LUNDI SEPTIÈME
SEMAINE
Lc 10,25-37
Introduction
Venir célébrer l’eucharistie, c’est, parmi d’autres choses, se laisser
surprendre par la Parole de Dieu. Parfois nous sommes directement concernés
; parfois nous devons apprendre à partir de ce qu’arrive aux autres. Et
toujours nous unir à l’offrande de Jésus au Père, pour nous. Reconnaissons
nos péchés.
Pour l’homélie
Contexte de 25-37. Tandis que Mt et Mc rapportent cet épisode (la
question du scribe sur le premier commandement) aux derniers jours de Jésus
à Jérusalem, Lc le place ici au début du voyage de Jésus de la Galilée à
Jérusalem, en tête des enseignements aux disciples. Il en complète la leçon
en attachant à sa suite la parabole du bon Samaritain ; celle-ci montre
comment le disciple doit être le prochain de tous.
♦ v. 25.-
Un légiste. Lc emploie souvent ce terme [νομικός, nomikos] (7,30
; 10,25.37 ; 11,45-46.52 ; 14,3) qu’on trouve une fois chez Mt 22,35. Il
désigne en fait les scribes : ce sont les doctes (11,45-52, les « malheureux
êtes vous… »)
♦ v. 25.-
À l’épreuve. Chez Mc 12,34, Jésus reconnaît que le scribe n’est pas loin
du Royaume de Dieu. Chez Mt 22,35, le légiste tend un piège à Jésus ; de
même ici chez Lc, où pourtant Jésus trouve en lui un interlocuteur bien
disposé (27-28.37).
♦ v. 25.-
Maître que dois-je faire. Chez Mt 22,36 et Mc 12,28, la question porte à
la manière juive sur le plus grand ou premier commandement. Lc préfère une
formulation plus significative pour ses lecteurs. (Lc 18,18 : Un notable
interrogea Jésus : « Bon maître, que dois-je faire pour recevoir la vie
éternelle en partage ? »).
♦ v. 26.-
Comment lis-tu ? Chez Lc Jésus répond par une question (cf. 20,3). Il
oblige ainsi son interlocuteur à prendre positon lui-même.
♦ v. 27.-
Tu aimeras… Citation du Dt 6,5. Le quatrième terme de l’énumération (de
toute ta pensée), absent du texte hébreu du Dt, se trouve dans un de ses
manuscrits grecs. L’A. T. grec l’utilise d’ordinaire pour traduire cœur. Lc
doit l’entendre selon la langue de son temps, au sens de pensée, réflexion.
♦ v. 27-
Ton prochain comme toi-même. Citation de Lv 19,18. Ici, c’est le légiste
qui trouve la réponse, tandis que chez Mt 22,37 et Mc 12,29, c’est Jésus qui
la lui donne. En fait, les rabbins d’alors auraient sans doute pu citer sur
coup l’un et l’autre texte ; mais il est douteux qu’ils aient donné la même
importance au second qu’au premier. Lc tient ici à montrer comment le
message de Jésus était préparé par l’A. T.
♦ v 29.-
Voulant montrer sa justice. Voulant justifier sa question, puisque c’est
lui qui a répondu, ou plutôt voulant montrer le sérieux de sa recherche.
♦ v. 29.-
Et qui est mon prochain ? Pour un Juif d’alors, la question ne se pose
guère : le prochain est tout membre de son peuple, à l’exclusion de
l’étranger. Il semble que c’est Lc qui a formulé la question pour présenter
l’élargissement par Jésus de la notion traditionnelle.
♦ v. 30.-
Jésus reprit. Jésus répond par une parabole (comme en 7,40-43 : Chez
Simon avec la femme publique ; 14,16-24 : les invités au festin ; 15,3-32 :
paraboles de la miséricorde). Celle-ci n’est pas une comparaison, mais un
exemple qui présente l’attitude à imiter ou à éviter (12,16-21 : l’homme de
la grande récolte ; 14,28-32 : le bâtisseur d’une tour et celui qui part en
guerre ; 16,1-8 : le gérant habile ; 18,9-14 : la prière du pharisien et du
publicain) ; elle va conduire le légiste à dépasser sa perspective étroite
(vv. 36-37).
♦ v. 30.-
Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. La route longue d’à peu près
vingt cinq kilomètres, traverse le désert de Juda, alors infesté de bandits.
♦ v. 31.-
Et passa à bonne distance. Il est vain de conjecturer ses motifs : comme
le lévite qui le suit, il n’est qu’un repoussoir destiné à mettre en valeur
le Samaritain.
♦ v. 33.-
Mais un Samaritain. Suivant un usage courant dans les paraboles, on
trouve ici trois personnages (14,18-20 : ceux qui s’excusent
pour ne pas aller au repas ; 19,16-24 : la parabole des mines ; 20,10-12 :
les serviteurs envoyés aux vignerons). Sur les Samaritains voir 9,52 dans
Mardi 26ème semaine.
♦ v. 33.
Près de l’homme (blessé). Dans ce contexte et en ce lieu, c’est un juif.
♦ v. 34.
De l’huile et du vin. La médicine d’alors utilisait pour soigner les
blessures aussi bien l’huile pour calmer la douleur (Is 1,5 : Où faut-il
encore vous frapper, vous qui persistez dans la rébellion? Toute tête est
malade, tout cœur exténué. De la plante des pieds à la tête, rien d'intact:
blessures, plaies, meurtrissures récentes, ni nettoyées, ni bandées, ni
adoucies avec de l'huile), que le vin pour désinfecter.
♦ v. 37.- Qui
a fait la bonté avec lui (expression de l’A. T. grec. Lc 1,72 : Il a montré
sa bonté envers nos pères et s'est rappelé son alliance sainte…). Le légiste
donne lui-même la réponse que Jésus lui suggère par la parabole : le
prochain c’est tout homme qui s’approche des autres avec amour, même quand
ils sont étrangers ou hérétiques. On n’a plus à se demander comme le légiste
: Qui est mon prochain ? mais Comment serai-je le prochain de tout homme ?
Le vieux particularisme d’Israël, comme le juridisme des docteurs éclatent
devant l’évangile. Dans la réponse du légiste on a évité le mot publicain.
♦ v. 37.-
Fais de même. Le verbe faire, deux fois employé dans ce verset, comme
dans la question initiale (v. 25) et dans la première réponse de Jésus (v.
28), marque le réalisme qui s’impose à la charité des disciples.
« Tu as bien
(ορθώς, orthôs) répondu. Fais cela et tu vivras. » L’adverbe grec
suggère une paraphrase dans notre jargon théologique : « Tu as l’orthodoxie,
il te faut réaliser l’orthopraxie. »
* L’homme est
donc tombé aux mains des brigands qui l’ont dépouillé et l’ont laissé pour
mort. À son malheur physique et moral, s’ajoute pour lui une exclusion
d’ordre religieux : touché par des impurs il a contacté lui aussi une
impureté. C’est probablement une des raisons de l’indifférence apparente,
voire la répulsion, qu’éprouvent à sa vision le prêtre et le lévite soucieux
de préserver leur intégrité rituelle. Le Samaritain, bien sûr, ne va pas
avoir de scrupules de ce genre. (Marie-N. THABAUT, L’intelligence, v.6, 220)
Passage au
rite
Jésus est-il représenté par le Samaritain ou par l’homme blessé ? De
Jérusalem à Jéricho du ciel à la terre pécheresse…
Pour le notre
Père
D’ans l’auberge, l’Eglise, on prend soin de nous. Merci de nous donner le
pain de chaque jour. Prions donc avec confiance.
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MARDI SEPTIÈME
SEMAINE
Lc 10,38-42
Introduction
Jésus, en route, est entré chez Marthe, Marie et Lazare. Ce matin Jésus
rentre chez nous, dans notre église paroissiale des Martyrs. Quel accueil
allons-nous lui offrir. Commençons, peut-être, par lui demander pardon de
nos péchés.
Pour l’homélie
Contexte. L’épisode est tout centré sur la parole qui le conclut. Les deux
sœurs sont probablement les mêmes qu’en Jn 11,1-40 et 12,1-3, car elles sont
décrites avec les mêmes traits : Marthe dévouée au service (11,20 ; 12,2),
Marie, prosternée aux pieds de Jésus (11,32 ; 12,3).
♦ v. 39.-
Assise aux pieds du Seigneur. C’est, chez Lc, l’attitude propre au
disciple (Ac 22,3 : Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie, mais c'est ici,
dans cette ville, que j'ai été élevé et que j'ai reçu aux pieds de Gamaliel
une formation strictement conforme à la Loi de nos pères. J'étais un
partisan farouche de Dieu, comme vous l'êtes tous aujourd'hui).
♦ v. 42.-
Une seule est nécessaire. Lit. Il est besoin d’une seule chose.
Plusieurs témoins suppriment cette phrase ; d’autres lui substituent : il
est besoin de peu de choses (pour le repas : cela semble une interprétation
ascétique) ; plusieurs unissent les deux formules : il est besoin de peu de
choses, même d’une seule ce qui est apparemment un compromis). La plupart
lisent le texte ici proposé.
Celui-ci a
l’avantage de donner à l’épisode sa conclusion la plus profonde : la parole
de Jésus passe avant tout souci temporel (cf. Lc 12,31 : Cherchez plutôt
son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît ; et, dans l’œuvre de
Lc, le texte comparable d’Ac 6,2 : Les Douze convoquèrent alors
l'assemblée plénière des disciples et dirent : « Il ne convient pas que nous
délaissions la parole de Dieu pour le service des tables »). L’exégèse
ultérieure trouvera souvent ici la proclamation de la supériorité de la
contemplation sur l’action ; en fait il ne s’agit pas ici de contempler mais
d’écouter la parole qui appelle à la foi et à l’engagement.
♦ v. 42.-
La meilleure part. Cf. 5:39 : Quiconque boit du vin vieux n'en désire
pas du nouveau, car il dit : Le vieux est meilleur.
La
description de l’attitude de Marie est la formulation presque technique que
pose Marie en qualité de disciple, dans la disposition de celui qui reçoit
l’enseignement d’un Maître. Or, dans la société juive de ce temps, il était
totalement exclu d’attribuer une telle qualité à une femme. Le « féminisme «
de Lc (et de Jésus ?) déjà rencontre (8,1-3), est à nouveau manifeste : une
exclusion socioreligieuse très ancrée est ici abolie. Du reste le simple
fait d’être reçu dans la maison de deux femmes confirme la souveraine
liberté de Jésus par rapport aux interdits de ce type.
Le trait à
retenir est donc moins l’avertissement à Marthe, que l’insistance sur la
priorité à donner, quand le Seigneur est là, à l’écoute attentive de sa
parole : c’est le lot du disciple fidèle, qu’on ne saurait lui enlever. Nous
savons par les épisodes précédents qu’écouter la parole de Jésus est
recevoir un message d’envoi au service d’autrui (Va et tu fais de même…).
Passage au
rite
De même que la vie de Jésus ne fut ni contemplation seulement, ni activité
seulement. De même celle du disciple. Une écoute, une contemplation, qui
conduit à l’activité… aussi engageante que la croix ! Pour nous, rien
d’autre que l’intériorisation de la parole de Jésus, peut nos conduire
jusqu’à là.
Pour le Notre
Père
Pour pouvoir faire de la communion sacramentelle notre nourriture, il nous
faut d’abord nous nourrir de sa Parole, comme Marie de Béthanie et Marie de
Nazareth. Comme nous l’avons appris, demandons ce pain de chaque jour en
disant.
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MERCREDI
SEPTIÈME SEMAINE
Lc 11,1-4
Introduction
Dans la célébration eucharistique il nous faut « entendre » et « voir »
Jésus parler et agir, pour penser comme lui, parler comme lui, agir comme
lui. Quelques disciples ont vu Jésus prier et ils lui ont demandé de leur
apprendre à faire comme lui. Puissions-nous faire pareillement. D’abord,
cependant, accueillons son pardon.
Pour l’homélie
Contexte. Saint Luc nous propose dans les évangiles d’aujourd’hui et de
demain une petite catéchèse sur la prière. Cette catéchèse a été déclenchée
par la propre façon de prier de Jésus.
À la manière
de Mt 6, 5-15, Lc rassemble dans les vv. 1-13 (aujourd’hui et demain)
plusieurs enseignements de Jésus à ses disciples sur la prière : le modèle
de leur prière, une parabole qui les invite à la persévérance dans
l’imploration, une exhortation à s’adresser à leur Père en toute confiance.
♦ v.1.-
Quelque part en prière. La prière est très souvent mentionné en Lc. 5,16
: à la fin de la journée de Capharnaüm ; 6,12 : avant le choix des Douze ;
9,18 : à la demande de l’opinion des gens sur lui ; 9,28-29 :
Transfiguration ; 10,21 : après l’échec dans les villes galiléennes ; 11,1 :
avant l’enseignement du Notre Père ; 22,32 : pour la foi de Pierre ;
22,40.46 : à Gethsémani ; 23,34 : au moment d’être cloué sur la croix ;
23,46 : au moment de mourir.
♦ v. 1.- Comme
Jean l’a appris à ses disciples. Lc fait allusion à cette prière en 5,33
: Ils lui dirent: «Les disciples de Jean jeûnent souvent et font des
prières, de même ceux des Pharisiens, tandis que les tiens mangent et
boivent.» (Lc parlera plus tard des disciples de Jean le Baptiste en Ac
19,1-7).
♦ v. 2.- Par
rapport à la version de Mt (6,9-13) la version de Lc est plus brève et
présente avec celle-ci plusieurs différences. (Ici on n’a retenu ce qui est
particulier de Lc ; il faut tenir compte des notes dans Mt 6.
♦ v. 2.-
Père. L’invocation initiale est ici plus simple que chez Mt. Elle se
retrouve en tête des prières de Jésus chez Lc 22,42 (Père, si tu veux
écarter de moi cette coupe...) ; Lc 23,34 (Père, pardonne-leur car
ils ne savent pas ce qu'ils font) ; Lc 23,46 (Jésus poussa un grand
cri ; il dit : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit.» Et, sur ces
mots, il expira) ; Lc 10,21 (À l'instant même, il exulta sous
l'action de l'Esprit Saint et dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de
la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir
révélé aux tout petits. Oui, Père, c'est ainsi que tu en as disposé dans ta
bienveillance).
♦ v. 2.-
Fais venir ton Règne. Chez Lc quelques témoins anciens lisent : Fais
venir sur nous ton Règne ; quelques autres plus récents, ont, à la place de
cette demande, ou de la première : Fais venir ton Esprit Saint sur nous, et
qu’il nous purifie. Cette formule pourrait être introduite après coup dans
le texte de Lc, sous l’influence d’une liturgie du baptême.
♦ v. 3.-
Donne-nous le pain… À la différence de Mt qui demande le pain
d’aujourd’hui, Lc le demande pour chaque jour, parce qu’il envisage la vie
chrétienne dans toute sa durée (Lc 9,23 : Puis il dit à tous : Si quelqu'un
veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même et prenne sa croix chaque
jour, et qu'il me suive.) Ces deux mots que Lc introduit ici marquent qu’il
s’agit d’une loi permanente de la vie du chrétien : il faut chaque jour
renoncer à soi même, comme le maître l’a fait quand il a porte sa croix.
♦ v. 4.-
Nos péchés. Traduit l’image de la dette, que l’on trouve dans le
parallèle de Mt, mis il conserve cette image dans le second membre de la
demande.
♦ v. 4.-
Ceux qui ont des torts envers nous. Lit. A tout homme qui nous doit.
Tandis que Mt situe ce pardon fraternel à l’instant qui précède la prière,
Lc l’étend à toute la durée de la vie chrétienne.
♦ v. 4.-
Ne nous expose pas. Lit. Ne nous introduis pas dans la tentation.
Lc ne rapporte pas le second membre de la demande de Mt (Mais délivre-nous
du Tentateur), mais il attribue, lui aussi, la tentation à Satan (Lc 4,3 :
Alors le diable lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette
pierre de devenir du pain ; Lc 4:13 : Ayant alors épuisé toute
tentation possible, le diable s'écarta de lui jusqu'au moment fixé ; Lc
8,12-13 : Ceux qui sont au bord du chemin, ce sont ceux qui entendent,
puis vient le diable et il enlève la parole de leur cœur, de peur qu'ils ne
croient et ne soient sauvés. Ceux qui sont sur la pierre, ce sont ceux qui
accueillent la parole avec joie lorsqu'ils l'entendent; mais ils n'ont pas
de racines: pendant un moment ils croient, mais au moment de la tentation
ils abandonnent ; Lc 22,31 : Le Seigneur dit : Simon, Simon, Satan
vous a réclamés pour vous secouer dans un crible comme on fait pour le blé.)
La prière
peut être objet d’enseignement. Le contenu de la prière est décisif et doit
être en conformité avec la doctrine de celui dont in se déclare disciple.
(Lex orandi statuit legem credendi [?]). Les premières demande son « les
intérêts du Père » comme Jésus à 12 ans dans le Temple. Quant au reste :
1. C’est
une prière de solidarité. Le « nous » de ces demandes s’oppose au « je »
de la prière du pharisien (18,11-12) et correspond à la demande
enseigne-nous. Le lecteur est invité à se comprendre lui-même dans ce « nous
».
2.
C’est une prière où les disciples se situent comme des pauvres, qui
attendent tout de Dieu, au plan matériel (le pain de chaque jour), comme au
plan spirituel (le pardon des péchés), posé souvent déjà dans Lc comme un
contenu essentiel du salut ;
3.
Cependant la finale : « Ne nous introduis pas en tentation (ou dans
l’épreuve) » accentue l’humilité nécessaire au disciple. La même
recommandation sera renouvelée avec insistance au Mont des Oliviers : «
Priez pour ne pas entrer en tentation ». Le disciple ne doit pas avoir la
présomption d’être aussi fort que son Maître au moment des grandes épreuves
(cf. Lac 22,31 : la prière de Jésus pour la foi de Pierre).
Passage au
rite
La célébration de l’Eucharistie met en acte les paroles du N. P., qu’elles
soient dites par Jésus (en la mesure du possible ; première partie), ou par
la communauté.
Pour le Notre
Père
C’est Jésus qui nous l’a enseigné jadis et aujourd’hui même ; ainsi donc
nous osons dire.
retour
JEUDI SEPTIÈME
SEMAINE
Lc 11,5-13
Introduction
Hier Jésus nous a appris sa prière. Ce n’est pas une prière magique. Le cœur
de celui qui prie doit être en accord avec les mots qu’il prononce, surtout
guidé par le premier mot : « Père ». Pour toutes les fois que nous avons
prétendu forcer Dieu à faire notre volonté, demandons pardon.
Pour l’homélie
Contexte. A travers des paraboles Jésus nous apprend dans quel esprit
prier.
♦ vv. 5-8.-
Le contexte de cette Parabole, et l’application que Lc lui attache aux vv.
9-13, indiquent qu’il s’agit d’une invitation à la prière. La parabole
proprement dite, aux vv. 5-8, présente plusieurs traits communs avec celle
de 18,2-5 (le juge sans entrailles et la vielle femme), à laquelle Lc donne
un sens voisin (18,1 : Jésus leur dit une parabole sur la nécessité pour eux
de prier constamment et de ne pas se décourager). Il est probable que, à
l’origine, ces deux paraboles formaient un couple, comme 5,36-39 (le
vêtement et les outres) ; 13,18-21 (la moutarde et le levain) ; 14,28-32 (le
bâtisseur et le roi en guerre) ; 15,4-10 (la brebis perdue, la monnaie
perdue).
♦ v. 5.- Lit.
Lequel d’entre vous ? Les débuts interrogatifs sont fréquents dans
les paraboles de Lc (14,28.31 : le bâtisseur de la tour, le roi en guerre ;
15,4.8 : la brebis du berger, la monnaie de la femme ; 17,7 : le serviteur
au retour des champs ; etc.). Le procédé répond à la pédagogie de Jésus
(10,26 : Jésus lui dit : « Dans la Loi qu'est-il écrit ? Comment lis-tu ?)
♦ v. 8.-
Quelques témoins introduisent au début : et celui-ci, s’il persévère à
frapper.
♦ v. 8.-
Tout ce qu’il lui faut. L’ami ne cède pas par amitié, mais pour avoir la
paix, comme le juge sans justice de 18,4-5. L’un et l’autre font ressortir a
fortiori l’attitude de Dieu qui exauce parce qu’il est juste et Père.
♦ v. 9.-
Eh bien, moi je vous dis. Cette formule de Lc (16,9 : Eh bien… faites
des amis avec l’argent) lui sert à attacher ici les paroles suivantes
dont il fait l’application de la parabole.
♦ v. 9.-
On vous donnera. Lit. Il vous sera donné. Dans la langue de
Jésus, cette formule passive est une manière discrète d’indiquer l’action de
Dieu sans le nommer : elle est employée de même dans le troisième verbe de
la phrase.
♦ v. 12.-
Un œuf… un scorpion ? L’antithèse entre l’œuf et le scorpion est propre
à Lc, et remplace chez lui celle de Mt 7,9 entre le pain et la pierre. Il
est possible que le texte de Lc s’inspire de la mention des serpents et
scorpions en Lc 10,19 (Voici, je vous ai donné le pouvoir de fouler aux
pieds serpents et scorpions, et toute la puissance de l'ennemi, et rien ne
pourra vous nuire). Cela donne à son antithèse une force plus grande que
chez Mt.
♦ v. 13.-
Vous, qui êtes mauvais. Cet adjectif est commandé littérairement par
l’opposition entre les bonnes choses que donnent les pères de la terre et la
bonté du Père du ciel. Il n’est pas un jugement moral sur la corruption de
l’homme.
♦ v. 13.- Le
Père céleste. Litt. Le Père, celui du ciel. Quelques bons témoins lisent :
Le Père donnera du ciel.
♦ v. 13.-
L’Esprit Saint. Mt 7,11 parle de bonnes choses : Lc introduit l’Esprit Saint
qui est pour lui le don par excellence, si souvent accordé dans son livre
des Actes.
♦ v. 13.- À
ceux qui le lui demandent. On pourrait traduire aussi : à ceux qui le
prient.
La parabole «
des trois amis » est une image frappante de la prière d’intercession. La
situation qui commende la requête audacieuse est celle de la pauvreté
solidaire : « Je n’ai rien à offrir » à l’ami arrivé de voyage (v. 6). Parce
qu’il ne s’agit pas d’une démarche égoïste, et que ce qui commande c’est
l’urgence du besoin d’autrui, je puis avoir la liberté d’importuner sans
vergogne, en temps et hors de temps, celui qui a de pains en réserve. Mais
cet appel à l’Autre n’est pas un alibi, la remise à l’Ami suprême du soin de
secourir le premier compagnon ; c’est une aide demandée pour être à même
d’agir efficacement, de servir celui qui a escompté l’hospitalité de son
ami.
Demander l’Esprit Saint, c’est
demander ce qui permet de sanctifier le Nom de Dieu en œuvrant pour
l’avancement de son règne, et donc d’exaucer l’essentielle prière des vrais
disciples.
Passage au
rite
De qui a appris Jésus à ce que les pères terrestres donnent de bonnes
choses, sinon de Joseph ? Et de lui, par la prière pleine confiance au Père
céleste, jusqu’au don de sa vie comme offrande de fidélité. C’est cette
offrande que nous rendons présente pour nous offrir nous aussi avec elle.
Pour le Notre
Père
Jésus vient de nous apprendre comment prier. Ainsi donc, nous osons dire…
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VENDREDI
SEPTIÈME SEMAINE
Lc 11,15-26
Introduction
Parfois il y
a des personnes craintives à l’égard des assauts du diable. Jésus en a été
vainqueur pendant son ministère et, surtout, lors de sa résurrection. Il
suffit de rester uni à Jésus pour ne pas avoir aucune peur. Commençons notre
célébration : pardonne-nous ; délivre-nous.
Pour l’homélie
Contexte. Jésus a prêché pour faire advenir le Règne de Dieu ; il
nous a aussi appris à prier pour la venue de ce Règne. Mais cette venue
n’est pas un cortège triomphal ; il y a des difficultés de toute sorte.
♦ v. 14.-
Un démon muet.- La maladie est attribuée ici par Lc au démon lui-même.,
comme en 13,11 (Il y avait là une femme possédée d'un esprit qui la rendait
infirme depuis dix-huit ans ; elle était toute courbée et ne pouvait pas se
redresser complètement), et non au possédé comme en Mt 12,22 (Alors on lui
amena un possédé aveugle et muet; il le guérit, en sorte que le muet parlait
et voyait).
♦ v. 15.-
C’est par Béelzéboul. Béelzéboul ou Béelseboub, le Prince des démons (Mt
9,34). L’origine de ce nom est discutée ; Béelzéboub, dieu d’Ekron (cf. 2 R
1,2 : Akhazias tomba du balcon de sa chambre haute à Samarie et se blessa
grièvement. Il envoya des messagers en leur disant : « Allez consulter
Baal-Zeboub, le dieu d'Eqrôn, pour savoir si je me remettrai de mes
blessures ! ») ou seigneur (Baal) du fumier (ce dernier mot désignant le
culte des idoles), ou encore Baal des mouches. Quoi qu’il en soit, Jésus est
accusé de n’avoir de puissance sur le démon que par leur chef.
♦ v. 16.-
Un signe qui vienne du ciel. Le ciel est pour les juifs d’alors une
manière de désigner Dieu sans prononcer son nom ineffable. On retrouve cet
usage en 15,7.18.21 (joie dans le ciel ; j’ai péché contre le ciel… deux
fois). Chez Lc ce verset prépare 11,29-36 où Jésus répond à cette question.
♦ v. 17.-
Et les maisons s’écroulent. Luc pense à des édifices qui tombent en
ruines. Le parallèle de Mt (12,25) peut entendre maison au sens de famille.
♦ v.19-
Vos disciples. Lit. Vos fils. Chez Mt, il s’agit des disciples des
pharisiens, chez Lc des Juifs en général.
♦ v. 19.
Vos disciples par qui les chassent-ils ? Note à Mt 12,27 : Les disciples
des Pharisiens qui pratiquaient eux-mêmes des exorcismes, auront le droit de
condamner leurs propres maîtres, intolérants à l’égard de Jésus.
♦ v. 20.-
Par le doigt de Dieu. Cette expression propre à Lc doit faire allusion à
Ex 8,15 (Les magiciens dirent au Pharaon : « C'est le doigt de Dieu. » Mais
le cœur du Pharaon resta endurci), où les miracles de Moïse, d’abord
discutés, sont finalement reconnus par les magiciens de Pharaon comme
l’œuvre du doigt de Dieu. Jésus est le nouveau Moïse qui chasse les démons,
par son propre pouvoir. (Chez Mt 12,28 il les chasse par l’Esprit de Dieu).
♦ v. 20.-
Le Règne de Dieu vient de vous atteindre. Lit. Est arrivé en vous
surprenant.
♦ v. 22.-
Un plus fort. Lc est seul à nommer ici un plus fort, nom que Jean
Baptiste a donné au Messie 3,16 (Jean répondit à tous : « Moi, c'est d'eau
que je vous baptise; mais il vient, celui qui est plus fort que moi, et je
ne suis pas digne de délier la lanière de ses sandales. Lui, il vous
baptisera dans l'Esprit Saint et le feu).
♦ v. 23.
Qui n’est pas avec moi est contre moi. Cette sentence qu’on retrouve
chez Mt 12,30, est plus sévère que celle de 9,50, parallèle à Mc 9,40. Cette
dureté correspond au contexte polémique où la placent Mt et Lc.
♦ v. 23.-
Qui ne rassembla avec moi, disperse. L’expression évoque le comportement
du berger (Mt 26,31 : Alors Jésus leur dit : « Cette nuit même, vous allez
tous tomber à cause de moi. Il est écrit, en effet: Je frapperai le berger
et les brebis du troupeau seront dispersée ») qui figure la conduite de Dieu
même envers son peuple
♦ v. 24.-
Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme… Sous les représentations
démoniques qu’il emprunte au judaïsme de son temps, Jésus décrit le triste
sort de celui qui retombe au pouvoir de Satan après en avoir été libéré. Il
est trop persuadé de sa victoire sur le Mauvais pour voir là un fait fatal
(cf. 10,18 : Jésus leur dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme l'éclair
; 11,20 : Mais si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, alors
le Règne de Dieu vient de vous atteindre) ; mais il avertit les convertis du
danger qui les menace.
♦ v. 24.-
Régions arides. Le désert est dans l’A. T., comme chez les peuples
sémitiques, le séjour des êtres démoniques (Lc 16,10 : Quant au bouc sur
lequel est tombé le sort ‹ Pour Azazel ›, on le place vivant devant le
SEIGNEUR, pour faire sur lui le rite d'absolution en l'envoyant à Azazel au
désert). L’Évangile utilise parfois cette représentation (Lc 4,1 : Jésus,
rempli d'Esprit Saint, revint du Jourdain et il était dans le désert,
conduit par l'Esprit).
♦ v. 26.
Autres sept esprits. Sept démons. (Récit des femmes qui accompagnent
Jésus, Lc 8,1). L’idée que plusieurs démons peuvent posséder une seule
personne se retrouve en Lc 8,27.30 (le possédé de Gerasa) et 11,26 (il va
chercher sept autres pires que lui). Ce doit être une représentation juive
pour marquer la puissance de l’emprise de Satan sur le possédé (surtout avec
le nombre sept qui signifie la plénitude). Pour Marie de Magdala, Lc ne
précise pas s’il s’agit de maladie ou de possession ; encore moins si elle
est la pécheresse de 7,36-50, comme parfois on l’a pensé.
Les uns
accusent Jésus d’être un suppôt de Satan, les autres réitèrent au contraire
la tentation fondamentale, proposant à Jésus l’anti-programme que nous lui
avions vu refuser, à savoir accomplir quelque prodige gratuit et irrécusable
pour prouver sa qualité de Fils de Dieu. Perversion du jugement, perversion
de la foi !
Dans sa
réponse Jésus ne fait appel à aucun argument d’autorité, mais au simple bon
sens.
« Celui qui
n’est pas avec moi… [en faisant partie de mes disciples]… est contre moi ».
« Celui qui n’est pas contre vous… [sans être de votre groupe]… est pour
vous ». « Celui qui ne ramasse… disperse », c’est-à-dire « divise », fait
œuvre diabolique, œuvre du Diviseur. Par contre l’œuvre de Jésus c’est œuvre
de rassembleur (synagô) rassembler les hommes et les unir à Dieu.
Le diable
n’entrera pas si nous ne lui ouvrons la porte. Il faut simplement rester
attachés à Jésus.
Passage au
rite
« Mors et vita duello conflixere mirando. Dux vitae mortuus est regnat vivus
». La Vie et la Mort. Le Seigneur de la Vie, Le Christ, vainqueur ; et le
Seigneur de la Mort, Le Diable, vaincu.
Pour le Notre
Père
Délivre-nous de pactiser contre le Malin. De rester toujours attachés à
Jésus.
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SAMEDI
SEPTIÈME SEMAINE
Lc 11,27-28
Introduction
Un peu comme la femme de notre évangile nous sommes prêts à louer toutes les
personnes proches de Jésus par les liens de parenté. C’est bien, mais c’est
insuffisant. Laissons-nous surprendre par Jésus. Qu’il nous pardonne aussi
nos entêtements lorsque nous sommes enfermés dans nos idées.
Pour l’homélie
Contexte. Après les discussions d’hier sur le pouvoir exorciste de Jésus, et
avant celles qui viendront lundi, une voix parle juste. En tout cas parle en
bonne volonté.
♦ v. 27.-
Heureuse celle qui t’a porté et allaité. Lit. Heureux le ventre qui t’a
porté et les seins que tu as sucés. C’est une parole typiquement juive. (cf.
10,23 : Puis il se tourna vers les disciples et leur dit en particulier :
Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Lc 23,29 : Car voici
venir des jours où l'on dira : Heureuses les femmes stériles et celles qui
n'ont pas enfanté ni allaité.)
♦ v. 28.-
Heureux plutôt ceux qui écoutent… Cette parole propre à Lc reprend cette
de 8,21 (Il leur répondit : Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui
écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique). En contraste
avec la maternité charnelle de sa mère, Jésus proclame la grandeur de la
foi. Il vise tous les croyants qu’il oppose à ses adversaires des vv. 14-23
(évangile d’hier). Lc ne voit pas ici une critique de Marie qu’il a présenté
comme croyante (1,45 : Bienheureuse celle qui a cru: ce qui lui a été dit
de la part du Seigneur s'accomplira), méditant dans son cœur l’événement
de Jésus (2,19 : Quant à Marie, elle retenait tous ces événements en en
cherchant le sens).
Au cœur de
cette section de son évangile Lc nous rapporte une nouvelle Béatitude
exprimant ainsi son thème central. C’est une voix féminine – anonyme – qui
s’adresse à Jésus pour glorifier la mère d’un prédicateur aussi remarquable.
C’est un écho du thème de la Visitation (1,45), que Lc ne songe certainement
pas à récuser. Il n’y a pas lieu de forcer l’opposition marquée par la
réplique de Jésus : Heureux plutôt… nous savons que c’est pour sa foi que
Marie a été déclarée elle-même bienheureuse (1,45).
Passage au
rite
Nous croyons à l’Eucharistie. De quelle manière la mettons-nous en pratique
? Par exemple : de quelle façons vivons-nous l’unité accomplie en la
célébration ? Dans quelle mesure se prolonge notre geste de paix, à la
sortie de l’église ?
Pour le Notre
Père
Heureux qui entendent « Notre Père » et qui « gardent cette parole ».
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