LUNDI
TRENTIÈME SEMAINE
Lc 13,10-17
Introduction
Les compatriotes de Jésus étaient rassembles avec lui dans la synagogue le
jour de sabbat pour prier. Cette fois-ci il n’y a eu que le chef qui a
critiqué l’acte de Jésus. Dans quel esprit cet homme-là pouvait-il prier
Dieu et blâmer l’acte de Jésus ? C’est pour cela que Jésus nous exige de
faire la paix entre nous avant de nous adresser à Dieu. Offrons pardonner et
demandons pardon.
Pour l’homélie
Contexte. Cette controverse sur les guérisons que Jésus opère le jour
du sabbat relève du même genre littéraire que 6,6-11 (la guérison de l’homme
avec la main droite paralysée) et 14,1-6 (la guérison de l’hydropique).
♦ v. 11.
Possédée d’un esprit d’infirmité. Cette maladie est attribuée à une
action satanique (v. 16 : cette femme, fille d’Abraham, que Satan avait liée
voici dix-huit ans ; 11,14 : Il chassait un démon muet : la maladie est
attribuée ici par Lc au démon, comme en 13,11.16 – notre texte – et non au
possédé comme en Mt 12,22)
♦ v. 11.
On peut traduire : elle ne pouvait absolument pas se redresser.
♦ v. 13.
Elle redevint droite. Litt. fut redressée.
♦ v. 13.
Elle se mit à rendre gloire à Dieu. Luc note souvent à la suite des
manifestations divines, et surtout des miracles, que les assistants rendent
gloire à Dieu (5,25.26 : le paralysé pardonné et guéri ; 7,16 : à Naïm ;
13,13 : notre texte ; 17,15.18 : la guérison des dix lépreux ; 18,43 :
l’aveugle de Jéricho) et lui adressent leur louange (18,43 : aveugle de
Jéricho ; 19,37 : à l’entrée dans Jérusalem).
♦ v. 14.
Le chef de la synagogue indigné. Les casuistes pharisiens regardent la
guérison, même miraculeuse, comme un acte médical et donc comme un travail
interdit le jour du sabbat, parce que cette maladie ne mettait pas le malade
en danger de mort ; dans ce cas (danger de mort) on pouvait exercer la
médicine sans manquer au repos du jour du sabbat (13,14 : notre texte ; 14,1
: dans le repas chez un chef de pharisiens pour l’hydropique).
♦ v.
Esprit pervertis. Litt. Hypocrites. Voir vendredi 23ème Semaine.
♦ v. 15.
Son bœuf ou son âne. Jésus fait appel à la pratique courante des
villageois, et à leur bon sens, pour en tirer un argument a fortiori.
♦ v. 16.
N’est-ce pas le jour du sabbat qu’il fallait… Note à Mc 3,4 e : Jésus
oppose l’action qu’il va faire (faire du bien, guérir une vie diminuée) à
celle des adversaires qui l’épient avec malveillance (faire du mal, tuer –
v. 6 …contre Jésus, sur le moyens de le faire périr –). Autre interprétation
: Il était admis que la loi du sabbat cesse quand une vie est menacée ; ce
n’est pas le cas ici ; mais Jésus étend ce principe à toute guérison et à
toute bonne action accomplie le jour du sabbat, car ne pas guérir
équivaudrait à tuer, ne pas faire du bien à faire le mal. Dans les deux cas,
l’attitude de Jésus à l’égard du sabbat tend de le mettre au service du bien
et de la vie, cf. Jn 5,17-18 : Mais Jésus leur répondit : « Mon Père,
jusqu'à présent, est à l'œuvre et moi aussi je suis à l'œuvre. » Dès lors,
les Juifs n'en cherchaient que davantage à le faire périr, car non seulement
il violait le sabbat, mais encore il appelait Dieu son propre Père, se
faisant ainsi l'égal de Dieu.
C’est bien là
un signe du Royaume, spécialement en tant que « bonne nouvelle annoncée au
pauvres » : cette femme « courbée » les symbolise, car ce terme imagé était
le plus courant en Israël pour désigner la classe des faibles, des opprimés
(en hébreu : Anawim, les courbés »…). Jésus la qualifie de « fille d’Abraham
» comme il qualifiera plus loin le collecteur d’impôts Zachée (19,9).
Passage au
rite
Jésus revendique célébrer le long de tout son ministère, non un sabbat, mais
l’année sabbatique, dont le sommet a été sa Pâque. Nous la rendons présente
et nous y communions.
Pour le Notre
Père
Nous sommes devenus, par le Baptême, non seulement « fils d’Abraham », mais
fils du Père. C’est pourquoi nous osons dire :
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MARDI
TRENTIÈME SEMAINE
Lc 13,18-21.
Introduction
Saint Paul nous dira : Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance ;
voir ce qu’on espère ce n’est plus espérer. Nous venons célébrer notre
espérance, nous attendons avec persévérance. Que le Seigneur veuille nous
pardonner nos découragements.
Pour l’homélie
Contexte. Ce couple de paraboles (d’autres couples : 5,36-38 : le
tissu et les outres ; 14,28-32 : le bâtisseur de la tour et le roi qui part
en guerre ; 15,4-10 : le berger qui cherche, la femme qui cherche) que Mt
présente plus tôt ainsi que Mc qui ne rapporte que la première), conclut
chez Lc la première section de la montée de Jésus à Jérusalem, en orientant
la pensée sur le Royaume de Dieu. Lc veut en dire l’expansion incoercible et
la puissance transformant, telles qu’il les constate dans l’expérience de sa
mission.
♦ v. 18. Ces
deux paraboles sont les seules que Lc rapporte explicitement au Royaume de
Dieu.
♦ v. 19.
D’assez nombreux témoins précisent : un grand arbre. Mais cet adjectif
convient mal à l’arbuste de la moutarde, et Lc n’insiste pas sur le
contraste entre lui et sa graine, comme le font Mt 13,32 (C’est bien la plus
petite de toutes les semences; mais, quand elle a poussé, elle est la plus
grande des plantes potagères: elle devient un arbre, si bien que les oiseaux
du ciel viennent faire leurs nids dans ses branches) et Mc 4,31-32 (C'est
comme une graine de moutarde: quand on la sème en terre, elle est la plus
petite de toutes les semences du monde ; mais quand on l'a semée, elle monte
et devient plus grande que toutes les plantes potagères, et elle pousse de
grandes branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leurs nids à
son ombre.)
♦ v. 19
Les oiseaux du ciel font leurs nids dans leurs branches. Cette image que
Dn 4,9.17-18 (Son feuillage était beau et ses fruits abondants : il y avait
en lui de la nourriture pour tous. Sous lui s'abritaient les bêtes des
champs, dans ses ramures demeuraient les oiseaux du ciel, et de lui se
nourrissait toute chair. – L’arbre que tu as vu, qui devint grand et fort,
dont la hauteur parvenait jusqu'au ciel, et la vue jusqu'à la terre entière
; dont le feuillage était beau et les fruits abondants, et en qui il y avait
de la nourriture pour tous; sous lequel demeuraient les bêtes des champs, et
dans le feuillage duquel nichaient les oiseaux du ciel, c’est toi…) applique
à la puissance des grands rois, peut représenter pour Lc l’expansion de
l’évangile parmi les peuples du monde.
♦ v. 21.
Parabole du levain. Sur cette parabole, à peu près identique en Mt,
voici la note à Mt 13,33 : Au contraste enseigné par le grain de moutarde,
s’ajoute l’enfouissement du levain et la transformation de la pâte. La
finale n’autorise pas à fixer l’intérêt sur la patience durant le temps
intermédiaire ; elle met en relief le contraste entre la petite quantité de
levain et la masse qui lève.
Passage au
rite
Jésus lui-même est la graine semée en terre qui meurt et qui ressuscite et
qui doit donner beaucoup de fruit ; et le levain qui doit transformer
l’humanité. Nous sommes dans le « déjà là » de la réalité accomplie en germe
mais aussi dans le « pas encore » de l’espérance totalement accomplie.
Entrons dans la célébration de l’espérance pascale.
Pour le Notre
Père
Les oiseaux de la foi qui nous habitent, le levain en nous qui nous a élevé,
doivent être à l’origine de l’esprit qui nous pousse à dire, comme nous
l’avons appris : Notre…
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MERCREDI
TRENTIÈME SEMAINE
Lc 13,22-30
Introduction
Comme d’habitude, mais pas par habitude, nous nous rencontrons pour célébrer
le mémorial du Seigneur. L’Esprit Saint est avec nous pour nous donner les
mots justes à dire, pour permettre de syntoniser avec le cœur du Christ.
Puisse notre pensée s’accorder avec nos mots. Reconnaissons que nous sommes
pécheurs.
Pour l’homélie
Contexte. Cette nouvelle mention de la montée de Jésus vers Jérusalem
(v. 22) semble marquer le début d’une nouvelle section du voyage (13,22 –
17,10). Les vv. 22-30 (notre évangile) regroupent diverses paroles de Jésus
sur l’entrée dans le Royaume. (Mt les présente sous des formes et dans des
contextes différents). Lc les dirige contre ceux des juifs qui n’auront pas
cru en Jésus.
♦ v. 24.
Efforce-vous. Jésus ne veut pas préciser ici sur les résultats du
Jugement plus de précisions qu’il n’en donne ailleurs sur sa date (12,40.46
: Vous aussi, tenez-vous prêts, car c'est à l'heure que vous ignorez que le
Fils de l'homme va venir… Le maître de ce serviteur arrivera au jour qu'il
n'attend pas et à l'heure qu'il ne sait pas: il le chassera et lui fera
partager le sort des infidèles). Il ne veut qu’appeler ses auditeurs à faire
effort pour accéder au Royaume (cf. 16,16 : La Loi et les Prophètes vont
jusqu'à Jean ; depuis lors, la bonne nouvelle du Royaume de Dieu est
annoncée, et tout homme déploie sa force pour y entrer).
♦ v.24.
Beaucoup, je vous le dis. Plusieurs rattachent à cette phrase la
première partie du verset suivant (Après que le maître de la maison se sera
levé et aura fermé la porte), en les séparant par une simple virgule.
♦ v. 26.
Nous avons mangé… Ceux qui parlent ici sont des Juifs témoins de la
mission de Jésus (dans le parallèle de Mt 7,22-23 [22 Beaucoup me diront
en ce jour-là : ‹ Seigneur, Seigneur ! n'est-ce pas en ton nom que nous
avons prophétisé ? en ton nom que nous avons chassé les démons ? en ton nom
que nous avons fait de nombreux miracles ? › 23 Alors je leur déclarerai : ‹
Je ne vous ai jamais connus; écartez-vous de moi, vous qui commettez
l'iniquité ! ›] il s’agit de prophètes et de thaumaturges chrétiens).
♦ v. 27.
Il vous dira. De nombreux témoins lisent : il dira : je vous le dis…
Celui qui parle ici est le juge du dernier jour, tandis qu’en Mt 7,23 c’est
Jésus qui parle à la première personne.
♦ v. 27.
Éloignez-vous de moi. Le juge ne reconnaît pas comme siens ceux des
Juifs qui font le mal : pour appartenir au peuple de Dieu, il ne suffit pas
d’appartenir à la race d’Abraham (3,8 : Produisez donc des fruits qui
témoignent de votre conversion; et n'allez pas dire en vous-mêmes : ‹ Nous
avons pour père Abraham. › Car je vous le dis, des pierres que voici Dieu
peut susciter des enfants à Abraham), mais il faut accueillir Jésus,
être connu du Juge (vv.25-27).
♦ v. 28.
Vous verrez Abraham… Jésus présente ici le Royaume à la manière juive,
comme le festin messianique où les élus sont rassemblés autour des
patriarches et des prophètes (16,22 : Or le pauvre mourut et fut emporté
par les anges au côté d'Abraham ; le riche mourut aussi et fut enterré).
Ceux qui n’auront pas répondu à l’appel de Jésus en seront exclus. Mais
tandis que Mt adresse cette menace à l’ensemble des Juifs, Lc ne vise que
les auditeurs incrédules de Jésus.
♦ v. 29.
Du levant et du couchant… Il s’agit des païens qui seront admis au
Royaume (Is 25,6-8 : Le SEIGNEUR, le tout-puissant, va donner sur cette
montagne un festin pour tous les peuples, un festin de viandes grasses et de
vins vieux, de viandes grasses succulentes et de vins vieux décantés. Il
fera disparaître sur cette montagne le voile tendu sur tous les peuples,
l'enduit plaqué sur toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour
toujours. Le Seigneur DIEU essuiera les larmes sur tous les visages et dans
tout le pays il enlèvera la honte de son peuple. Il l'a dit, lui, le
SEIGNEUR.)
♦ v. 30.
Il y a des derniers… Note à Mt 19,30 z : Cette parole se retrouve en
20,16 (Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers)
et Lc 13,30 (notre évangile). À la différence des esséniens qui promettaient
la gloire aux leurs et vouaient tous les autres hommes à la perdition, Jésus
ne classe pas ses contemporains en deux catégories ; son avertissement et sa
promesse concernant tous les hommes. Note à Lc 13,30 : Cette sentence est
plus nuancée que chez Mt 19,30 (Beaucoup de premiers… beaucoup de derniers)
et surtout que chez Mt 20,16 (cf. ci-dessus).
À la question
sur le salut formulée abstraitement, c’est par un appel existentiel, au
présent, qu’il exprime sa réponse : c’est maintenant que se décide le salut,
non pas celui des gens en général, mais celui de l’interlocuteur et des
autres assistants. Il leur dit : Efforcez-vous d’entrer par la porte
étroite. Le sens de cette « porte étroite » sera donné en 14,25-27
(mercredi, 31ème semaine).
Il y a une
inclusion évidente, et qui manifeste l’aggravation du verdict posé, entre
l’expression : Vous, du dehors, vous vous mettrez à… (v. 25) …et vous serez
jetés dehors (v. 28). Aux adversaires exclus du Royaume futur, Jésus oppose
la figure multiple de ceux qu’ils verront dans Royaume de Dieu.
Pour leur
défense, les exclus essayent de faire valoir ces signes que l’évangile
proposait comme « signes du Royaume » : manger et boire en présence de
Jésus. Mais leur langage les trahit, car ici ils disent vrai : ils n’ont pas
mangé avec Jésus, mais devant lui ! Ils étaient effectivement situés en
extériorité – plutôt malveillante – par rapport à la pratique de Jésus
mangeant avec les pécheurs et les collecteurs d’impôts.
Passage au
rite
« Extérieurement » nous allons nous asseoir à la table de l’Agneau Immolé. «
Intérieurement », avec qui sommes nous assis ? Que le Seigneur convertisse
nos cœurs. Pour être en total accord avec lui.
Pour le Notre
Père
Reconnaissons la grâce qui nous a été faite : des « derniers » que nous
étions (pas enfants du tout) nous sommes devenus « premiers » (enfants de
Dieu)… C’est un cadeau. Aucune raison de se vanter de quoi que ce soit.
Pleins de raisons pour remercier. Disons avec reconnaissance…
retour
JEUDI
TRENTIÈME SEMAINE
Lc 13,31-35
Introduction
Saint Paul va poser une question fondamentale Qui pourra nous séparer de
l’amour du Christ ? Personne… sauf nous-mêmes. Que notre participation
renforce cette communion avec le Christ, source de notre sûreté, de notre
salut. Que le Seigneur veuille nos pardonner nos échappées.
Pour l’homélie
Contexte. Lc vient d’envisager l’incrédulité de l’Israël du temps de
Jésus (vv. 23-30 ; évangile d’hier). C’est dans cette perspective qu’il
place ici deux paroles de Jésus sur sa propre mort ; les vv. 31-33 qui lui
sont propres et les vv. 34-35 que Mt situe plus tard.
[Lc rapporte
cinq – 6 ? – annonces de la passion : 9,22 ; 9,44 ; 13,32-33 (notre
évangile) ; 17,25 ; 18,31-34. Trois allusions : 9,31 ; 9,51 ; 12,50. Trois
rappels : 24,7 ; 24,26 ; 24,46]
♦ v. 31. Quelques pharisiens.
Ils sont apparemment favorables à Jésus (cf. 7,36 : Jésus invité à table
par un Pharisien. Lc est le seul des évangélistes à montrer les
Pharisiens assez favorables à Jésus pour l’inviter à leur table (11,37 ;
14,1) et pour le prévenir de la menace d’Hérode (notre évangile). Il est
sans doute plus près de la réalité historique que Mc et surtout que Mt, pour
qui le Pharisien est devenu systématiquement l’adversaire de Jésus, par
suite des polémiques de l’Église naissante. Ce jugement plus nuancé de Lc
peut être dû à l’influence de Paul, qui est resté fier d’avoir été pharisien
(Ph 3,5 : Circoncis le huitième jour, de la race d'Israël, de la tribu de
Benjamin, Hébreu fils d'Hébreux; pour la loi, Pharisien.).
Toutefois certains commentateurs voient dans leur démarche un acte
d’hostilité.
♦ v. 32.
Ce renard. Hérode n’est pas dangereux pour Jésus ; il n’est pas un lion
(image usuelle des rabbins pour désigner un personnage dangereux).
♦ v. 32.
Le troisième jour. C’est-à-dire à bref délai (expression usuelle en
araméen).
♦ v. 32 Je
suis au bout ou C’est fini. Litt. je suis à la fin.
L’expression est équivoque : elle peut s’entendre au sens temporel (ma
mission est terminée) ou marquer le résultat obtenu (j’ai atteint mon but).
Comme en 22,53 (Quand j'étais avec vous chaque jour dans le temple, vous
n'avez pas mis la main sur moi ; mais c'est maintenant votre heure, c'est le
pouvoir des ténèbres) et en Jn 7,30 et 8,20, les ennemis de Jésus ne peuvent
l’atteindre avant que son heure soit venue.
♦ v. 33.
Un prophète périsse hors de Jérusalem. Jésus annonce sa mort à Jérusalem
et la compare à celle des prophètes massacrés par Israël. À partir de la
persécution d’Antiochus IV en 167 av. J. C. (2 M 6 – 7), le judaïsme a
souvent insisté sur les persécutions subies parles prophètes et leurs
martyres. Jésus de même mentionne souvent le martyre des prophètes (Lc
11,47-51 : plainte contre les légistes bâtisseurs des tombeaux des
prophètes).
♦ v. 24.
Jérusalem, Jérusalem… vous n’avez pas voulu. Ces paroles, que Mt place
ai cours de la prédication de Jésus à Jérusalem, supposent que Jésus a déjà
exercé son ministère dans la cité avant la « Semaine Sainte ». Le fait est
fort vraisemblable (cf. Jn) ; il fait ressortir le caractère artificiel du
plan des synoptiques, et notamment de la composition du voyage à Jérusalem
dans le troisième évangile.
♦ v. 35. Jr
12,7 : J'abandonne ma maison, je rejette mon patrimoine; celle que je
chérissais, je la livre à la poigne de ses ennemis. Dieu va abandonner son
Temple, et donc le livrer à la ruine (cf. 21,6 : « Ce que vous
contemplez, des jours vont venir où il n'en restera pas pierre sur pierre :
tout sera détruit ») pour faire tomber son châtiment sur son peuple.
C’est la menace classique chez les prophètes (p. e. Mi 3,12 : C'est
pourquoi, à cause de vous, Sion sera labourée comme un champ, Jérusalem
deviendra un monceau de décombres, et la montagne du Temple, une hauteur
broussailleuse).
♦ v. 35.
Où vous direz. Plusieurs témoins lisent comme en Mt 23,39 : jusqu’à ce
que vous disiez…
♦ v. 35. «
Béni soit, au nom du Seigneur… » En annonçant que ses auditeurs
salueront Jésus par l’acclamation messianique du Psaume 118/117,26, Lc
semble admettre la conversion d’Israël à la fin des temps. (Lc 21,24 :
Ils tomberont au fil de l'épée; ils seront emmenés captifs dans toutes les
nations, et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu'à ce que
soit accompli le temps des nations ; et Rm 11,25-27 : Car je ne veux
pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, de peur que vous ne vous preniez
pour des sages: l'endurcissement d'une partie d'Israël durera jusqu'à ce que
soit entré l'ensemble des païens. Et ainsi tout Israël sera sauvé, comme il
est écrit: De Sion viendra le libérateur, il écartera de Jacob les impiétés.
Et voilà quelle sera mon alliance avec eux, quand j'enlèverai leurs péchés).
Jésus exclu
par les gardiens de l’ordre religieux, reviendra un jour pour être reconnu
et accueilli. On ne peut dire avec certitude si l’allusion à l’acclamation
messianique veut ici annoncer la conversion d’Israël dans son ensemble. En
tout état de cause, par sa relation au contexte, cette allusion énigmatique
manifeste le passage de Jésus de la situation de prophète rejeté à celle
d’un envoyé de Dieu glorifié par son peuple.
Passage au
rite
À présent, le « Temple » – le lieu où Dieu habite vraiment – est le temple
bâti par les pierres vivantes que nous sommes. Nous allons chanter « Béni
soit celui qui vient au nom du Seigneur ». Que ce soit Du fond du cœur, que
ce soit aussi attesté par notre conduite : et que le Seigneur nous habite à
la célébration et par la suite.
Pour le Notre
Père
Laissons-nous accueillir sous les ailes protectrices de Dieu le Père. Comme
le Fils nous a enseigné, nous osons dire en vrais enfants :
retour
VENDREDI
TRENTIÈME SEMAINE
Lc 14,1-6
Introduction
Jésus a été invité (le mot précis apparaîtra lundi) a s’asseoir à table avec
d’autres. Maintenant c’est nous qui sommes invités. « Heureux les invités !
». Puissions-nous faire jaillir la joie du fond de nous même pour cette
invitation. Que le Seigneur dise sa parole de pardon pour nous rendre « la
dignité nécessaire ».
Pour l’homélie
Contexte. Lc présente plusieurs éléments dans le cadre d’un repas
(14,1-24 ; dès aujourd’hui à mardi). Tous s’adressent à des pharisiens que
Lc regarde comme les représentants authentiques de la pensée d’Israël. Le
premier épisode est une guérison le jour du sabbat, analogue à 6,6-11
(l’épisode de l’homme avec la main droite paralysée) et 13,10-17 (l’épisode
de la femme courbée).
♦ v. 1.
Jésus était entré chez un chef de Pharisiens. Lc est le seul des
évangélistes à montrer les Pharisiens assez favorables à Jésus pour
l’inviter à leur table (11,37, invitation qui tourne en plaintes à l’égard
des Pharisiens et des Légistes ; 14,1, aujourd’hui).
♦ v. 3.
Jésus dit ~ aux légistes. Lc emploie souvent ce terme (10,25 : Et
voici qu'un légiste se leva et lui dit, pour le mettre à l'épreuve : «
Maître, que dois-je faire pour recevoir en partage la vie éternelle ? »
; 11,45-46 : Alors un des légistes dit à Jésus : « Maître, en parlant de
la sorte, c'est nous aussi que tu insultes. » Il répondit : « Vous aussi,
légistes, vous êtes malheureux, vous qui chargez les hommes de fardeaux
accablants, et qui ne touchez pas vous-mêmes d'un seul de vos doigts à ces
fardeaux » ; 11,52 : Malheureux êtes-vous, légistes, vous qui avez
pris la clé de la connaissance: vous n'êtes pas entrés vous-mêmes, et ceux
qui voulaient entrer, vous les en avez empêchés) qu’on trouve une fois
chez Mt 22,35 (la question sur le grand commandement de la loi). Il désigne
en fait les scribes : ce sont les doctes (11,45-52).
♦ v. 3.
Est-il permis ou non de guérir le jour du sabbat ? Les casuistes
pharisiens regardent la guérison même miraculeuse, comme un acte médical et
donc comme un travail le jour du sabbat. Pour Jésus le sabbat, jour du
Seigneur, est par excellence le jour du salut.
♦ v. 5.
Lequel d’entre vous si son fils. D’assez nombreux témoins substituent ou
ajoutent : âne, probablement sous l’influence de 13,15 : Esprits
pervertis, est-ce que le jour du sabbat chacun de vous ne détache pas de la
mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire?
♦ v. 5.-
Ne le hissera aussitôt en plein jour de sabbat ? Lc présente ici la
même parole de Jésus que Mt en 12,11 : Mais il leur dit : « Qui d'entre
vous, s'il n'a qu'une brebis et qu'elle tombe dans un trou le jour du
sabbat, n'ira la prendre et l'en retirer ? » Mais il s’y montre moins
averti des usages palestiniens ; il parle d’un puits, comme dans les pays
qu’il connaît, et non d’un trou ; surtout il mentionne un fils ou un bœuf
qui y sont tombés, ce qui constitue des cas absolument différents pour la
casuistique juive. L’argument porte moins bien que chez Mt.
Jésus a
accepté l’invitation d’un important personnage à « manger le pain dans sa
maison ». Il confirme une fois encore sa pratique à lui, qui est d’accueil
sans exclusion, même à l’égard de ce riche chef religieux dont tant de
choses le séparent. ~ La controverse sur le sabbat n’est pas nouvelle pour
nous, mais dans son nouveau contexte elle illustre implicitement le constant
du v. 13,30 : ces pharisiens qui se targuent d’être les premiers pour
l’observance de la Loi ne sont-ils pas les derniers à comprendre et à
accepter les signes du salut que Jésus donne ?
[Mon
hypothèse. Au niveau de Luc, cette séquence autour de la table, ne
faudrait-il pas la comprendre comme l’ensemble des conditions ou de manières
d’entrer ou de vivre dans la communauté chrétienne, celle du « Repas du
Seigneur » ? Aujourd’hui : Jésus rend possible que cet homme exclu puisse
faire partie de la communauté.]
Passage au
rite
Encore une fois : « Heureux les invités… qui répondent positivement ! »
Jésus nous en a rendu dignes. Jésus a tout fait, tout donné, il nous reste
répondre.
Pour le Notre
Père
« Pardonne-nous comme nous pardonnons » pour qu’il n’y ait aucune exclusion
à la table à laquelle nous sommes invités à manger le Pain qui vient du
Ciel.
retour
SAMEDI
TRENTIÈME SEMAINE
Lc 14,1.7-11
Introduction
Les gestes que nous faisons sont ambigus : peuvent être compris de plusieurs
manières s’ils ne sont pas expliqués par celui qui les a posés. Se placer à
« la première place » à la messe peut signifier soit « vanité » (se faire
voire), soit participer de plus près (plus intimement) à la célébration. Ne
nous trompons pas en entendant l’évangile. Quelle place gardons-nous dans
notre cœur par rapport à nos frères ? Si besoin, demandons pardon.
Pour l’homélie
♦ v. 7. Une parabole. Ici ce mot a son sens biblique de sentence de sagesse,
comme en Lc 7,15.17 (Il n'y a rien d'extérieur à l'homme qui puisse le
rendre impur en pénétrant en lui, mais ce qui sort de l'homme, voilà ce qui
rend l'homme impur. Lorsqu'il fut entré dans la maison, loin de la foule,
ses disciples l'interrogeaient sur cette parole énigmatique). À première
vue Jésus donne aux vv. 8-10 une leçon d’habilité sociale, comparable à Pr
25,6-7 (Ne fais pas l'arrogant devant le roi et ne te tiens pas dans
l'entourage des grands. Car mieux vaut qu'on te dise : « Monte ici ! » que
de te voir humilié devant un notable). Mais son conseil s’achève au v.
11 par une leçon d’humilité qui s’oppose aux préoccupations hiérarchiques du
monde juif.
♦ v. 7.
Les premières places. Litt. lits. C’est le lit où s’étend
l’invité dans le repas solennels. C’est ce que Jésus reprochera aux scribes
(20,46 : Gardez-vous des scribes qui tiennent à déambuler en grandes robes,
et qui aiment les salutations sur les places publiques, les premiers sièges
dans les synagogues, les premières places dans les dîners).
♦ v. 11.
Tout homme qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé.
Cette sentence qui s’inspire d’Ez 21,31 (Ainsi parle le Seigneur DIEU :
Qu'on ôte le turban, qu'on enlève la couronne ; les choses ne seront plus ce
qu'elles étaient; qu'on élève ce qui est bas, qu'on abaisse ce qui est élevé
!), condamne l’orgueilleuse assurance des pharisiens (Lc 16,15 :
Jésus leur [aux Pharisiens] dit : « Vous, vous montrez votre justice aux
yeux des hommes, mais Dieu connaît vos cœurs: ce qui pour les hommes est
supérieur est une horreur aux yeux de Dieu. ») Elle sera reprise en
18,14 (Je vous le déclare : celui-ci redescendit chez lui justifié, et
non l'autre, car tout homme qui s'élève sera abaissé, mais celui qui
s'abaisse sera élevé.)
À partir de
son observation sur le comportement des invités, Jésus rejoint un autre
thème classique de discussion rabbinique : quelle sera la hiérarchie des
places à la table du Royaume de Dieu ? Le contexte indique que nous avons
bien ici une nouvelle parabole du royaume (contre la note de la TOB qui y
voit une sentence de sagesse, ce qu’elle n’est qu’en apparence).
Passage au
rite
Jésus s’est abaissé en prenant la condition de serviteur obéissant jusqu’à
la mort de croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté. Voilà ce qui s’est passé,
voilà ce qui est présent ; voilà ce à quoi nous sommes invités à communier
au sens le plus fort du mot.
Pour le Notre
Père
À la table du Seigneur il n’y a qu’une seule place : la place de l’enfant
bien-aimé : la notre. Accordée généreusement, gratuitement par le Père.
C’est pourquoi tous égaux dans l’amour, disons reconnaissants…
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