Messes des jours en semaine T. O. :  VINGT-NEUVIÈME


INDEX

LUNDI VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
MARDI VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
MERCREDI  VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
JEUDI VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
VENDREDI VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
SAMEDI VINGT-NEUVIEME SEMAINE

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Lc 12,15s : "Gardez-vous bien de toute âpreté au gain; car la vie d'un homme, fut-il dans l'abondance, ne dépend pas de ses richesses." Et il leur dit cette parabole: Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté..."


LUNDI VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
Lc 12,13-21

Introduction
            Préparons-nous à célébrer – à rendre présent – le Mystère de notre Salut. C’est Dieu, le Père, qui, par Jésus, nous le propose encore une fois. Faisons attention à un certain jeu de mots : vie / VIE ; richesses / RICHE. Que le Seigneur veuille nous pardonner nos dérives à la recherche de la Vie que lui seul peut nous offrir.

Pour l’homélie
            Contexte.- Les vv. 13-34 (les vv. 22-34 ne seront pas proclamés à la liturgie semaine) réunissent divers enseignements de Jésus sur l’attitude à prendre vis-à-vis des biens de ce monde : avertissement général à propos d’une demande particulière (vv. 13-15), parabole du riche insensé (vv. 16-21), avis aux disciples contre le souci de la nourriture et du vêtement (vv. 22-32), exhortation à l’aumône (33-34).

            ♦ v. 13. Dis à mon frère de partager avec moi.- On demandait volontiers aux rabbins de tels arbitrages.

            ♦ v. 14. Homme, qui m’a établi pour être juge.- « Homme » (et non « Mon ami », ni « Mon fils ») pour marquer les distances. On demande ici à Jésus d’assumer une tâche temporelle. Jésus refuse de le faire ; il se distingue ainsi de Moïse qui lui, s’établissait en chef et juge (« Qui t'a établi chef et juge sur nous ? dit l'homme. Penses-tu me tuer comme tu as tué l'Égyptien ? » Et Moïse prit peur et se dit : « L'affaire est donc connue ! » ; Ex 2,14)

            ♦ v. 15. Lit. Que sa vie procède de ses biens.- Cette affirmation générale conclut l’épisode, en expliquant pourquoi Jésus refuse de s’occuper des questions d’argent : celui-ci n’est pas source de la vie.

            Contexte vv. 16-21.- Cet histoire n’est pas une comparaison, mais un exemple qui présente une attitude à imiter ou à éviter (cf. 14,28-32 : calculer avant de bâtir ; 16,1-8 : l’histoire du gérant habile ; 18,9-14 : la prière du pharisien et du publicain). Cet exemple fait ressortir en conclusion quelle est la vraie richesse. C’est la même invitation à se faire un trésor dans le ciel que l’on trouve en 12,33 (la suite de notre texte) ; 18,22 (la réponse à l’homme riche) ; 16,9 (que faire avec l’argent trompeur).

            ♦v. 17. Il se demandait.- Dans les paraboles de Lc, les personnages expriment souvent leur pensée par un monologue (15,17-19 : l’enfant prodigue face aux cochons ; 16,3 : le gérant habile ; 18,4 : le juge sans entrailles ; 20,13 : le Maître de la vigne dans la parabole des vignerons homicides). Ce procédé se trouve aussi en Mt 21,38 (les vignerons homicides lorsqu’ils décident de tuer l’héritier), 24,48 (le mauvais serviteur qui décide à mal agir lorsque son maître tarde à venir).

            ♦ v. 19. Alors je me dirai à moi-même. Litt. Je dirai à mon âme : Âme, tu as… Le mot "âme" signifie ici, comme souvent dans l’A. T., l’être vivant tout entier, la personne. On doit alors le traduire par vie (6,9 : sauver une vie ou la   perdre ? ; 9,24 : En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra; mais qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera ; 12,20.[22.23] : notre texte ; 14,26 : sans me préférer… même à sa propre vie ; 17,33 : Qui cherchera à conserver sa vie la perdra et qui la perdra la sauvegardera ; 21,19 : C'est par votre persévérance que vous gagnerez la vie) ou par un prénom personnel : à moi-même.

            ♦ v. 20. On te redemande. Ils te redemandent.- Ce pluriel impersonnel désigne Dieu : le Seigneur rappelle le riche de ce monde par la mort.

            ♦ v. 21. Riche en vue. Auprès de Dieu, on traduit aussi : en vue de Dieu, ou Au regard de Dieu. Mais il doit s’agir ici du trésor dans le ciel.

            La vie (petit v) dans une certaine mesure dépend de la richesse : les pays développés ont une moyenne de vie plus longue que les pays émergeants ; mais la Vie (grand V) ne dépend de l’argent que d’une manière indirecte – d’après la doctrine de Jésus dans Lc – c’est-à-dire, dans la mesure où l’on s’en sert pour faire l’aumône. Mais elle n’en dépend absolument pas dans la mesure où elle nous est donnée gratuitement ; autrement les pauvres, qui ne peuvent pas faire l’aumône, seraient désavantagés. Jésus dit aussi qu’il ne faut pas se préoccuper des richesses pour vivre (en vie grand  V), mais il demande d’être riche en vue de Dieu pour vivre grand V. Il y a donc des richesses « petit r » et des richesses   « grand R ».

            Le riche ayant virtuellement résolu son problème (Voici ce que je vais faire), il se complait dans l’évocation de la sécurité qui lui valent ses nombreux biens, et se prépare à en jouir égoïstement. Les expressions que Jésus lui prête singent les signes de la joie du Royaume (cf. 5,30 : Les Pharisiens et leurs scribes murmuraient, disant à ses disciples :     « Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les collecteurs d'impôts et les pécheurs ? » ; 14,16ss : Il (Jésus) lui dit: «Un homme allait donner un grand dîner, et il invita beaucoup de monde. 15,23 : Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons) : comme pour mieux manifester la perversion des dons de Dieu que représente l’accaparement et le non-partage !

            20. Tu es fou = Insensé. (Insensés! Est-ce que celui qui a fait l'extérieur n'a pas fait aussi l'intérieur ? Lc 11,40).

Passage au rite
            Jésus a tout donné : nu et pauvre à la naissance ; nu et pauvre sur la croix ; mais aussi enrichi par le Père pour le salut de tous à Pâques. C’est cet appauvrissement et cet enrichissement que nous rendons présent. Puissions-nous nous y identifier.

Pour le Notre Père
            Jésus nous apprend à demander… au pluriel ! Cela exige le partage : « notre pain ; notre pardon ; notre délivrance ». Nous ne pouvons pas rester indifférents au sort des autres. Dans cet esprit, nous osons dire :    retour


MARDI VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
Lc 12,35-38

Introduction
            Nous disons souvent « Viens, Seigneur Jésus ! » Mais il faudrait aussi lui dire : « Nous venons vers toi », et l’accomplir par toute notre vie. En tout cas la célébration eucharistique est la rencontre entre Celui vient, et nous qui allons vers lui. Que l’abondance de sa grâce nous libère de tout péché.

Pour l’homélie
            Contexte.- Dans les vv. 35-48 (évangiles d’aujourd’hui et de demain), Lc rassemble une série de paraboles qui exhortent les disciples à la vigilance dans l’attente du retour du Seigneur.

            ♦ v. 35. Litt. Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées. Comme au v. 37 et en 17,8 (Est-ce qu'il ne lui dira pas plutôt : ‹ Prépare-moi de quoi dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive; et après tu mangeras et tu boiras à ton tour ›?), il faut relever les pans de sa robe dans sa ceinture pour être prêt au travail. C’est aussi la tenue du voyageur que les Juifs prennent pour célébrer la Pâque (Ex 12,11 : Mangez-la ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous la mangerez à la hâte. C'est la Pâque du SEIGNEUR), où ils attendent la venue du Messie.

            ♦ v. 36. À son retour des noces.- Ce trait semble vouloir marquer seulement une heure tardive et indéterminée, sans allusion au symbolisme des noces.

            La vigilance est active, comme le montrent les variations autour du thème des serviteurs qui attendent leur Maître à son retour des noces. Cette vigilance n’est pas simple attente dans la nuit « en gardant les lampes allumées », figure de l’espérance croyante qui tient pour certaine la venue du Fils de l’homme, sans en connaître l’heure. (Voir demain). Elle est aussi travail (v.35), et spécialement pour les apôtres, intendants chargés d’assurer la bonne marche de la maisonnée du Maître (évangile de demain) : Il y a sans doute là l’esquisse d’une ecclésiologie, que manifestera le Livre des Actes.
Luc est le seul à évoquer, au cœur des paraboles de la vigilance, le paradoxal retour de ce maître extraordinaire, qui prend la tenue de travail, fait mettre à table ses serviteurs et les sert lui-même. (v. 37).

Passage au rite
            Nous ne pouvons pas ne pas nous identifier aux serviteurs de cet évangile. Le Seigneur est venu nous servir, non seulement au moment de communier, mais aussi déjà à la Table de sa Parole. Puissions-nous être assez éveillés et attentifs à rien ne perdre de tout ce qu’il veut nous donner à partager.

Pour le Notre Père
            Que ton Règne vienne. Que tu viennes. Que ta promesse s’accomplisse. Nous prions donc instamment :    retour


MERCREDI VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
Lc 12,39-48

Introduction
            Jésus n’a jamais voulu dire quand est-ce qu’il reviendrait ; pour que nous soyons prêts à l’accueillir, dans la joie, à tout instant. Mais il avait oublié (ou il ne pensait pas encore à) la célébration liturgique : il vient réellement chez nous dans le sacrement. Demandons-lui de nous rendre prêts à l’accueillir.

Pour l’homélie
            Voir le contexte d’hier.

            ♦ v. 39. Litt. Percer sa maison. Les minces parois des maisons de Palestine sont faciles à percer pour le voleur (Job 24,16 : C'est dans les ténèbres que celui-là force les maisons).

            ♦ v. 41. Ou pour tout le monde ? Cette question propre à Lc marque chez lui une transition entre l’exhortation à tous les disciples (vv. 35-40) et celle qui vise ceux qui sont responsables de leurs frères comme des intendants (vv. 42-48).

            ♦ v. 42. L’intendant. Ce terme (οίκονόμοσ, oikonomos) est propre à Lc parmi les évangélistes (cf. 16,1.3.8 : l’exemple du gérant habile) et désigne un personnage important. (1 Co 4,1-2 : Qu'on nous considère donc comme des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu. Or, ce qu'on demande en fin de compte à des intendants, c'est de se montrer fidèles).

            ♦ v. 45. Se dit en son cœur. Voir Lc 12,17, lundi dernier.

            ♦ v. 46. Il se séparera de lui. Litt. Il le coupera en deux. Note au même mot à Mt 24,51 : allusion possible à un supplice de l’A.T. (Dn 13,55.59 : Daniel dit: «Vraiment tu as menti contre ta propre tête! Car l'Ange de Dieu, qui en a déjà reçu l'ordre de Dieu, te fendra par le milieu), mais, plus probablement, terme technique, attesté dans les écrits du Qumrân, désignant l’excommunication ou la mise en quarantaine.

            Le sort des infidèles. Litt. les incrédules. Mt dit : les hypocrites.

            ♦ vv. 47-48 propres à Lc, et surtout le v. 48b (À qui l’on a beaucoup donné…), soulignent la responsabilité des chefs d’Églises et concluent les vv. 41-48.

            Heureux le serviteur.- C’est donc toujours la même insistance sur le faire (ποίηω, poieô) qui a la promesse du bonheur eschatologique dans une nouvelle formule de Béatitude. C’est toujours aussi le procédé consistant à renforcer une figure par son opposé : le mauvais intendant abuse du pouvoir qui lui a été délégué pour asservir les autres, et comme le riche insensé « manger, boire… » – là encore une caricature des images du Royaume – « …et s’enivrer » : attention à l’ivresse du pouvoir ! (v. 45).

            La parole finale (v. 48 Mais celui qui ne connaissait pas… À qui l’on a beaucoup…) est une de ces sentences généralisantes dont on noté la fréquence. À ceux qui ont eu le privilège de recevoir la promesse du Royaume, et plus particulièrement à ceux qui sont en charge de responsabilité, Jésus dit en somme : noblesse oblige ! Cette finale propre à Luc est une nouvelle manière de montrer que le disciple accompli doit être comme le Maître (Lc 6,40 : Le disciple n'est pas au-dessus de son maître, mais tout disciple bien formé sera comme son maître).

Passage au rite
            Nous sommes de ceux qui ont beaucoup reçu… Non seulement une fois pour toutes, mais chaque jour. Que la rencontre sacramentelle nous aide aussi bien à tout recevoir du Seigneur qu’à tout donner en retour tel qu’il le fit.

Pour le Notre Père
            Serviteurs inutiles, quelconques ; mais aussi enfants bien-aimés. Remettons-nous dans les mains du Père tel que Jésus nous l’a appris.    retour



JEUDI VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
Lc 12,49-53

Introduction
            Nous devenons tous comme « esclaves » de ce que nous faisons. Esclaves du péché et la mort éternelle, si nous péchons. Esclaves de Dieu pour la vie, si nous accomplissons sa volonté. C’est le langage de Paul ; dur, mais réel. Que notre célébration nous apprenne à obéir Dieu par amour pour notre bien ; pour l’honneur qu’il mérite.

Pour l’homélie
            Contexte.- Lc réunit ici (vv. 49-53) plusieurs paroles de Jésus sur sa propre mission et prépare ainsi la section suivante (12,54 – 13,9) sur l’urgence de se décider face à lui.

            ♦ v. 49. Comme je voudrais. On pourrait traduire : Qu’est-ce que je désire s’il est déjà allumé ? Mais à côté du v. 50, il s’agit sans doute d’un événement à venir. Le feu dont il est ici question doit être pour Jésus celui qui accompagne le jugement de Dieu dans les tableaux eschatologiques (Is 66,15-16 : Voici, en effet, le SEIGNEUR: c'est dans du feu qu'il vient, ses chars pareils à un typhon, pour régler sa dette de colère par de la fureur et sa dette de menaces par les flammes du feu. Oui, c'est armé de feu que le SEIGNEUR entre en jugement avec toute chair, et aussi armé de son épée: nombreux seront les êtres transpercés par le SEIGNEUR ; et d’autres). Lc pense probablement au baptême de l’Esprit et de feu inauguré à la Pentecôte (Lc 3.16 : Jean répondit à tous: « Moi, c'est d'eau que je vous baptise; mais il vient, celui qui est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la lanière de ses sandales. Lui, il vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu »).

            ♦ v. 50. C’est un baptême… Pour Jésus comme pour ses auditeurs, ce terme signifie une ablution de purification (Lc 11,38 : Le Pharisien fut étonné en voyant qu'il n'avait pas d'abord fait une ablution [ébaptizen] avant le déjeuner). Jésus doit entendre par là sa mort (Mc 10,38 : Jésus leur dit : «Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, ou être baptisés du baptême dont je vais être baptisé ? ») comme jugement de purification pour son peuple (le jugement par l’eau est lié comme ici au jugement par le feu en 17,26-29 (comme aux jours de Noé… comme aux jours de Loth) et en 2 P 2,5-6 (Il n'a pas épargné non plus l'ancien monde, mais il préserva, lors du déluge dont il submergea le monde des impies, Noé, le huitième des survivants, lui qui proclamait la justice ; puis il condamna à l'anéantissement les villes de Sodome et Gomorrhe en les réduisant en cendres à titre d'exemple pour les impies à venir) et 3,6-7 (Par les mêmes causes, le monde d'alors périt submergé par l'eau. Quant aux cieux et à la terre actuels, la même Parole les tient en réserve pour le feu, les garde pour le jour du jugement et de la perdition des impies). Lc comprend sans doute que baptême de Jésus comme l’origine du baptême chrétien pour le pardon des péchés (Ac 2,38 : Pierre leur répondit: «Convertissez-vous: que chacun de vous reçoive le baptême au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés, et vous recevrez le don du Saint Esprit).

            ♦ v. 50. Il m’en coûte. On a souvent traduit : quelle est mon angoisse ? Mais ici le parallèle du v. 49 suggère chez Jésus, plutôt que l’angoisse, la hâte de parvenir au terme de sa mission de Sauveur.

            ♦ v. 51. La division ; Mt 10,34 dit plus concrètement : le glaive, terme qui doit être primitif. Lc a souvent marqué que la paix est le don messianique par excellence. Ici la négation paradoxale de Jésus proclame que cette paix n’est pas la paix charnelle et facile dont rêvaient les faux prophètes (p. e. Jr 6,14 : Ils ont bien vite fait de remédier au désastre de mon peuple, en disant : « Tout va bien! tout va bien ! » Et rien ne va.)

            ♦ v. 53. On se divisera. Cette division des familles est dans la tradition prophétique un trait de la tribulation de la fin des temps (p. e. Mi 7,6 : Car le fils traite son père de fou, la fille se dresse contre sa mère, la belle-fille, contre sa belle-mère. Chacun a pour ennemi les gens de sa propre maison). Jésus y reviendra en 21,l6 et par (Vous serez livrés même par vos pères et mères, par vos frères, vos parents et vos amis, et ils feront condamner à mort plusieurs d'entre vous).

            Cette œuvre pour laquelle Jésus déclare être venu représente une critique si radicale des valeurs établies, elle invite à entrer à sa suite dans une pratique si révolutionnaire de l’amour que ce message, fondateur de la vraie paix, est aussi provocateur d’un choix décisif et ne peut entraîner qu’une tragique division parmi les êtres même les plus proches les uns de autres. Voir vv. 51-53 (Le père contre le fils…) ; à rapprocher de l’annonce de Siméon en 2,34 (Siméon les bénit et dit à Marie sa mère : « Il est là pour la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël et pour être un signe contesté… »).

Passage au rite
            On aurait le droit de penser que maintenant Jésus se « repose » de cette hantise qu’il avait pour que le feu soit allumé ; que le baptême l’ait submergé. Il y est passé et il en est sorti vainqueur, glorifié. Mais qu’en est-il de nous ? Dans quelle mesure en avons-nous été touchés ? Que notre célébration du Mystère nous fasse partager et l’incendie et le plongeon par où le Christ est passé.

Pour le Notre Père
            Heureux les affamés de justice… Demandons au Père de nous donner le souci de la justice pour nous, d’abord, et pour les autres, simultanément. Qu’il nous donne, en même temps le courage pour ne pas déserter.    retour
 



VENDREDI VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
Lc 12,54-59

Introduction
            Les hommes malheureux que nous sommes, nous devons pourtant rendre grâce à Dieu par Jésus Christ, notre Seigneur. Cette affirmation de Paul à la première lecture pourrait être notre intention au moment de célébrer notre « Action de Grâce ». Reconnaissons que nos « malheurs », nos péchés, sont enlevés par Jésus, notre Seigneur.

Pour l’homélie
            Contexte. De 12,54 à 13,9 (évangiles d’aujourd’hui et de main), Lc présente une série d’enseignements sur l’urgence de la conversion : un appel à discerner les signes présentes (vv. 54-56, aujourd’hui), une parabole sur la nécessité de se mettre en règle avant le jugement (vv. 57-59, aujourd’hui), un commentaire sur les faits d’actualité qui invitent à se convertir (13,1-5, demain), une parabole sur le dernier délai accordé pour donner des fruits (vv. 6-9), demain).

            ♦ v. 56. Esprits pervertis. (Voir la note à 6,42, Vendredi 23ème).- Homme au jugement perverti. Litt. « hypocrites ». Ce mot qui n’apparaît chez Lc qu’en 12,56 (ceux qui savent prévoir la météo et ignorent les signes du temps), et 13,15 (ceux qui détachent leur bœuf pour l’amener à boire, et empêchent de libérer une malade), a dans l’usage biblique un sens plus large que dans notre vocabulaire courant. S’il indique parfois la dissimulation volontaire, il marque quelquefois le désaccord entre la conduite extérieure et la pensée profonde ou comme ici fausseté, consciente ou non ; il désigne souvent l’impie, le pervers.

            ♦ v. 56. Ce temps, qui est celui de Jésus, est facile à reconnaître car les signes y sont clairs (Lc 7,22 : Puis il répondit aux envoyés: « Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ; Lc 11,20 : Mais si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, alors le Règne de Dieu vient de vous atteindre). Ce point de vue est différent de celui de 11,29 (Comme les foules s'amassaient, il se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise; elle demande un signe ! En fait de signe, il ne lui en sera pas donné d'autre que le signe de Jonas).

            ♦ vv. 57-59. Chez Mt cette parabole sert à présenter le devoir de la charité fraternelle. Ici, elle insiste sur l’urgence de se réconcilier avant le jugement. Cette nuance eschatologique est sans doute plus proche de la visée originelle de la parabole.

            Reconnaître le caractère décisif du temps présent, c’est-à-dire se convertir – le terme reviendra dans le passage de demain – serait très concrètement mettre de l’ordre dans ses affaires, se réconcilier avec ses adversaires avant le jugement imminent.

            Une certaine manière de se convertir serait de ne pas être l’adversaire de qui que ce soit. Si l’autre se fait mon adversaire, c’est son problème, je ne veux pas être le sien.

Passage au rite
            Jésus au moment de faire son passage – sa Pâque – s’est réconcilié avec ses adversaires : « Père, pardonne-leur… » Il s’est même réconcilié avec nous au début de la messe par son pardon. Que notre com- munion à sa Pâque, nous permette de faire comme lui, habituellement.

Pour le Notre Père
            Demandons du fond de notre cœur et le pardon et le savoir pardonner : Pardonne-nous comme nous pardonnons. Ainsi donc nous osons dire    retour
 



SAMEDI VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
Lc 13,1-9

Introduction
            Pour quoi sommes-nous venus célébrer l’Eucharistie ? Chacun peut donner sa réponse. Parmi lesquelles, celle-ci aussi : Pour mieux connaître, pour mieux aimer, pour mieux vivre en communion avec le Christ. Cela faire, c’est aussi se convertir. Une tâche jamais finie. Demandons pardon de nos négligences.

Pour l’homélie
            Contexte de 13,1-5. Deux déclarations parallèles de Jésus tirent la leçon de deux événements tragiques récents. Suivant la conception courante de la rétribution temporelle, ses auditeurs y voient des châtiments divins tombés sur des pécheurs ; et, le fait qu’ils ont été épargnés eux-mêmes, les rassure sur leur propre justice. Jésus rejette cette vue simpliste (cf. Jn 9,2-3 : Ses disciples lui posèrent cette question : « Rabbi, qui a péché pour qu'il soit né aveugle, lui ou ses parents ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents. Mais c'est pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui ! ») ; il montre dans ces malheurs un avertissement adressé à tous : tous sont pécheurs, tous ont à se convertir. [Voir Xavier Léon-Dufour, « Face à la mort Jésus et Paul », chapitre 1 « Jésus face à la mort des autres », Mort et culpabilité, pp. 32-38].

            ♦ v. 1. Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs sacrifices. L’histoire rapporte plusieurs interventions sanglantes de Pilate à Jérusalem.

            Contexte de 13,6-9. Cette parabole reprend la menace classique contre l’arbre improductif (Lc 3,8-9 : Produisez donc des fruits qui témoignent de votre conversion; et n'allez pas dire en vous-mêmes : ‹ Nous avons pour père Abraham. › Car je vous le dis, des pierres que voici Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Déjà même, la hache est prête à attaquer la racine des arbres; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu ; Lc 6,43-44 : Il n'y a pas de bon arbre qui produise un fruit malade, et pas davantage d'arbre malade qui produise un bon fruit. Chaque arbre en effet se reconnaît au fruit qui lui est propre : ce n'est pas sur un buisson d'épines que l'on cueille des figues, ni sur des ronces que l'on récolte du raisin), il mais y joint l’annonce d’un dernier délai. Dans ce contexte, l’appel à la conversion est clair et urgent.

            v. 9. À l’avenir. Au lieu de à l’avenir, quelques uns traduisent : l’année prochaine (en sous-entendant l’année,   nommée au v. précédent).
            Si non.- De nombreux témoins lisent : du fruit ? Sinon, à l’avenir…

            Sur l’intercession du vigneron auprès du propriétaire, un délai de grâce d’une année est accordé. Cette brève parabole est chez Lc une admirable image de l’amour que le Christ ne cesse de porter à ces incrédules et à ces impénitents qu’il fustige pour les amener à se convertir, et de la patience de Dieu dont il se veut le témoin, corrigeant la sévère théologie du jugement qui inspirait Jean-Baptiste.

Passage au rite
            Notre vie est cette année de sursis qui nous est accordée. Le vigneron Christ bêche en nous, nous engraisse   aussi ; pas avec n’importe quoi mais avec sa parole avec sa propre vie donnée dans le Sacrement célébré. Participons de telle sorte que nous en soyons transformés ; convertis.

Pour le Notre Père
            Délivre-nous du mal. Du mal de ne pas vouloir nous convertir ; du mal de ne pas progresser dans l’amour et la fidélité. Comme nous l’avons appris, nous osons dire…    retour