéronomique avec le dessin
de Dieu : ce dessin, c’est qu’ils demeurent unis.
♦ v. 9.-
Or je vous dis… Ce verset constitue certainement la parole de Jésus que
toute la péricope a pour but de graver dans les esprits. La difficulté vient
des restrictives dans les seuls textes de Mt sauf en cas de mariage illégal
(M 5,32 ; 19,9). Notre conclusion serait la suivante : l’affirmation
fondamentale de la péricope se lit incontestablement au v. 6b, qui exclut
toute espèce de répudiation, séparation ou divorce. Le v. 9 n’apporte pas un
adoucissement ou une correction à cette instruction fondamentale ; comme
c’est toujours le cas dans Mt, le v. 9 renforce l’autorité de la loi, contre
les adoucissements rabbiniques. À la lumière générale de cette péricope,
toute solution disciplinaire entérinant la rupture du lien conjugal s’avère
désastreuse.
♦ v. 10.-
Ses disciples lui disent : Si telle est la situation… C’est une mauvaise
interprétation de penser que ces versets (10-12) parlent d’une vocation plus
haute que celle du mariage. Les « disciples » protestent contre
l’intransigeance de la no-répudiation.
♦ v. 11.-
Ce n’est pas le tout le monde qui peut… Jésus affirme que seuls à qui
cela sera donné, pourront recevoir et mettre en pratique son enseignement
sur le mariage. Le mariage fidèle n’est donc pas une donnée naturelle ; il
est un don que les hommes ignorent, mais que les disciples de Jésus
connaissent.
♦ v. 12.-
Il y a des gens… il y en a qui ne peuvent… il y en a qui ont choisi… Ce
verset énigmatique pourrait être compris : si certains sont privés des joies
conjugales par accident de la nature ; si d’autres, par la violence des
hommes ; si d’autres s’en sont privés eux-mêmes – vous, mes disciples, vous
pouvez bien supporter cette autre discipline que je viens de prescrire.
Passage au
rite
Le mariage des chrétiens est image signifiante de l’amour de Dieu pour les
hommes : l’Alliance. Nous sommes concernés dans notre fidélité à cette
Alliance. Nous allons la renouveler. Unissons-nous-y de tout cœur.
Pour le Notre
Père
Dieu nous a
adoptés comme ses enfants. Il reste pour toujours fidèle à cet engagement.
Nous répétons plein de fois cette prière qui nous rappelle cet engagement…
puissions-nous y être fidèles en disant en toute vérité…
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SAMEDI
DIX-NEUVIÈME SEMAINE
Mt 19,13-15
Introduction
Préparons-nous à célébrer l’eucharistie. Demandons pardons au Seigneur pour
si jamais nous avions empêché d’autres à approcher de lui. Dans quelle
mesure réparer ces torts ?
Pour l’homélie
Contexte.- Il ne faudrait pas confondre le but du passage 18,1-5.6-9
(devenir comme les enfants et ne point scandaliser) avec celui d’aujourd’hui
: conflit de Jésus avec son entourage ; à leur grand étonne- ment le Maître
s’arrête, accueille les enfants et les bénit. (Voir aussi 20,29-34 : les
deux aveugles)
♦ v. 13.-
On présenta des enfants à Jésus… Il arrivait souvent qu’on présentât des
petits enfants à des rabbis ou à d’autres personnages importants pour qu’ils
les bénissent ; sans y mettre la moindre idée de magie. L’opposition des
disciples est due par une incompréhension fondamentale du ministère de
Jésus.
♦ v. 14.-
Laissez les enfants… Non seulement Jésus s’arrête, réprimande ses
disciples, mis il fait de son geste un enseignement au sujet de tous ceux
qui ressemblent les enfants en général. La parole de Jésus n’est pas
seulement un appel à devenir comme les enfants, mais une déclaration et une
promesse royale faites à tous ceux qui sont tels.
Le verbe empêcher paraît avoir un rôle dans la liturgie du baptême : Ac 8,36
: « Qu’est-ce qui empêche que je suisse recevoir le baptême ? »
v. 15.-
Il leur imposa les mains… Le geste d’imposer les mains, ici, indique
surtout que Jésus entend s’occuper des petits et ceci même aux heures les
plus graves. La famille juive avait un double sentiment à l’égard des
enfants : *) d’une part un enfant était considéré comme un des signes
principaux de bénédiction divine. **) D’autre part, l’enfant était considéré
comme une quantité négligeable dans la vie sociale : sa tâche était
d’écouter et d’apprendre. Une des premières choses que l’on apprenait aux
enfants était de saluer avec déférence les maîtres ou rabbis.
Albert NOLAN, « Jésus avant le christianisme », Ed. Ouvrières, 1986.
Le royaume et le prestige
« L’enfant
est la parabole vivante de la petitesse, l’opposé de la grandeur et du
prestige. Dans la société, il n’a aucune place, il ne compte pas. Pour
Jésus, il est, lui aussi, une personne humaine, digne de considération.
C’est ce qui explique son indignation lorsque les disciples chassent les
enfants. Lui les appelle à lui, les prend dans ses bras, les bénit en leur
imposant les mains. Le royaume des cieux appartient à ceux qui leur
ressemblant. Ce sera le royaume des enfants, ou de ceux qui sont comme des
enfants pour cette unique raison que dans cette société ils sont
insignifiants, qu’ils n’y ont ni rang ni prestige. » (p.79)
Passage au
rite
Puissions-nous ressembler les enfants en disant sincèrement « je ne suis pas
digne », mais, surtout, en découvrant et en adhérant de tout cœur au sens du
mot « Père », toutes les foi qu’il apparaîtra dans la suite de la messe.
Pour le Notre
Père
Depuis notre baptême nous ne ressemblons pas à des enfants : nous sommes
vraiment des fils. Disons dons avec joie et engagement la prière que Jésus,
le grand frère, nous a apprise.
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