LUNDI
VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
Lc 12,13-21
Introduction
Préparons-nous à célébrer – à rendre présent – le Mystère de notre Salut.
C’est Dieu, le Père, qui, par Jésus, nous le propose encore une fois.
Faisons attention à un certain jeu de mots : vie / VIE ; richesses / RICHE.
Que le Seigneur veuille nous pardonner nos dérives à la recherche de la Vie
que lui seul peut nous offrir.
Pour l’homélie
Contexte.- Les vv. 13-34 (les vv. 22-34 ne seront pas proclamés à la
liturgie semaine) réunissent divers enseignements de Jésus sur l’attitude à
prendre vis-à-vis des biens de ce monde : avertissement général à propos
d’une demande particulière (vv. 13-15), parabole du riche insensé (vv.
16-21), avis aux disciples contre le souci de la nourriture et du vêtement
(vv. 22-32), exhortation à l’aumône (33-34).
♦ v. 13.
Dis à mon frère de partager avec moi.- On demandait volontiers aux
rabbins de tels arbitrages.
♦ v. 14.
Homme, qui m’a établi pour être juge.- « Homme » (et non « Mon ami », ni
« Mon fils ») pour marquer les distances. On demande ici à Jésus d’assumer
une tâche temporelle. Jésus refuse de le faire ; il se distingue ainsi de
Moïse qui lui, s’établissait en chef et juge (« Qui t'a établi chef et
juge sur nous ? dit l'homme. Penses-tu me tuer comme tu as tué l'Égyptien ?
» Et Moïse prit peur et se dit : « L'affaire est donc connue ! » ; Ex
2,14)
♦ v. 15. Lit.
Que sa vie procède de ses biens.- Cette affirmation générale conclut
l’épisode, en expliquant pourquoi Jésus refuse de s’occuper des questions
d’argent : celui-ci n’est pas source de la vie.
Contexte
vv. 16-21.- Cet histoire n’est pas une comparaison, mais un exemple qui
présente une attitude à imiter ou à éviter (cf. 14,28-32 : calculer avant de
bâtir ; 16,1-8 : l’histoire du gérant habile ; 18,9-14 : la prière du
pharisien et du publicain). Cet exemple fait ressortir en conclusion quelle
est la vraie richesse. C’est la même invitation à se faire un trésor dans le
ciel que l’on trouve en 12,33 (la suite de notre texte) ; 18,22 (la réponse
à l’homme riche) ; 16,9 (que faire avec l’argent trompeur).
♦v. 17. Il
se demandait.- Dans les paraboles de Lc, les personnages expriment
souvent leur pensée par un monologue (15,17-19 : l’enfant prodigue face aux
cochons ; 16,3 : le gérant habile ; 18,4 : le juge sans entrailles ; 20,13 :
le Maître de la vigne dans la parabole des vignerons homicides). Ce procédé
se trouve aussi en Mt 21,38 (les vignerons homicides lorsqu’ils décident de
tuer l’héritier), 24,48 (le mauvais serviteur qui décide à mal agir lorsque
son maître tarde à venir).
♦ v. 19.
Alors je me dirai à moi-même. Litt. Je dirai à mon âme : Âme, tu as…
Le mot "âme" signifie ici, comme souvent dans l’A. T., l’être vivant tout
entier, la personne. On doit alors le traduire par vie (6,9 : sauver une
vie ou la perdre ? ; 9,24 : En effet, qui veut sauver sa
vie, la perdra; mais qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera ;
12,20.[22.23] : notre texte ; 14,26 : sans me préférer… même à sa propre
vie ; 17,33 : Qui cherchera à conserver sa vie la perdra et qui la
perdra la sauvegardera ; 21,19 : C'est par votre persévérance que
vous gagnerez la vie) ou par un prénom personnel : à moi-même.
♦ v. 20.
On te redemande. Ils te redemandent.- Ce pluriel impersonnel désigne
Dieu : le Seigneur rappelle le riche de ce monde par la mort.
♦ v. 21.
Riche en vue. Auprès de Dieu, on traduit aussi : en vue de Dieu, ou Au
regard de Dieu. Mais il doit s’agir ici du trésor dans le ciel.
La vie (petit
v) dans une certaine mesure dépend de la richesse : les pays développés ont
une moyenne de vie plus longue que les pays émergeants ; mais la Vie (grand
V) ne dépend de l’argent que d’une manière indirecte – d’après la doctrine
de Jésus dans Lc – c’est-à-dire, dans la mesure où l’on s’en sert pour faire
l’aumône. Mais elle n’en dépend absolument pas dans la mesure où elle nous
est donnée gratuitement ; autrement les pauvres, qui ne peuvent pas faire
l’aumône, seraient désavantagés. Jésus dit aussi qu’il ne faut pas se
préoccuper des richesses pour vivre (en vie grand V), mais il demande
d’être riche en vue de Dieu pour vivre grand V. Il y a donc des richesses «
petit r » et des richesses « grand R ».
Le riche
ayant virtuellement résolu son problème (Voici ce que je vais faire), il se
complait dans l’évocation de la sécurité qui lui valent ses nombreux biens,
et se prépare à en jouir égoïstement. Les expressions que Jésus lui prête
singent les signes de la joie du Royaume (cf. 5,30 : Les Pharisiens et
leurs scribes murmuraient, disant à ses disciples :
« Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les collecteurs d'impôts et les
pécheurs ? » ; 14,16ss : Il (Jésus) lui dit: «Un homme allait donner
un grand dîner, et il invita beaucoup de monde. 15,23 : Amenez le
veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons) : comme pour mieux manifester
la perversion des dons de Dieu que représente l’accaparement et le
non-partage !
20. Tu es
fou = Insensé. (Insensés! Est-ce que celui qui a fait l'extérieur n'a
pas fait aussi l'intérieur ? Lc 11,40).
Passage au
rite
Jésus a tout donné : nu et pauvre à la naissance ; nu et pauvre sur la croix
; mais aussi enrichi par le Père pour le salut de tous à Pâques. C’est cet
appauvrissement et cet enrichissement que nous rendons présent.
Puissions-nous nous y identifier.
Pour le Notre
Père
Jésus nous apprend à demander… au pluriel ! Cela exige le partage : « notre
pain ; notre pardon ; notre délivrance ». Nous ne pouvons pas rester
indifférents au sort des autres. Dans cet esprit, nous osons dire :
retour
MARDI
VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
Lc 12,35-38
Introduction
Nous disons souvent « Viens, Seigneur Jésus ! » Mais il faudrait aussi lui
dire : « Nous venons vers toi », et l’accomplir par toute notre vie. En tout
cas la célébration eucharistique est la rencontre entre Celui vient, et nous
qui allons vers lui. Que l’abondance de sa grâce nous libère de tout péché.
Pour l’homélie
Contexte.- Dans les vv. 35-48 (évangiles d’aujourd’hui et de demain),
Lc rassemble une série de paraboles qui exhortent les disciples à la
vigilance dans l’attente du retour du Seigneur.
♦ v. 35.
Litt. Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées. Comme au v.
37 et en 17,8 (Est-ce qu'il ne lui dira pas plutôt : ‹ Prépare-moi de quoi
dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive; et
après tu mangeras et tu boiras à ton tour ›?), il faut relever les pans de
sa robe dans sa ceinture pour être prêt au travail. C’est aussi la tenue du
voyageur que les Juifs prennent pour célébrer la Pâque (Ex 12,11 : Mangez-la
ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main.
Vous la mangerez à la hâte. C'est la Pâque du SEIGNEUR), où ils attendent la
venue du Messie.
♦ v. 36. À
son retour des noces.- Ce trait semble vouloir marquer seulement une
heure tardive et indéterminée, sans allusion au symbolisme des noces.
La vigilance
est active, comme le montrent les variations autour du thème des serviteurs
qui attendent leur Maître à son retour des noces. Cette vigilance n’est pas
simple attente dans la nuit « en gardant les lampes allumées », figure de
l’espérance croyante qui tient pour certaine la venue du Fils de l’homme,
sans en connaître l’heure. (Voir demain). Elle est aussi travail (v.35), et
spécialement pour les apôtres, intendants chargés d’assurer la bonne marche
de la maisonnée du Maître (évangile de demain) : Il y a sans doute là
l’esquisse d’une ecclésiologie, que manifestera le Livre des Actes.
Luc est le seul à évoquer, au cœur des paraboles de la vigilance, le
paradoxal retour de ce maître extraordinaire, qui prend la tenue de travail,
fait mettre à table ses serviteurs et les sert lui-même. (v. 37).
Passage au
rite
Nous ne pouvons pas ne pas nous identifier aux serviteurs de cet évangile.
Le Seigneur est venu nous servir, non seulement au moment de communier, mais
aussi déjà à la Table de sa Parole. Puissions-nous être assez éveillés et
attentifs à rien ne perdre de tout ce qu’il veut nous donner à partager.
Pour le Notre
Père
Que ton Règne vienne. Que tu viennes. Que ta promesse s’accomplisse. Nous
prions donc instamment :
retour
MERCREDI
VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
Lc 12,39-48
Introduction
Jésus n’a jamais voulu dire quand est-ce qu’il reviendrait ; pour que nous
soyons prêts à l’accueillir, dans la joie, à tout instant. Mais il avait
oublié (ou il ne pensait pas encore à) la célébration liturgique : il vient
réellement chez nous dans le sacrement. Demandons-lui de nous rendre prêts à
l’accueillir.
Pour l’homélie
Voir le contexte d’hier.
♦ v. 39.
Litt. Percer sa maison. Les minces parois des maisons de Palestine sont
faciles à percer pour le voleur (Job 24,16 : C'est dans les ténèbres que
celui-là force les maisons).
♦ v. 41. Ou
pour tout le monde ? Cette question propre à Lc marque chez lui une
transition entre l’exhortation à tous les disciples (vv. 35-40) et celle qui
vise ceux qui sont responsables de leurs frères comme des intendants (vv.
42-48).
♦ v. 42.
L’intendant. Ce terme (οίκονόμοσ, oikonomos) est propre à Lc parmi les
évangélistes (cf. 16,1.3.8 : l’exemple du gérant habile) et désigne un
personnage important. (1 Co 4,1-2 : Qu'on nous considère donc comme des
serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu. Or, ce qu'on
demande en fin de compte à des intendants, c'est de se montrer fidèles).
♦ v. 45. Se
dit en son cœur. Voir Lc 12,17, lundi dernier.
♦ v. 46. Il
se séparera de lui. Litt. Il le coupera en deux. Note au même mot à Mt 24,51
: allusion possible à un supplice de l’A.T. (Dn 13,55.59 : Daniel dit:
«Vraiment tu as menti contre ta propre tête! Car l'Ange de Dieu, qui en a
déjà reçu l'ordre de Dieu, te fendra par le milieu), mais, plus
probablement, terme technique, attesté dans les écrits du Qumrân, désignant
l’excommunication ou la mise en quarantaine.
Le sort des
infidèles. Litt. les incrédules. Mt dit : les hypocrites.
♦ vv. 47-48
propres à Lc, et surtout le v. 48b (À qui l’on a beaucoup donné…),
soulignent la responsabilité des chefs d’Églises et concluent les vv. 41-48.
Heureux le
serviteur.- C’est donc toujours la même insistance sur le faire (ποίηω,
poieô) qui a la promesse du bonheur eschatologique dans une nouvelle formule
de Béatitude. C’est toujours aussi le procédé consistant à renforcer une
figure par son opposé : le mauvais intendant abuse du pouvoir qui lui a été
délégué pour asservir les autres, et comme le riche insensé « manger, boire…
» – là encore une caricature des images du Royaume – « …et s’enivrer » :
attention à l’ivresse du pouvoir ! (v. 45).
La parole
finale (v. 48 Mais celui qui ne connaissait pas… À qui l’on a beaucoup…) est
une de ces sentences généralisantes dont on noté la fréquence. À ceux qui
ont eu le privilège de recevoir la promesse du Royaume, et plus
particulièrement à ceux qui sont en charge de responsabilité, Jésus dit en
somme : noblesse oblige ! Cette finale propre à Luc est une nouvelle manière
de montrer que le disciple accompli doit être comme le Maître (Lc 6,40 : Le
disciple n'est pas au-dessus de son maître, mais tout disciple bien formé
sera comme son maître).
Passage au
rite
Nous sommes de ceux qui ont beaucoup reçu… Non seulement une fois pour
toutes, mais chaque jour. Que la rencontre sacramentelle nous aide aussi
bien à tout recevoir du Seigneur qu’à tout donner en retour tel qu’il le
fit.
Pour le Notre
Père
Serviteurs inutiles, quelconques ; mais aussi enfants bien-aimés.
Remettons-nous dans les mains du Père tel que Jésus nous l’a appris.
retour
JEUDI
VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
Lc 12,49-53
Introduction
Nous devenons tous comme « esclaves » de ce que nous faisons. Esclaves du
péché et la mort éternelle, si nous péchons. Esclaves de Dieu pour la vie,
si nous accomplissons sa volonté. C’est le langage de Paul ; dur, mais réel.
Que notre célébration nous apprenne à obéir Dieu par amour pour notre bien ;
pour l’honneur qu’il mérite.
Pour l’homélie
Contexte.- Lc réunit ici (vv. 49-53) plusieurs paroles de Jésus sur
sa propre mission et prépare ainsi la section suivante (12,54 – 13,9) sur
l’urgence de se décider face à lui.
♦ v. 49.
Comme je voudrais. On pourrait traduire : Qu’est-ce que je désire s’il
est déjà allumé ? Mais à côté du v. 50, il s’agit sans doute d’un événement
à venir. Le feu dont il est ici question doit être pour Jésus celui qui
accompagne le jugement de Dieu dans les tableaux eschatologiques (Is
66,15-16 : Voici, en effet, le SEIGNEUR: c'est dans du feu qu'il vient, ses
chars pareils à un typhon, pour régler sa dette de colère par de la fureur
et sa dette de menaces par les flammes du feu. Oui, c'est armé de feu que le
SEIGNEUR entre en jugement avec toute chair, et aussi armé de son épée:
nombreux seront les êtres transpercés par le SEIGNEUR ; et d’autres). Lc
pense probablement au baptême de l’Esprit et de feu inauguré à la Pentecôte
(Lc 3.16 : Jean répondit à tous: « Moi, c'est d'eau que je vous baptise;
mais il vient, celui qui est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de
délier la lanière de ses sandales. Lui, il vous baptisera dans l'Esprit
Saint et le feu »).
♦ v. 50.
C’est un baptême… Pour Jésus comme pour ses auditeurs, ce terme signifie
une ablution de purification (Lc 11,38 : Le Pharisien fut étonné en
voyant qu'il n'avait pas d'abord fait une ablution [ébaptizen] avant le
déjeuner). Jésus doit entendre par là sa mort (Mc 10,38 : Jésus leur
dit : «Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe
que je vais boire, ou être baptisés du baptême dont je vais être baptisé ? »)
comme jugement de purification pour son peuple (le jugement par l’eau est
lié comme ici au jugement par le feu en 17,26-29 (comme aux jours de Noé…
comme aux jours de Loth) et en 2 P 2,5-6 (Il n'a pas épargné non plus
l'ancien monde, mais il préserva, lors du déluge dont il submergea le monde
des impies, Noé, le huitième des survivants, lui qui proclamait la justice ;
puis il condamna à l'anéantissement les villes de Sodome et Gomorrhe en les
réduisant en cendres à titre d'exemple pour les impies à venir) et 3,6-7
(Par les mêmes causes, le monde d'alors périt submergé par l'eau. Quant
aux cieux et à la terre actuels, la même Parole les tient en réserve pour le
feu, les garde pour le jour du jugement et de la perdition des impies).
Lc comprend sans doute que baptême de Jésus comme l’origine du baptême
chrétien pour le pardon des péchés (Ac 2,38 : Pierre leur répondit:
«Convertissez-vous: que chacun de vous reçoive le baptême au nom de Jésus
Christ pour le pardon de ses péchés, et vous recevrez le don du Saint
Esprit).
♦ v. 50.
Il m’en coûte. On a souvent traduit : quelle est mon angoisse ? Mais ici
le parallèle du v. 49 suggère chez Jésus, plutôt que l’angoisse, la hâte de
parvenir au terme de sa mission de Sauveur.
♦ v. 51.
La division ; Mt 10,34 dit plus concrètement : le glaive, terme qui doit
être primitif. Lc a souvent marqué que la paix est le don messianique par
excellence. Ici la négation paradoxale de Jésus proclame que cette paix
n’est pas la paix charnelle et facile dont rêvaient les faux prophètes (p.
e. Jr 6,14 : Ils ont bien vite fait de remédier au désastre de mon peuple,
en disant : « Tout va bien! tout va bien ! » Et rien ne va.)
♦ v. 53.
On se divisera. Cette division des familles est dans la tradition
prophétique un trait de la tribulation de la fin des temps (p. e. Mi 7,6 :
Car le fils traite son père de fou, la fille se dresse contre sa mère, la
belle-fille, contre sa belle-mère. Chacun a pour ennemi les gens de sa
propre maison). Jésus y reviendra en 21,l6 et par (Vous serez livrés
même par vos pères et mères, par vos frères, vos parents et vos amis, et ils
feront condamner à mort plusieurs d'entre vous).
Cette œuvre
pour laquelle Jésus déclare être venu représente une critique si radicale
des valeurs établies, elle invite à entrer à sa suite dans une pratique si
révolutionnaire de l’amour que ce message, fondateur de la vraie paix, est
aussi provocateur d’un choix décisif et ne peut entraîner qu’une tragique
division parmi les êtres même les plus proches les uns de autres. Voir vv.
51-53 (Le père contre le fils…) ; à rapprocher de l’annonce de Siméon en
2,34 (Siméon les bénit et dit à Marie sa mère : « Il est là pour la chute
ou le relèvement de beaucoup en Israël et pour être un signe contesté… »).
Passage au
rite
On aurait le droit de penser que maintenant Jésus se « repose » de cette
hantise qu’il avait pour que le feu soit allumé ; que le baptême l’ait
submergé. Il y est passé et il en est sorti vainqueur, glorifié. Mais qu’en
est-il de nous ? Dans quelle mesure en avons-nous été touchés ? Que notre
célébration du Mystère nous fasse partager et l’incendie et le plongeon par
où le Christ est passé.
Pour le Notre
Père
Heureux les affamés de justice… Demandons au Père de nous donner le souci de
la justice pour nous, d’abord, et pour les autres, simultanément. Qu’il nous
donne, en même temps le courage pour ne pas déserter.
retour
VENDREDI
VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
Lc 12,54-59
Introduction
Les hommes malheureux que nous sommes, nous devons pourtant rendre grâce à
Dieu par Jésus Christ, notre Seigneur. Cette affirmation de Paul à la
première lecture pourrait être notre intention au moment de célébrer notre «
Action de Grâce ». Reconnaissons que nos « malheurs », nos péchés, sont
enlevés par Jésus, notre Seigneur.
Pour l’homélie
Contexte. De 12,54 à 13,9 (évangiles d’aujourd’hui et de main), Lc
présente une série d’enseignements sur l’urgence de la conversion : un appel
à discerner les signes présentes (vv. 54-56, aujourd’hui), une parabole sur
la nécessité de se mettre en règle avant le jugement (vv. 57-59,
aujourd’hui), un commentaire sur les faits d’actualité qui invitent à se
convertir (13,1-5, demain), une parabole sur le dernier délai accordé pour
donner des fruits (vv. 6-9), demain).
♦ v. 56.
Esprits pervertis. (Voir la note à 6,42, Vendredi 23ème).- Homme au jugement
perverti. Litt. « hypocrites ». Ce mot qui n’apparaît chez Lc qu’en 12,56
(ceux qui savent prévoir la météo et ignorent les signes du temps), et 13,15
(ceux qui détachent leur bœuf pour l’amener à boire, et empêchent de libérer
une malade), a dans l’usage biblique un sens plus large que dans notre
vocabulaire courant. S’il indique parfois la dissimulation volontaire, il
marque quelquefois le désaccord entre la conduite extérieure et la pensée
profonde ou comme ici fausseté, consciente ou non ; il désigne souvent
l’impie, le pervers.
♦ v. 56. Ce
temps, qui est celui de Jésus, est facile à reconnaître car les signes y
sont clairs (Lc 7,22 : Puis il répondit aux envoyés: « Allez rapporter à
Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles retrouvent la vue, les
boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent,
les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ; Lc
11,20 : Mais si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, alors
le Règne de Dieu vient de vous atteindre). Ce point de vue est différent de
celui de 11,29 (Comme les foules s'amassaient, il se mit à dire : « Cette
génération est une génération mauvaise; elle demande un signe ! En fait de
signe, il ne lui en sera pas donné d'autre que le signe de Jonas).
♦ vv. 57-59.
Chez Mt cette parabole sert à présenter le devoir de la charité fraternelle.
Ici, elle insiste sur l’urgence de se réconcilier avant le jugement. Cette
nuance eschatologique est sans doute plus proche de la visée originelle de
la parabole.
Reconnaître
le caractère décisif du temps présent, c’est-à-dire se convertir – le terme
reviendra dans le passage de demain – serait très concrètement mettre de
l’ordre dans ses affaires, se réconcilier avec ses adversaires avant le
jugement imminent.
Une certaine
manière de se convertir serait de ne pas être l’adversaire de qui que ce
soit. Si l’autre se fait mon adversaire, c’est son problème, je ne veux pas
être le sien.
Passage au
rite
Jésus au moment de faire son passage – sa Pâque – s’est réconcilié avec ses
adversaires : « Père, pardonne-leur… » Il s’est même réconcilié avec nous au
début de la messe par son pardon. Que notre com- munion à sa Pâque, nous
permette de faire comme lui, habituellement.
Pour le Notre
Père
Demandons du fond de notre cœur et le pardon et le savoir pardonner :
Pardonne-nous comme nous pardonnons. Ainsi donc nous osons dire
retour
SAMEDI
VINGT-NEUVIÈME SEMAINE
Lc 13,1-9
Introduction
Pour quoi sommes-nous venus célébrer l’Eucharistie ? Chacun peut donner sa
réponse. Parmi lesquelles, celle-ci aussi : Pour mieux connaître, pour mieux
aimer, pour mieux vivre en communion avec le Christ. Cela faire, c’est aussi
se convertir. Une tâche jamais finie. Demandons pardon de nos négligences.
Pour l’homélie
Contexte de 13,1-5. Deux déclarations parallèles de Jésus tirent la
leçon de deux événements tragiques récents. Suivant la conception courante
de la rétribution temporelle, ses auditeurs y voient des châtiments divins
tombés sur des pécheurs ; et, le fait qu’ils ont été épargnés eux-mêmes, les
rassure sur leur propre justice. Jésus rejette cette vue simpliste (cf. Jn
9,2-3 : Ses disciples lui posèrent cette question : « Rabbi, qui a péché
pour qu'il soit né aveugle, lui ou ses parents ? » Jésus répondit : « Ni
lui, ni ses parents. Mais c'est pour que les œuvres de Dieu se manifestent
en lui ! ») ; il montre dans ces malheurs un avertissement adressé à
tous : tous sont pécheurs, tous ont à se convertir. [Voir Xavier
Léon-Dufour, « Face à la mort Jésus et Paul », chapitre 1 « Jésus face à la
mort des autres », Mort et culpabilité, pp. 32-38].
♦ v. 1.
Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs sacrifices. L’histoire rapporte
plusieurs interventions sanglantes de Pilate à Jérusalem.
Contexte
de 13,6-9. Cette parabole reprend la menace classique contre l’arbre
improductif (Lc 3,8-9 : Produisez donc des fruits qui témoignent de votre
conversion; et n'allez pas dire en vous-mêmes : ‹ Nous avons pour père
Abraham. › Car je vous le dis, des pierres que voici Dieu peut susciter des
enfants à Abraham. Déjà même, la hache est prête à attaquer la racine des
arbres; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et
jeté au feu ; Lc 6,43-44 : Il n'y a pas de bon arbre qui produise un
fruit malade, et pas davantage d'arbre malade qui produise un bon fruit.
Chaque arbre en effet se reconnaît au fruit qui lui est propre : ce n'est
pas sur un buisson d'épines que l'on cueille des figues, ni sur des ronces
que l'on récolte du raisin), il mais y joint l’annonce d’un dernier
délai. Dans ce contexte, l’appel à la conversion est clair et urgent.
v. 9. À
l’avenir. Au lieu de à l’avenir, quelques uns traduisent : l’année
prochaine (en sous-entendant l’année, nommée au v. précédent).
Si non.- De
nombreux témoins lisent : du fruit ? Sinon, à l’avenir…
Sur
l’intercession du vigneron auprès du propriétaire, un délai de grâce d’une
année est accordé. Cette brève parabole est chez Lc une admirable image de
l’amour que le Christ ne cesse de porter à ces incrédules et à ces
impénitents qu’il fustige pour les amener à se convertir, et de la patience
de Dieu dont il se veut le témoin, corrigeant la sévère théologie du
jugement qui inspirait Jean-Baptiste.
Passage au
rite
Notre vie est cette année de sursis qui nous est accordée. Le vigneron
Christ bêche en nous, nous engraisse aussi ; pas avec n’importe
quoi mais avec sa parole avec sa propre vie donnée dans le Sacrement
célébré. Participons de telle sorte que nous en soyons transformés ;
convertis.
Pour le Notre
Père
Délivre-nous
du mal. Du mal de ne pas vouloir nous convertir ; du mal de ne pas
progresser dans l’amour et la fidélité. Comme nous l’avons appris, nous
osons dire…
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