LUNDI
TRENTE-TROISIÈME SEMAINE
Lc 18,35-43
Introduction
Chaque matin, à la messe, nous faisons cette route de Jésus vers Jérusalem
pour célébrer avec lui le Mystère de la Foi. Aujourd’hui un personnage très
sympathique nous rejoint. Grâce à Marc nous connaissons son nom : Bartimée.
Qu’il soit notre modèle dans la suite de Jésus. Il a été guéri de la cécité
; que le Seigneur nous guérisse de nos péchés.
Pour l’homélie
Contexte. Chez Mt 20,29 et Mc 10,46 ce miracle a lieu quand Jésus
sort de Jéricho, chez Lc quand il y entre. Il est probable que Lc anticipe
cet épisode parce qu’il veut placer ensuite la conversion de Zachée et la
parabole du prince qui va se faire investir.
♦ v.
37. Le Nazôréen, forme sémitique assez rare chez les synoptiques en
dehors de Mt 2,23 et 26,71, mais huit fois employée par Lc dans les Ac (Note
à Ac 2,22). Cette épithète dont l’origine et la signification restent
obscures est fréquemment appliquée à Jésus dans les Actes (2,22 ; 3,6 ; 4,10
; 6,14 ; 10,37 ; 22,8 ; 24,5 ; 26,9).
♦ v. 38.
Fils de David. Cette acclamation messianique prépare la scène de Lc
19,27-40 : entrée messianique de Jésus dans Jérusalem.
♦ v. 43.
Tout le peuple voyant cela fit monter à Dieu sa louange. Lc conclut le
récit sur une finale usuelle de miracle qui prépare 19,37 : Déjà il
approchait de la descente du mont des Oliviers, quand tous les disciples en
masse, remplis de joie, se mirent à louer Dieu à pleine voix pour tous les
miracles qu'ils avaient vus.
L’aveugle
mendiant, l’homme assis au bord du chemin évoque doublement les invités de
la dernière heure au festin du Royaume (Lc 14,21 : « Va-t'en vite par les
places et les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les estropiés, les
aveugles et les boiteux. »)
Le récit de
cette guérison est le dernier d’une série de douze depuis le début du
ministère de Jésus : 4,38 : la belle-mère de Simon ; 5,12 : un lépreux ;
5,17 : le paralysé pardonné ; 6,6 : l’homme à la main paralysée dans la
synagogue ; 7,1 : l’esclave du Centurion ; 8,26 : le possédé du pays des
Gergéséniens ; 8,48 : la femme avec des pertes de sang ; 9,37 :
l’épileptique en descendant de la Transfiguration ; 13,10 :la femme courbée
dans la synagogue ; 14,1 : l’hydropique au repas chez un chef de pharisiens
; 17,11 : les dix lépreux.
La sanction
de l’épisode est triple. 1°) Une dernière fois Jésus reprend la formule qui
semble paradoxalement rapporter le salut, œuvre de Dieu, à la foi de
l’homme, et qui implique que la guérison reste un signe important de ce
salut : Ta foi t’a sauvé. 2°) L’aveugle « recouvrant la vue à l’instant
même, rend gloire à Dieu », comme le lépreux guéri, et qui « suit Jésus »,
attitude de disciple. 3°) Enfin « tout le peuple, ayant vu cela, donna
louange à Dieu ».
Passage au
rite
Un aveugle proclame sa foi avec les yeux du corps fermés mais ceux de
l’esprit bien ouverts. Il suit Jésus. Nous aussi avec les yeux du cœur bien
ouverts nous voulons suivre Jésus dans le Mystère. Et poursuivre sa suite
toute la journée, une fois la célébration finie. Que le Seigneur nous
l’accorde.
Pour le Notre
Père
Le peuple adressait ses louanges à Dieu ; ils sanctifiaient le Père. Nous en
avons les mêmes raisons pour dire et accomplir Que ton nom soit sanctifié.
Comme nous l’avons appris…
retour
MARDI
TRENTE-TROISIÈME SEMAINE
Lc 19,1-10
Introduction
Saint Luc dit en 9,9 qu’Hérode Antipas « cherchait à voir » Jésus. Tout à
l’heure nous verrons Zachée qui cherche aussi. Et nous-mêmes, peut-être,
nous sommes venus chercher, ne serait-ce que dans la foi, qui est Jésus.
Qu’il veuille deviner notre démarche pour venir s’inviter chez nous.
Pour l’homélie
Contexte. Ce récit propre à Lc illustre le thème de la conversion,
qui lui est particulièrement cher. Luc insistera sur l’appel de Jésus à la
conversion (13,1-5 : la massacre de Pilate au Temple ; la chute de la tour
de Siloé ; 15 : les trois « paraboles de la miséricorde » ; 16,30 : Le
pauvre Lazare et le riche indifférent ; 24,47 : discours aux onze après
Pâques) et sur le succès de cet appel (7,36-50 : la pécheresse chez Simon ;
19,1-10 : notre texte ; 23,40-43 : le bon malfaiteur). Cet appel s’adresse à
tous ; il n’y a pas de vrais justes.
♦ v. 4.
Sycomore. Cet arbre peut être fort grand, mais ses premières branches
sont peu élevées.
♦ v. 7.
C’est chez un pécheur qu’il est allé loger. Suivant les idée reçues chez
les Juifs, la fréquentations des pécheurs entraîne une impureté (5,30 : Les
Pharisiens et leurs scribes murmuraient, disant à ses disciples : «
Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les collecteurs d'impôts et les
pécheurs ? » ; Lc 7,34 : Le Fils de l'homme est venu, il mange, il
boit, et vous dites : ‹ Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des
collecteurs d'impôts et des pécheurs › ; Lc 15,2 : Et les Pharisiens
et les scribes murmuraient ; ils disaient : « Cet homme-là fait bon accueil
aux pécheurs et mange avec eux ! »).
♦ v. 8. Je
fais don… je rends. Zachée annonce la décision qu’il prend maintenant :
il va partager ses biens avec les pauvres, par libéralité ; à ceux qu’il a
pu léser, il va rendre le quadruple ce qui dépasse les exigences de la loi
juive (en général il fallait rendre ce qui avait été volé plus le double de
sa valeur ; ou un cinquième. Cependant : Ex 21,37 : Quand un homme volera
un bœuf ou un mouton et qu'il l'aura abattu ou vendu, il donnera cinq bœufs
en compensation du bœuf et quatre moutons en compensation du mouton ; 2S
12,6 : [David à Nathan] Et de l'agnelle, il donnera compensation au
quadruple, pour avoir fait cela et pour avoir manqué de cœur ; Pr 6,31 :
Si cependant il est découvert, il rendra sept fois plus, il donnera tous
les biens de sa maison), et correspond à la peine du droit romain pour
le vol manifeste. C’est là une générosité exceptionnelle.
♦ v. 9.
Alors Jésus dit à son propos. Certains traduisent : Jésus dit. Mais les
paroles qui suivent s’adressent aux assistants.
♦ v. 9.
Aujourd’hui. Lc a souvent marqué l’aujourd’hui du salut. 2,11 : Il
vous est né aujourd'hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le
Christ Seigneur ; Lc 3,22 : l'Esprit Saint descendit sur Jésus sous
une apparence corporelle, comme une colombe, et une voix vint du ciel : « Tu
es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré » ; Lc 5,26 : La
stupeur les saisit tous et ils rendaient gloire à Dieu; remplis de crainte,
ils disaient : « Nous avons vu aujourd'hui des choses extraordinaires »
; Lc 13,32 : Il leur dit : Allez dire à ce renard : Voici, je chasse les
démons et j'accomplis des guérisons aujourd'hui et demain, et le troisième
jour c'est fini ; Lc 19:9 : notre texte d’aujourd’hui ; Lc 23,43 :
Jésus lui répondit : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui, tu seras avec
moi dans le paradis ».
♦ v. 9. Le
salut est venu à cette maison. La générosité de Zachée manifeste qu’il a
reçu le pardon et le salut. On peut comparer l’amour de la pécheresse en
7,47 (Si je te déclare que ses péchés si nombreux ont été pardonnés,
c'est parce qu'elle a montré beaucoup d'amour. Mais celui à qui on pardonne
peu montre peu d'amour)
♦ v. 9.
Lui aussi est un fils d’Abraham. Il ne s’agit pas là de sa filiation
charnelle (Lc 3,8 : Produisez donc des fruits qui témoignent de votre
conversion; et n'allez pas dire en vous-mêmes : ‹ Nous avons pour père
Abraham ›. Car je vous le dis, des pierres que voici Dieu peut susciter des
enfants à Abraham) mais de son appartenance au peuple élu. Malgré sa
profession qui le fait considérer comme un pécheur, Zachée est un digne fils
du père des croyants par sa générosité.
♦ v. 10.
En effet, le Fils de l’homme est venu chercher. Conclusion qui souligne
le rôle de Jésus dans sa conversion.
Onzième et
dernière mention des collecteurs d’impôts (au singulier [4] : 5,27 ;
18,10.11.13 ; au pluriel [7] : 3,12 ; 5,29 ; 5,30 ; 7,29.34 ; 15,1 ; 19,12).
Jésus, levant les yeux vers Zachée sur son perchoir, a dû interpréter sa
démarche comme une vraie demande profonde. Il prend l’initiative de
s’inviter chez ce « pécheur » public, restant dans la logique d’une pratique
qui a été dénoncée comme subversive par ses adversaires. Lui, Jésus, qui est
un pauvre fait au riche Zachée l’honneur de lui demander hospitalité, lui
offrant ainsi l’occasion de mettre en pratique les recommandations faites
naguère chez son hôte pharisien (14,12ss). Nous [Charles L’Éplattanier]
avons remarqué souvent que la maison et la joie étaient associées chez Lc à
l’action salutaire de Dieu ou de Jésus, dans l’aujourd’hui des hommes. Par
exemple : la maison de Zacharie lors de la visite de Marie à Élisabeth ; la
maison de Simon lors de la guérison de sa belle mère ; la maison de
Capharnaüm lors de la guérison du paralysé pardonné ; la maison du Pharisien
lors du pardon de la pécheresse ; le possédé gérasénien renvoyé à sa maison
lors qu’il n’y vivait pas ; la maison de Marthe, Marie, Lazare ; l’home
exorcisé comme une maison bien nettoyée ; la maison des juifs (le Temple)
abandonné alors que « ma maison » doit être remplie ; le frère cadet pense «
chez mon père… » ; la maison de Zachée ! Quelle synthèse frappante dans les
paroles de Jésus : Aujourd’hui, dans ta maison il faut que je demeure ! et
dans la réaction de Zachée qui l’accueille en se réjouissant.
Passage au
rite
Aujourd’hui aussi Jésus s’est invité chez nous, au risque de sa vie, de sa
renommée. Comment allons-nous le recevoir. Comment risquons-nous notre vie à
sa suite ?
Pour le Notre
Père
Jésus a justifié sa présence chez Zachée parce qu’il était fils d’Abraham. A
plus forte raison pour nous que nous sommes devenu « fils du Père ». Dans la
joie et la simplicité, osons dire :
retour
MERCREDI
TRENTE-TROISIÈME SEMAINE
Lc 19,11-28
Introduction
Les
serviteurs de la parabole ne savaient pas pour quand serait le retour de
leur maître. Pour nous, il n’est pas ainsi : Jésus nous donne rendez-vous à
chaque Eucharistie. Soyons prêts à l’accueillir. Si besoin, demandons
pardon.
Pour l’homélie
Contexte. Cette parabole correspond à celle des talents chez Mt et
doit provenir de la même source. Mais Lc l’a profondément modifiée : d’abord
en la plaçant juste avant l’entrée royale de Jésus à Jérusalem ; ensuite en
y mêlant divers traits royaux empruntés de l’histoire d’Archélaüs [voir les
notes des vv. 12.14.27] ; enfin en la traitant d’une manière fortement
allégorique. A cette place et sous cette forme, la parabole annonce le
Jugement royal que Jésus exercera lors de son retour, à l’avènement
définitif du Règne de Dieu.
♦ v. 11.
Eux se figuraient que le Règne de Dieu allait se manifester sur-le-champ.
Comme les Juifs de leur temps, les disciples attendaient le Règne de Dieu à
bref délai (Ac 1,6 : Ils étaient donc réunis et lui avaient posé cette
question : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le
Royaume pour Israël ? » ; Mc 10,37 : Ils lui dirent : « Accorde-nous
de siéger dans ta gloire l'un à ta droite et l'autre à ta gauche »). La
parabole de Jésus est présentée par Lc comme une mise en garde contre cette
impatience ; elle montre que les disciples ont une longue activité à exercer
avant le retour de leur Seigneur (Lc 17,23 : On vous dira: ‹Le voilà, le
voici.› Ne partez pas, ne vous précipitez pas. Note : Lc met en garde
contre la croyance à un avènement imminent de la Fin).
♦ v. 12. Ici
(comme au v. 15) le contexte impose de traduire par royauté le terme rendu
par Règne au v.11.
♦ v. 12.
…Et revenir ensuite. Dans l’empire romain, toute investiture d’un roi
vassal doit être ratifiée à Rome. Le v. 14 va montrera que ce trait
s’inspire de l’histoire d’Archélaüs qui, à la mort de son père Hérode le
Grand, en 4 av. J.C., alla solliciter à Rome la confirmation du testament
paternel. Ce récit est particulière- ment bien situé à Jéricho où Archélaüs
avait édifié un palais magnifique.
♦ v. 13.
Dix de ses serviteurs. Lc indique qu’il y a dix serviteurs ; Mt n’en dit
pas le nombre. Mais l’un et l’autre n’en montreront que trois rendant leurs
comptes, suivant la règle usuelle des paraboles (14,18-20 : les invités au
repas de noces ; 19,16-24 : notre texte ; 20,10-12 : les vignerons
homicides).
♦ v. 13.
Il leur distribua dix mines. La mine est un poids sémitique d’1/60 de
talent (Talent, 34.272 gr. ; Mine, 571 gr.), soit environ deux livres. Dans
les comptes monétaires, elle équivaut à cent drachmes ou deniers (le denier
est alors le salaire d’une journée de travail d’un ouvrier agricole). Le
dépôt confié par le prétendant royal à ses serviteurs est donc bien moindre
que chez Mt (où le maître remet 5, 2 et 1 talent). Sans doute veut-il
souligner que la tâche de ses serviteurs est sans proportion avec leur
récompense : c’est une toute petite affaire (16,10 : Celui qui est digne
de confiance pour une toute petite affaire est digne de confiance aussi pour
une grande; et celui qui est trompeur pour une toute petite affaire est
trompeur aussi pour une grande). Chez Lc chaque serviteur reçoit la même
somme à faire valoir et se distingue par un rendement différent, ce qui
souligne l’efficacité de chacun ; chez Mt, les dépôts sont différents mais
les rendements identiques pour les deux premiers serviteurs.
♦ v. 14.
Nous ne voulons pas qu’il règne sur nous. C’est ce qui se produisit en 4
ap. J.C. quand Archélaüs fut suivi à Rome par une délégation de cinquante
Juifs qui venaient demander l’abolition de la royauté. Lc évoque ces
souvenirs pour décrire le refus de la royauté de Jésus par l’Israël
officiel.
♦ v. 15.
Or, quand il revint... Ici s’ouvre la scène de la reddition des comptes,
à peu près semblable chez Mt et Lc, qui pensent l’un et l’autre au jugement
dernier ; mais Lc, par son contexte, montre qu’il pense également à la
royauté de Jésus et au drame d’Israël.
♦ v. 16.
Le premier se présenta et dit : « Seigneur… » Titre royal qui convient
au prétendant enfin investi, et mieux encore, à Jésus dans sa gloire
eschatologique. Dans le texte parallèle de Mt où il ne s’agit pas d’un roi,
le même mot est traduit : Maître.
♦ v.
21. Car j’avais peur de toi… C’est l’opinion d’un serviteur paresseux
et malveillant. Mais le roi va la prendre comme règle de son jugement : il
est exigeant.
♦ v. 25.
Seigneur, il a déjà dix mines ! Ce verset manque chez plusieurs témoins
anciens, sans doute parce qu’il ne se trouve pas chez Mt. Mais il est bien
attesté chez Lc où il fait ressortir le caractère paradoxal du jugement
royal.
♦ v. 26.
Je vous le dis : à tout homme qui a il sera donne… Cette sentence a dû
exister indépendamment- ment de la parabole, car elle ne corresponde pas
exactement à la situation et on la trouve en 8,18 (Faites donc attention à
la manière dont vous écoutez. Car à celui qui a, il sera donné; et à celui
qui n'a pas, même ce qu'il croit avoir lui sera retiré ; où elle est un peu
modifiée) et dans les parallèles Mt 13,12 ; Mc 4,25. Elle dit le caractère
provisoire de tout avoir temporel : il faut le faire valoir sous peine de le
perdre.
♦ v. 27.
Quant à mes ennemis, ces gens qui ne voulaient pas que je règne sur eux…
Conclusion cruelle (comme celle de 14,24 : Car, je vous le dis, aucun de
ceux qui avaient été invités ne goûtera de mon dîner) qui peut faire
allusion à une vengeance d’Archélaüs contre les adversaires de son
investiture. Dans la parabole de Lc, elle indique la rigueur du jugement
porté sur l’Israël infidèle et doit viser surtout la ruine de Jérusalem qui
va tenir tant de place dans la suite de l’évangile (Lc 19,43-44 : Oui,
pour toi des jours vont venir où tes ennemis établiront contre toi des
ouvrages de siège; ils t'encercleront et te serreront de toutes parts; ils
t'écraseront, toi et tes enfants au milieu de toi; et ils ne laisseront pas
en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas reconnu le temps où tu as
été visitée ; 21,20-24 ; 23,29-31)
♦ v. 28.
Sur ces mots, Jésus partit en avant pour monter à Jérusalem. Lc utilise
sans doute ici Mc 10,32 (Ils étaient en chemin et montaient à Jérusalem,
Jésus marchait devant eux. Ils étaient effrayés, et ceux qui suivaient
avaient peur. Prenant de nouveau les Douze avec lui, il se mit à leur dire
ce qui allait lui arriver) pour décrire la dernière étape de la montée
de Jésus à Jérusalem. Il montre le Maître aussi décidé qu’au départ (9,51 :
Or, comme arrivait le temps où il allait être enlevé du monde, Jésus prit
résolument la route de Jérusalem).
Passage au
rite
Le roi de la parabole était parti se faire nommer roi. Jésus l’a été,
couronné d’épines, placé sur le trône de la croix ; les soldats pensaient se
moquer de lui, mais ils disaient la vérité de Jésus. Tout cela lui est
arrivé parce qu’il a voulu nous faire parvenir son Règne de vérité, justice,
de paix, d’amour. Il l’a payé de sa vie. Entrons avec lui dans son Mémorial.
Pour le Notre
Père
Les personnages paraboliques refusaient la royauté du roi parabolique. Nous
prions « Que ton Règne vienne ». C’est comme cela que notre Rois nous a
appris à prier :
retour
JEUDI
TRENTE-TROISIÈME SEMAINE
Lc 19,41-44
Introduction
Célébrer l’Eucharistie, après avoir écouté la Parole de Dieu, c’est devenir
contemporains de ce qui a été proclamé. Je pense à une certaine priorité au
sujet de ce qui a été dit ou fait par Jésus. Son amour pour son peuple et
pour sa capital lui provoque les larmes. Pleurons sur nous et sur nos
péchés, comme lui-même l’avait conseillé chemin faisant vers la croix.
Pour l’homélie
Contexte. Dans la lecture semi continue, nous avons sauté la démarche
sur la recherche de l’ânon sur lequel Jésus va monter et les acclamations de
la foule pendant la montée et la descente du mont des Oliviers vars
Jérusalem. Notre texte propre à Lc semble hors contexte.
♦ v. 42.
Si toi aussi tu avais su, en ce jour… C’est la sentence du roi sur la
cité qui va le refuser. Luc place ici la première des trois annonces de la
ruine de la ville (19,43-44 ; 21,20-24 ; 23,28-31). Il attache une grande
importance à ce jugement historique qui préfigure le jugement
eschatologique.
♦ v. 42.
Si… De nombreux témoins ajoutent au moins.
♦ v. 43.
Établiront contre toi ouvrages de siège. Litt. palissade. Il s’agit des
travaux de siège qui investiront la ville.
♦ v. 43.
Te serreront de toutes parts. Lc décrit le siège de Jérusalem par les
romains en 70. (20,20-24 : jeudi 34ème semaine).
♦ v. 44.
Le temps où tu as été visitée. La visite de Dieu à la cité s’accomplit
ici par la venue royale de Jésus. C’est maintenant que Jérusalem devrait
l’accueillir. L’ A. T. parle souvent de la visite de Dieu pour dire ses
interventions de grâce (p. e. 21,1 ; 50,24-25) ou de châtiment (Ex 32,34 ;
Is 10,12) ; Lc est le seul évangéliste à utiliser cette image (1,78 :
C'est l'effet de la bonté profonde de notre Dieu: grâce à elle nous a
visités l'astre levant venu d'en haut ; 7,16 : Tous furent saisis de
crainte, et ils rendaient gloire à Dieu en disant : « Un grand prophète
s'est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple» ; 19,44 : Ils
t'écraseront, toi et tes enfants au milieu de toi; et ils ne laisseront pas
en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas reconnu le temps où tu as
été visitée).
C’est avec
une douleur poignante que Jésus se voit contraint d’annoncer le dramatique
destin de la cité royale qui méconnaît la visite de son souverain. En ce
jour, maintenant : c’est l’aujourd’hui du salut encore possible, que la cité
ne sait pas reconnaître. C’est la grande offre de paix de son Seigneur, que
Jérusalem repousse, trahissant le symbolisme de son nom « ville de paix ».
Passage au
rite
Chaque célébration sacramentelle est une visite salutaire du Seigneur. Il ne
faut pas rester seulement en spectateur ; il faut s’y laisser prendre.
Agissons donc maintenant dans notre cœur en conséquence.
Pour le Notre
Père
Soyons conséquents : nous demandons, comme il nous a été enseigné « Que ton
Règne vienne ». Impossible à ne pas être vigilant pour accueillir « les
visites » du Seigneur. Encore une fois, nous osons dire :
retour
VENDREDI
TRENTE TROSIÈME SEMAINE
Lc 19,45-48
Introduction
On dirait que Jésus devient l’exécuteur de la sentence de condamnation du
Temple. Mais aujourd’hui le Temple de Dieu c’est nous. Profitons des «
visites » du Seigneur pour nous convertir. Que Jésus ne soit pas obligé à
exécuter contre le temple que c’est nous, aucune sentence définitive.
Pour l’homélie
♦ v. 45. Jésus entra dans le Temple. Chez Lc comme chez Mt, cet
épisode a lieu le jour même de l’entrée de Jésus à Jérusalem (chez Mc, le
lendemain). Il achève ainsi son entrée solennelle et manifeste le sens de sa
royauté : elle est toute au service de son Père, pour lui assurer un culte
digne de lui.
♦ v. 45.
Se mit à chasser ceux qui vendaient. Lc s’arrête moins que Mt et Mc sur
les détails de l’événement (pour atténuer la violence de Jésus ?). Note à Mt
21,12. Le geste de Jésus peut être compris comme 1un acte d’autorité
abolissant les sacrifices du Temple, 2soit comme un geste symbolique de
purification du Temple, purification attendue par les Juifs depuis les
profanations d’Antiochus Épiphane (167 avant J.C.) et de Pompée (63 avant
J.C.), 3soit encore comme une protestation contre l’abus du trafic des
changeurs et des marchands. Les changeurs permettaient aux Juifs, venus de
l’étranger, de changer leur argent, soit pour acheter leur offrande, soit
pour payer la didrachme ou impôt du Temple. Changeurs et vendeurs devaient
se tenir dans les portiques du parvis des païens.
♦ v. 46.
Ma maison sera une maison de prière. Is 56,6-7 : Les fils de
l'étranger qui s'attachent au SEIGNEUR pour assurer ses offices, pour aimer
le nom du SEIGNEUR, pour être à lui comme serviteurs, tous ceux qui gardent
le sabbat sans le déshonorer et qui se tiennent dans mon alliance, je les
ferai venir à ma sainte montagne, je les ferai jubiler dans la Maison où
l'on me prie ; leurs holocaustes et leurs sacrifices seront en faveur sur
mon autel, car ma Maison sera appelée : « Maison de prière pour tous les
peuples ». Pour Jésus comme pour Isaïe, c’est la fonction du Temple.
♦ v. 46. Vous en avez fait «
une caverne de bandits ». Jr 7,9-11 : Pouvez-vous donc commettre le
rapt, le meurtre, l'adultère, prêter de faux serments, brûler des offrandes
à Baal, courir après d'autres dieux qui ne se sont pas occupés de vous, puis
venir vous présenter devant moi dans cette Maison sur laquelle mon nom a été
proclamé et dire : « Nous sommes sauvés ! » et puis continuer à commettre
toutes ces horreurs? Cette Maison sur laquelle mon nom a été proclamé, la
prenez-vous donc pour une caverne de bandits? Moi, en tout cas, je vois
qu'il en est ainsi - oracle du SEIGNEUR. Comme les contemporains de
Jérémie, ceux de Jésus pervertissent la destination du Temple. Celui-ci leur
a été donné comme le lieu de l’intercession et du pardon ; ils en ont fait
un repaire contre la colère de Dieu, une garantie qui leur assure
l’impunité.
♦ v. 47.
Il était chaque jour à enseigner. Ici comme en 20,1 (Or, un de ces
jours-là, comme Jésus enseignait au peuple dans le temple et annonçait la
Bonne Nouvelle, survinrent les grands prêtres et les scribes avec les
anciens) et en 21,37-38 (Jésus passait le jour dans le temple à
enseigner et il sortait passer la nuit sur le mont dit des Oliviers. Et tout
le peuple venait à lui dès l'aurore dans le temple pour l'écouter), Lc
semble envisager un enseignement de Jésus à Jérusalem dont la durée dépasse
les trois jours de Mc 11,12.20 (Le lendemain, à leur sortie de Béthanie,
il eut faim. – En passant le matin, ils virent le figuier desséché jusqu'aux
racines) et les deux de Mt 21,18 (Comme il revenait à la ville de bon
matin, il eut faim).
♦ v. 47.
Et aussi les chefs du peuple. À la différence de Mc, Lc nomme
expressément les chefs de l’aristocratie laïque, membres du Sanhédrin, parmi
les responsables de la mort de Jésus : Lc 23,13 : Pilate alors convoqua les
grands prêtres, les chefs et le peuple ; Lc 23,35 : Le peuple restait là à
regarder; les chefs, eux, ricanaient; ils disaient : « Il en a sauvé
d'autres. Qu'il se sauve lui-même s'il est le Messie de Dieu, l'Élu ! » ; Lc
24,20 : [Disciples vers Emmaüs] …comment nos grands prêtres et nos chefs
l'ont livré pour être condamné à mort et l'ont crucifié.
♦ v. 48.
Le peuple suspendu à ses lèvres, l’écoutait. Litt. tout le peuple
était suspendu à lui, à l’écouter. Lc insiste sur les bonnes
dispositions du peuple (laos : le peuple saint), à l’égard de Jésus, en
contraste avec les desseins meurtriers de ses chefs (Cf. Lc 20,19 : Les
scribes et les grands prêtres cherchèrent à mettre la main sur lui à
l'instant même, mais ils eurent peur du peuple. Ils avaient bien compris que
c'était pour eux qu'il avait dit cette parabole ; Lc 21,38 : Et tout
le peuple venait à lui dès l'aurore dans le temple pour l'écouter ; Lc
23,27 : Il était suivi d'une grande multitude du peuple, entre autres de
femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui ; Lc
23,35 : Le peuple restait là à regarder; les chefs, eux, ricanaient ; ils
disaient : « Il en a sauvé d'autres. Qu'il se sauve lui-même s'il est le
Messie de Dieu, l'Élu ! »).
« Il se mit à
chasser » : le même mot que pour chasser les démons o pour exprimer
l’exclusion finale hors du Royaume (13,28 : Il y aura les pleurs et les
grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, ainsi que
tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, et vous jetés dehors). Avant
la question sur l’autorité qui lui a permis de faire cela, Jésus fait
apparaître que la prière est au-dessus des sacrifices rituels : « Ma maison
sera appelée… ». Jésus enseigne : tout le peuple suspendu à sa parole (v.
48) et encore en 20,45 : Il dit aux disciples devant tout le peuple qui
l'écoutait.
Dès le
sommaire narratif des vv. 47-48, Lc fait jouer une opposition tranchée entre
« tout le peuple qui écoute » et les Grands - prêtres, scribes et chefs du
peuple « qui cherchent à faire périr Jésus ».
Passage au
rite
Le peuple qui écoute finira par demander la mort de Jésus. Nous voulons être
de ceux qui écoutent et mettent en pratique ; comme Jésus. Il écoute la
volonté du Père et la met en pratique, même au prix de sa vie. C’est le
Mystère de Pâque, celui de notre salut. Entrons-y et restons fidèles.
Pour le Notre
Père
Même si nous avions fait des actes de comme si nous étions des bandits ; le
Père nous regarde toujours comme ses enfants. Le cœur vraiment tourné vers
lui, disons la prière apprise de Jésus :
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SAMEDI TRENTE-TROISIÈME SEMAINE
Lc 20,27-40
Introduction
Un dicton
ancien établissait : Talis vita, finis ita. Ta mort fait pendant à ta vie.
C’est ce qui nous sera dit à la lecture concernant la mort du persécuteur
syrien des Juifs. Nous sommes là pour rendre présente la mort de Jésus : la
remise de sa vie dans les mains de son Père ; en Jésus aussi s’accomplit le
dicton : Talis vita, finis ita.. Puissions-nous vivre de telle façon pour
pouvoir mourir pareillement.
Pour l’homélie
Contexte. Le lectionnaire a sauté plusieurs événements passés dans le
Temple, avant d’entrer dans le discours « eschatologique ». La semaine
prochaine nous aurons un petit échantillon des controverses succédées dans
le Temple entre Jésus et ses adversaires.
♦ v. 27.
Les Sadducéens, qui appartiennent aux classes supérieures du sacerdoce,
n’ont pas admis la croyance à la résurrection, apparue deux siècles plus tôt
avec Daniel (12,2-3 : Beaucoup de ceux qui dorment dans le sol
poussiéreux se réveilleront, ceux-ci pour la vie éternelle, ceux-là pour
l'opprobre, pour l'horreur éternelle. Et les gens réfléchis resplendiront,
comme la splendeur du firmament, eux qui ont rendu la multitude juste, comme
les étoiles à tout jamais). Jésus l’admet comme les Pharisiens (Cf. Ac
23,8 : Les Sadducéens soutiennent en effet qu'il n'y a ni résurrection,
ni ange, ni esprit, tandis que les Pharisiens en professent la réalité).
Pour attaquer cette croyance, les Sadducéens opposent à Jésus un exemple
d’école qui cherche à la ridiculiser. Dans sa réponse, Jésus ne peut
s’appuyer sur Daniel, sans autorité pour ses adversaires. Il se fonde sur la
loi (le Pentateuque), parole de Dieu incontestée : si Dieu s’est fait l’ami
des patriarches, c’est pour toujours. Et avec une simple allusion, il
rejette la conception trop matérielle que certains Pharisiens se font de la
résurrection : les ressuscités seront comparables aux anges [dans le sens
qu’ils ne vont plus mourir, et donc ils n’ont plus besoin de se reproduire
(objectif unique, à l’époque, du mariage) pour demeurer dans l’existence].
♦ v. 28.
Si un homme à un frère… Dt 25,5-6 (Si des frères habitent ensemble et
que l'un d'eux meure sans avoir de fils, la femme du défunt n'appartiendra
pas à un étranger, en dehors de la famille; son beau-frère ira vers elle, la
prendra pour femme et fera à son égard son devoir de beau-frère. Le premier
fils qu'elle mettra au monde perpétuera le nom du frère qui est mort; ainsi
son nom ne sera pas effacé d'Israël), cité dans l’évangile très
librement.
♦ v. 34. Ceux
qui appartiennent à ce monde. Litt. les fils de ce monde-ci (sémitisme).
♦ v. 34.
Prennent femme ou mari. Litt. épousent et sont épousées (de même qu’au
verset suivant ; Cf. 17,27 : [Au temps de Noé] on mangeait, on buvait, on
prenait femme, on prenait mari, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche;
alors le déluge vint et les fit tous périr). Quelques témoins anciens
ajoutent ou substituent sont engendrés et engendrent.
♦ v. 35. Cf.
Lc 14,14 : et tu seras heureux parce qu'ils n'ont pas de quoi te rendre:
en effet, cela te sera rendu à la résurrection des justes. En s’appuyant
sur ce texte (14,14) et sur 20,35 (notre évangile), plusieurs ont pensé que
Lc n’admettait pas la résurrection pour les pécheurs (cette conception se
trouve dans certains milieux du judaïsme d’alors). Mais Lc annonce en Ac
24,15 une résurrection des justes et des pécheurs ([Paul dans son discours
au gouverneur Félix]; …j'ai cette espérance en Dieu - et eux aussi la
partagent - qu'il y aura une résurrection des justes et des injustes).
♦ v. 36.
Fils de la résurrection. Ce sémitisme signifie : ils sont les héritiers
du monde nouveau et de sa vie [pleine, donc impérissable].
♦ v. 37.
Le Dieu d’Abraham… Ex 3,6 : Il [Le SEIGNEUR] dit : « Je suis le Dieu
de ton père, Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob. » Moïse se voila
la face, car il craignait de regarder Dieu.
♦ v. 38.
Dieu n’est pas le Dieu des morts… À l’opposé des Sadducéens qui
ironisent sur le problème de la survie des morts, Dieu s’intéresse aux
vivants ; c’est ce que montre la citation de Ex 3,6 : Dieu s’est révélé à
Moïse comme le Dieu des Pères, le Dieu vivant qui conduit l’histoire des
vivants.
♦ v. 38.
Tous sont vivants pour lui. On peut traduire aussi : tous ont par lui la
vie.
♦ v. 39.
Maître, tu as bien parlé. Cette félicitation est ici propre à Lc. Les
scribes, dont la plupart sont pharisiens, applaudissent à la réfutation de
leurs adversaires sadducéens. Chez Mc 12,32, un scribe adresse une
félicitation semblable pour sa définition du premier commandement (Le scribe
lui dit : « Très bien, Maître, tu as dit vrai : Il est unique et il n'y
en a pas d'autre que lui, et l'aimer de tout son cœur, de toute son
intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, cela
vaut mieux que tous les holocaustes et sacrifices. »).
♦ v. 40.
Ils n’osaient plus l’interroger. Cette conclusion vient mal après le v.
39, à moins qu’on ne la rapporte aux Sadducéens. Son équivalent en Mt 22,45
et Mc 12,34 est mieux placé en conclusion des controverses précédentes. De
toute façon, si la controverse se poursuit (Question sur si le Messie est
Fils de David ; mise en garde contre les scribes) Jésus seul en a
l’initiative.
Passage au
rite
Jésus dira en saint Jean qu’il est le chemin la vérité et la vie. Le Fils du
Dieu des vivants ne peut pas rester soumis au pouvoir de la mort. Il fait
offrande de sa vie pour nous ; le Père le glorifie comme lui appartient par
nature. Nous célébrons cette réalité pour en participer. L’eucharistie est «
semence de résurrection » dira saint Irénée [?].
Pour le Notre
Père
Le nom qu’il faut donner au Dieu des chrétiens c’est « Père » : source de
vie… en plénitude. Elle donc traverse la mort ; la vie reçue du Père se
poursuit au delà de cet événement, naturel et mystérieux en même temps.
Pleins de foi au Christ, disons comme lui-même nous a enseigné :…
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