LUNDI
VINGT ET UNIÈME SEMAINE
Mt 23,13-22
Introduction
Le premier
grand enseignement de Jésus sur la montagne commençait avec neuf fois le mot
« Heureux ». Aujourd’hui nous entendrons trois fois « Malheureux ».
Choisissons lequel des deux nous voulons pour nous. Si besoin, demandons
pardon.
Pour l’homélie
Les vv. 13-31
nous présentent sept « plaintes » contre les scribes et les pharisiens :
trois aujourd’hui ; deux demain ; deux autres après demain.
♦ vv.
13-(14).- L’interjection ούαί (uai, malheureux) peut exprimer la
douleur ou l’indignation ; parfois les deux sens se complètent dans la même
expression (11,21 : Malheureuse es-tu, Chorazin! Malheureuse es-tu,
Bethsaïda!). Ici le sens penche plutôt vers un fort accent de
condamnation messianique. Désormais, dans le récit de Mt, Jésus n’exhorte
plus ; il affronte et condamne des adversaires irréductibles.
Leur
hypocrisie est simple : disent et ne font pas ; enseignent et ne
pratiquent pas. Ce sens convient parfaitement au propos général de Mt qui
souligne constamment l’importance des œuvres.
Dans le
royaume des cieux, le contexte recommande d’y voir le sens eschatologique.
Par leurs exigences intraitables les pharisiens découragent les hommes de
s’engager dans la fidélité qui conduit au royaume et eux-mêmes n’y entrent
pas.
♦ v. 15.-
Vous parcourez la mer et le terre… Le sens général paraît être le
suivant : le Christ matthéen reprocha aux pharisiens, dans leur prosélytisme
acharné, de ne pas convertir les hommes au vrai Dieu, mais à leur propres
idées, soit en faisant des fanatiques du légalisme rabbinique, soit en les
empêchant d’entrer dans le Royaume par cette même intransigeance légaliste.
Prosélyte : païen complètement engagé dans la foi juive et circoncis ; le
craignant Dieu n’observe que quelques pratiques juives : sabbat, impôt du
Temple, prescriptions alimentaires. Le prosélytisme juif avait connu un fort
essor au premier siècle, essor que la destruction du Temple en 70 n’avait
pas entravé.
♦ vv. 16-22.-
Malheureux êtes-vous, guides aveugles. Savante construction : aux
thèses du rabbinat, exprimées en deux affirmations antithétiques, succède
l’appréciation véhémente du Christ qui se résume dans ces deux mots : fous (μωροί,
moroi) et aveugles (τυφλοίn, typhloin). Le sens est très
probablement le suivant : en définitive, tout serment se fait par le nom de
Dieu et devant lui, même si l’on essaye de l’éviter. Si bien que : il
importe, soit de ne pas jurer du tout, pour ne pas prendre le nom de Dieu en
vain ; soit de ne point faire de distinctions subtiles entre serments
valables et non valables, tel que les rabbins. C’est en tant que conducteurs
(όδηγοί, odegoi) et non en tant qu’individualités religieuses que les
pharisiens sont attaqués par Jésus. L’or du Temple est probablement celui de
la construction elle-même, plaquée d’or en plusieurs endroits. L’erreur est
d’accorder une plus grande valeur à cet or, pour sa valeur propre, qu’au
Temple lui-même ; or, l’or du Temple n’a de valeur religieuse que par le
Temple.
A partir du
v. 20 apparaît la souveraineté de Dieu sur toutes choses ; ainsi donc :
jurer par quoi que ce soit du Temple ou du ciel, c’est jurer par Dieu
lui-même.
Passage au
rite
Le serment a été inventé parce que les hommes mentent. Jésus n’a jamais juré
parce qu’il ne dit que la Vérité ; lui-même étant la Vérité de Dieu. Le
service de cette vérité l’a conduit à la mort… et à la résurrection. La
Vérité ne peut pas mourir. Puissions-nous adhérer de tout cœur à Jésus -
Vérité de Dieu.
Pour le Notre
Père
Jésus nous a
appris à prier. Puissions-nous croire en ce que nous disons, agir tel que
nous parlons.
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MARDI VINGT ET
UNIÈME SEMAINE
Mt 23,23-26
Introduction
Jésus réclame des pharisiens de purifier leur intérieur. Nous devons nous
appliquer la leçon au moment d’entrer dans la célébration. Ouvrons nos cœurs
par la repentance afin que le pardon purificateur de Dieu puisse nous
envahir.
Pour l’homélie
Contexte.- Le même qu’hier. Deuxième et troisième « Malheureux » adressés
aux scribes et pharisiens.
Vision
d’ensemble. (vv. 23-24). Ces deux versets se complètent parfaitement ; le
second résume et élargit dans une image saisissante ce que le premier
affirme sans image. La dîme, signifiait que Dieu est le propriétaire de
toutes choses ; la dîme qui lui est offerte (pour l’entretien des prêtres,
des lévites ou des pauvres) sur les principaux fruits, les pharisiens
l’avaient étendue aux produits minimes. Le neutre pluriel les choses les
plus graves, ce sont les plus importantes aux yeux de Dieu.
Le droit est
le respect juridique qui doit être accordé à tout homme ; ce droit en
définitive, est acte de miséricorde ; le premier καί (kai, et) serait
donc plus explicatif qu’additif.
Quand à la
fidélité est la soumission joyeuse aux ordonnances fondamentales de Dieu
consignées dans les Écritures. L’obéissance peut descendre dans ces détails
infimes de la vie quotidienne à condition toutefois que cela ne fasse
négliger l’essentiel, et que cela ne rassure pas l’homme religieux, toujours
enclin à confondre le rigorisme légaliste et la fidélité à Dieu. Jésus leur
révèle et, par là, exerce l’autorité de l’Interprète attendu des derniers
jours.
♦ v. 24.-
Vous avalez un chameau. On passait l’eau et le vin au filtre de peur
d’avaler une impureté au sens de la loi. Or, soit qu’ils sont accusés de *)
négliger consciemment l’essentiel (on n’avale pas un chameau sans s’en
apercevoir) ; **) soir qu’il leur reproche de s’acharner à tel point les
détails qu’ils en oublient les exigences essentielle. Les pharisiens sont
victimes, non seulement de négligence ou d’inconséquence mais d’une
perversion religieuse qui leur fait prendre le secondaire pour l’essentiel.
♦ vv. 25-26.-
La coupe est ici l’image de l’homme tout entier. Les deux mots
rapine, intempérance, montrent que purifier d’abord l’intérieur ne signifie
pas procéder à des exercices purement intérieurs mais d’obéir de cœur et
totalement aux ordonnances essentielles de la Loi. L’intérieur c’est l’homme
moral et total. L’extérieur, c’est ce que les autres voient. L’homme total,
tel que seul Dieu le voit, ne paraîtra légitimement pur aux hommes que par
la fidélité sincère aux prescriptions fondamentales de la Loi. Purifier
l’intérieur de la coupe signifie donc obéir sincèrement à la loi de Dieu
telle qu’elle est « maintenant » réinterprétée par le Christ.
Passage au
rite
Jésus a tout rendu à son Père le long de sa vie. Jésus a été l’unique à
avoir la coupe de sa vie toute purifiée. C’est cela qui l’a conduit et lui a
donné la force de traverser la croix. En célébrant ce sacrement, que le
Seigneur nous accorde de tout lui donner et de nous garder propres de tout
péché.
Pour le Notre
Père
Avec toute confiance nous nous adressons à notre Père, comme Jésus nous l’a
enseigné, lui qui est tout juste, tout miséricordieux, en disant…
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MERCREDI VINGT
ET UNIÈME SEMAINE
Mt 23,27-32
Introduction
Préparons-nous à célébrer l’eucharistie. Reconnaissons nos péchés,
n’essayons pas de chercher des excuses. Confions notre vérité à la
miséricorde du Seigneur.
Pour l’homélie
Contexte.-
Nous proclamons les deux dernières plaintes de Jésus à l’égard de scribes et
pharisiens. Peut-être la tonalité des accusations monte de grade.
♦ v. 27-28.-
Des tombeaux blanchis… Les tombeaux palestiniens étaient peints en blanc
pour éviter que l’on y touchât par mégarde de nuit, ce qui nécessitait des
mesures de purification rituelle. L’apparence pieuse des pharisiens ne
saurait donner le change sur leur infidélité totale, intérieure et
extérieure à la loi ; ce sont en fait des infidèles qui commettent
l’iniquité et ne recèlent pas seulement en leur être intérieur.
♦ vv. 29-32.-
…que bâtissez les tombeaux des prophètes… L’hypocrisie dénoncée dans ces
versets est plus insidieuse : les pharisiens sont accusés d’annexer pour
leur propre gloire la fidélité des grandes figures religieuses du passé. Par
ces vains retours au passé, les pharisiens se révèlent tels qu’ils sont
réellement : fils, c’est-à-dire descendants et responsables avec eux de
meurtres abominables ; et c’est ce qu’ils vont montrer en « comblant la
mesure » de leurs pères par le meurtre de Jésus. (Cfr. la parabole des
vignerons homicides [21,33-43], le discours d’Étienne [Ac 7,51]).
On peut aussi comprendre ces versets de la manière suivante : en
construisant ces monuments hypocrites, les pharisiens commettent précisément
le crime reproché par les prophètes à leurs pères : ils n’ont que les
apparences extérieures de fidélité. Le verbe à l’impératif aoriste
remplissez (πληρώσατε, plerosate) n’est pas ironique ; Jésus somme
les pharisiens de mettre le comble aux crimes d’Israël contre son Dieu en
rejetant son Christ. Cette expression fait probablement allusion à des
conceptions juives selon lesquelles le jugement dernier n’interviendra que
lorsque les hommes auront mis le comble à la mesure de leurs péchés.
Passage au
rite
La fidélité se Jésus à annoncer la Bonne Nouvelle malgré la clairvoyance de
ce que lui attendait, nous a sauvé. Nous célébrons – rendons présente – ce
mystère de fidélité : celle du Fils jusqu’à la mort ; celle du Père en le
ressuscitant.
Pour le Notre
Père
Jésus, plus que personne, a sanctifié le nom de Dieu, a tout fait pour que
son Règne vienne, il a accompli en tout sa volonté. En disant la prière
qu’il nous a enseigné demandons-lui de l’accomplir comme lui.
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JEUDI VINGT ET
UNIÈME SEMAINE
Mt 24,42-51
Introduction
Aussi bien
saint Paul que saint Matthieu nous parlent de la venue du Seigneur. Célébrer
la messe c’est rendre présente ici et maintenant cette venue. Sommes-nous
prêts à l’accueillir ?
Pour l’homélie
Contexte.-
Nous sommes toujours dans le discours mené par la question du quand ? Jésus
ne répond pas, mais puisqu’on ne sait pas « quand » il faut veiller,
toujours veiller. Depuis notre premier verset jusqu’à la fin du ch. 25.
♦ vv. 42-44.-
Ici apparaît l’idée de vigilance, veillez (γρεγορείτε, gregoreite).
En ce moment du récit on ne se sait pas encore en quoi consiste cette
vigilance. Qu’est-ce que les disciples, en état de veille, auront à faire.
La pointe de cette parabole est dans les mots il aurait veillé et tenez vous
prêts. La vigilance est d’abord un état d’alerte et d’attente du Fils de
l’homme. [J. Jeremias voit dans ce v. 42 un reliquat de la parabole du
portier : Mc 13,33ss = Lc].
♦ vv. 45-51.-
Quel est le serviteur fidèle… ? Cette parabole « du majordome »
reprend l’idée de vigilance amorcée antérieurement. Il s’agit d’une
vigilance active, l’accomplissement fidèle (πιστός, pistos), intelligent ou
prudent (φρόνιμος, fronimos) d’une mission reçue. Ce sont des thèmes
caractéristiques de Mt, qui est pour une activité eschatologique, concrète,
fidèle et responsable. Remarques :
(1) Certains
donnent à la parabole une interprétation individualiste dans le cadre de la
vie de l’église ; le serviteur
est jugé sur la façon dont il a rempli sa
mission. Le contexte des ch. 24 et 25 oblige à penser au jugement dernier et
universel à la fin du monde.
(2) Même
selon Lc 12 (est-ce à nous ou à tous ?) la réponse de Jésus a trait au
comportement de tous les disciples en vue du jugement dernier.
(3)
L’interprétation ecclésiastique pourrait à la rigueur s’appuyer sur les
termes de personnel de la maison ou maisonnée et de compagnons de service.
Il est probable qu’ils ne sont que des éléments paraboliques d’une
instruction d’éthique générale.
(4) D’après
J. Jeremias, cette parabole aurait été destinée aux scribes ; et après, le
christianisme primitif en aurait fait une instruction aux responsables
ecclésiastiques. Mais… la tâche de l’exégèse n’est pas d’imaginer ce que
Jésus aurait pu dire, mais de décrire ce que le texte dit.
(5) Pour la
première fois le verbe tarder (χρονίζειν, jronitzein) qui confirme
l’interprétation eschatologique. Le maître tardait à venir : c’est l’écho
d’une des lus graves questions qui furent posées à la conscience chrétienne
des années 80. *) Le retard imprévu donnait du temps au majordome pour
s’amuser puisque son maître tardait à venir ; **) le retard mettait en
question jusqu’à l’autorité et l’existence du maître : c’est la foi
elle-même au Christ Seigneur qui est mise en doute. « Ici comme dans tout le
N. T., c’est l’âge apostolique qui nous parle, âge encore sous les
avertissements de la parole de Jésus, et non point de l’Église ultérieure
qui ne comprenait plus le sérieux de tels avertissements. »
(6) Le
châtiment infligé annonce ceux du ch. 25. Le serviteur « mauvais » reçoit le
même châtiment que les hypocrites qui désignent peut-être les pharisiens de
la génération matthéenne.
Passage au
rite
Nous sommes tous des serviteurs appelés au service en présence du Seigneur :
c’est toute la vie. De la participation consciente à l’eucharistie, devrait
surgir notre fidélité à servir Dieu et les frères au long de la journée.
Pour le Notre
Père
Nous prions que le Seigneur vienne chaque fois que nous prions en disant Que
ton Règne vienne. En faisant à nouveau cette prière, demandons
d’intérioriser vraiment ce que nous demandons.
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VENDREDI VINGT
ET UNIÈME SEMAINE
Mt 25,1-13
Introduction
Tous les jours nous disons, peut être sans trop y faire attention : « En
cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus
Christ, notre Sauveur ».Or voilà que notre espérance s’accomplit à chaque
messe. Préparons-nous pour bien nous rendre à la rencontre.
Pour l’homélie
Contexte.- La parabole reprend le thème du « maître qui tarde à venir » pour
exhorter les disciples à la vigilance. D’autant plus que l’heure du retour
du maître demeure inconnue. L’ignorance de l’heure est maintenant absolue ;
il n’y a pas de signes précurseurs. Depuis 24,42 il s’agit d’une exhortation
positive à la vigilance, sans que l’on sache d’abord très bien en quoi
consiste cette vigilance. À 24,45, c’était d’accomplir fidèlement une
mission reçue.
Quelle serait
la pointe de la parabole des dix vierges ? Deux orientations majeurs : *)
Celle qui insiste sur l’aspect spirituel de la vigilance figurée par l’huile
(symbole des dispositions spirituelles) ; **) soit que l’on y lise
simplement cette idée : pour être prêt à l’heure décisive où l’époux
viendra, l’heure du cri, il importe de se préparer immédiatement car alors
(à l’heure du cri) ce sera trop tard. Au niveau de l’image, se préparer
signifie faire immédiatement une provision suffisante d’huile (car l’attente
est longue). Le texte ne précise pas ce que cela signifie dans la vie des
disciples. Seule la suite du chapitre le montrera (talents ; aide aux
petits). La deuxième hypothèse est plus d’accord avec le contexte.
♦ vv.1-4.-
Le Royaume des cieux sera comparable à… La formule introductive il faut
la comprendre : alors, c’est-à-dire lors de la manifestation dernière du
Royaume, il en ira des hommes comme des vierges de la parabole. Le rôle des
vierges il faut le comprendre au niveau de la vie familiale palestinienne ;
les vierges représentent la situation de l’home en général face au jugement
dernier ou la Parousie. Elles vont à la rencontre de l’époux. Cette
rencontre n’illustre que la soudaineté de l’apparition du Fils de l’homme.
La sagesse ou la folie de ces vierges : les unes ont pensé à prendre une
provision d’huile, les autres pas.
♦ vv. 5-9.-
Comme l’époux tardait… La mention du retard se comprend très bien au
niveau de la coutume palestinienne. Les vierges ne sont pas blâmées de
s’être endormies, car le temps de l’activité est passé pour elles ; c’est
avant le début de la fête nuptiale qu’elles auraient dû faire ce qu’il y
avait à faire : prendre assez d’huile, être fidèles. De même à la fin (v.
13) veiller n’est pas en contradiction avec ce sommeil des dix vierges, car
elle s’applique au temps qui précède à la fête nuptiale.
L’heure
décisive de la rencontre se produit à un moment inattendu, sans signes
avertisseurs ; le cri du v. 6 n’est pas un avertissement, c’est le signal à
partir duquel il est trop tard pour faire (25,45) quoi que ce soit. Le refus
des vierges sages aux vierges folles illustre précisément ce « trop tard »
caractéristique de l’eschatologie matthéenne. Tout le sens de la parabole
culmine dans la rudesse de la réponse faite aux vierges folles… il ne
saurait être question de donner, ni même de prêter, cela même qui nous
assure le salut. Nous sommes dans un climat sévère, loin de tout
humanitarisme facile, de tout sentimentalisme.
♦ vv. 10-13.-
Celles qui étaient prêtes… La sévérité des vierges sages à l’égard
des folles est confirmée par celle, combien plus grave, de l’époux. Il faut
veiller maintenant, c’est-à-dire prendre une provision d’huile suffisante,
c’est-à-dire être fidèle et faire ce qu’il y a à faire immédiatement. Dans
cette seconde partie du discours eschatologique, Mt insiste sur l’ignorance
humaine de l’Heure et, en conséquence, ne fait plus aucune mention des
signes de la fin.
Passage au
rite
Célébrer l’eucharistie, c’est de rencontrer l’époux qui vient. Nous sommes
avertis de l’heure. Nous serons d’autant plus coupables si nous ne sommes
pas prêts à la recevoir… à travers ce que nous faisons tous les jours.
Pour le Notre
Père
Ne nous soumets pas dans la tentation de « nous laisser aller ».
retour
SAMEDI VINGT
ET UNIÈME SEMAINE
Mt 25,14-30
Introduction
Encore une fois, depuis plusieurs jours, nous sommes en train d’écouter
Jésus qui nous parle de son retour. À chaque eucharistie il est là.
Puissions-nous nous entendre dire : « Très bien serviteur bon et fidèle » ;
si non, demandons-lui pardon.
Pour l’homélie
Contexte.- Fait important dans ces deux paraboles de la fidélité (24,45, et
celle-ci « des talents »), c’est le cas de l’infidélité qui est le plus
développé, ce qui fait penser que tout ce passage est polémique : le Christ
matthéen met en garde ses « disciples » contre une infidélité dont ils
n’envisagent pas sérieusement l’éventualité. Voici les différentes images de
l’infidélité apportées par ce passage : *) 24,45-51 : infidélité dans les
violences et l’inconduite ; **) 25,1-13 : infidélité d’imprévoyance ; ***)
25,14-30 : infidélité – paresse. Le trait commun à toutes ces infidélités
c’est qu’elles consistent en une insuffisance d’activité concrète. Il se
confirme ici que la vigilance matthéenne n’est jamais une ferveur, une joie,
ni même une foi ; elle est une attente active et responsable ; ce trait est
typique de la pensée matthéenne.
Possibles destinataires de la parabole.- Les scribes accusés de garder pour
eux le trésor – talent de la loi sans le faire fructifier pour tous les
hommes ; selon cette hypothèse, en prononçant cette parabole, Jésus n’aurait
pas fait allusion à son propre retour en gloire comme juge des derniers
jours mais seulement à la crise du jugement que les Juifs attendaient.
♦ vv. 14-15.-
La parabole pour décrire ce que nous disons aujourd’hui « la responsabilité
de l’homme devant Dieu », se sert d’une image propre de l’Orient : un maître
puissant et riche confiant ses biens à ses serviteurs ; il ne s’agira donc
pas d’une responsabilité – contrat, ni d’une responsabilité mutuelle mais
d’une responsabilité librement et souverainement confiée par le maître à des
subordonnés (non des ouvriers ; mais du personnel de la maison).
♦ vv. 16-18.-
Aussitôt, celui qui avait reçu cinq… Le contexte des ch. 24 – 25
autorise les remarques suivantes : (1) peut-être il ne faut pas trop se
demander ce que sont ces talents ; il appartient à chaque homme de prendre
conscience de ce qu’il a reçu et de ce qu’il doit faire ; remarquons en
effet que l’éthique matthéenne est ici strictement personnaliste. (2) nous
ne sommes pas dans un contexte communautaire (comme en ch. 18). (3) les vv.
31-46 montreront que la responsabilité, tel que la conçoit le Christ
matthéen, se rapporte principalement aux déshérités à secourir.
♦ vv. 19-23.-
Longtemps après… Ces versets sont destinés à préparer l’apparition et
la condamnation du mauvais serviteur (aux vv. 24-30). La joie, dans le
contexte revêt un accent eschatologique ; mais cela n’autorise à y voir une
allusion à une récompense céleste.
♦ vv. 24-30.-
Celui qui avait reçu un seul talent… Différences frappantes dans le
traitement des 2 premiers et le troisième. Remarques :
(1) Le
mauvais serviteur a moins agi par paresse naturelle que par une sorte de
fatalisme religieux et oriental ; croyant à l’omnipotence de Dieu capable de
tout sans le concours des hommes, comment pouvait-il se mettre au travail ?
(Allusions à la mentalité des disciples ou des chrétiens du premier siècle
?).
(2) Ce
mauvais serviteur n’a rien fait parce que il savait très bien que son maître
reviendrait bientôt et saurait mieux défendre ses intérêts qu’un pauvre
serviteur ne saurait le faire.
(3) Manque
d’amour de ce serviteur à l’égard de son maître.
(4) Première
difficulté : le maître paraît approuver l’idée que le serviteur se fait de
sa personne. Il approuve à l’exception qu’il est dur (σκληρός, scleros). Le
Dieu de Mt est tout-puissant mais il n’est pas dur ; sa puissance n’écrase
pas le travail et la responsabilité, elle les suscite.
(5) La
seconde difficulté (vv. 26-27, il fallait placer mon argent à la banque) ce
sont les banquiers. En amenant l’argent à la banque n’aurait-il été aussi
paresseux qu’en le gardant dans un trou ? La parabole ne prône pas le
travail pour le travail. Il fallait faire ne serait-ce qu’un minimum pour
son maître.
(6) Le v. 29
« à celui qui a lui sera donné… », doit être un dicton populaire ou d’une
parole détachée de Jésus. Elle résume bien la parabole : au jugement
dernier, celui qui aura, c’est-à-dire celui aura été fidèle dans les petites
choses de la vie terrestre, recevra une grande récompense ; mais celui qui
n’aura rien, c’est-à-dire aura été infidèle ou paresseux, sera sévèrement
puni.
Il ne s’agit
pas ici d’œuvres « méritoires », ces serviteurs sont serviteurs d’un maître
qui, malgré sa toute puissance, les associe généreusement à ses « affaires »
; mais cette grâce généreuse, mesurée à leurs capacités personnelles, ne
saurait en faire des paresseux ; elle entend en faire des hommes actifs et
responsables.
En étudiant
la parabole des talents, il ne faut pas oublier celle du serviteurs
impitoyable qui, dans un autre contexte, souligne ces deux aspects de
l’enseignement matthéen : la remise gratuite et souveraine de la dette au
serviteur insolvable et la responsabilité très grave qui découle de cette
grâce « paulinienne ».
Passage au
rite
Jésus a osé risquer son talent – sa vie, sa divinité – au service de
l’annonce de la Bonne Nouvelle. Apparemment a échoué. Mais puisqu’il na rien
gardé pour lui a tout récupéré, même plus, à la résurrection. Unissons-nous
à cette confiance totale de Jésus au Père maintenant à la messe, pour y
rester unis toute la journée.
Pour le Notre
Père
« Que ta volonté soit faite ». En demandant cela, demandons aussi le courage
pour l’accomplir de notre mieux.
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