LUNDI
VINGT-DEUXIÈME SEMAINE
Lc 4,16-30
Introduction
De même que jadis à Nazareth, Jésus vient nous annoncer la Bonne Nouvelle,
dans la mesure où nous reconnaissons pauvres devant lui. Puissions-nous
l’accueillir de telle façon que nous puissions bénéficier de ce qu’il veut
nous apporter. Reconnaissons d’abord ne pas l’avoir toujours accueilli.
Pour l’homélie
Contexte.-
Dès aujourd’hui jusqu’à la fin de l’année liturgique nous proclamerons saint
Luc. De même que pour Mc et Mt, ce sont des chapitres (ou des extraits)
appartenant à ce que nous appelons « la vie publique ». Nous commençons la
série de lectures au ch. 4 (on a laissé « tomber » : annonces ; naissances ;
enfances ; ministère de Jean ; baptême de Jésus ; séjour au désert ;
sommaire d’activité galiléenne). Les versets sont une sorte de « prélude » à
tout ce qui suivra.
Contexte.-
[4,14-15] Alors Jésus, avec la puissance de l'Esprit, revint en Galilée,
et sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans leurs
synagogues et tous disaient sa gloire. Notre texte illustre le quoi et
le comment de cet enseignement de Jésus. C’est la prédication inaugurale de
Jésus qui va marquer l’extraordinaire nouveauté de son message.
♦ v. 16.-
Tout juif adulte (de trente ans accomplis ; 3,23 : Jésus, à ses débuts,
avait environ trente ans), rabbin ou non pouvait lire et commenter librement
l’Écriture, c’est-à-dire en général la paraphraser. Jean Baptiste avait été
identifié comme celui qui accomplit Is 40 ; maintenant Jésus fait de même
avec Is 61,1ss.
♦ v. 20-21.-
Tous avaient les yeux fixés sur lui. La surprise des auditeurs vient de ce
que Jésus fait bien autre chose que les lecteurs /commentateurs habituels :
Il proclame l’accomplissement de cette Écriture dans le même moment où il
parle. Un tel commentaire est d’une densité inouïe : Jésus s’approprie le
programme de salut défini par la prophétie. À douze ans il avait dit : «
Il faut que je m’occupe des affaires de mon Père », voici maintenant
l’acceptation d’un « contrat » aux clauses explicites : Is 61 (L’Esprit
su Seigneur repose sur moi…).
♦ v. 18.-
L’allusion à l’onction par l’Esprit du Seigneur correspond au titre de
Christ qui l’a désigne à sa naissance (2,11 : les anges ; 2,26 : « vocation
» de Siméon).
Ce programme
présente deux aspects fondamentaux : (1) Il est transmission d’un message ;
verbe évangéliser, avec la précision des destinataires : les pauvres (Lc 10
fois ; Mt 5) ; avec l’apparition du thème de l’accueil. (2) C’est
l’accomplissement d’une œuvre : libération, on ne sait pas encore de quoi ;
et la pratique de la guérison. Ce programme jusqu’ici « virtuel » (dans
l’ordre de la prophétie) est dit passé au stade de l’accomplissement, dans
l’aujourd’hui de la présence et des actes de Jésus.
♦ vv.-
22-30.- N’est-ce pas le fils de Joseph… ? La scène inaugurale de
Nazareth se prolonge. Lc veut-il donner une illustration du comment le
message va être reçu ? Accueil mêlé : tous lui rendent hommage ; mais ils
butent sur la question de l’identité. Sus la forme interrogative pointe un
doute : « Peut-il être un prophète qualifié cet enfant du
pays… ?
C’est en ce
sens que Jésus l’interprète. Il porte sur eux un verdict de non accueil : «
Aucun prophète ne trouve accueil dans sa patrie ». Le mystère du rejet final
de Jésus pour son peuple est ainsi préfiguré dans ce fort paradoxe : Le
porteur du grand message d’accueil de la part de Dieu n’est pas accueilli.
Des allusions à la passion « Médecin, guéris-toi toi-même » (« Sauve-toi
toi-même », Lc 23,35.37). « Jeté dehors », comme dans la parabole des
vignerons homicides.
La colère a été provoquée parce que Jésus a eu le front d’opposer au mauvais
accueil de son peuple, un souvenir historique évidemment provocateur, dans
ce contexte, par le commentaire qui l’accompagne : « Il y avait beaucoup de
veuves… » « Il y avait beaucoup de lépreux… » C’est au bénéfice des païens
que Dieu, par ces prophètes, accomplit de gestes de salut. Veuve de Sarepta,
Naaman le Syrien, couple de figures parallèles que Lc aime. Veuve et lépreux
: deux figures de pauvre, d’exclu.
Passage au
rite
Les signes
sacramentaux montrent et cachent en même temps. Ce fut aussi le cas pour
Jésus. Que notre foi nous aide à faire la synthèse de ce paradoxe au moment
de célébrer le mémorial de la mort et la résurrection de Jésus.
Pour le Notre
Père
Un élément essentiel de la Bonne Nouvelle apportée par Jésus, c’est de nous
révéler que Dieu est Père. Pleins de joie, nous osons dire…
retour
MARDI
VINGT-DEUXIÈME SEMAINE
Lc 4,31-37
Introduction
Notre
assemblée n’est pas une réunion synagogale. C’est la rencontre ordonnée par
Jésus pour accomplir son mémorial. Et puisque nous sommes rassembles en son
nom, d’après sa propre parole, il est au milieu de nous. Laissons-nous
prendre par l’admiration du Seigneur et le louer pour sa puissance. De même
qu’il expulsa le démon ; qu’il expulse nos péchés.
Pour l’homélie
Contexte.-
Avec l’évangile de demain, c’est cette unité que l’on appelle « la journée
de Capharnaüm ». On dirait que le centre géométrique des deux récits c’est
le pouvoir de la parole de Jésus, en enseignant, en exorcisant.
♦ v. 32.-
On était frappé. Lc montre l’autorité de la parole de Jésus dans son
enseignement (v. 32) et dans ses exorcismes (v. 33).
♦ v. 33.-
Il y avait dans la synagogue… Luc unit ici le terme impur à celui de
démon ; très habituel.
♦ v. 34.-
Quoi à nous et à toi. Expression pour repousser une intervention jugée
inopportune ou manifester le refus de tout rapport avec quelqu’un. Le démon
qui est censé parler par la bouche du malade et au nom de ses congénères
comprend que son pouvoir touche à la fin. Saint de Dieu : Dieu seul est
saint et sa sainteté s’attache à ce qui lui appartient ou lui est consacré.
Jésus est le Saint de Dieu par excellence étant le Christ et le Fils de
Dieu.
La parole de
Jésus n’est pas un simple faire savoir, son efficacité s’exerce d’emblée
dans la pratique de l’exorcisme. Le refus opposé par Jésus à recevoir le
pouvoir du diable (dans le désert) lui a conféré l’autorité et la puissance
pour faire reculer son emprise maléfique sur les hommes.
♦ v. 36.-
Tous furent effrayés… Les témoins de l’exorcisme, eux aussi, sont saisis
d’effroi et se posent à leur tour la question de l’identité de Jésus. La
forme ici interrogative étant encadrée par la double affirmation des
démoniaques. (vv. 34 et 41).
«
Qu’est-ce que c’est cette parole là, qu’avec autorité (έξουσία, exousia) et
puissance (δυναμις, dynamis) commande aux esprits impurs et ils sortent ? »
(v.36). La réponse reste en suspens, mais le fait que Jésus pose question
pour sa pratique puissante se diffuse largement.
Passage au
rite
La
crédibilité est acquise lorsque les actes suivent et confirment les paroles.
Jésus a dit et a fait. Il est venu nous libérer, il l’a annoncé et il l’a
accompli, même au prix de sa vie. La victoire dans la synagogue de
Capharnaüm annonçait celle de Pâques après la croix.
Pour le Notre
Père
«
Délivre-nous du Malin ». Si Jésus nous a prescrit de faire cette demande
c’est qu’il veut nous l’accorder. Que nous soyons libérés comme l’homme de
la synagogue. retour
MERCREDI
VINGT-DEUXIÈME SEMAINE
Lc 4,38-44
Introduction
Nous
complétons la journée apostolique de Jésus à Capharnaüm qu’il avait commencé
à la prière synagogale du samedi. Nous aussi, en tant que chrétiens nous
commençons la journée en célébrant l’Eucharistie. Puissions-nous la
continuer en communion avec le Seigneur mort et ressuscité. Demandons pardon
pour nos manques de fidélité.
Pour l’homélie
Contexte.- Voici les moments saillants de la journée de Jésus. À
chacun un geste significatif du salut qu’il vient nous apporter.
♦ v. 38.-
Chez Simon. Simon apparaît ici pour la première fois. Il suivra Jésus à
partir de 5,1-11.
♦ v. 39.-
…Menaça la fièvre. Jésus s’adresse ici à la fièvre comme à une puissance
démoniaque. (voir aussi vv. 35 et 41)
♦ v. 41.-
Parce qu’ils savaient qu’il était le Christ. Lc identifie le titre de
Fils de Dieu à celui de Christ. Il présente ces deux titres en gradation
(1,32.36 : Annonciation ; 22,67.70 : procès religieux).
♦ v. 43.-
Règne de Dieu. Cette formule usuelle de Jésus, qui apparaît ici chez Lc
pour la première fois, se rattache à la pensée biblique et juive qui exprime
par là la royauté permanente de Dieu sur le monde et annonce la
manifestation triomphale tu temps du salut. C’est pour cela… : chez Lc Jésus
explique son départ de Capharnaüm par la mission qu’il a reçue de Dieu (voir
Is 6l, dans de discours à Nazareth).
♦ v. 44.-
Il prêchait dans les synagogues de Judée. Litt. Proclamait – κηρύσσώ,
kerissô – mot « technique » qui signifie « proclamation de la Bonne
Nouvelle ». Judée, c’est la façon de parler de Lc, car il s’agit de la
région de la Galilée.
Contexte.-
Puisque à l’époque, la maladie est une autre forme de l’emprise maléfique de
l’adversaire, la guérison est donc un des aspects de l’œuvre de salut.
La maison
de Simon. La maison où est reçu le bienfait de la guérison est marquée
comme le lieu de service accomplit tout de suite par la belle mère de Simon.
Sommaire
de guérisons. Jésus a menacé le démon du possédé (4,36) ; il a menacé la
fièvre (4,39) ; il a menacé aussi les démons expulsés (4,41). Puissance que
de la parole de Jésus. Concernant l’ordre du silence : D’une part Lc fait
apparaître la « vérité » du titre de Christ pour Jésus ; d’autre part, Lc
montre que Jésus s’est montré réticent à l’égard d’un titre tellement chargé
d’ambiguïtés. Jésus doit aussi écarter le risque que représente le succès
auprès des foules. Le départ est donc obligé.
Passage au
rite
« C’est pour
cela que j’ai été envoyé ». « Cela », c’est prêcher avec des paroles, avec
des actes, avec la fidélité malgré la mort. « Cela » est aussi la messe.
Jésus a été envoyé pour que nous puissions nous unir à Lui dans son mystère
pascal humblement célébré les matins.
Pour le Notre
Père
Jésus a été
envoyé accomplir les intérêts du Père : sanctification de son nom ; faire
venir son Règne ; faire sa volonté. En disant la prière de Jésus demandons
de savoir nous intéresser aux désirs/intérêts de Dieu.
retour
JEUDI
VINGT-DEUXIÈME SEMAINE
Lc 5,1-11
Introduction
Nous sommes
venus, ce matin, à la messe écouter et voir Jésus. Bien sûr, dans la foi.
Nous l’entendrons parler, nous le verrons agir. Plus que d’une pêche
miraculeuse, ce sera sa propre mort et résurrection. Enlevons de notre cœur
ce qui pourrait empêcher de croire en profondeur aux gestes sacramentels.
Pour l’homélie
Contexte.-
Lc place l’engagement des premiers disciples à la suite des miracles de
Capharnaüm, à la différence de Mt et Mc (4,19 ; 1,17, tout au début du
ministère de Jésus) pour mieux motiver la réponse des disciples. Il est le
seul à y joindre une pêche miraculeuse que Jn place après la résurrection.
Deux récits dans une certaine mesure parallèles : L’appel au pêcheur (vv.
4-11) et l’appel du lépreux (vv. 12-16, qui ne sera pas proclamé).
♦ v. 1.-
Un jour Jésus se trouvait sur le bord du lac… Lc ne donne jamais le nom
de « mer » à ce lac.
♦ v. 5.-
Maître (έπιστατες, epístates) ne se trouve que chez Lc, toujours
sur les lèvres des disciples, sauf en 17,13 (dix lépreux). Il doit marquer
une foi plus profonde en l’autorité de Jésus que l’habituel διδάσκαλος
(didáscalos) qu’il faut aussi traduire par maître.
♦ v. 8.-
Je suis un pécheur. Pierre découvre dans ce miracle la puissance divine
de Jésus (Seigneur) et il confesse qu’il est indigne de rester avec lui.
♦ v. 10.-
Hommes que tu vas capturer. L’image, malgré l’emploi peu favorable dans
l’A. T. ( « Tu fais désormais les hommes à l'image des poissons de la
mer, de ce qui grouille sans maître : celui-là les tire tous à l'hameçon, il
les drague au filet, les ramasse au chalut. Alors, il est joyeux, il exulte,
alors, il offre un sacrifice à son filet, de l'encens à son chalut, car ils
sont gonflés pour lui d'une part abondante, d'une nourriture copieuse.
Alors, videra-t-il son filet pour encore assassiner des nations sans trêve
ni pitié? », Ha 1,15-17) ; notamment comme menace de châtiment (« Je
vais envoyer quantité de pêcheurs - oracle du SEIGNEUR - qui les pêcheront;
et puis j'enverrai quantité de chasseurs qui les chasseront sur toute
montagne, sur toute colline et jusque dans les creux des rochers, Jr
16,16), s’applique ici à la mission future des Douze : en prêchant
l’Évangile, ils rassembleront des hommes en vue du jugement et l’entrée dans
le Royaume de Dieu.
♦ v.11.-
Laissant tout. Lc est le seul à indiquer ici comme dans les récits de
vocation que les disciples doivent tout laisser pour suivre Jésus (5,28,
Lévi ; 18,22, l’homme riche ; cf. 12,33, trésor inaltérable ; 14,33,
renoncer à tout pour suivre Jésus).
♦ v. 11.-
Suivre. Le respect, l’obéissance et les nombreux services que les
disciples de rabbis devaient à leurs maîtres. Jésus change plusieurs aspects
: c’est lui qui les choisit ; il ne se fait pas servir et mais il cherche
des collaborateurs ; et d’autres.
L’ordre de
Jésus, qui n’est pas pêcheur, donnée au « professionnel » qui est Pierre,
peut paraître absurde. L’obéissance de Pierre, semblable à celle d’Abraham,
exprime bien ce qu’est l’acte de croire. Simon manifeste une confiance
totale dans la parole du Maître et la traduit immédiatement en acte.
Le mot qui
exprime la réaction des témoins devant la pêche est le même qui exprime
celle des témoins du premier l’exorcisme. Elle entraîne chez Simon (qui
reçoit sans explications le surnom de) Pierre, une confession d’être pécheur
par ses paroles et par son geste de tomber à genoux. On songe à la réaction
d’Isaïe devant la vision du trône de Dieu et la proclamation de sa sainteté.
À cette
exclamation Jésus ne répond pas avec une déclaration de pardon, mais "ne
crains pas" qui introduit le nouveau programme de vie pour Simon.
Passage au rite
Et si Pierre
avait été témoin de ce que nous allons célébrer ? Il ne s’agit pas d’avoir
peur ; mais d’admirer et de se laisser dépasser par le don de Dieu. Que
l’habitude d’entendre tous les jours les mêmes mots ne nous en enlève pas ce
qu’ils ont pour attirer notre admiration, notre joie, notre fidélité.
Pour le notre
Père
D’un côté
Jésus demande de « tout laisser » ; parce qu’il veut nous donner tout :
c’est lui-même qu’il veut se donner à nous. Que les paroles et les pensées
du Notre Père soient notre « tout à garder ».
retour
VENDREDI
VINGT-DEUXIÈME SEMAINE
Lc 5,33-39
Introduction
Il n’était pas facile de comprendre Jésus à certains groupes pieux de son
époque. Il leur manquait ce que lui-même leur demandait « Convertissez-vous
», c’est-à-dire faites-moi confiance. Participer au repas eucharistique n’a
de sens que le faire en communion de pensée avec Jésus. Pour nos errances,
pardon !
Pour l’homélie
Contexte.-
Notre passage fait partie d’un petit ensemble de controverses de Jésus avec
des scribes et des pharisiens. Pardonner ou pas ; liberté de table ou pas ;
manger ou pas ; guérir ou pas. Au centre, comme clé de voûte qui donne sens
: recevoir Jésus dans des outres neuves.
♦ v. 33.-
On disait un jour à Jésus. Si ceux qui posent la question – « on » –
sont les mêmes de la scène précédente ; pourquoi
parlent-ils des pharisiens à la troisième personne ? Les disciples de Jean
appariassent aussi lors de la demande d’apprendre une prière (11,1).
♦ v.34.-
Les invités à la noce. Litt. « les fils de la salle nuptiale »,
expression sémitique qui désigne les amis que le fiancé invite à son
mariage.
♦ v. 36.-
Alors ils jeûneront. On jeûne parce qu’on est triste, parce qu’un
événement nous afflige…non pour se mortifier. Tant que l’époux est là on est
heureux = on mange. Lorsqu’il n’y sera pas, on sera affligé = on jeûnera.
♦ v. 36.-
Il leur dit encore… Par cette introduction, Luc sépare de la scène
précédente les trois exemples suivants. Ceux-ci imposent un choix entre le
vieux (sans doute les routines du judaïsme) et le neuf (l’Évangile). Luc
force l’image en faisant déchirer le vêtement nouveau pour rapiécer le vieux
!
♦ v. 39.-
Le vieux qui est bon il faudrait comprendre qui est meilleur.
Manger ou
ne pas manger. Les pharisiens et leurs scribes (après avoir reproché à
Jésus et ses disciples de manger avec les publicains) lui reprochent de ne
pas prescrire à ses disciples une pratique d’austérité semblable à celle des
disciples de Jean ou des pharisiens eux-mêmes. (L’enjeu n’est pas celui de
l’austérité ou de la bombance – même s’ils viennent de faire un bon repas
chez Lévi, ou sont en train de le faire encore, mais celui de l’affliction
pour le manque de la venue du Messie et pour renforcer leur prière afin
d’accélérer sa venue.)
La réponse,
métaphorique encore, conjoint deux thèmes bibliques, celui du repas et celui
du symbolisme conjugal, expression fréquente de l’alliance de Dieu et son
peuple chez les prophètes d’Israël, bien connue de ses interlocuteurs.
La pratique des disciples de Jésus doit être reconnue comme signe d’une
présence salutaire qui invite à la joie et non à l’austérité (plutôt « à
l’affliction »).
Le neuf et
le vieux.- La parabole des vêtements et des outres est l’interprétation
que Jésus fait de l’opposition qui est apparue ce le contexte depuis 5,17.
Cette opposition est radicale parce qu’elle oppose les valeurs établies et
les valeurs nouvelles que Jésus vient établir. Le pardon et l’accueil des
pécheurs, la communion qui leur est offerte, le primat donné à la vie sur
les interdits entraînent effectivement la subversion d’un ordre socio
religieux que Jésus n’hésite pas à mettre au rang des « vieilleries ».
C’est bien
sûr avec ironie qu’il désigne le refus de cette nouveauté comme
l’appréciation de buveurs expérimentés qui préfèrent le vin vieux : les
scribes se croient des experts capables d’estimer la valeur relative des
commandements divins, mais leur goût est perverti.
Passage au
rite
Le projet de
Jésus (du Père) de faire partager le vin nouveau à toute sorte d’homes, l’a
conduit à la croix. Dieu n’est pas Père des morts mais des vivants : il l’a
glorifié. Nous sommes là pour y communier.
Pour le Notre
Père
Jésus nous a
appris à demander de quoi manger. Le temps de l’attente est fini. «
Donne-nous… » retour
SAMEDI
VINGT-DEUXIÈME SEMAINE
Lc 6,1-5
Introduction
Apaiser sa faim, c’est une priorité dans la vie humaine. Jésus a voulu nous
faire comprendre que notre que notre vie dépend de Dieu le Père, et il nous
a appris à lui demander le pain de chaque jour, même si « nous ne nommes pas
dignes de le recevoir ». Reconnaissons-le et demandons pardon.
Pour l’homélie
C’est encore
une discussion avec des pharisiens (qui apparemment « persécutent » Jésus
partout où il va ; même lorsqu’il se promène dans des champs) au sujet du
repos sabbatique… apparemment. Car Lc laisse comprendre aussi un autre sens.
♦ v.1.- Litt.
Un sabbat second premier. (Un second sabbat du premier mois [Nisan ou
Abib]). Les deux adjectifs se trouvent chez nombreux témoins. Ils
correspondent à une formula juive bien connue. À cette date proche à la
moisson (de l’orge), il est interdit de manger les grains de la moisson
nouvelle (Lv 23,14). Cette donnée, qui correspond aux usages du judaïsme et
qui est bien en situation ici, est sûrement ancienne et probablement
originale dans le texte. Autre leçon : un sabbat.
♦ v. 2.-
Pourquoi faites-vous ? De même qu’en 5,30 Luc fait que le reproche des
pharisiens soit adressé aux disciples. C’est encore Jésus qui répond. (Qui
prend la défense des siens ?).
♦ v. 3.-
Ce que fit David. 1 S 21,2-7 (David au sanctuaire de Nov avec le prêtre
Ahimélek).
♦ v. 4.-
Les prêtres et eux seuls. Lv 24,5-9 (…Cela reviendra à Aaron et à ses
fils; ils mangeront ce pain dans un endroit saint, car c'est pour eux une
chose très sainte prise sur les mets consumés du SEIGNEUR; c'est une
redevance pour toujours).
♦ v. 5.- Un
témoin transfère ce verset après le v. 10 (la guérison de la main paralysée,
dans la synagogue, le jour du sabbat). Ce témoin insère ici ce petit épisode
: « Le même jour, voyant quelqu’un travailler le jour du sabbat, il lui
dit : homme si tu sais ce que tu fais, tu es heureux ; mais si tu ne le sais
pas, tu es maudit et transgresseur de la loi. »
Pour
l’évangéliste le Fils de l’homme est évidemment Jésus, qui affirme son
autorité sur l’institution divine du sabbat. Cette parole égale en portée
celle de 5,24 (sur le pardon des péchés). Elle dégage de l’attitude de Jésus
dans les vv. 1-5 le principe qui l’inspire.
Cet épisode
fait apparaître que, malgré de « passer leur via à manger et ne jamais
jeûner », ce n’est pas du tout le cas. Ils avaient faim ; magner des épis ce
n’est pas de la gourmandise, mais de la nécessité.
« David prit les pains de l’offrande, en mangea et en donna à ses compagnons
», allusion au dernier repas ?
Complément d’informations sur les épines arrachées
« Une
tradition, d’ailleurs mal attestée par la tradition manuscrite contraste par
son étonnante précision. L’épisode des épis grappillées dans les champs est
datée, littéralement, du “sabbat deuxième premier”, ce qu’il faut sans doute
comprendre comme “le deuxième sabbat du premier mois (de Nisan)”,
c’est-à-dire au moment précis où va commencer la moisson de l’orge, dont on
ne peut manger les grains, selon Lev 23,10-14, avant d’avoir offert la
première gerbe le lendemain du sabbat. À vrai dire, la prescription du
Lévitique ne concerne que les épis grillés. Mais Lc a été attentif à cette
prescription, quitte à la restreindre encore ; il a, du même coup, donnée à
sa narration une portée différente que celle perçue à une lecture
superficielle. Le geste des disciples devient discutable et critiquable pour
les pharisiens moins parce qu’ils violent le sabbat que parce qu’ils
s’approprient et mangent ce qui appartient à Dieu. Du même coup, la réponse
de Jésus qui fait référence à David et ses hommes mangeant les pains de
proposition est plus adéquate, et plus pertinente. »
Jean-Pierre CHARLIER, « Jésus au milieu de son peuple – III », Cerf 1989, p.
78.
Passage au
rite
Jésus était venu nous donner ce qui lui appartenait en propre : la vie
éternelle. Il la donna au prix de la vie mortelle. Nous rendons présent ce
mystère de don de la vie sur l’autel : pour vous, pour la multitude. Nous
allons la recevoir et la manger tout de suite.
Pour le Notre
Père
Ce ne sont
pas des épis que Dieu nous fait demander ; c’est du pain de « ce jour »…
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