LUNDI
TRENTE-QUATRIÈME SEMAINE
Lc 21,1-4
Introduction
Comme la veuve de l’évangile nous sommes venus bâtir la communauté où
célébrer la présence sacramentelle du Mystère du Salut. Puissions-nous être
aussi cohérents qu’elle à rendre à Dieu tout ce que de lui nous avons reçu :
la vie tout entière. Cependant la réalité s’impose : reconnaissons nos
péchés.
Pour l’homélie
♦ v. 2. Deux petites pièces. (Note à Mc 12,41-44) Litt. Ce qui est un
quadrant. Ces petites pièces étaient la plus petite monnaie (lepton) mise en
circulation. La précision un quadrant est destiné aux lecteurs
gréco-romains. L’équivalence donnée n’est pas exacte, mais elle exprime bien
qu’il s’agit bien de très peu de chose.
(Charles L’Éplattanier)
La lecture classique fait de cette veuve le type de la plus folle générosité
qu’ont parfois les pauvres : Jésus la donnerait en exemple pour faire honte
aux riches, postulant du même coup chez cette veuve une très grande foi,
exemple extrême du genre de vie au jour le jour proposé aux disciples,
donnant priorité à la recherche du Royaume, et comptant sur la sollicitude
du Père pour pourvoir à leurs besoins vitaux (Lc 12,22-37 : Ne vous
inquiétez pas pour votre vie…).
[Un
autre auteur, dans cette même ligne, compare la générosité de la veuve à la
générosité de Dieu. Dieu ne donne pas de « son superflu », mais il se donne
en entier, toute sa vie.]
À
l’opposition riches/pauvres est jointe l’affirmation paradoxale : Vraiment,
je vous le déclare, cette veuve pauvre a mis plus que tous les autres, où on
trouve le renversement de valeurs si souvent attesté. Ici est la
comptabilité normale qui est renversée : ces deux petites pièces valent plus
que les (gros ?) dons des riches. Tout cela est bien conforme à la cohérence
globale de cet Évangile.
Cependant
toute une autre lecture peut être faite, fondée sur des arguments solides.
Jésus vient d’accuser les religieux professionnels d’exploiter les veuves
(20,47 : Eux qui dévorent les biens des veuves). Les deux récits sont
bien enchaînes : Or, ayant levé les yeux, il vit ceux qui jetaient leurs
offrandes dans le trésor… Le commentaire de Jésus est un constat qui
n’exprime explicitement aucune admiration de la foi ou de la générosité de
la veuve, aucune invitation à admirer son geste. Il pourrait signifier : «
Voici un exemple flagrant de l’exploitation dont je vous parle : le système
religieux du Temple aboutit à cette aberrante aliénation religieuse des
pauvres. Pensant accomplir leur devoir envers le Seigneur ils enrichissent
en fait la caste des grands-prêtres et leurs clients. N’est-ce pas
scandaleux de voir une indigente se dépouiller à ce point, incapable qu’elle
est dans son innocence qui croit glorifier Dieu, de soupçonner ce trafic ! »
Cette veuve, la pauvre, a jeté plus que eux tous ! (traduction littérale du
v. 3). Pour appuyer cette interprétation, il faut se souvenir que l’appel de
Jésus à « tout donner » s’adressait plus haut (18,18-23) à un riche et
visait à améliorer le sort des pauvres, en même temps qu’à donner un signe
de rupture avec une société inégalitaire dominée par « Mamon ». L’aumône au
sens fort qu’elle a chez Luc est d’ordre social et n’a pas le Trésor du
Temple pour destinataire, si elle visa à se constituer « un trésor
inaltérable dans les cieux ! » (12,33).
Le regard sur la construction thématique de Luc nous fait penser vers cette
seconde lecture. C’est la clôture d’une section qui a commencé avec la
condamnation de ce qui se passait dans une caverne de bandits alors qu’il
aurait fallu que cet endroit soit un lieu de prière pour tous. (233-234)
Passage au
rite
La veuve est victime économique des grands prêtres. Jésus victime expiatoire
aussi (malgré eux ; mais pour notre bonheur) des grands prêtres. Le Père qui
voit dans le secret revaudra à chacun selon son cœur. Il l’a fait pour
Jésus… il le fera aussi pour nous si nous sommes en communions avec Lui.
Pour le notre
Père
Dieu n’a besoin d’argent mais de notre foi et de notre amour.
Donnons-les-lui donc, en disant :
retour
MARDI
TRENTE-QUATRIÈME SEMAINE
Lc 21,5-11
Introduction
Derniers jours de l’année liturgique. Nous nous approchons de la fin
symbolique/sacramentelle de l’histoire, de l’arrivée en gloire du Fils de
l’homme, du jugement dernier. Chaque eucharistie rend présent cet événement
futur. Disposons-nous à y participer.
Pour l’homélie
Contexte. Dès aujourd’hui jusqu’à samedi nous proclamons la question
de « quelques-uns » sur « quand cela arrivera-t-il » et la réponse de Jésus
: 21,5-36, celui que l’on appelle « le discours eschatologique ». Voici une
possible organisation de l’ensemble.
5 – 7 : Question de quelques anonymes sur le
« quand ». évangile du mardi
8 – 9 : Avertissement
préliminaire
«
10 – 11 :
Bouleversements cosmiques de la
fin «
12 – 19
: Les chrétiens
persécutés
évangile du mercredi
20 – 24
: Le jour du châtiment de
Jérusalem évangile du jeudi
25 – 28 :
L’événement
final
«
29 – 33 :
Certitude de l’espérance
chrétienne évangile du vendredi
34 – 36 : Avertissement
final
évangile du samedi
Vue d’ensemble. L’annonce par Jésus de la ruine du Temple (v. 6) est
l’occasion de son dernier discours où il prophétise les tribulations de la
fin des temps et son retour en gloire, dans le style des apocalypses de son
époque. Chez Mt et Mc, ce discours est réservé aux disciples, sur le mont
des Oliviers ; chez Lc, il s’adresse au peuple, dans le Temple. Lc distingue
très nettement les annonces de la fin des temps (vv. 10-11.25-27) et celle
des événements qui la précéderont (persécutions des disciples aux vv. 12-19
; ruine de Jérusalem aux vv. 20-24) ; il conclut par des exhortations à
l’espérance et à la vigilance (28-36).
♦ v. 5.
Quelques-uns parlaient du Temple. Le Temple dont la reconstruction avait
été entreprise par Hérode le Grand vers 20-19 avant notre ère (Flavius
Josèphe, Ant. XV, 380), était tout neuf au temps de Jésus.
♦ v. 5.
Ex-voto. Ces offrandes des fidèles peuvent être des éléments de la
construction ou de la décoration de l’édifice.
♦ v. 6.
Tout sera détruit. Plusieurs prophètes ont jadis annoncé la ruine du
premier Temple, celui de Salomon (Mi 3,12 : C'est pourquoi, à cause de
vous, Sion sera labourée comme un champ, Jérusalem deviendra un monceau de
décombres, et la montagne du Temple, une hauteur broussailleuse ; Jr
7,14 : Eh bien, la Maison sur laquelle mon nom a été proclamé, dans
laquelle vous mettez votre confiance, et le lieu que j'ai donné à vous et à
vos pères, je les traiterai comme j'ai traité Silo), pour signifier que
le Seigneur dénonçait l’alliance que son peuple avait rompue avant lui ; ces
menaces avaient alors soulevé un scandale (voir Jr ch. 26). Jésus annonce la
ruine du Temple parce que Israël a refusé en lui l’envoyé de Dieu ; il
suscite un scandale semblable (Mt 26,61 : [Deux faux témoins] déclarèrent
: « Cet homme a dit : ‹ Je peux détruire le sanctuaire de Dieu et le rebâtir
en trois jours › » ; Mt 27,40 : [Les passants l’insultaient] et
disant : « Toi qui détruis le sanctuaire et le rebâtis en trois jours,
sauve-toi toi-même, si tu es le Fils de Dieu, et descends de la croix ! »)
♦ v. 7.
Ils lui demandèrent. Lc ne précise pas que la question est posée par les
disciples (comme Mt et Mc). Le discours s’adresse donc à la foule du Temple
; il est ainsi le dernier discours public de Jésus, son adieu à Jérusalem
dont il annonce la ruine.
♦ v. 7.
Quand… quel signe ? Chez Lc la question porte sur la date et le signe de
la ruine du Temple, et de même que chez Mc. Chez Mt elle porte sur date de
la ruine du Temple en même temps que sur le signe de l’avènement de Jésus et
la fin du monde. La réponse de Jésus, chez Lc, comme d’ailleurs chez Mt et
Mc, va porter en fait sur les signes de la fin et sur l’avènement du Fils de
l’homme. Mais Lc en distingue nettement la ruine de Jérusalem, dont il a
déjà parlé en 19,27 lors de la parabole des mines) et 19,44, lorsqu’il a
pleuré sur Jérusalem (19:43-44 : Oui, pour toi des jours vont venir où
tes ennemis établiront contre toi des ouvrages de siège ; ils t'encercleront
et te serreront de toutes parts ; ils t'écraseront, toi et tes enfants au
milieu de toi; et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que
tu n'as pas reconnu le temps où tu as été visitée).
♦ v. 8.
Ne vous laissez égarer. Ce verbe que l’on peut aussi traduire par
séduire ou conduire à l’erreur, appartient à la terminologie de
l’apocalyptique juive. Il fait allusion à des séductions : messianiques ;
diaboliques ; politiques ; doctrinales.
♦ v. 8.
Beaucoup viendront en prenant mon nom. Il s’agit des faux messies qui
s’attribueront le rôle et l’autorité de Jésus.
♦ v. 8. Le
moment est arrivé. Pour Lc ce sont des maîtres d’erreur qui annoncent
l’imminence de la fin (cf. Lc 17,23 : On vous dira : ‹ Le voilà, le
voici. › Ne partez pas, ne vous précipitez pas ; Lc 19,11 : Comme les
gens écoutaient ces mots, Jésus ajouta une parabole parce qu'il était près
de Jérusalem, et qu'eux se figuraient que le Règne de Dieu allait se
manifester sur-le-champ).
♦ v. 9.
Guerres et soulèvements. Lc va dire à la fin du verset que ces
événements n’appartiennent pas à la fin des temps, mais à l’histoire. Il
peut penser aux troubles militaires et politiques qui accompagnèrent la mort
de Néron en 68.
♦ v. 10.
Alors il leur dit. Cette introduction nouvelle et celle du v. 12,
distinguent nettement les signes de la fin (vv. 10-11.25-27) et l’histoire
antérieure (vv. 12-19.20-24). Voir le tableau ci-dessus.
♦ v. 10.
Nation contre nation et royaume contre royaume. Thème apocalyptique (Is
19,2 : J'exciterai les Égyptiens les uns contre les autres et ils
combattront chacun contre son frère, chacun contre son prochain, ville
contre ville, royaume contre royaume ; 2 Ch 15,6 : Ils se battaient
nation contre nation et ville contre ville, car Dieu les avait secoués par
toutes sortes de détresses).
♦ v. 11.
Faits terrifiants venant du ciel. Chez les différents témoins, les mots
venant du ciel sont liés soit aux grands signes, sans doute sous l’influence
de Mc 8,11 (Les Pharisiens vinrent et se mirent à discuter avec Jésus ;
pour lui tendre un piège, ils lui demandent un signe qui vienne du ciel),
soit aux faits terrifiants. Cette dernière construction semble préférable.
Passage au
rite
Jésus prévenait ses auditeurs de ne pas se laisser égarer : d’être critiques
à l’égard de ceux qui leur parlaient de lui-même ; de savoir discerner. Dans
la célébration, Jésus s’en va à la mort, revient glorifié ; et on nous dira
: « Voici l’Agneau de Dieu ». Pouvons-nous y croire ? Oui : c’est l’Épouse
qui parle. Elle nous invite au repas de ses noces.
Pour le Notre
Père
La demande de ne pas tomber en tentation, c’est de rester fidèle justement
au dernier moment ; jusqu’au bout. Prions avec humilité ; reconnaissons
notre faiblesse, reconnaissons que nous avons besoin de l’aide de Dieu
lui-même.
retour
MERCREDI
TRENTE-QUATRIÈME SEMAINE
Lc 21,12-19
Introduction
Est-il raisonnable d’être disciple de Jésus ? Ce qu’il promet pour l’en deçà
de notre existence est plutôt sombre. C’est la croix que l’on accepte parce
que l’on est persuadé qu’adhérer au Maître justifie cette folie. En tout cas
il ne nous promet rien qu’il n’ait pas souffert auparavant. Demandons
pardon.
Pour l’homélie
Contexte. Après avoir parlé des bouleversements cosmiques de « la fin »
Jésus fait marche en arrière : « Avant cela » qui malheureusement n’est pas
rapporté par la lecture liturgique.
♦ v. 12.
Avant cela. Lc revient en arrière et présente la vie de l’Église dans
l’histoire ; il la caractérise par la persécution, dont il a vu les débuts.
Comme le Christ a dû souffrir pour entrer dans sa gloire (24,26 : épisode
d’Emmaüs), l’Église doit voir dans la persécution le signe de l’approche du
Règne de Dieu.
♦ v. 12.
On vous livrera aux synagogues. Note à Mt 10,17 : Litt. Sanhédrins. Seul
texte du N. T. où le mot sanhédrin apparaît au pluriel ; allusion aux petits
sanhédrins locaux formés de vingt-trois notables de la synagogue ; ils
fonctionnent comme cour de justice pour les cas qui ne relevaient pas du
grand Sanhédrin de Jérusalem (de 71 membres). Ces scènes de violence (la
bastonnade) avaient lieu dans les synagogues, qui comprenaient un local à
cet effet. Après la chute de Jérusalem en 70, ces sanhédrins locaux prirent
une grande importance ; Mt se réfère peut-être à cette époque.
♦ v. 12.
Devant des rois et des gouverneurs. Lc peut penser à la scène qu’il
raconte en Ac 25,13 – 26,32 (Paul devant le gouverneur Festus et le roi
Agrippa et Bérénice).
♦ v. 13.
Cela vous donnera une occasion de témoignage. On peut traduire aussi :
cela aboutira pour vous au témoignage. Ce dernier est pour Lc la fonction
essentielle des Douze (24,48 : C'est vous qui en êtes les témoins ;
Ac 1,8 : Mais vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit
qui viendra sur vous; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute
la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre ; Ac l,22 ;
2,32 ; 3,15 ; 4,33 ;5,32), d’Étienne (Ac 22,20 : Et lorsque le sang
d'Étienne, ton témoin, a été répandu, moi aussi j'étais là, j'approuvais ses
meurtriers et je gardais leurs vêtements), de Paul (Ac 22,15 : [Ananias
à Paul] Tu dois en effet être témoin pour lui, devant tous les hommes, de
ce que tu auras vu et entendu ; 26,16 ; cf. 18,5 ; 20,21 ; 22,18 ; 23,11
; 26,22 ; 28,23). Il consiste à proclamer la résurrection de Jésus et sa
seigneurie. Le mot grec traduit ici par témoignage prendra dans les
générations suivantes le sens de martyre.
♦ v. 14.
Mettez-vous dans l’esprit. Litt. dans vos cœurs. Dans la Bible, le cœur
est le siège de toute la vie intime de l’homme : sa pensée, la mémoire, ses
sentiments, ses décisions, ces décidions.
♦ v. 15.
Un langage. Litt. une bouche.
♦ v. 15.
Une sagesse. Ici, c’est l’assistance de Jésus lui-même qui est promise à
ses témoins. Mais dans le parallèle de Lc 12,11-12 (Lorsqu'on vous
amènera devant les synagogues, les chefs et les autorités, ne vous inquiétez
pas de savoir comment vous défendre et que dire. Car le Saint Esprit vous
enseignera à l'heure même ce qu'il faut dire), comme en Mt 10,19-20 et
Mc 13,11-12, c’est l’intervention de l’Esprit qui leur est promise.
♦ v. 16.
Ils feront condamner à mort plusieurs d’entre vous. À la différence de
Mt 10,21 (Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant;
les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront condamner à
mort) et Mc 13,12 (Le frère livrera son frère à la mort, et le père
son enfant; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront
condamner à mort), Lc précise que tous ne seront pas tués (cf. Lc 11,49
: C'est pourquoi la Sagesse de Dieu elle-même a dit: je leur enverrai des
prophètes et des apôtres; ils en tueront et persécuteront). Il veut sans
doute suggérer que la persécution ne saurait faire taire la voix des témoins
de Jésus.
♦ v. 19. On
pourrait traduire avec plusieurs témoins : Gagnez la vie par votre
persévérance. Sur celle-ci cf. 8,15 note g)
(Ce qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui entendent la parole
dans un cœur loyal et bon, qui la retiennent et portent du fruit à force de
persévérance) : [Note] Ce mot (persévérance) désigne la résistance aux
dangers qui menacent la parole. Il est propre à Lc ici (8,15 : Ce qui est
dans la bonne terre, ce sont ceux qui entendent la parole dans un cœur loyal
et bon, qui la retiennent et portent du fruit à force de persévérance)
et en 21,19 (notre évangile). C’est un terme familier à Paul (par exemple, 1
Th 1,3 : Nous gardons le souvenir de votre foi active, de votre amour qui
se met en peine, et de votre persévérante espérance, qui nous viennent de
notre Seigneur Jésus Christ, devant Dieu notre Père).
Le rapport
narrateur/lecteur est probablement déterminant dans un tel texte : le « vous
» de toutes ces exhortations s’adressent aux lecteurs chrétiens. L’auteur du
Livre des Actes sait bien que la persécution des fidèles n’a pas tardé à se
manifester, en commençant par les autorités juives : on vous livrera aux
synagogues. C’est assurément l’exhortation à la « résistance », toujours
actuelle pour ses lecteurs, que le catéchète veut surtout faire entendre
lorsqu’il rapporte les prédictions du Seigneur, faites à travers le langage
contemporain et codé des « apocalypses ». Jésus, comme l’auteur de ce livre,
veut moins décrire l’avenir que soutenir la résolution des fidèles.
Passage au
rite
Jésus promet l’assistance divine au moment de témoigner, avec l’image des
cheveux comptés. Rien n’échappe au contrôle du Seigneur. Les cheveux de
Jésus ont été aussi comptés… La vérité de cette affirmation est apparue « le
troisième jour » ; de même que pour nous. Nous célébrons cette vérité…
participons-y profondément pour y croire toujours davantage.
Pour le Notre
Père
Persévérons à prier pour pourvoir persévérer à endurer, à témoigner. Les
deux dernières demandes de la prière de Jésus visent cet aspect de notre vie
chrétienne. Disons donc humblement…
retour
JEUDI
TRENTE-QUATRIÈME SEMAINE
Lc 21,20-28
Introduction
La LITURGIE (en majuscule) rend présent la totalité du Mystère du Christ. Y
participer, c’est la joie, c’est la délivrance. Impossible de le faire sans
avoir la tête relevée : expression de la joie et de liberté qui nous habite.
Même si, pour commencer, il nous faut peut-être incliner la tête pour
demander pardon de nos fautes.
Pour l’homélie
Le texte évangélique d’aujourd’hui est composé de deux péricopes : celle qui
annonce le jugement de Jérusalem, celle qui annonce la venue du Fils de
l’homme.
♦ v. 20.
Vous verrez Jérusalem encerclée. Dans leur passage parallèle, Mt et Mc
rapportent la grande tribulation eschatologique dans le style des
apocalypses ; Lc annonce ici la ruine de Jérusalem ; il voit en celle-ci une
annonce du jugement final (cf. 19,42 jeudi dernier : Si toi aussi tu
avais su, en ce jour…) C’est la sentence du roi sur la cité qui va le
refuser. Luc place ici la première des trois annonces de la ruine de la
ville (19,43-44 ; 21,20-24 ; 23,28-31). Il attache une grande importance à
ce jugement historique qui préfigure le jugement eschatologique)
♦ v. 20.
L’heure de sa dévastation. Lc garde ce mot de l’oracle de Dn 9,27 (Il
imposera une alliance à une multitude pendant un septénaire, et pendant la
moitié du septénaire, il fera cesser sacrifice et oblation; sur l'aile des
abominations, il y aura un dévastateur et cela, jusqu'à ce que
l'anéantissement décrété fonde sur le dévastateur) utilisé ici par Mt
24,15 et Mc 13,14 ; mais il l’applique à l’avènement historique de la ruine
de Jérusalem.
♦ v. 21.
Qu’ils fuient dans les montagnes. [Note à 17,31 (samedi 32ème semaine) :
Qu’il ne revienne pas en arrière. Ces invitations à fuir sont un thème
classique des tableaux de Jugement (Jr 4,6 : Levez l'étendard vers Sion !
Allez vous mettre à l'abri ! Ne vous arrêtez pas en chemin ! C'est le
malheur que je fais venir du nord, un grand désastre ! ; Jr 6,1 :
Quittez Jérusalem, Benjaminites, pour chercher ailleurs un refuge. Sonnez du
cor à Teqoa ; sur Beth-Kèrem, élevez un signal : des hauteurs du nord, un
malheur vous guette, un grand désastre ; etc.). Elles ni signifient pas que
l’on puisse échapper à ce Jugement, mais elles marquent son caractère
redoutable.] Mais ici il s’agit d’un jugement historique.
♦ v. 22.
Ce seront des jours où doit s’accomplir tout ce qui est écrit. Lc pense
aux menaces des prophètes contre Jérusalem infidèles (Jr ; Ez).
♦ v. 24.
Dévorés par l’épée. Litt. Dévorés par la bouche de l’épée.
Expression biblique traduite par « le tranchant de l’épée » dans la TOB.
♦ v. 24.
Emmenés captifs dans toutes les nations. Dans ce verset et le suivant,
nous (la TOB/NT) traduisons le même mot grec par nations ou par païens,
suivant qu’il désigne simplement les peuples du monde ou qu’il les oppose au
peuple de Dieu.
♦ v. 24.
Le temps des païens. Litt. les temps des païens. Ce temps semble
celui de l’évangélisation des païens (cf. Lc 24,47 : …et on prêchera en
son nom la conversion et le pardon des péchés à toutes les nations, à
commencer par Jérusalem) ; au terme de ce temps, Israël pourra revenir
au Christ qu’il a refusé. C’est l’espérance de Paul en Rm 11,25-27 (Car
je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, de peur que vous ne
vous preniez pour des sages : l'endurcissement d'une partie d'Israël durera
jusqu'à ce que soit entré l'ensemble des païens. Et ainsi tout Israël sera
sauvé, comme il est écrit : De Sion viendra le libérateur, il écartera de
Jacob les impiétés. Et voilà quelle sera mon alliance avec eux, quand
j'enlèverai leurs péchés) et Lc semble partager en 13,35 et note k (Eh
bien! elle va vous être abandonnée, votre maison. Et je vous le dis, vous ne
me verrez plus jusqu'à ce que vienne le temps où vous direz : Béni soit, au
nom du Seigneur, celui qui vient ! Note : En annonçant que ses auditeurs
salueront Jésus par l’acclamation messianique du Ps 117,26, Lc semble
admettre la conversion d’Israël à la fin des temps)
♦ v. 25.
Il y aura des signes. Cf. vv. 10-11 et leurs notes mardi de cette
semaine. Mt et Mc distinguent moins nettement cette période finale de la
détresse qui la précède.
♦ v. 26.
Car les puissances des cieux en seront ébranlées. Note à Mt 24,29 l. Les
puissances des cieux désignent les astres et les forces célestes. Dans le
judaïsme du temps de Jésus ces expressions faisaient partie de collections
traditionnelles des textes servant à faire pressentir le caractère cosmique
et décisif de l’intervention dernière de Dieu dans l’histoire.
♦ v. 27.
Alors ils verront le Fils de l’homme venir… À différence de Mt 24,31 et
Mc 13,27, Lc ne rapporte pas ici le rassemblement des élus, bien qu’il
l’envisage en 13,28-29 (Il y aura les pleurs et les grincements de dents,
quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, ainsi que tous les prophètes dans
le Royaume de Dieu, et vous jetés dehors. Alors il en viendra du levant et
du couchant, du nord et du midi, pour prendre place au festin dans le
Royaume de Dieu) et 14,15-24 (parabole des invités qui refusent) et
22,30 (promesse aux Douze de juger les tribus). Tout son intérêt se porte
sur la venue triomphale du Christ.
Passage au
rite
« En faisant mémoire… » En faisant le mémorial, pas simplement « en nous
souvenant », nous rendons présent la vie, la mort, la glorification et le
retour du Christ. De même que le Christ est passé par le Croix pour entrer
dans sa gloire, de même nous aussi. La participation eucharistique nous uni
au Mystère. Que le Seigneur nous garde fidèles.
Pour le Notre
Père
Demander « Que ton Règne vienne » c’est demander c’est demander
l’accomplissement de ce retour « en grande puissance et grande gloire » de
Jésus. Prions instamment, comme lui-même nous l’a appris
retour
VENDREDI
TRENTE-QUATRIÈME SEMAINE
Lc 21,29-33
Introduction
L’approche de la fin de l’année liturgique devrait nous servir pour
renforcer notre persévérance. Il viendra et nous persévérons dans l’attente
active. Participons donc au Mystère pour partager l’endurance du Christ.
Demandons pardon de nos faiblesses.
Pour l’homélie
♦ v. 28 Votre délivrance est proche. Ce mot est caractéristique de
Paul (1 Co 1,30 : C'est par Lui que vous êtes dans le Christ Jésus, qui
est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification et
délivrance ; Rm 3,24 : Mais [tous les hommes] sont gratuitement
justifiés par sa grâce, en vertu de la délivrance accomplie en Jésus Christ),
etc. Il n’apparaît qu’ici dans les évangiles ; Lc emploie des termes
analogues en 1,68 : Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, parce qu'il
a visité son peuple, accompli sa libération ; 2,38 : Survenant au
même moment, elle se mit à célébrer Dieu et à parler de l'enfant à tous ceux
qui attendaient la libération de Jérusalem ; 24,21 : Et nous, nous
espérions qu'il était celui qui allait délivrer Israël. Mais, en plus de
tout cela, voici le troisième jour que ces faits se sont passés.
♦ v. 29.
Et tous les arbres. Lc élargit l’exemple de Jésus, à l’usage des
non-palestiniens qui ne connaissent pas les figuiers.
♦ v. 31.
Sachez que le Règne de Dieu approche. Lc applique au Règne de Dieu ce
que Mt 14,33 et Mc 13,29 disent de l’événement eschatologique (Mt 24,33 :
De même, vous aussi, quand vous verrez tout cela, sachez que le Fils de
l'homme est proche, qu'il est à vos portes ; Mc 13,29 : De même, vous
aussi, quand vous verrez cela arriver, sachez que le Fils de l'homme est
proche, qu'il est à vos portes).
♦ v. 32.
Cette génération ne passera pas… Note à Mc 13,30 h : Cette parole ne
s’applique pas nécessairement à un événement historique précis comme la
ruine du Temple. Plusieurs générations juives ont vécu à cette époque dans
l’attente de la fin prochaine du monde. En parlant conformément à cette
attente, Jésus s’exprimait dans les catégories de pensée de l’univers
prophétique et apocalyptique pour lequel les différentes étapes du
déroulement historique n’étaient pas distinguées. Ici encore, la tradition a
fidèlement conservé une parole qui posait pourtant un problème ; elle l’a
même souligné par la déclaration rapportée au v. 31 (Le ciel et la terre
passeront, mes paroles ne passeront pas) et par le rapprochement d’une
autre affirmation qui paraît contradictoire (v. 32 : Mais ce jour et
cette heure nul ne les connaît, ni les anges du ciel, ni le Fils, personne
sinon le Père).
♦ v. 33.
Le ciel et la terre… Lc n’a pas ici de parallèle à la parole de Mt 24,36
et Mc 13,32 (voir note précédente) sur et l’heure ignorés par le Fils. Il
pourrait l’avoir transposée en Ac 1,7 (Il leur dit : Vous n'avez pas à
connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité),
où il ne peut plus être question d’ignorance pour le Ressuscité.
Ceux qui ont
écouté Jésus sont les témoins d’une immense certitude : la libération
définitive des hommes est en marche ; l’ébranlement des « puissances des
cieux » – tous les faux dieux, fauteurs d’aliénation – prépare l’avènement
de la vraie puissance, qui est celle du Fils de l’homme, le libérateur des
hommes.
Ce langage
direct et simple est suivi de la petite parabole du figuier qui bourgeonne.
Après les visions cosmiques catastrophiques empruntées au style
apocalyptique, on est heureux de retrouver le ton familier du conteur
populaire, observateur de la nature.
Passage au
rite
Nous n’avons pas de figuier à regarder. Nous avons mieux. La célébration
eucharistique est le gage et l’annonce la plus sure que le Seigneur viendra
perce qu’il vient tous les jours après de nous.
Pour le Notre
Père
Plus que jamais notre foi est instruite sur le sens de la demande « Que ton
Règne ». Disons donc :
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SAMEDI TRENTE-QUATRIÈME SEMAINE
Lc 21,34-36
Introduction
Fin d’année. Bilan de l’année. Nouvelle étape. Que le Seigneur nous
soutienne debout pour toujours devant lui. Qu’il enlève ce qui pourrait nous
courber : les péchés. Confions-nous en sa miséricorde.
Pour l’homélie
♦ v. 34. Que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste. Ici, il n’est pas
question de signes, à la différence des vv. 11 et 25. On peut comparer 1 Th
5,3 : Quand les gens diront : «Quelle paix, quelle sécurité ! », c'est
alors que soudain la ruine fondra sur eux comme les douleurs sur la femme
enceinte, et ils ne pourront y échapper.
♦ v. 35.
Comme un filet. De nombreux témoins lient ces mots à la phrase suivante
: car il s’abattra comme un filet
♦ v. 36.
Restez éveillés et priez en tout temps. Cf. l’avis analogue dans un
contexte eschatologique semblable en 18,1 note z (La nécessité de prier
constamment et de ne pas se décourager. Lc formule ici le sens qu’il donne à
la parabole, avec des expressions caractéristiques de Paul : toujours prier
[2 Th 1,11 : Voilà pourquoi nous prions continuellement pour vous, afin
que notre Dieu vous trouve dignes de l'appel qu'il vous a adressé; que, par
sa puissance, il vous donne d'accomplir tout le bien désiré et rende active
votre foi ; Ph 1,4 : Toujours, en chaque prière pour vous tous, c'est
avec joie que je prie ; Rm 1,10 : Demandant continuellement dans mes
prières d'avoir enfin, par sa volonté, l'occasion de me rendre chez vous
; 1 Th 5:16-18 : Soyez toujours dans la joie, priez sans cesse, rendez
grâce en toute circonstance, car c'est la volonté de Dieu à votre égard dans
le Christ Jésus], ne pas se décourager [2 Th 3,13 : Quant à vous,
frères, ne vous lassez pas de faire le bien ; 2 Co 4,1.16 : Aussi
puisque, par miséricorde, nous détenons ce ministère, nous ne perdons pas
courage – C'est pourquoi nous ne perdons pas courage et même si, en nous,
l'homme extérieur va vers sa ruine, l'homme intérieur se renouvelle de jour
en jour]. À la suite du discours précédent, et avec l’application des
vv. 6-8, il centre cette prière sur l’avènement eschatologique de Jésus [cf.
21,36 : Mais restez éveillés dans une prière de tous les instants pour
être jugés dignes d'échapper à tous ces événements à venir et de vous tenir
debout devant le Fils de l'homme]).
♦ v. 36.
Être jugés dignes. Des témoins importants lisent afin d’avoir la force ;
mais ce mot répond moins à l’usage de Lc (20,35 : Mais ceux qui ont été
jugés dignes d'avoir part au monde à venir et à la résurrection des morts ne
prennent ni femme ni mari ; Ac 5,41 : Les apôtres quittèrent donc le
Sanhédrin, tout heureux d'avoir été trouvés dignes de subir des outrages
pour le Nom).
♦ v. 36.
De vous tenir debout devant le Fils de l’homme. Il s’agit de soutenir
l’épreuve redoutable de son jugement.
Cette exhortation
finale, propre à Luc, nous ramène sur le terrain de la vie courante et de
ses pièges : la persécution n’est pas le seul danger qu’il faut être prêt à
affronter ! De même qu’à la parabole du semeur, Lc entend ici rappeler que
des risques plus communs que la persécution ouverte se présentent sur le
chemin des fidèles.
Passage au
rite
Vous serez dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver. Le disciple n’est
pas au-dessus de son Maître. Qu’il nous arrive comme à lui, pour être
fidèles comme lui, et partager l’éternité avec lui. La communion liturgique
doit nous amener désormais à cette communion bienheureuse.
Pour le Notre
Père
Que le Seigneur, quand il viendra, puise nous trouver en train de veiller et
prier avec la même prière que lui-même nous a apprise.
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