Messes des jours en semaine T. O. :  VINGT-SEPTIÈME


INDEX

LUNDI VINGT-SEPTIÈME SEMAINE
MARDI VINGT-SEPTIÈME SEMAINE
MERCREDI  VINGT-SEPTIÈME SEMAINE
JEUDI VINGT-SEPTIÈME SEMAINE
VENDREDI VINGT-SEPTIÈME SEMAINE
SAMEDI VINGT-SEPTIÈME SEMAINE

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Lc 10,33s :Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui; il le vit et fut saisi de pitié. Il s'approcha, pansa ses plaies en y versant de l'huile et du vin, puis le chargea sur sa propre monture, le conduit à l'auberge et prit soin de lui.


LUNDI SEPTIÈME SEMAINE
Lc 10,25-37

Introduction
            Venir célébrer l’eucharistie, c’est, parmi d’autres choses, se laisser surprendre par la Parole de Dieu. Parfois nous sommes directement concernés ; parfois nous devons apprendre à partir de ce qu’arrive aux autres. Et toujours nous unir à l’offrande de Jésus au Père, pour nous. Reconnaissons nos péchés.

Pour l’homélie
            Contexte de 25-37. Tandis que Mt et Mc rapportent cet épisode (la question du scribe sur le premier commandement) aux derniers jours de Jésus à Jérusalem, Lc le place ici au début du voyage de Jésus de la Galilée à Jérusalem, en tête des enseignements aux disciples. Il en complète la leçon en attachant à sa suite la parabole du bon Samaritain ; celle-ci montre comment le disciple doit être le prochain de tous.

            ♦ v. 25.- Un légiste. Lc emploie souvent ce terme [νομικός, nomikos] (7,30 ; 10,25.37 ; 11,45-46.52 ; 14,3) qu’on trouve une fois chez Mt 22,35. Il désigne en fait les scribes : ce sont les doctes (11,45-52, les « malheureux êtes vous… »)

            ♦ v. 25.- À l’épreuve. Chez Mc 12,34, Jésus reconnaît que le scribe n’est pas loin du Royaume de Dieu. Chez Mt 22,35, le légiste tend un piège à Jésus ; de même ici chez Lc, où pourtant Jésus trouve en lui un interlocuteur bien disposé (27-28.37).

            ♦ v. 25.- Maître que dois-je faire. Chez Mt 22,36 et Mc 12,28, la question porte à la manière juive sur le plus grand ou premier commandement. Lc préfère une formulation plus significative pour ses lecteurs. (Lc 18,18 : Un notable interrogea Jésus : « Bon maître, que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle en partage ? »).

            ♦ v. 26.- Comment lis-tu ? Chez Lc Jésus répond par une question (cf. 20,3). Il oblige ainsi son interlocuteur à prendre positon lui-même.
 
            ♦ v. 27.- Tu aimeras… Citation du Dt 6,5. Le quatrième terme de l’énumération (de toute ta pensée), absent du texte hébreu du Dt, se trouve dans un de ses manuscrits grecs. L’A. T. grec l’utilise d’ordinaire pour traduire cœur. Lc doit l’entendre selon la langue de son temps, au sens de pensée, réflexion.

            ♦ v. 27- Ton prochain comme toi-même. Citation de Lv 19,18. Ici, c’est le légiste qui trouve la réponse, tandis que chez Mt 22,37 et Mc 12,29, c’est Jésus qui la lui donne. En fait, les rabbins d’alors auraient sans doute pu citer sur coup l’un et l’autre texte ; mais il est douteux qu’ils aient donné la même importance au second qu’au premier. Lc tient ici à montrer comment le message de Jésus était préparé par l’A. T.

            ♦ v 29.- Voulant montrer sa justice. Voulant justifier sa question, puisque c’est lui qui a répondu, ou plutôt voulant montrer le sérieux de sa recherche.

            ♦ v. 29.- Et qui est mon prochain ? Pour un Juif d’alors, la question ne se pose guère : le prochain est tout membre de son peuple, à l’exclusion de l’étranger. Il semble que c’est Lc qui a formulé la question pour présenter l’élargissement par Jésus de la notion traditionnelle.

            ♦ v. 30.- Jésus reprit. Jésus répond par une parabole (comme en 7,40-43 : Chez Simon avec la femme publique ; 14,16-24 : les invités au festin ; 15,3-32 : paraboles de la miséricorde). Celle-ci n’est pas une comparaison, mais un exemple qui présente l’attitude à imiter ou à éviter (12,16-21 : l’homme de la grande récolte ; 14,28-32 : le bâtisseur d’une tour et celui qui part en guerre ; 16,1-8 : le gérant habile ; 18,9-14 : la prière du pharisien et du publicain) ; elle va conduire le légiste à dépasser sa perspective étroite (vv. 36-37).

            ♦ v. 30.- Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. La route longue d’à peu près vingt cinq kilomètres, traverse le désert de Juda, alors infesté de bandits.

            ♦ v. 31.- Et passa à bonne distance. Il est vain de conjecturer ses motifs : comme le lévite qui le suit, il n’est qu’un repoussoir destiné à mettre en valeur le Samaritain.

            ♦ v. 33.- Mais un Samaritain. Suivant un usage courant dans les paraboles, on trouve ici trois personnages   (14,18-20 : ceux qui s’excusent pour ne pas aller au repas ; 19,16-24 : la parabole des mines ; 20,10-12 : les serviteurs envoyés aux vignerons). Sur les Samaritains voir 9,52 dans Mardi 26ème semaine.

            ♦ v. 33. Près de l’homme (blessé). Dans ce contexte et en ce lieu, c’est un juif.

            ♦ v. 34. De l’huile et du vin. La médicine d’alors utilisait pour soigner les blessures aussi bien l’huile pour calmer la douleur (Is 1,5 : Où faut-il encore vous frapper, vous qui persistez dans la rébellion? Toute tête est malade, tout cœur exténué. De la plante des pieds à la tête, rien d'intact: blessures, plaies, meurtrissures récentes, ni nettoyées, ni bandées, ni adoucies avec de l'huile), que le vin pour désinfecter.

            ♦ v. 37.- Qui a fait la bonté avec lui (expression de l’A. T. grec. Lc 1,72 : Il a montré sa bonté envers nos pères et s'est rappelé son alliance sainte…). Le légiste donne lui-même la réponse que Jésus lui suggère par la parabole : le prochain c’est tout homme qui s’approche des autres avec amour, même quand ils sont étrangers ou hérétiques. On n’a plus à se demander comme le légiste : Qui est mon prochain ? mais Comment serai-je le prochain de tout homme ? Le vieux particularisme d’Israël, comme le juridisme des docteurs éclatent devant l’évangile. Dans la réponse du légiste on a évité le mot publicain.

            ♦ v. 37.- Fais de même. Le verbe faire, deux fois employé dans ce verset, comme dans la question initiale (v. 25) et dans la première réponse de Jésus (v. 28), marque le réalisme qui s’impose à la charité des disciples.

            « Tu as bien (ορθώς, orthôs) répondu. Fais cela et tu vivras. » L’adverbe grec suggère une paraphrase dans notre jargon théologique : « Tu as l’orthodoxie, il te faut réaliser l’orthopraxie. »

            * L’homme est donc tombé aux mains des brigands qui l’ont dépouillé et l’ont laissé pour mort. À son malheur physique et moral, s’ajoute pour lui une exclusion d’ordre religieux : touché par des impurs il a contacté lui aussi une impureté. C’est probablement une des raisons de l’indifférence apparente, voire la répulsion, qu’éprouvent à sa vision le prêtre et le lévite soucieux de préserver leur intégrité rituelle. Le Samaritain, bien sûr, ne va pas avoir de scrupules de ce genre. (Marie-N. THABAUT, L’intelligence, v.6, 220)

Passage au rite
            Jésus est-il représenté par le Samaritain ou par l’homme blessé ? De Jérusalem à Jéricho du ciel à la terre pécheresse…

Pour le notre Père
            D’ans l’auberge, l’Eglise, on prend soin de nous. Merci de nous donner le pain de chaque jour. Prions donc avec confiance.    retour




MARDI SEPTIÈME SEMAINE
Lc 10,38-42

Introduction
            Jésus, en route, est entré chez Marthe, Marie et Lazare. Ce matin Jésus rentre chez nous, dans notre église paroissiale des Martyrs. Quel accueil allons-nous lui offrir. Commençons, peut-être, par lui demander pardon de nos péchés.

Pour l’homélie
            Contexte. L’épisode est tout centré sur la parole qui le conclut. Les deux sœurs sont probablement les mêmes qu’en Jn 11,1-40 et 12,1-3, car elles sont décrites avec les mêmes traits : Marthe dévouée au service (11,20 ; 12,2), Marie, prosternée aux pieds de Jésus (11,32 ; 12,3).
           
            ♦ v. 39.- Assise aux pieds du Seigneur. C’est, chez Lc, l’attitude propre au disciple (Ac 22,3 : Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie, mais c'est ici, dans cette ville, que j'ai été élevé et que j'ai reçu aux pieds de Gamaliel une formation strictement conforme à la Loi de nos pères. J'étais un partisan farouche de Dieu, comme vous l'êtes tous aujourd'hui).

            ♦ v. 42.- Une seule est nécessaire. Lit. Il est besoin d’une seule chose. Plusieurs témoins suppriment cette phrase ; d’autres lui substituent : il est besoin de peu de choses (pour le repas : cela semble une interprétation ascétique) ; plusieurs unissent les deux formules : il est besoin de peu de choses, même d’une seule ce qui est apparemment un compromis). La plupart lisent le texte ici proposé.

            Celui-ci a l’avantage de donner à l’épisode sa conclusion la plus profonde : la parole de Jésus passe avant tout souci temporel (cf. Lc 12,31 : Cherchez plutôt son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît ; et, dans l’œuvre de Lc, le texte comparable d’Ac 6,2 : Les Douze convoquèrent alors l'assemblée plénière des disciples et dirent : « Il ne convient pas que nous délaissions la parole de Dieu pour le service des tables »). L’exégèse ultérieure trouvera souvent ici la proclamation de la supériorité de la contemplation sur l’action ; en fait il ne s’agit pas ici de contempler mais d’écouter la parole qui appelle à la foi et à l’engagement.

            ♦ v. 42.- La meilleure part. Cf. 5:39 : Quiconque boit du vin vieux n'en désire pas du nouveau, car il dit : Le vieux est meilleur.

            La description de l’attitude de Marie est la formulation presque technique que pose Marie en qualité de disciple, dans la disposition de celui qui reçoit l’enseignement d’un Maître. Or, dans la société juive de ce temps, il était totalement exclu d’attribuer une telle qualité à une femme. Le « féminisme « de Lc (et de Jésus ?) déjà rencontre (8,1-3), est à nouveau manifeste : une exclusion socioreligieuse très ancrée est ici abolie. Du reste le simple fait d’être reçu dans la maison de deux femmes confirme la souveraine liberté de Jésus par rapport aux interdits de ce type.

            Le trait à retenir est donc moins l’avertissement à Marthe, que l’insistance sur la priorité à donner, quand le Seigneur est là, à l’écoute attentive de sa parole : c’est le lot du disciple fidèle, qu’on ne saurait lui enlever. Nous savons par les épisodes précédents qu’écouter la parole de Jésus est recevoir un message d’envoi au service d’autrui (Va et tu fais de même…).

Passage au rite
            De même que la vie de Jésus ne fut ni contemplation seulement, ni activité seulement. De même celle du disciple. Une écoute, une contemplation, qui conduit à l’activité… aussi engageante que la croix ! Pour nous, rien d’autre que l’intériorisation de la parole de Jésus, peut nos conduire jusqu’à là.

Pour le Notre Père
            Pour pouvoir faire de la communion sacramentelle notre nourriture, il nous faut d’abord nous nourrir de sa Parole, comme Marie de Béthanie et Marie de Nazareth. Comme nous l’avons appris, demandons ce pain de chaque jour en disant.    retour



MERCREDI SEPTIÈME SEMAINE
Lc 11,1-4

Introduction
            Dans la célébration eucharistique il nous faut « entendre » et « voir » Jésus parler et agir, pour penser comme lui, parler comme lui, agir comme lui. Quelques disciples ont vu Jésus prier et ils lui ont demandé de leur apprendre à faire comme lui. Puissions-nous faire pareillement. D’abord, cependant, accueillons son pardon.

Pour l’homélie
            Contexte. Saint Luc nous propose dans les évangiles d’aujourd’hui et de demain une petite catéchèse sur la prière. Cette catéchèse a été déclenchée par la propre façon de prier de Jésus.

            À la manière de Mt 6, 5-15, Lc rassemble dans les vv. 1-13 (aujourd’hui et demain) plusieurs enseignements de Jésus à ses disciples sur la prière : le modèle de leur prière, une parabole qui les invite à la persévérance dans l’imploration, une exhortation à s’adresser à leur Père en toute confiance.

            ♦ v.1.- Quelque part en prière. La prière est très souvent mentionné en Lc. 5,16 : à la fin de la journée de Capharnaüm ; 6,12 : avant le choix des Douze ; 9,18 : à la demande de l’opinion des gens sur lui ; 9,28-29 : Transfiguration ; 10,21 : après l’échec dans les villes galiléennes ; 11,1 : avant l’enseignement du Notre Père ; 22,32 : pour la foi de Pierre ; 22,40.46 : à Gethsémani ; 23,34 : au moment d’être cloué sur la croix ; 23,46 : au moment de mourir.

           ♦ v. 1.- Comme Jean l’a appris à ses disciples. Lc fait allusion à cette prière en 5,33 : Ils lui dirent: «Les disciples de Jean jeûnent souvent et font des prières, de même ceux des Pharisiens, tandis que les tiens mangent et boivent.» (Lc parlera plus tard des disciples de Jean le Baptiste en Ac 19,1-7).

            ♦ v. 2.- Par rapport à la version de Mt (6,9-13) la version de Lc est plus brève et présente avec celle-ci plusieurs différences. (Ici on n’a retenu ce qui est particulier de Lc ; il faut tenir compte des notes dans Mt 6.

            ♦ v. 2.- Père. L’invocation initiale est ici plus simple que chez Mt. Elle se retrouve en tête des prières de Jésus chez Lc 22,42 (Père, si tu veux écarter de moi cette coupe...) ; Lc 23,34 (Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font) ; Lc 23,46 (Jésus poussa un grand cri ; il dit : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit.» Et, sur ces mots, il expira) ; Lc 10,21 (À l'instant même, il exulta sous l'action de l'Esprit Saint et dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout petits. Oui, Père, c'est ainsi que tu en as disposé dans ta bienveillance).

            ♦ v. 2.- Fais venir ton Règne. Chez Lc quelques témoins anciens lisent : Fais venir sur nous ton Règne ; quelques autres plus récents, ont, à la place de cette demande, ou de la première : Fais venir ton Esprit Saint sur nous, et qu’il nous purifie. Cette formule pourrait être introduite après coup dans le texte de Lc, sous l’influence d’une liturgie du baptême.

            ♦ v. 3.- Donne-nous le pain… À la différence de Mt qui demande le pain d’aujourd’hui, Lc le demande pour chaque jour, parce qu’il envisage la vie chrétienne dans toute sa durée (Lc 9,23 : Puis il dit à tous : Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même et prenne sa croix chaque jour, et qu'il me suive.) Ces deux mots que Lc introduit ici marquent qu’il s’agit d’une loi permanente de la vie du chrétien : il faut chaque jour renoncer à soi même, comme le maître l’a fait quand il a porte sa croix.

            ♦ v. 4.- Nos péchés. Traduit l’image de la dette, que l’on trouve dans le parallèle de Mt, mis il conserve cette image dans le second membre de la demande.

            ♦ v. 4.- Ceux qui ont des torts envers nous. Lit. A tout homme qui nous doit. Tandis que Mt situe ce pardon fraternel à l’instant qui précède la prière, Lc l’étend à toute la durée de la vie chrétienne.

            ♦ v. 4.- Ne nous expose pas. Lit. Ne nous introduis pas dans la tentation. Lc ne rapporte pas le second membre de la demande de Mt (Mais délivre-nous du Tentateur), mais il attribue, lui aussi, la tentation à Satan (Lc 4,3 : Alors le diable lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain ; Lc 4:13 : Ayant alors épuisé toute tentation possible, le diable s'écarta de lui jusqu'au moment fixé ; Lc 8,12-13 : Ceux qui sont au bord du chemin, ce sont ceux qui entendent, puis vient le diable et il enlève la parole de leur cœur, de peur qu'ils ne croient et ne soient sauvés. Ceux qui sont sur la pierre, ce sont ceux qui accueillent la parole avec joie lorsqu'ils l'entendent; mais ils n'ont pas de racines: pendant un moment ils croient, mais au moment de la tentation ils abandonnent ; Lc 22,31 : Le Seigneur dit : Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous secouer dans un crible comme on fait pour le blé.)

            La prière peut être objet d’enseignement. Le contenu de la prière est décisif et doit être en conformité avec la doctrine de celui dont in se déclare disciple. (Lex orandi statuit legem credendi [?]). Les premières demande son « les intérêts du Père » comme Jésus à 12 ans dans le Temple. Quant au reste :

            1. C’est une prière de solidarité. Le « nous » de ces demandes s’oppose au « je » de la prière du pharisien (18,11-12) et correspond à la demande enseigne-nous. Le lecteur est invité à se comprendre lui-même dans ce « nous ».

             2. C’est une prière où les disciples se situent comme des pauvres, qui attendent tout de Dieu, au plan matériel (le pain de chaque jour), comme au plan spirituel (le pardon des péchés), posé souvent déjà dans Lc comme un contenu essentiel du salut ;

             3. Cependant la finale : « Ne nous introduis pas en tentation (ou dans l’épreuve) » accentue l’humilité nécessaire au disciple. La même recommandation sera renouvelée avec insistance au Mont des Oliviers : « Priez pour ne pas entrer en tentation ». Le disciple ne doit pas avoir la présomption d’être aussi fort que son Maître au moment des grandes épreuves (cf. Lac 22,31 : la prière de Jésus pour la foi de Pierre).

Passage au rite
            La célébration de l’Eucharistie met en acte les paroles du N. P., qu’elles soient dites par Jésus (en la mesure du possible ; première partie), ou par la communauté.

Pour le Notre Père
            C’est Jésus qui nous l’a enseigné jadis et aujourd’hui même ; ainsi donc nous osons dire.    retour



JEUDI SEPTIÈME SEMAINE
Lc 11,5-13

Introduction
             Hier Jésus nous a appris sa prière. Ce n’est pas une prière magique. Le cœur de celui qui prie doit être en accord avec les mots qu’il prononce, surtout guidé par le premier mot : « Père ». Pour toutes les fois que nous avons prétendu forcer Dieu à faire notre volonté, demandons pardon.

Pour l’homélie
            Contexte. A travers des paraboles Jésus nous apprend dans quel esprit prier.

            ♦ vv. 5-8.- Le contexte de cette Parabole, et l’application que Lc lui attache aux vv. 9-13, indiquent qu’il s’agit d’une invitation à la prière. La parabole proprement dite, aux vv. 5-8, présente plusieurs traits communs avec celle de 18,2-5 (le juge sans entrailles et la vielle femme), à laquelle Lc donne un sens voisin (18,1 : Jésus leur dit une parabole sur la nécessité pour eux de prier constamment et de ne pas se décourager). Il est probable que, à l’origine, ces deux paraboles formaient un couple, comme 5,36-39 (le vêtement et les outres) ; 13,18-21 (la moutarde et le levain) ; 14,28-32 (le bâtisseur et le roi en guerre) ; 15,4-10 (la brebis perdue, la monnaie perdue).

            ♦ v. 5.- Lit. Lequel d’entre vous ? Les débuts interrogatifs sont fréquents dans les paraboles de Lc (14,28.31 : le bâtisseur de la tour, le roi en guerre ; 15,4.8 : la brebis du berger, la monnaie de la femme ; 17,7 : le serviteur au retour des champs ; etc.). Le procédé répond à la pédagogie de Jésus (10,26 : Jésus lui dit : « Dans la Loi qu'est-il écrit ? Comment lis-tu ?)

            ♦ v. 8.- Quelques témoins introduisent au début : et celui-ci, s’il persévère à frapper.

            ♦ v. 8.- Tout ce qu’il lui faut. L’ami ne cède pas par amitié, mais pour avoir la paix, comme le juge sans justice de 18,4-5. L’un et l’autre font ressortir a fortiori l’attitude de Dieu qui exauce parce qu’il est juste et Père.

            ♦ v. 9.- Eh bien, moi je vous dis. Cette formule de Lc (16,9 : Eh bien… faites des amis avec l’argent) lui sert à attacher ici les paroles suivantes dont il fait l’application de la parabole.

            ♦ v. 9.- On vous donnera. Lit. Il vous sera donné. Dans la langue de Jésus, cette formule passive est une manière discrète d’indiquer l’action de Dieu sans le nommer : elle est employée de même dans le troisième verbe de la phrase.

            ♦ v. 12.- Un œuf… un scorpion ? L’antithèse entre l’œuf et le scorpion est propre à Lc, et remplace chez lui celle de Mt 7,9 entre le pain et la pierre. Il est possible que le texte de Lc s’inspire de la mention des serpents et scorpions en Lc 10,19 (Voici, je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents et scorpions, et toute la puissance de l'ennemi, et rien ne pourra vous nuire). Cela donne à son antithèse une force plus grande que chez Mt.

            ♦ v. 13.- Vous, qui êtes mauvais. Cet adjectif est commandé littérairement par l’opposition entre les bonnes choses que donnent les pères de la terre et la bonté du Père du ciel. Il n’est pas un jugement moral sur la corruption de l’homme.

            ♦ v. 13.- Le Père céleste. Litt. Le Père, celui du ciel. Quelques bons témoins lisent : Le Père donnera du ciel.

            ♦ v. 13.- L’Esprit Saint. Mt 7,11 parle de bonnes choses : Lc introduit l’Esprit Saint qui est pour lui le don par excellence, si souvent accordé dans son livre des Actes.

            ♦ v. 13.- À ceux qui le lui demandent. On pourrait traduire aussi : à ceux qui le prient.

            La parabole « des trois amis » est une image frappante de la prière d’intercession. La situation qui commende la requête audacieuse est celle de la pauvreté solidaire : « Je n’ai rien à offrir » à l’ami arrivé de voyage (v. 6). Parce qu’il ne s’agit pas d’une démarche égoïste, et que ce qui commande c’est l’urgence du besoin d’autrui, je puis avoir la liberté d’importuner sans vergogne, en temps et hors de temps, celui qui a de pains en réserve. Mais cet appel à l’Autre n’est pas un alibi, la remise à l’Ami suprême du soin de secourir le premier compagnon ; c’est une aide demandée pour être à même d’agir efficacement, de servir celui qui a escompté l’hospitalité de son ami.

         Demander l’Esprit Saint, c’est demander ce qui permet de sanctifier le Nom de Dieu en œuvrant pour l’avancement de son règne, et donc d’exaucer l’essentielle prière des vrais disciples.

Passage au rite
            De qui a appris Jésus à ce que les pères terrestres donnent de bonnes choses, sinon de Joseph ? Et de lui, par la prière pleine confiance au Père céleste, jusqu’au don de sa vie comme offrande de fidélité. C’est cette offrande que nous rendons présente pour nous offrir nous aussi avec elle.

Pour le Notre Père
            Jésus vient de nous apprendre comment prier. Ainsi donc, nous osons dire…    retour


VENDREDI SEPTIÈME SEMAINE
Lc 11,15-26

Introduction
            Parfois il y a des personnes craintives à l’égard des assauts du diable. Jésus en a été vainqueur pendant son ministère et, surtout, lors de sa résurrection. Il suffit de rester uni à Jésus pour ne pas avoir aucune peur. Commençons notre célébration : pardonne-nous ; délivre-nous.

Pour l’homélie
            Contexte. Jésus a prêché pour faire advenir le Règne de Dieu ; il nous a aussi appris à prier pour la venue de ce Règne. Mais cette venue n’est pas un cortège triomphal ; il y a des difficultés de toute sorte.

            ♦ v. 14.- Un démon muet.- La maladie est attribuée ici par Lc au démon lui-même., comme en 13,11 (Il y avait là une femme possédée d'un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; elle était toute courbée et ne pouvait pas se redresser complètement), et non au possédé comme en Mt 12,22 (Alors on lui amena un possédé aveugle et muet; il le guérit, en sorte que le muet parlait et voyait).

            ♦ v. 15.- C’est par Béelzéboul. Béelzéboul ou Béelseboub, le Prince des démons (Mt 9,34). L’origine de ce nom est discutée ; Béelzéboub, dieu d’Ekron (cf. 2 R 1,2 : Akhazias tomba du balcon de sa chambre haute à Samarie et se blessa grièvement. Il envoya des messagers en leur disant : « Allez consulter Baal-Zeboub, le dieu d'Eqrôn, pour savoir si je me remettrai de mes blessures ! ») ou seigneur (Baal) du fumier (ce dernier mot désignant le culte des idoles), ou encore Baal des mouches. Quoi qu’il en soit, Jésus est accusé de n’avoir de puissance sur le démon que par leur chef.

            ♦ v. 16.- Un signe qui vienne du ciel. Le ciel est pour les juifs d’alors une manière de désigner Dieu sans prononcer son nom ineffable. On retrouve cet usage en 15,7.18.21 (joie dans le ciel ; j’ai péché contre le ciel… deux fois). Chez Lc ce verset prépare 11,29-36 où Jésus répond à cette question.

            ♦ v. 17.- Et les maisons s’écroulent. Luc pense à des édifices qui tombent en ruines. Le parallèle de Mt (12,25) peut entendre maison au sens de famille.

            ♦ v.19- Vos disciples. Lit. Vos fils. Chez Mt, il s’agit des disciples des pharisiens, chez Lc des Juifs en général.

            ♦ v. 19. Vos disciples par qui les chassent-ils ? Note à Mt 12,27 : Les disciples des Pharisiens qui pratiquaient eux-mêmes des exorcismes, auront le droit de condamner leurs propres maîtres, intolérants à l’égard de Jésus.

            ♦ v. 20.- Par le doigt de Dieu. Cette expression propre à Lc doit faire allusion à Ex 8,15 (Les magiciens dirent au Pharaon : « C'est le doigt de Dieu. » Mais le cœur du Pharaon resta endurci), où les miracles de Moïse, d’abord discutés, sont finalement reconnus par les magiciens de Pharaon comme l’œuvre du doigt de Dieu. Jésus est le nouveau Moïse qui chasse les démons, par son propre pouvoir. (Chez Mt 12,28 il les chasse par l’Esprit de Dieu).

            ♦ v. 20.- Le Règne de Dieu vient de vous atteindre. Lit. Est arrivé en vous surprenant.

            ♦ v. 22.- Un plus fort. Lc est seul à nommer ici un plus fort, nom que Jean Baptiste a donné au Messie 3,16 (Jean répondit à tous : « Moi, c'est d'eau que je vous baptise; mais il vient, celui qui est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la lanière de ses sandales. Lui, il vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu).

            ♦ v. 23. Qui n’est pas avec moi est contre moi. Cette sentence qu’on retrouve chez Mt 12,30, est plus sévère que celle de 9,50, parallèle à Mc 9,40. Cette dureté correspond au contexte polémique où la placent Mt et Lc.

            ♦ v. 23.- Qui ne rassembla avec moi, disperse. L’expression évoque le comportement du berger (Mt 26,31 : Alors Jésus leur dit : « Cette nuit même, vous allez tous tomber à cause de moi. Il est écrit, en effet: Je frapperai le berger et les brebis du troupeau seront dispersée ») qui figure la conduite de Dieu même envers son peuple

            ♦ v. 24.- Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme… Sous les représentations démoniques qu’il emprunte au judaïsme de son temps, Jésus décrit le triste sort de celui qui retombe au pouvoir de Satan après en avoir été libéré. Il est trop persuadé de sa victoire sur le Mauvais pour voir là un fait fatal (cf. 10,18 : Jésus leur dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme l'éclair ; 11,20 : Mais si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, alors le Règne de Dieu vient de vous atteindre) ; mais il avertit les convertis du danger qui les menace.

            ♦ v. 24.- Régions arides. Le désert est dans l’A. T., comme chez les peuples sémitiques, le séjour des êtres démoniques (Lc 16,10 : Quant au bouc sur lequel est tombé le sort ‹ Pour Azazel ›, on le place vivant devant le SEIGNEUR, pour faire sur lui le rite d'absolution en l'envoyant à Azazel au désert). L’Évangile utilise parfois cette représentation (Lc 4,1 : Jésus, rempli d'Esprit Saint, revint du Jourdain et il était dans le désert, conduit par l'Esprit).

            ♦ v. 26. Autres sept esprits. Sept démons. (Récit des femmes qui accompagnent Jésus, Lc 8,1). L’idée que plusieurs démons peuvent posséder une seule personne se retrouve en Lc 8,27.30 (le possédé de Gerasa) et 11,26 (il va chercher sept autres pires que lui). Ce doit être une représentation juive pour marquer la puissance de l’emprise de Satan sur le possédé (surtout avec le nombre sept qui signifie la plénitude). Pour Marie de Magdala, Lc ne précise pas s’il s’agit de maladie ou de possession ; encore moins si elle est la pécheresse de 7,36-50, comme parfois on l’a pensé.

            Les uns accusent Jésus d’être un suppôt de Satan, les autres réitèrent au contraire la tentation fondamentale, proposant à Jésus l’anti-programme que nous lui avions vu refuser, à savoir accomplir quelque prodige gratuit et irrécusable pour prouver sa qualité de Fils de Dieu. Perversion du jugement, perversion de la foi !

            Dans sa réponse Jésus ne fait appel à aucun argument d’autorité, mais au simple bon sens.

            « Celui qui n’est pas avec moi… [en faisant partie de mes disciples]… est contre moi ». « Celui qui n’est pas contre vous… [sans être de votre groupe]… est pour vous ». « Celui qui ne ramasse… disperse », c’est-à-dire « divise », fait œuvre diabolique, œuvre du Diviseur. Par contre l’œuvre de Jésus c’est œuvre de rassembleur (synagô) rassembler les hommes et les unir à Dieu.

            Le diable n’entrera pas si nous ne lui ouvrons la porte. Il faut simplement rester attachés à Jésus.

Passage au rite
            « Mors et vita duello conflixere mirando. Dux vitae mortuus est regnat vivus ». La Vie et la Mort. Le Seigneur de la Vie, Le Christ, vainqueur ; et le Seigneur de la Mort, Le Diable, vaincu.

Pour le Notre Père
            Délivre-nous de pactiser contre le Malin. De rester toujours attachés à Jésus.    retour



SAMEDI SEPTIÈME SEMAINE
Lc 11,27-28

Introduction
            Un peu comme la femme de notre évangile nous sommes prêts à louer toutes les personnes proches de Jésus par les liens de parenté. C’est bien, mais c’est insuffisant. Laissons-nous surprendre par Jésus. Qu’il nous pardonne aussi nos entêtements lorsque nous sommes enfermés dans nos idées.

Pour l’homélie
            Contexte. Après les discussions d’hier sur le pouvoir exorciste de Jésus, et avant celles qui viendront lundi, une voix parle juste. En tout cas parle en bonne volonté.

            ♦ v. 27.- Heureuse celle qui t’a porté et allaité. Lit. Heureux le ventre qui t’a porté et les seins que tu as sucés. C’est une parole typiquement juive. (cf. 10,23 : Puis il se tourna vers les disciples et leur dit en particulier : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Lc 23,29 : Car voici venir des jours où l'on dira : Heureuses les femmes stériles et celles qui n'ont pas enfanté ni allaité.)

            ♦ v. 28.- Heureux plutôt ceux qui écoutent… Cette parole propre à Lc reprend cette de 8,21 (Il leur répondit : Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique). En contraste avec la maternité charnelle de sa mère, Jésus proclame la grandeur de la foi. Il vise tous les croyants qu’il oppose à ses adversaires des vv. 14-23 (évangile d’hier). Lc ne voit pas ici une critique de Marie qu’il a présenté comme croyante (1,45 : Bienheureuse celle qui a cru: ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s'accomplira), méditant dans son cœur l’événement de Jésus (2,19 : Quant à Marie, elle retenait tous ces événements en en cherchant le sens).

            Au cœur de cette section de son évangile Lc nous rapporte une nouvelle Béatitude exprimant ainsi son thème central. C’est une voix féminine – anonyme – qui s’adresse à Jésus pour glorifier la mère d’un prédicateur aussi remarquable. C’est un écho du thème de la Visitation (1,45), que Lc ne songe certainement pas à récuser. Il n’y a pas lieu de forcer l’opposition marquée par la réplique de Jésus : Heureux plutôt… nous savons que c’est pour sa foi que Marie a été déclarée elle-même bienheureuse (1,45).

Passage au rite
            Nous croyons à l’Eucharistie. De quelle manière la mettons-nous en pratique ? Par exemple : de quelle façons vivons-nous l’unité accomplie en la célébration ? Dans quelle mesure se prolonge notre geste de paix, à la sortie de l’église ?

Pour le Notre Père
            Heureux qui entendent « Notre Père » et qui « gardent cette parole ».    retour