Messes des jours en semaine T. O. :  TRENTE-DEUXIÈME


INDEX

LUNDI TRENTE-DEUXIÈME SEMAINE
MARDI
TRENTE-DEUXIÈME SEMAINE
MERCREDI
TRENTE-DEUXIÈME SEMAINE
JEUDI
TRENTE-DEUXIÈME SEMAINE
VENDREDI
TRENTE-DEUXIÈME SEMAINE
SAMEDI
TRENTE-DEUXIÈME SEMAINE

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Lc 17,5s : Les Apôtres dirent au Seigneur: 3augmente en nous la foi!" Le Seigneur répondit: "La foi, si vus en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici: 'Déracine-toi et va te planter à la mer'; il vous obéirait."


LUNDI TRENTE-DEUXIÈME SEMAINE
Lc 17,1-6

Introduction
            « La Sagesse ne peut pas entrer dans une âme qui médite le mal. » La vraie Sagesse personnifiée, c’est Jésus lui-même qui veut venir nous habiter dans par la célébration eucharistique. Que lui-même nous libère du mal pourrait empêcher la rencontre.

Pour l’homélie
            Contexte. Lc rassemble ici plusieurs paroles de Jésus sur la vie dans la communauté : les occasions de chute, le pardon fraternel, la foi.

            ♦ v. 1. In est inévitable. Mt dit avec la raideur sémitique : Il est nécessaire ; Lc est plus nuancé.

            ♦ v. 1. Des causes de chute. (Note à Mt 5,29 c : si ton œil droit te scandalise. Le « scandale » n’est pas un mauvais exemple ni un fait révoltant, mais, étymologiquement, un obstacle, un piège [Ps 124,7 : Comme un oiseau, nous avons échappé au filet des chasseurs ; le filet s'est rompu, nous avons échappé], un pierre d’achoppement qui fait tomber [Is 8,14-15 : Il sera un sanctuaire et une pierre que l'on heurte et un rocher où l'on trébuche pour les deux maisons d'Israël, un filet et un piège pour l'habitant de Jérusalem. Beaucoup y trébucheront, tomberont, se briseront, seront pris au piège et capturés ; Rm 9,33 : Selon qu'il est écrit : Voici que je pose en Sion une pierre d'achoppement, un roc qui fait tomber; mais celui qui croit en lui ne sera pas confondu]). Nombreuses sont les causes ou les occasions de chute : d’abord Jésus lui-même, p. e. Mt 11,6 : …et heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! ; mais aussi, en un autre sens les hommes, p. e. Mt 16,23 : Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Retire-toi ! Derrière moi, Satan ! Tu es pour moi occasion de chute, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ; la persécution, p. e. Mt 13,21 : …mais il n'a pas en lui de racine, il est l'homme d'un moment: dès que vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il tombe. 24,9-10 : Alors on vous livrera à la détresse, on vous tuera, vous serez haïs de tous les païens à cause de mon nom; et alors un grand nombre succomberont ; ils se livreront les uns les autres, ils se haïront entre eux.

            ♦ v. 2. Que l’on lui attache au cou une meule de moulin et qu’on le jette à la mer. Celui-ci serait le châtiment le plus redoutable : noyé dans la mer ; incapable de faire surface ; destiné à être pâture des poissons ; sans lieu où pouvoir se reposer et être enterré. Cependant, ce châtiment, sera moins grave que celui qui va être imposé à celui par qui viendraient les scandales.

            ♦ v. 3. Vient t’offenser. Litt. pécher contre toi. De très nombreux témoins omettent contre toi, mais ces mots semblent exigés par la fin du verset et par le parallèle du v. 4.

            ♦ v. 4. Sept fois le jour. On pourrait traduire aussi : le même jour.

            ♦ v. 5. Les apôtres dirent. Note à Lc 6,13 c : Lc souligne que les Douze sont choisis parmi les disciples et qu’ils reçoivent le nom d’apôtres. Ce titre désigne ceux que Jésus envoie porter son message de salut. Lc l’utilise six fois dans son évangile (ici ; 9,10 ; 11,49 ; 17,5 ; 22,14 ; 24,10) ; Mt et Jn, 1 fois : Mc, 2 fois. À la différence de Paul, Lc réserve ce nom aux Douze (sauf Ac 14,4.14).

            ♦ v. 5. Augmente en nous la foi. On peut traduire aussi : Accorde-nous la foi.

            ♦ v. 6. La graine de moutarde. La plus petite de toutes les graines. (La parabole : Mt 13,32 ; Mc 4,31.

            ♦ v. 6. Vous diriez à ce sycomore. C’est habituellement le sens du terme dans l’A.T. grec ; dans le grec profane du temps on pourrait traduire mûrier, mais le contraste serait moins grand avec la graine de moutarde.

            À la demande « augmente en nous la foi », vient peut-être une sorte d’écho à retardement d’être fidèles                   (« croyants ») dans les petites et grandes choses (Lc 16,10 : Celui qui est digne de confiance pour une toute petite affaire est digne de confiance aussi pour une grande ; et celui qui est trompeur pour une toute petite affaire est trompeur aussi pour une grande), ils se voient rétorquer un défi paradoxal, avec la réapparition de la petite graine de moutarde, comme figure de la foi, d’apparence dérisoire et cependant puissante en ses effets.

Passage au rite
            Sept fois par jour, c'est-à-dire toujours, parce que chacun de nous est aussi pardonné par Dieu toujours … grâce à la fidélité de Jésus, grande comme un sycomore. C’est le mystère de la foi !

Pour le Notre Père
            « Comme nous pardonnons ». Que nos esprits soient en accord avec nos paroles.    retour



MARDI TRENTE-DEUXIÈME SEMAINE
Lc 17,7-10

Introduction
            Si l’on prenait trop au pied de la lettre le scénario décrit à l’évangile on pourrait dire qu’il faudrait célébrer l’eucharistie à la fin de la journée, à la descente du travail. Ce n’est pas la peine ; l’« aujourd’hui matin » enchaîne avec le travail d’« hier soir ». Nous sommes toujours les serviteurs quelconques. Encore merci que le Maître veuille nous pardonner nos défaillances dans son service.

Pour l’homélie
             ♦ v. 8. Mets-toi en tenue pour me servir. Litt. après t’être ceint, sers-moi. Note à 12,35 (mardi 29ème semaine) : Restez en tenue… Litt. Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées. Comme au v. 37 et en 17,8 (Notre texte : Est-ce qu'il ne lui dira pas plutôt : ‹ Prépare-moi de quoi dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive; et après tu mangeras et tu boiras à ton tour ›?), il faut relever les pans de sa robe dans sa ceinture pour être prêt au travail. C’est aussi la tenue du voyageur que les Juifs prennent pour célébrer la Pâque (Ex 12,11 : Mangez-la ainsi: la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous la mangerez à la hâte. C'est la Pâque du SEIGNEUR), où ils attendent la venue du Messie.

            ♦ v. 9. …Parce qu’il a fait ce qui lui était ordonné ? Un grand nombre de témoins ajoutent : je ne le pense pas.

            ♦ v. 10. Nous sommes des serviteurs quelconques. Litt. bons à rien. (Comme le troisième serviteur dans la parabole « des talents », Mt 25,30). Le contexte, où le serviteur est tout de même utile, montre que cette expression est forcée ; mais elle s’applique parfaitement aux disciples : nul n’est indispensable au service du Seigneur.

            La relation maître/serviteur est décrite en conformité aux usages du temps. Cela fait d’autant plus ressortir le caractère extraordinaire du maître mis en scène dans la parabole du retour, qui se mettait à servir ses serviteurs ! (12,37 : Heureux ces serviteurs que le maître à son arrivée trouvera en train de veiller. En vérité, je vous le déclare, il prendra la tenue de travail, les fera mettre à table et passera pour les servir ; mardi, 29ème semaine). Il n’y a pas de contradiction, l’enseignement porte sur un aspect différent des choses. Jésus ici veut dire : quand il s’agit du service de Dieu il faut se savoir engagé totalement, dans un service prioritaire par rapport aux besoins personnels (Cf. Lc 12,31 : Cherchez plutôt son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît) ― sans se croire pour cela digne d’une récompense particulière… Mais plus loin, Jésus redira qu’être serviteur constitue à ses yeux, et selon son exemple, la vraie grandeur et l’honneur suprême (22,24-27 : Ils en arrivèrent à se quereller sur celui d'entre eux qui leur semblait le plus grand. Il leur dit : Les rois des nations agissent avec elles en seigneurs, et ceux qui dominent sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel. Mais que le plus grand parmi vous prenne la place du plus jeune, et celui qui commande la place de celui qui sert. Lequel est en effet le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Or, moi, je suis au milieu de vous à la place de celui qui sert).

Passage au rite
             Nous entrons dans le mystère qui rend présent l’« or – le Christ – passé au feu du creuset » de la passion, mais aussi accueilli dans la gloire. Le même mystère du maître venu servir et non se faire servir, avec d’autres mots. Que le Seigneur nous accueille pour nous faire partager sa même purification et offrande.

Pour le Notre Père
            Nous ne sommes pas les serviteurs d’un maître despotique, mais les enfants bien-aimés de quelqu’un qui veut se faire appeler « Abbâ ». Comme nous l’avons appris, nous osons dire…    retour



MERCREDI TRENTE-DEUXIÈME SEMAINE
Lc 17,11-19

Introduction
            Préparons-nous à célébrer notre salut, nous des « samaritains » mais aussi objet de l’amour de Dieu. Mais, lui aussi, « examinera notre conduite et scrutera nos intentions » ; puissions-nous nous rendre petits devant lui car « le petit obtient miséricorde ».

Pour l’homélie
            ♦ v. 11. On attendrait plutôt la Galilée avant la Samarie. Il est encore moins indiqué de traduire : entre la Samarie et la Galilée, car ces deux régions son limitrophes. La mention de la route vers Jérusalem, ouvre une nouvelle section du voyage (17,11 – 19,28), comme en 9,51 et 13,22.

            ♦ v. 11. Ils s’arrêtèrent à distance. Ils observent la loi de Lv 13,45-46 (Le lépreux ainsi malade doit avoir ses vêtements déchirés, ses cheveux défaits, sa moustache recouverte, et il doit crier : « Impur! Impur ! » ; il est impur aussi longtemps que le mal qui l'a frappé est impur; il habite à part et établit sa demeure hors du camp).

            ♦ v. 12. Jésus, maître. C’est le seul cas où ce terme (épistatès), fréquent chez Lc, ne soit pas prononcé par un disciple. Note à 5,5 (Maître, nous avons peiné toute la nuit) : Ce terme ne se trouve que chez Lc, toujours sur les lèvres des disciples (8,24 : Ils s'approchèrent et le réveillèrent en disant : « Maître, maître, nous périssons ! » Il se réveilla, menaça le vent et les vagues: ils s'apaisèrent et le calme se fit ; 8,45 : Jésus demanda : « Qui est celui qui m'a touché ? » Comme tous s'en défendaient, Pierre dit : « Maître, ce sont les gens qui te serrent et te pressent » ; 9,33 : Or, comme ceux-ci [Moïse et Élie] se séparaient de Jésus, Pierre lui dit : « Maître, il est bon que nous soyons ici; dressons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, une pour Elie » ; 9,49 : Prenant la parole, Jean lui dit : « Maître, nous avons vu quelqu'un qui chassait les démons en ton nom et nous avons cherché à l'empêcher, parce qu'il ne te suit pas avec nous »).

            ♦ v. 14. Allez-vous montrer aux prêtres. Lv 14,2-4 : Voici le rituel relatif au lépreux, à observer le jour de sa purification : lorsqu'on l'amène au prêtre, le prêtre sort à l'extérieur du camp et procède à un examen. Si le lépreux est guéri de la maladie du genre lèpre, le prêtre ordonne de prendre pour celui qui se purifie…

           
♦ v. 15. En rendant gloire à Dieu à pleine voix. Lc note souvent à la suite des manifestations divines, et surtout des miracles, que les assistants rendent gloire à Dieu (5,25.26, à l’occasion du pardon et de la guérison du paralysé ; 7,16, à Naïm, après avoir rendu l’enfant à sa mère ; 13,13, la femme courbée et guérie ; 17,15.18, notre texte ; 18,43, à l’occasion de la guérison de l’aveugle de Jéricho) et lui adressent leur louange (18,43, l’aveugle de Jéricho ; 19,37, chemin faisant vers Jérusalem pour l’entrée messianique).

            Ici l’essentiel est plutôt le comportement des bénéficiaires après la guérison. Luc saisit l’occasion d’ajouter une nouvelle touche à son tableau concernant cette réalité complexe qu’est la foi, dans son rapport à l’action salutaire du Christ.

            Il n’y a ni geste ni même parole de guérison. Jésus invite les dix lépreux à aller se montrer aux prêtres comme si leur purification était acquise ! Nous aurions tendance à reconnaître déjà un remarquable « acte foi » dans le fait d’obéir à Jésus sur cette parole. Mais le récit ne s’y arrête pas et laisse libre l’interprétation de leur démarche : authentique confiance en un guérisseur réputé ― ou pari sur fond de scepticisme (« Il semble se moquer de nous, mais allons toujours voir, nous n’avons rien à perdre… ») ?

            Le récit ne parle explicitement de foi qu’à propos du dixième lépreux guéri, le Samaritain qui revient sur ses pas. [Ma note à moi : sur dix guéris il n’y a eu qu’un seul sauvé : Ta foi t’a sauvé !] L’image donnée de la foi est celle de « la gloire rendue à Dieu » ; adoration accompagnée de reconnaissance. La brève exhortation finale rapproche le vocabulaire de la résurrection et celui de la remise en route : Relève-toi et vas ! qui correspond à l’envoi final du culte chrétien.
Jésus constate avec une surprise attristée l’ingratitude des neuf lépreux guéris, ils n’ont pas accédé à la plénitude de la foi, présentée ici comme fondamentalement « eucharistique ».

Passage au rite
            Nous avons été guéris au Baptême ; nous célébrons l’Eucharistie. Il faut les unir intimement : foi et action de grâces vont ensemble. Notre vie de foi, doit être une vie continuellement reconnaissante. Jésus ne nous a pas envoyé à « des prêtres » ; il nous a présenté purifiés au Père comme les membres de son propre corps.

Pour le notre Père
             « Lève-toi ». Baptisés, ressuscités, vivants, début, en hommes libres, en fils libres et bien-aimés, disons humblement la prière de notre liberté, comme Jésus nous l’a enseignée :    retour



JEUDI TRENTE-DEUXIÈME SEMAINE
Lc 17,20-25

Introduction
            Peut-être nous aussi, nous aimerions poser la question à Jésus sur « quand » viendrait le Règne de Dieu. Jésus pourrait nous répondre que chaque fois que l’Eucharistie est célébrée le Règne est là : « déjà là, mais pas encore »… mais « déjà là ». Avons-nous besoin des signes éclatants ? Que le Seigneur pardonne la faiblesse de notre foi.

Pour l’homélie
             ♦ v. 20. La date de la venue du Règne de Dieu est la grande question pour le judaïsme du temps. Les rabbins et les apocalypses cherchent des signes qui permettent de la fixer.

            ♦ v. 20. Ne vient pas comme un fait observable. Litt. avec observation. Pour Jésus, les signes de la venue du Règne de Dieu ne relèvent pas de l’observation sensible, mais de la foi. Il suffit de l’accueillir lui-même pour trouver ce règne (cf. Lc 12, 54-56 : Il dit encore aux foules : Quand vous voyez un nuage se lever au couchant, vous dites aussitôt : ‹ La pluie vient›, et c'est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du midi, vous dites : ‹ Il va faire une chaleur accablante ›, et cela arrive. Esprits pervertis, vous savez reconnaître l'aspect de la terre et du ciel, et le temps présent, comment ne savez-vous pas le reconnaître ?)

            ♦ v. 21. Le Règne de Dieu est parmi vous. On traduit parfois : en vous, mais cette traduction a l’inconvénient de faire du Règne de Dieu une réalité intime. Pour Jésus ce Règne qui concerne tout le peuple de Dieu est présent en fait dans son action de salut ( Cf. Lc 11,20 : Mais si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, alors le Règne de Dieu vient de vous atteindre). Il est à votre portée.

            ♦ v. 22-37. Le Jour du Fils de l’homme. Après avoir dit la présence du Règne dans la mission de Jésus (v. 21), Lc présente l’aspect complémentaire de ce Règne : son accomplissement final imprévisible, à l’avènement du Fils de l’homme lors de son Jour.

            ♦ v. 22. Un seul de ses jours. On a souvent entendu par là les jours du passé où Jésus vivant parmi les siens. Mais le sens général du discours, et son v. 26 (Et comme il en fut aux jours de Noé… : évangile de demain), invitent plutôt à voir ici le temps de l’avènement final du Fils de l’homme.

            ♦ v. 23. Le voilà, le voici. Les témoins du texte intervertissent souvent ces termes, et présentent diverses additions.

            ♦ v. 23. Ne partez pas, ne vous précipitez pas. Plusieurs témoins omettent l’une ou l’autre des deux propositions. Comme en Lc 19,11 (Comme les gens écoutaient ces mots, Jésus ajouta une parabole parce qu'il était près de Jérusalem, et qu'eux se figuraient que le Règne de Dieu allait se manifester sur-le-champ… [parabole des mines]) et 21,8-9 (Il dit: Prenez garde à ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront en prenant mon nom ; ils diront: ‹ C'est moi › et ‹ Le moment est arrivé › ; ne les suivez pas. Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne soyez pas effrayés. Car il faut que cela arrive d'abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin), Lc met en garde contre la croyance à un avènement imminent de la Fin.

            v. 24. D’un bout à l’autre de l’horizon. Litt. du sous le ciel au sous le ciel. Il s’agit des points où, selon la croyance du temps, la coupole du Ciel repose sur la terre, et donc de l’horizon.

             Les vv. 23-24 (On vous dira… n’allez pas croire) ont sans doute pour arrière plan la tradition juive d’un Messie caché, dont certains seraient tentés d’annoncer la présence ici ou là. Lorsque viendra « le Jour du Fils de l’homme », l’événement sera immédiatement visible pour tous, lumineux comme l’éclair.

             Le propos semble contredire celui du v. 20 où Jésus disait : Le Règne de Dieu ne vient pas comme un fait observable : il s’agissait alors du règne inauguré dans la pratique de Jésus, dont la perception relève de la foi. Ce serait, peut-être une autre façon d’exprimer le « déjà là, mais pas encore ».

             L’insertion propre à Lc sur Mais auparavant il faut qu’il souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté par cette génération, est une nouvelle annonce de la passion. Cela enlève toute tentation d’illuminisme.

Passage au rite
            Notre célébration rend présente l’offrande que Jésus a faite de sa vie, de sa personne, au Père, aux frères. Puissions-nous contrecarrer, par notre foi par notre affection, le rejet qu’il a subi de la part de « sa génération ». Nous, « la nouvelle génération » soyons-lui absolument fidèles.

Pour le Notre Père
            Dans la foi, nous sommes aux jours du Fils de l’homme. Il nous faudrait être dans la joie. Le Règne arrivé, le Nom sanctifié, la Volonté faite… par le Christ. Nous demandons de savoir le suivre, en disant :    retour


VENDREDI TRENTE-DEUXIÈME SEMAINE
Lc 17,26-37

Introduction
            Nous sommes tous pareils là, autour de l’autel, pour la célébration eucharistique de ce matin. Tous pareils ? Dieu sait ! Puisse chacun de nous faire partie de ceux « qui seront pris » pour être avec lui pour l’éternité. Que le Seigneur lui-même puisse effacer les possibles empêchements à la rencontre.

Pour l’homélie
            ♦ v. 27. On prenait femme, on prenait mari. Litt. Ils épousaient, elles étaient épousées.

            ♦ v. 29. Dieu fit tomber. Litt. Il fit. Dans le texte de la Genèse cité ici (Gn 19,23-24 : Le soleil se levait sur la terre et Loth entrait à Çoar quand le SEIGNEUR fit pleuvoir sur Sodome et Gomorrhe du soufre et du feu. Cela venait du ciel et du SEIGNEUR), il s’agit de Dieu. Suivant l’usage palestinien, Jésus ne le nomme pas, d’autant que le texte est connu.

            ♦ v. 31. Qu’il ne revienne pas en arrière. Ces invitations à fuir sont un thème classique des tableaux de Jugement (Jr 4,6 : Levez l'étendard vers Sion ! Allez vous mettre à l'abri ! Ne vous arrêtez pas en chemin ! C'est le malheur que je fais venir du nord, un grand désastre ! ; Jr 6,1 : Quittez Jérusalem, Benjaminites, pour chercher ailleurs un refuge. Sonnez du cor à Teqoa ; sur Beth-Kèrem, élevez un signal : des hauteurs du nord, un malheur vous guette, un grand désastre ; etc.). Elles ne signifient pas que l’on puisse échapper à ce Jugement, mais elles marquent son caractère redoutable.

            ♦ v. 33. Qui cherchera à conserver. Plusieurs témoins lisent : sauver comme en Lc 9,24 (En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra; mais qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera) et parallèles. Lc emploie ici un terme de l’AT grec qui signifie obtenir ou laisser la vie sauve (Jos 6,17 : La ville sera vouée à l'interdit pour le SEIGNEUR, elle et tout ce qui s'y trouve. Seule Rahab, la prostituée, vivra, elle et tous ceux qui seront avec elle dans la maison, car elle a caché les messagers que nous avions envoyés ; Ps 79,11 : Que la plainte des prisonniers parvienne jusqu'à toi; ton bras est grand, laisse vivre les condamnés).

             ♦ v. 33. Et qui la perdra la sauvegardera. Dans l’AT grec, ce terme a le même sens que celui de la note précédente (par exemple, Jg 8,19 : Il [Gédéon] leur dit : « C'étaient mes frères, les fils de ma mère ! Par la vie du SEIGNEUR, si vous les aviez laissés vivre, je ne vous tuerais pas. »). Dans le grec profane, il signifie engendrer à la vie. Lc, en choisissant ce terme rare dans le NT, a pu penser à la vie nouvelle acquise par celui qui sacrifie sa vie terrestre.

            ♦ v. 34. L’un sera pris… dans le Royaume (cf. 1 Th 4,17 : Ensuite nous, les vivants, qui serons restés, nous serons enlevés avec eux sur les nuées, à la rencontre du Seigneur, dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur).

            ♦ v. 35. L’autre laissée. Plusieurs témoins ajoutent : Deux hommes seront aux champs : l’un sera pris et l’autre laissé. Cette phrase qui constitue le v. 36 de la numérotation courante, doit provenir de Mt 24,40 (Alors deux hommes seront aux champs: l'un est pris, l'autre laissé).

             ♦ v. 37. Où donc, Seigneur ? La question sur le lieu répond à celle sur la date au v. 20 (Les Pharisiens lui demandèrent : « Quand donc vient le Règne de Dieu ? »).

            ♦ v. 37 C’est là qui se rassemblent les vautours. Les oiseaux de proie apparaissent souvent dans les tableaux de jugement de l’AT (par exemple, Is 18,6 : Tout cela est abandonné aux rapaces des montagnes et aux bêtes sauvages. Les rapaces viendront y passer l'été et toutes les bêtes sauvages y passeront l'hiver). Dans le contexte présent, cette image signifie que nul n’échappera au Jugement (tandis qu’en Mt 24, 28 : Où que soit le cadavre, là se rassembleront les vautours, elle vise sans doute la présence universelle du Fils de l’homme lors de son avènement).

            Le Jour du Fils de l’homme sera aussi le jour du grand Jugement définitif. C’est le motif central de notre passage. C’est la reprise d’un thème classique de la tradition juive dans laquelle le déluge – les « jours de Noé » – est présenté comme une image anticipée de la destruction finale des impies, les surprenant au beau milieu d’une vie quotidienne insouciante et banale, à l’opposé de Noé, le fidèle averti. Selon son procédé courant, Luc ajoute à cette figure une figure parallèle qui renforce l’avertissement : c’est l'évocation de la ruine de Sodome – les « jours de Lot » – où ce dernier devient prototype de l’homme sauvé de la catastrophe. Les traits qui décrivent ce salut comme une fuite, sans regard en arrière (comme la femme de Lot) semblent provenir des logia qui primitivement devaient concerner la ruine de Jérusalem.

Passage au rite
            « Où donc Seigneur ? » « À la célébration eucharistique » : espace de salut, espace de jugement. Le « Mystère de la foi » rend présent aussi bien ce qui est arrivé – la Passion, la Mort, la Glorification – que ce qui est encore à venir : « Nous attendons ta venue dans la gloire ». Laissons-nous juger dans le temps, pour ne pas l’être pour l’éternité.

Pour le Notre Père
             Que ton Règne vienne : c’est demander en même temps d’être disposés à la recevoir. En toute conscience, nous osons dire :     retour



SAMEDI TRENTE-DEUXIÈME SEMAINE
Lc 18,1-8

Introduction
            La Parole de Dieu fit de merveilles pour le peuple de la Première Alliance. Elle en fait encore davantage pour celui de la Nouvelle Alliance. Nous sommes là pour les rendre présentes sur l’autel : à la gloire du Père, pour le salut des pauvres que nous sommes. Rendons grâce ; demandons pardon.

Pour l’homélie
            Contexte. Les vv. 2-5 (jusqu’à « casser la tête ») constituent la parabole qui a pu, à l’origine, former un couple avec celle de 11,5-8. Voire la note à Lc 11,5 h, le jeudi 27ème semaine. Lc l’introduit par le v. 1er et y joint comme application les vv. 6-7 ainsi que le v. 8.

             ♦ v. 1. La nécessité de prier constamment et de ne pas se décourager. Lc formule ici le sens qu’il donne à la parabole, avec des expressions caractéristiques de Paul : toujours prier (2 Th 1,11 : Voilà pourquoi nous prions continuellement pour vous, afin que notre Dieu vous trouve dignes de l'appel qu'il vous a adressé; que, par sa puissance, il vous donne d'accomplir tout le bien désiré et rende active votre foi ; Ph 1,4 : Toujours, en chaque prière pour vous tous, c'est avec joie que je prie ; Rm 1,10 : Demandant continuellement dans mes prières d'avoir enfin, par sa volonté, l'occasion de me rendre chez vous ; 1 Th 5:16-18 : Soyez toujours dans la joie, priez sans cesse, rendez grâce en toute circonstance, car c'est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus) ; ne pas se décourager (2 Th 3,13 : Quant à vous, frères, ne vous lassez pas de faire le bien ; 2 Co 4,1.16 : Aussi puisque, par miséricorde, nous détenons ce ministère, nous ne perdons pas courage – C'est pourquoi nous ne perdons pas courage et même si, en nous, l'homme extérieur va vers sa ruine, l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour). À la suite du discours précédent, et avec l’application des vv. 6-8, il centre cette prière sur l’avènement eschatologique de Jésus (cf. 21,36 : Mais restez éveillés dans une prière de tous les instants pour être jugés dignes d'échapper à tous ces événements à venir et de vous tenir debout devant le Fils de l'homme).

             ♦ v. 5. Qu’elle ne vienne pas sans fin me casser la tête. D’autres traduisent : de peur qu’elle ne vienne à la fin me frapper au visage. Mais cette traduction convient moins au texte et à la situation de la veuve. De toute façon, le juge se décide pour un motif purement égoïste, mais l’insistance de la veuve obtient justice.

             ♦ v. 6. Le Seigneur. Il s’agit de Jésus qui introduit l’application de la parabole. Lc donne ce titre (qui d’habitude s’emploie pour parler du Seigneur glorifié) près de vingt fois (sur 77) à Jésus dans les sections narratives (c’est-à-dire des paroles propres à l’évangéliste) de son récit, sans parler des vocatifs Seigneur dont le sens est plus faible. Il marque par là la royauté mystérieuse de Jésus. [Mt et Mc n’appellent qu’une fois chacun Jésus le Seigneur (Mt 21,3 ; Mc 11,3) tous les deux dans le récit de l’entrée à Jérusalem, lors qu’on va chercher l’âne]. (Mardi 24ème semaine).

            ♦ v. 7. Et Dieu ne ferait pas justice… Jésus n’hésite pas à comparer Dieu à un juge sans justice. C’est un raisonnement a fortiori. (Cf. 16,1, la parabole du gérant habile : Cette parabole fait souvent difficulté parce qu’elle semble donner en exemple un filou. Mais Jésus n’hésite pas en d’autres paraboles, à comparer le jugement de Dieu à celui d’un juge sans justice [18,1-8 ; notre texte], ni a inviter ses disciples à être habiles comme les serpents [Mt 10,16] ; il est clair qu’il n’exhorte pas, par là, les siens à l’injustice ou à la méchanceté. Dans la parabole présente, il prend soin de qualifier le gérant comme trompeur [v. 8]. Si celui-ci est un exemple, ce n’est que par son habileté).

            ♦ v. 7. Et il les fait attendre. Proposition obscure. Plusieurs traduisent :
1tandis qu’il les fait attendre ou 2même s’il les fait attendre ou : 3alors qu’il est patient envers eux. De toute façon, il s’agit du scandale classique de l’inaction apparente de Dieu (Za 1,12 : L'ange du SEIGNEUR reprit alors : « SEIGNEUR tout-puissant, jusqu'à quand tarderas-tu à prendre en pitié Jérusalem et les villes de Juda contre lesquelles tu es irrité depuis déjà soixante-dix ans ? »), que renouvelle chez les chrétiens le délai de la Parousie (2 P 3,9 : Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu'il a du retard, mais il fait preuve de patience envers vous, ne voulant pas que quelques-uns périssent mais que tous parviennent à la conversion ; Ap 6,9-11 : Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et du témoignage qu'ils avaient porté. Ils criaient d'une voix forte : Jusques à quand, Maître saint et véritable, tarderas-tu à faire justice et à venger notre sang sur les habitants de la terre ? Alors il leur fut donné à chacun une robe blanche, et il leur fut dit de patienter encore un peu, jusqu'à ce que fût au complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères, qui doivent être mis à mort comme eux).

             ♦ v. 8. Il leur fera justice bien vite. Jésus annonce ici un jugement à bref délai, comme il l’a fait en d’autres cas      (Mc 9,1 : Et il leur disait : En vérité, je vous le déclare, parmi ceux qui sont ici, certains ne mourront pas avant de voir le Règne de Dieu venu avec puissance ; Mc 13,30 : En vérité, je vous le déclare, cette génération ne passera pas que tout cela n'arrive). Luc doit penser, comme en Lc 17,22-37, à un jugement inattendu dans un avenir indéterminé.

            ♦ v. 8. Le Fils de l’homme quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? Cette sentence, qui devait être à l’origine indépendante de la parabole précédente, présente l’apostasie qui doit se produire à la fin des temps, thème classique de l’apocalyptique (cf. 2 Th 2,3 : Que personne ne vous séduise d'aucune manière. Il faut que vienne d'abord l'apostasie et que se révèle l'Homme de l'impiété, le Fils de la perdition ; Mt 24,9-11 : Alors on vous livrera à la détresse, on vous tuera, vous serez haïs de tous les païens à cause de mon nom ; et alors un grand nombre succomberont; ils se livreront les uns les autres, ils se haïront entre eux. Des faux prophètes surgiront en foule et égareront beaucoup d'hommes).

            Inclusion : v. 17,20, « Quand donc vient ? » // v. 18,8 « Le Fils de l’homme quand in viendra ? » Jésus n’a pas répondu à la question « Quand », il a expliqué ce qui va se passer. Parmi ce qui doit se passer, il doit y avoir la prière pour que « le Règne vienne », « pour que justice soit faite à ses élus, comme elle a été faite à la veuve » — persévérante malgré l’apparente « surdité de Dieu ». Mais, le Fils de l’homme quand il viendra va-t-il trouver des « persévérants » dans la foi qui s’exprime dans la prière et à la lutte pour que justice soit faite ? Va-t-il trouver de vrais priants « pour que ton Règne vienne » ?

Passage au rite
            Quelle foi le Seigneur va-t-il trouver en nous maintenant au moment de se rendre présent dans la célébration du Mystère ? Jésus a prié et agi pour le Règne vienne, malgré les refus, malgré les échecs, malgré sa mort. La foi en a été la plus forte. Le Père n’a pas déçu. Qu’il nous accorde de lui ressembler.

Pour le Notre Père
            « Le Fils de l’homme quand il viendra… » Puissions-nous prier et agir pour que « son Règne » vienne. Tout en priant demandons-nous de ne pas défaillir.    retour