Messes des jours en semaine T. O. :  VINGT-HUITIÈME


INDEX

LUNDI VINGT-HUITIÈME SEMAINE
MARDI VINGT-HUITIÈME SEMAINE
MERCREDI  VINGT-HUITIÈME SEMAINE
JEUDI VINGT-HUITIÈME SEMAINE
VENDREDI VINGT-HUITIÈME SEMAINE
SAMEDI VINGT-HUITIÈME SEMAINE

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Lc 12,6s :Est-ce qu'on ne vend pas cinq moineaux pour deus sous? et pas un seu n'est indifférent aux yeux de Dieu. Soyez sans crainte: vous valez plus que tous les moineaux du monde.

LUNDI VINGT-HUITIÈME SEMAINE
Lc 11,29-32

Introduction
            Comme d’habitude mais non par habitude nous sommes venus rencontrer Jésus notre Maître et notre Sauveur. Célébrer avec lui la victoire de l’amour sur la haine. Que lui, par sa bonté, nous pardonne nos péchés.

Pour l’homélie
            Dans l’évangile de vendredi Jésus avait été accusé d’agir avec le pouvoir de Satan lui-même et, en plus, d’autres pour le mettre à l’épreuve, réclamaient de lui un signe venant du ciel. Jésus lui-même, vendredi, avait démonté la première accusation ; l’évangile d’aujourd’hui nos rapporte la réponse de Jésus à la proposition « pour le mettre à l’épreuve ».

            Les auditeurs de Jésus lui avaient demandé un signe merveilleux (v. 16), parce qu’ils conçoivent les signes à l’image des prodiges de l’Exode et de ceux de l’Élie. Jésus se refuse à faire de telles merveilles : il est le signe par excellence dans sa personne (v. 30 : de même aussi le Fils de l’homme) et dans sa prédication (v. 32 : il y a ici plus que Salomon). À ses contemporains qui se refusent à l’accueillir, il propose les païens d’autrefois qui ont accepté la parole de Salomon et de Jonas.

            ♦ v. 29.- Il est paradoxal de dire que cette génération n’aura qu’un signe (ou même aucun comme en Mc 8,12), après les miracles que Jésus présente lui-même comme des signes ( Lc 7,22 : Puis il répondit aux envoyés : « Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres… » ; Lc 11,20 : Mais si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, alors le Règne de Dieu vient de vous atteindre.)

            Mais tous ceux ne sont qu’un seul signe, celui qui constitue la personne même de Jésus et son action.

            ♦ v. 30.- Le Fils de l’homme en sera… Le verset 32 va expliquer que Jonas a été un signe pour les gens de Ninive par sa prédication, c’est-à-dire par son annonce du Jugement et par son appel à la conversion (Jon 3,2-5). C’est de la même manière que doit être conçu le rôle de signe pour le Fils de l’homme. Tel est sans doute le sens originel de ces paroles. Mais quand Lc écrit, après la Résurrection, c’est dans celle-ci qu’il doit voir le signe par excellence de Jésus (cf. le futur : il sera un signe ; alors qu’il est désormais le signe qui invite à croire). Mt 12,40 ira plus loin encore en expliquant que Jonas a été un signe par les trois jours passés dans le monstre marin, préfigurant les trois jours passés par le Fils de l’homme « dans le sein » de la terre.

            ♦ v. 31.- Lors du Jugement. Chez Mt ce verset (31) est placé après le suivant (32). C’est sans doute sa place originelle puisqu’il donne en exemple la reine de Saba, tandis que les autres vv. présentent le signe de Jonas. Lc a probablement interverti les deux derniers versets de la péricope pour achever celle-ci sur la conversion à la suite de la prédication.

            ♦ v. 31.- Salomon. Ce roi est, dans la Bible, le sage par excellence. Mais Jésus est plus sage que lui : Lc a spécialement noté cette sagesse de Jésus (2,40-52, au Temple parmi les Docteurs de la Loi ; 21,15 : Car, moi, je vous donnerai un langage et une sagesse que ne pourra contrarier ni contredire aucun de ceux qui seront contre vous), et il évoque le sacre de Salomon dans l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem.

            ♦ v. 32.- Convertis à la prédication. Ce terme qui désigne une proclamation publique à la manière d’u héraut, appartient à la langue missionnaire du christianisme primitif. Lc l’applique à la proclamation initiale de Jésus (4,8-19) ; à la prédication habituelle (4,44 ; 8,1) à celle des apôtres (9,2 ; 12,3 ; 24,47).

            ♦ v. 32.- Plus que Jonas. Jean le Baptiste était plus qu’un prophète par son rôle eschatologique (Lc 7,26-27 : Alors, qu'êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le déclare, et plus qu'un prophète. C'est celui dont il est écrit: Voici, j'envoie mon messager en avant de toi; il préparera ton chemin devant toi.) ; Jésus davantage encore.

            Luc insère ici un logion traditionnel sur le signe de Jonas. L’interprétation qui suit n’y voit pas comme chez Mt, une allusion aux « trois jours dans le ventre du monstre marin » figure de la mort et de la résurrection de Jésus. Lc évoque seulement la prédication de Jonas, son kérygme efficace : les Ninivites se sont convertis en l’écoutant ; ce qui n’est pas fait par cette génération, placée devant le signe du Fils de l’homme, qui pourtant est « plus que Jonas ».
Comme souvent chez Lc, la figure de Jonas (au masculin) se trouve doublée par une figure parallèle (au féminin), celle de la Reine du Midi, venue du bout du monde pour écouter la sagesse de Salomon.

Passage au rite
            Nous sommes dans la même situation que Luc : pour nous le signe suffisant, insurmontable, c’est Jésus glorifié. Nous allons entrer dans ce mystère en le célébrant. Pourquoi, parfois, demandons encore d’autres signes comme les Juifs d’autrefois ?

Pour le Notre Père
            Il y a ici plus que Salomon : c’est Jésus qui nous apprend le Notre Père. C’est pourquoi nous osons dire…    retour



MARDI VINGT-HUITIÈME SEMAINE
Lc 11,37-41

Introduction
            Jésus est invité chez un pharisien. Nous aussi nous nous rencontrons avec lui ce matin. Qui est l’invité ?   Qui l’hôte ? Et lui et nous, réciproquement. En ce qui nous concerne, quel que soit notre rôle, soyons attentifs à notre Seigneur. Demandons-lui de pardonner nos péchés.

Pour l’homélie
            Contexte. La plupart des éléments du réquisitoire, qui commence aujourd’hui et qui se poursuivra demain et après demain, se retrouvent en Mt 23, qui les dirige contre les scribes et les Pharisiens. Luc distingue l’attaque contre les Pharisiens (vv. 39-44), puis celle contre les légistes (vv. 46-52).

            ♦ v. 37.- Un Pharisien invita Jésus à déjeuner chez lui. Lc est le seul des évangélistes à montrer les Pharisiens assez favorables à Jésus pour l’inviter à leur table (11,37 [manque de lavement des mains] ; 14,1 [série d’enseignements autour d’une table]) et pour le prévenir de la menace d’Hérode (13,31). Il est sans doute sur ce point plus près de la réalité historique que Mc et surtout que Mt, pour qui le pharisien est devenu systématiquement l’adversaire de Jésus, par suite des polémiques de l’Église naissante. Ce jugement plus nuancé de Lc peut être dû à l’influence de Paul, qui est resté fier d’avoir été pharisien (Ph 3,5).

            ♦ v. 38.- Jésus n’avait pas fait d’abord une ablution… Ces ablutions sont un rite auquel les docteurs juifs d’alors attachent une très grande importance (cf. Mc 7,34 : ablutions en revenant du marché). Jésus les rejette (Mt 15,19-20 : Du cœur en effet proviennent intentions mauvaises, meurtres, adultères, inconduites, vols, faux témoignages, injures. C'est là ce qui rend l'homme impur; mais manger sans s'être lavé les mains ne rend pas l'homme impur), et ses disciples ne les pratiquent pas (Mt 15,2 : Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens? En effet, ils ne se lavent pas les mains, quand ils prennent leurs repas).

            ♦ v. 39.- Mais votre intérieur… Pour Lc Jésus oppose la religion extérieure et formaliste des Pharisiens à la religion intérieure du cœur qui est pour lui l’exigence première de Dieu (Lc 16,15 : Jésus leur dit : Vous, vous montrez votre justice aux yeux des hommes, mais Dieu connaît vos cœurs: ce qui pour les hommes est supérieur est une horreur aux yeux de Dieu ; 6,45 : L'homme bon, du bon trésor de son cœur, tire le bien, et le mauvais, de son mauvais trésor, tire le mal; car ce que dit la bouche, c'est ce qui déborde du cœur).

            ♦ v. 40.- Celui qui a fait l’extérieur… Ce verset propre à Lc explique pourquoi Dieu ne saurit se satis- faire de la religion extérieure et de son légalisme.

            ♦ v. 41.- Donnez plutôt en aumône. Ce thème est particulièrement cher à Lc, qui est le seul à le présenter ici comme en 12,33 (Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses inusables, un trésor inaltérable dans les cieux; là ni voleur n'approche, ni mite ne détruit). (Lc 19,8 : Mais Zachée, s'avançant, dit au Seigneur : Eh bien ! Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et, si j'ai fait tort à quelqu'un, je lui rends le quadruple ; 16,9 : Eh bien! moi, je vous dis : faites-vous des amis avec l'Argent trompeur pour qu'une fois celui-ci disparu, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.).

            ♦ v. 41.- Ce qui est dedans. Quelques témoins anciens traduisent : ce que vous avez.

            Ce passage évoque à nouveau la largeur d’esprit de Jésus qui n’obéit à aucun parti-pris systématique. Comme en 7,36 (chez Simon où est entrée la femme pécheresse), il accepte l’invitation d’un pharisien. Son hôte est étonné au sens fort du terme du fait qu’il ait négligé les ablutions avant le repas. Luc accroche, comme réponse, d’une manière un peu « artificielle », un discours très dur que Mt rapporte plus tard. Ce discours comporte sept apostrophes, la première qualifiant les pharisiens d’insensés (aphronès : sans jugement), les six autres étant anti-béatitudes ; trois « Malheur à vous » s’adressent aux mêmes pharisiens, trois autres aux « légistes », l’un d’entre aux s’étant senti visé !

            La première apostrophe (vv. 39-41) porte un diagnostic général : la religion pharisienne est toute d’extériorité (pratiques rituelles de purification) alors que leur être intérieur est « rempli d’avarice et de mauvaiseté ». Cette élémentaire opposition du dehors et du dedans se retrouvera plus loin, avec une fonction différente et complémentaire. Le v. 41 fait intervenir l’aumône, thème fréquent chez Lc, comme pratique caractéristique de la conversion, bien plus importante que tout rite religieux superficiel.

Passage au rite
            Jésus reprochait aux pharisiens de ne s’occuper que de l’extériorité. Est-ce nous sommes meilleurs qu’eux ? Dans quelle mesure notre intérieur est en communion avec le Seigneur pour célébrer en vérité l’Eucharistie, sacrement   d’unité ?

Pour le Notre Père
            Il faut bien réciter le Notre Père. Mais ce n’est qu’une aide pour qu’il soit bien dit dans notre cœur. Ainsi donc, nous osons…    retour



MERCREDI VINGT-HUITIÈME SEMAINE
Lc 11,42-46

Introduction
            Nous sommes venus avec le cœur ouvert à recevoir le Christ en Parole et en Pain. Acceptons aussi d’être corrigés par lui, par des pharisiens interposés. Reconnaissons d’avance avoir besoin de la miséricorde de Dieu.

Pour l’homélie
            Contexte. C’est la première partie des reproches de Jésus : nous avons entendu les trois adressés aux pharisiens et le premier adressé aux légistes.

            ♦ v. 42.- La rue. Plante herbacée sauvage. Pour appliquer la loi du Dt 14,22 (Tu prélèveras chaque année la dîme sur tout le produit de ce que tu auras semé et qui aura poussé dans tes champs), les rabbins soumettaient à la dîme toutes les plantes cultivées, mais discutaient cette obligation pour les plantes sauvages. Plusieurs dispensaient de payer la dîme sur la rue, que Lc est seul à mentionner.

            ♦ v. 42.- Vous laissez de côte… l’amour. Mt parle de miséricorde, Lc d’amour.

            ♦ v. 43.- C’est ceci qu’il fallait faire sans négliger cela. Cette phrase manque en plusieurs témoins anciens, sans doute choqués de ce qu’elle conserve une valeur aux pratiques légales.

            ♦ v. 44.- Sur lesquelles on marche sans savoir. Mt 23,27 (Malheureux êtes-vous, scribes et Pharisiens hypocrites, vous qui ressemblez à des sépulcres blanchis : au-dehors ils ont belle apparence, mais au-dedans ils sont pleins d'ossements de morts et d'impuretés de toutes sortes) opposait la beauté extérieure des tombeaux à l’impureté de leur intérieur. Lc insiste sur le fait que cette impureté reste inconnue aux hommes, et vise ainsi la dissimulation des Pharisiens : mais Dieu connaît leur cœur (Lc 16,15 : Jésus leur [aux Pharisiens] dit : Vous, vous montrez votre justice aux yeux des hommes, mais Dieu connaît vos cœurs).

            ♦ v. 45.- C’est nous aussi que tu insultes. Ici le légiste (Scribe ou Docteur de la Loi) se solidarise avec les Pharisiens, tout en s’en distinguant. Jésus va remarquer cette différence en attaquant les légistes comme les maîtres à penser et les dirigeants religieux du judaïsme.

            ♦ v. 46.- Fardeaux. Expression juive désignant l’ensemble de prescriptions légales, dont les scribes étaient les gardiens.

            Le v. 42 oppose le payement minutieux de la dîme à la pratique de la justice et l’amour. Le v. 43 est attiré par la vanité (Lc 14,7 : Jésus dit aux invités une parabole, parce qu'il remarquait qu'ils choisissaient les premières places ; Lc 20,46 : Gardez-vous des scribes qui tiennent à déambuler en grandes robes, et qui aiment les salutations sur les places publiques, les premiers sièges dans les synagogues, les premières places dans les dîners). Le v. 44 : Le troisième malheur conjoint cette religiosité au thème de la mort et de la corruption cachée.

            Le v. 46.- Fait état du premier reproche aux Légistes leur perversion en tant qu’enseignants. Commander et ne pas faire.

Passage au rite
            Jésus avait dit de lui-même : Mais il me faut poursuivre ma route aujourd'hui et demain et le jour suivant, car il n'est pas possible qu'un prophète périsse hors de Jérusalem (Lc 13,33). Jésus en a été mort de la mission prophétique… nous savons qu’il disait la vérité. Entrons avec courage dans ce mystère de mort et de vie.

Pour le Notre Père
            Essayons d’intérioriser de plus en plus le sens des demandes du Notre Père ; si bien que Jésus n’ait rien à nous reprocher. Comme lui-même nous a enseigné…    retour



JEUDI VINGT-HUITIÈME SEMAINE
Lc 11,47-54

Introduction
            Qui serait la personne assez insensée de vouloir tuer le chirurgien qui l’opère parce cela lui fait du mal ? Certains Juifs agirent de la façon à l’égard de Jésus. À l’égard celui qui nous corrige, comment réagissons-nous ? Demandons pardon.

Pour l’homélie
            Contexte. C’est la conclusion du repas de Jésus chez un pharisien qui a mal tourné. Essayons d’apprendre pour nous la leçon faite par Jésus aux docteurs de la loi de son époque.

            ♦ v. 47.- Tombeaux des prophètes. Les études archéologiques récentes ont confirmé l’actualité de ce reproche : c’est à partir de l’époque d’Hérode le Grand que furent édifiées en Palestine les sépultures monumentales des prophètes.

            ♦ v. 48.- Vous êtes d’accord avec les actes de vos pères. Les dirigeants du judaïsme du temps de Jésus se montrent comme leurs pères incapables de reconnaître les prophètes (Lc 7,30 : Mais les Pharisiens et les légistes ont repoussé le dessein que Dieu avait pour eux, en ne se faisant pas baptiser par lui [Jean Baptiste] ; Lc 13,33 : Mais il me faut poursuivre ma route aujourd'hui et demain et le jour suivant, car il n'est pas possible qu'un prophète périsse hors de Jérusalem).

            ♦ v. 49.- La Sagesse… je leur enverrai. Chez Mt 23,34 (C'est pourquoi, voici que moi, j'envoie vers vous des prophètes, des sages et des scribes. Vous en tuerez et mettrez en croix, vous en flagellerez dans vos synagogues et vous les pourchasserez de ville en ville) c’est Jésus lui-même qui annonce l’envoi des prophètes. Chez Lc c’est la Sagesse de Dieu, c’est-à-dire Dieu lui-même, et cette formule juive pourrait être primitive.

            ♦ v. 49.- Des prophètes et des apôtres.- Mt 23,34 parle de sages et scribes, Lc d’apôtres ; il pense évidemment aux messagers de l’évangile qu’il nomme souvent [6,13.- Il donna le nom d’apôtres. Lc souligne que les Douze sont choisis par mi les disciples et qu’ils reçoivent le nom d’apôtres. Ce titre désigne ceux que Jésus envoie porter son message de salut. Lc l’utilise six fois dans son évangile (ici ; 9,10 ; 11,49 ; 17,5 ; 22,14 ; 24,10) ; Mt et Jn, 1 fois : Mc, 2 fois. À la différence de Paul, il réserve ce nom aux Douze (sauf Ac 14,4.14)].

            ♦ v. 49.- Ils en tueront et persécuteront. [6,23.- Leurs pères traitèrent les prophètes.- À partir de la persécution d’Antiochus IV Épiphane (167 av. JC) le judaïsme a souvent insisté sur les persécutions subies par les prophètes et sur leurs martyres. Jésus de même, mentionne souvent le martyr des prophètes (Lc 11,47-51 ; 13,33.34).]

            ♦ v. 50.- Qu’il soit demandé [demandé compte par Dieu du sang] le sang. Lc est le seul auteur du NT à reproduire cette expression de l’AT grec (par exemple en Gn 9,5 : Et de même, de votre sang, qui est votre propre vie, je demanderai compte à toute bête et j'en demanderai compte à l'homme : à chacun je demanderai compte de la vie de son frère ;             Gn 42,22 : Ruben s'adressa à eux : Ne vous avais-je pas dit : Ne faites aucun tort à cet enfant ! Et vous ne m'avez pas  écouté). Il est maintenant demandé compte de son sang qui formule le jugement de l’homicide.

            ♦ v. 51.- Qui a péri entre l’autel et le Sanctuaire. Litt. La maison [de Dieu]. Les meurtres d’Abel et de Zacharie sont le premier et le dernier qui soient rapportés dans la Bible hébraïque (Gn 4,8-10 ; 2 Ch 20-22). Ils représentent la totalité des crimes de l’histoire sainte, sans qu’il soit tenu compte des martyrs plus récents comme ceux de l’époque des Maccabées rapportés dans l’AT grec. C’est une perspective palestinienne.

            ♦ v. 51.- Demandé compte à cette génération. Suivant l’idée biblique de la solidarité héréditaire, cette génération doit porter la peine de toutes les fautes antérieures, dont elle se montre complice (vv. 48-49)

            ♦ v. 52.- Vous avez pris la clé. Quelques témoins lisent caché.

            ♦ v. 52.- Clé de la connaissance. Mt 23,13 (Malheureux êtes-vous, scribes et Pharisiens hypocrites, vous qui fermez devant les hommes l'entrée du Royaume des cieux! Vous-mêmes en effet n'y entrez pas, et vous ne laissez pas entrer ceux qui le voudraient !) reproche aux scribes et pharisiens d’avoir fermé à clé le royaume devant les hommes qui veulent y accéder. Lc reproche aux légistes d’avoir accaparé la clé de la connaissance ; cette dernière est pour lui la voie d’accès au royaume.

            ♦ v. 53.- Les scribes. Plusieurs témoins nomment les légistes avec les scribes ou à leur place.

            Les vv. 47-51 sont les plus terriblement accusateurs : non seulement la religion des pharisiens est camouflage d’une mort spirituelle (v. 44) mais elle est opposition radicale aux vrais porte-parole de Dieu. Sous une vénération hypocrite – « bâtir les tombeaux de prophètes » – ils sont tout aussi aveugles et capables de meurtre que leurs pères. Ce thème sera repris dans la parabole des Vignerons homicides comme s’appliquant aux anciens prophètes et au « fils bien-aimé » (20,29ss). Mais la mention des apôtres à côté des prophètes, au v. 49, laisse entrevoir les persécutions des chefs juifs contre la première génération apostolique, persécutions que vont être annoncées ouvertement dans les versets suivants.

            La fin de ce passage montre que la cohérence du texte est comme souvent plus thématique que narrative. Jésus, entré chez un pharisien, interpellait au pluriel des adversaires dont le récit n’avait pas mentionné la présence ! Les voici globalement réintroduits dans le récit comme groupe qui, ainsi attaqué dans ce qui est pour lui fondamental, va contre attaquer en s’acharnant à lui tendre des pièges (vv. 53-54)

Passage au rite
            La liste des martyrs n’est pas finie avec Zacharie : c’est Jésus. Et, encore ceux qui à sa suite témoignent de la vérité et de la force reçue dans la communion à son mystère pascal. Puissions-nous être du nombre.

Pour le Notre Père
            Jésus n’a pas gardé pour lui seuls la Sagesse reçue du Père. Il nous l’a transmise, condensée, dans la prière qui nous dispose à communier. Ensemble, disons donc :    retour



VENDREDI VINGT-HUITIÈME SEMAINE
Lc 12,1-7

Introduction
            Venus comme tous les matins à l’Eucharistie, dans une certaine mesure, nous passons avec Jésus par la Passion à la glorification. Nous accomplissons un acte de foi qui devrait se prolonger aussi durant la journée, toutes les journées. Pour toutes nos défaillances, demandons pardon.

Pour l’homélie
            Contexte. Lc présente ici plusieurs paroles de Jésus que l’on trouve dispersées en Mt. Elles visent toutes à définir le témoignage que les disciples doivent rendre à leur Maître.

            ♦ v. 1.- Avant tout. On peut lire aussi : il commença par dire d’abord à ses disciples : « Gardez-vous… ». Mais Lc commence plusieurs fois des phrases par : D’abord.

            ♦ v. 1.- L’hypocrisie. (6,42.- Homme au jugement perverti. Litt. « hypocrites ». Ce mot qui ne réapparaît chez Lc qu’en 12,56 [ceux qui savent prévoir la météo et mais qui ignorent les signes du temps], et 13,15 [ceux qui détachent leur bœuf pour l’amener à boire, et empêchent de libérer une malade], a dans l’usage biblique un sens plus large que dans notre vocabulaire courant. S’il indique parfois la dissimulation volontaire, il marque quelquefois le désaccord entre la conduite extérieure et la pensée profonde ou, comme ici, fausseté, consciente ou non ; il désigne souvent l’impie, le pervers). Comme cette sentence vise les Pharisiens, plusieurs la rattachent à la section précédente. Mais le début du verset a introduit une nouvelle scène et le passage suivant invite à interpréter cet avis comme un premier appel à parler franchement, sans tenir compte de l’opinion des hommes. (Mt 16,6 : Mt est le seul à présenter le levain comme l’enseignement des Pharisiens et des Sadducéens : l’hypocrisie, fausseté. Cette signification était connue du judaïsme, en bonne et mauvaise part (1 Co 5,6-8 : Il n'est pas beau, votre sujet d'orgueil! Ne savez-vous pas qu'un peu de levain fait lever toute la pâte? Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain. Car le Christ, notre Pâque, a été immolé. Célébrons donc la fête, non pas avec du vieux levain, ni du levain de méchanceté et de perversité, mais avec des pains sans levain: dans la pureté et dans la vérité). Le levain des Pharisiens et des Sadducéen ne désigne donc pas leurs personnes mais leurs fonctions d’enseignants et de dirigeants du peuple.

            ♦ v. 3.- Entendu au grand jour. Mt10,27 (Ce que je vous dis dans l'ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l'oreille, proclamez-le sur les terrasses) oppose la parole de Jésus aujourd’hui dans le secret à la prédication publique de ses disciples qui aura lieu plus tard. Lc ne parle que des disciples ; il oppose leur parole sans retentissement dans le passé à leur proclamation publique dans l’avenir ; il marque ainsi le passage de leur réserve avant la Pentecôte à leur prédication ultérieure.

            ♦ v. 3.- Sur les terrasses. C’est en Orient le lieu habituel pour les conversations et la divulgation des nouvelles.

            ♦ v. 5.- Jeter dans la géhenne. Dieu seul a ce pouvoir. Lc insiste : c’est lui qu’il faut craindre. Lc a souvent souligné ce point. (X. Léon-Dufour. DNT, p. 186. Craindre : La crainte de Dieu n’a rien à voir avec la frayeur. C’est un sentiment de révérence devant Dieu qui se manifeste, lui-même ou ses anges ; en entendant « Ne crains pas », l’homme convertit sa crainte en adoration et en une confiance filiale qui bannit toute peur ; il devient un homme pieux. À l’inverse, le pécheur endurci peut trembler. L’amour bannit la crainte).

            ♦ v. 6.- Deux sous. Lit. Deux as. Mt 10,29 dit deux moineaux pour un as ; Lc réduit encore leur valeur (5 moineaux pour deux sous), forçant l’image.

            Pour les disciples, loin d’avoir honte du Fils de l’homme, il s’agira de se déclarer pour lui, de le « confesser » (homologeo) devant les hommes. Ce sera la vraie manière d’être ses « amis » et de manifester l’authentique crainte de Dieu, qui délivre de la crainte des persécuteurs, même s’ils vont jusqu’à « tuer le corps ».

Passage au rite
            Je ne sais pas si c’est un jeu de mots ; mais je dirais que Jésus a eu « peur » (à Gethsémani) mais aussi « crainte de Dieu » lorsqu’il disait « non comme je veux, mais comme tu ». Sa « crainte de Dieu » n’a pas été déçue ; unissons-nous à lui dans son offrande eucharistique pour pouvoir avoir le même « crainte ».

Pour le Notre Père
            Celui qui compte nos cheveux, celui sait notre valeur, c’est lui que Jésus nous a appris à nommer Notre Père, c’est pourquoi, sans aucune peur, mais aussi avec la crainte qu’il mérite, nous osons dire :    retour



SAMEDI VINGT-HUITIÈME SEMAINE
Lc 12,8-12

Introduction
            Abraham devient le père des « justes par la foi », de même que lui a eu la foi dans la promesse de Dieu. Puissions-nous appartenir à « sa descendance » croyante. L’Eucharistie est mémoire, réalité actuelle, mais aussi promesse. Croyons-y comme « notre père » a cru. Demandons pardon de nos doutes.

Pour l’homélie
            Notre texte de ce matin est la conclusion des avertissements de Jésus concernant le témoignage que les disciples devront donner à l’égard du Fils de l’homme.

            ♦ v. 8.- Quiconque se déclarera pour moi. Ou : Me confessera. Devant les anges de Dieu. Il s’agit du jugement dernier exercé par Dieu en présence des anges. (9,26 : Car si quelqu'un a honte de moi et de mes paroles, le Fils de l'homme aura honte de lui quand il viendra dans sa gloire, et dans celle du Père et des saints anges). Dieu n’est désigné qu’implicitement, suivant l’usage palestinien (15,10: C'est ainsi, je vous le déclare, qu'il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit), tandis que Mt a explicité la formule (10,32 : Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, je me déclarerai moi aussi pour lui devant mon Père qui est aux cieux). Ici, le Fils de l’homme n’apparaît pas comme juge, mais comme témoin en faveur des siens, à la différence de Mt 25,31-46, la parabole du jugement dernier

            ♦ v. 10.- …Cela ne lui sera pardonné. Note à Mt 12,32 e) : Non pas condamnation sans appel, mais mise en garde pour ne pas être condamné. L’homme peut méconnaître le mystère du Fils de l’homme, il n’est pas excusable de mal interpréter le signe que constitue l’exorcisme opéré par Jésus dans l’Esprit. Noter la tournure passive pour dire l’action divine. Enfin ce texte rappelle que Dieu demeure maître de son pardon. En distinguant les outrages pardonnables contre le Fils de l’homme et impardonnables contre le Saint Esprit, Lc doit opposer le temps de la mission terrestre de Jésus (même sa mort est pardonnable : 23,34 : Jésus disait : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font.) et le temps de la mission où les Apôtres inspirés par l’Esprit offrent à Israël la dernière possibilité de la conversion. Mt 12,32 et Mc 3,22-29 rapportent cette parole dans uns autre contexte qui lui donne un sens différent.

            ♦ v. 11.- Les chefs et les autorités. Lc doit viser ici les magistrats païens.

            ♦ v. 12.- Car l’Esprit Saint vous enseignera… Pour Mt (10,20) et Mc (13,11), c’est l’Esprit lui-même qui parlera par la bouche des disciples. Lc donne un rôle plus actif aux témoins de Jésus en disant que l’Esprit les enseignera. Il présente cette promesse sous une forme différente en 21,15 (Car, moi, je vous donnerai un langage et une sagesse que ne pourra contrarier ni contredire aucun de ceux qui seront contre vous) et montre son accomplissement dans les Actes (4,8 : Rempli d'Esprit Saint, Pierre leur dit alors ; 5,32 ; 7,55)

            Autour du pivot que constitue la Béatitude Heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent, s’organisent symétriquement les éléments positifs qui décrivent l’authentique écoute et la prière des disciples (10,38 à 11,13 : mercredi, jeudi, vendredi de la 27ème semaine) ; qui permettra leur parole fidèle (12,1-12 :vendredi et samedi 28ème semaine) — et les éléments négatifs qui montrent en contraste la mauvaise foi de certains (11,14-26, vendredi 27ème semaine) , la non-conversion des foules et la perversion des Adversaires du Règne (11,29-54 : lundi, mardi, mercredi, jeudi 28ème semaine).

Passage au rite
            L’Eucharistie nous fait entrer en communion avec Jésus et avec l’Esprit. C’est la première demande qui se fait après avoir fait anamnèse de la mort et la résurrection. Puissions en avoir conscience maintenant et le long de la journée.

Pour le Notre Père
            Prononçons-nous pour Jésus en disant en esprit et en vérité la prière qu’il nous a enseignée :    retour