LUNDI SIXIÈME SEMAINE
Mc 8,11-13
Introduction
Aujourd’hui, en entendant Jésus parler à l’évangile, on dirait qu’il est
comme un enseignant fatigué par l’entêtement de ses élèves à ne vouloir
comprendre. On dirait qu’il démissionne. Serons-nous, aussi têtus que ceux
dont parle l’évangile ? Demandons pardon.
Pour l’homélie
Contexte. Mc fait apparaître souvent l’incompréhension dont Jésus et ses
enseignements est l’objet. Même si la multiplication des pains a eu lieu en
territoire étranger, il est curieux que tout de suite les pharisiens (Jésus
est revenu donc en territoire juif) lui demandent encore un signe. Ils n’ont
donc rien compris.
♦ v. 11.- Litt. Pour le mettre à l’épreuve, ici avec une intention
malveillante. (Dt 18,20-22 :
« Mais si le prophète, lui, a la présomption de
dire en mon nom une parole que je ne lui aurai pas ordonné de dire, ou s'il
parle au nom d'autres dieux, alors c'est le prophète qui mourra. » Peut-être
te demanderas-tu : «Comment reconnaîtrons-nous que ce n'est pas une parole
dite par le Seigneur ? » Si ce que le prophète a dit au nom du Seigneur ne
se produit pas, si cela n'arrive pas, alors ce n'est pas une parole dite par
le Seigneur, c'est par présomption que le prophète l'a dite. Tu ne dois pas
en avoir peur ! ;
Is 7,10-14 :
Le Seigneur parla encore à Achaz en ces
termes : « Demande un signe pour toi au Seigneur ton Dieu, demande-le au
plus profond ou sur les sommets, là-haut. » Achaz répondit : « Je n'en
demanderai pas et je ne mettrai pas le Seigneur à l'épreuve. » Il dit alors
: Écoutez donc, maison de David ! Est-ce trop peu pour vous de fatiguer les
hommes, que vous fatiguiez aussi mon Dieu? Aussi bien le Seigneur vous
donnera-t-il lui-même un signe: Voici que la jeune femme est enceinte et
enfante un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel). Après les signes que
Jésus vient d’accomplir, cette demande trahit l’aveuglement des Pharisiens.
De là le départ de Jésus au v. 13.
♦ v. 12.- Cette génération. Ce mot apparaît ordinairement en des paroles de
refus ou de condamnation Mt 11,16 : À qui vais-je comparer cette génération
? Elle est comparable à des enfants assis sur les places, qui en
interpellent d'autres… Mt 12,39 : Jésus leur répondit :
«Génération mauvaise
et adultère qui réclame un signe! En fait de signe, il ne lui en sera pas
donné d'autre que le signe du prophète Jonas», et fait allusion à des textes
comme Ps 95/94,10 :
Quarante ans leur génération
m’a déçu et j’ai dit : Ce peuple a le cœur égaré, il n’a pas connu mes
chemins. Dans ma colère j’en ai fait le serment : « Jamais il n’entreront
dans mon repos ». L’attitude des
pharisiens reproduit celle de la génération du désert qui mettait Dieu à
l’épreuve (v. 11) en réclamant toujours de nouvelles preuves de sa
puissance. Nb 14,11 :
Le Seigneur parla à Moïse :
« Jusqu'à quand ce peuple
me méprisera-t-il ? Jusqu'à quand refusera-t-il de croire en moi, en dépit
de tous les signes que j'ai opérés au milieu d'eux ? »
Le signe réclamé serait analogue à ceux de l’Exode ; mais on se souvient
moins des infidélités pendant ce séjour. Marc pense sans doute que Jésus n’a
jamais donné de signes aux Juifs. Certes, Jésus a fait des miracles, des
exorcismes et des guérisons, mais il les accompagnait le plus souvent de
consignes de silence, montrant bien par là qu’il avait pour objectif
principal l’amélioration de l’état d’un malheureux, et non la publicité du
geste. Jésus, dans Mc, ne croit pas à la conversion par les prodiges.
Peut-être la (les) multiplication des pains ? Le seul signe que Jésus
donnera à l’avenir aux israélites est un contre signe : il se laissera tuer
pas ses adversaires.
Passage au rite
Le « non-signe » de la Mort et de la Résurrection de Jésus
est là devant nous. Y croyions-nous ?
Pour le Notre Père
« Il partit pour l’autre rive », celle où les fidèles
attendent et croient. Que ce soit nous. La foi en disant le Notre Père, fera
de nous « l’autre rive »
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MARDI SIXIÈME SEMAINE
Mc 8,14-21
Introduction
Nous sommes embarqués avec Jésus en traversant la mer de la vie vers «
l’autre rivage ». En ce qui concerne les « bagages », il faut faire ce qui
est à notre porté, mais l’arrivée heureuse ne dépend que de Jésus. Avec lui
nous sommes sûrs. La messe matinale doit nous faire grandir dans la
responsabilité et dans l’espérance. Si jamais… pardon.
Pour l’homélie
Contexte. On serait tenté de penser que Mc est négatif, ou pessimiste. Le
ministère de Jésus est un « rosaire » d’échecs : l’aveuglement des
pharisiens qui envisagent le tuer (3,6) ; l’incompréhension des gens de sa
parenté (3,21) ; l’aveuglement des nazaréens qui refusent de croire (6,3) ;
l’aveuglement des disciples «Vous ne comprenez pas encore ? (8,21).
♦
v. 14.- Après les pharisiens, ce sont les disciples eux-mêmes qui paraissent
frappés d’aveuglement. Ils vont recevoir les mêmes reproches (vv. 17-18)
(cependant sous forme interrogative, c’est vrai) que ceux du dehors en 4,12
(Lors de la réponse à la question sur l’enseignement en paraboles).
♦
v. 15.- Levain. Le levain était considéré comme source d’impureté et de
corruption (Ga 5,9 :
Vous couriez bien; qui, en vous barrant la route,
empêche la vérité de vous entraîner ? Une telle influence ne vient pas de
celui qui vous appelle. Un peu de levain, et toute la pâte lève!) et
symbolisait pour les rabbins les mauvaises intentions de l’homme. Dans le
contexte de Mc, il semble désigner les mauvaises dispositions à l’égard de
Jésus, aussi bien de la part des pharisiens (cf. 2,1 – 3,6 ; 7,1-13 ;
8,11-13) que d’Hérode (6,14-29). Les disciples risquent de partager ces
mauvaises dispositions s’ils restent rebelles aux efforts de Jésus pour leur
manifester le sens authentique de la mission à laquelle il veut les
associer.
♦
v. 17.- Vous ne comprenez pas ? Cf. 4,13 :
Et il leur dit: «Vous ne
comprenez pas cette parabole! Alors comment comprendrez-vous toutes les
paraboles?
; 7,18 :
Il leur dit: Vous aussi, êtes-vous donc sans
intelligence? Ne savez-vous pas que rien de ce qui pénètre de l'extérieur
dans l'homme ne peut le rendre impur.
♦
v. 17.- Le cœur endurci.- Reproche adressé aux pharisiens en 3,5 :
Promenant
sur eux un regard de colère, navré de l'endurcissement de leur cœur, il dit
à cet homme: «Étends la main.» Il l'étendit et sa main fut guérie ; aux
disciples aussi en 4,13 :
Et il leur dit: «Vous ne comprenez pas cette
parabole! Alors comment comprendrez-vous toutes les paraboles? Le cœur
endurci, à cause d’une disposition intérieure mauvaise, est fermé à
l’intelligence des actes et des vues de Dieu.
♦
v. 18. Des yeux qui ne voient pas, des oreilles qui n’entendent pas. Ez 12,2
: Fils d'homme, tu habites au milieu d'une engeance de rebelles; ils ont des
yeux pour voir et ne voient pas, des oreilles pour entendre et ils
n'entendent pas, car c'est une engeance de rebelles. Jr 5,21 :
Écoutez donc
ceci, peuple borné et sans cervelle : - Ils ont des yeux et ne voient point,
des oreilles et n'entendent pas.
♦
v. 21.- Ne comprenez pas encore ? Ces paroles de Jésus attirent l’attention
sur tout ce qui se révèle, de sa mission et de sa personne, au cours de
cette partie du livre où se sont multipliés les signes incompris. Dans
l’hypothèse où il y aurait un seul fait des deux récits récapitulés ici, il
faudrait admettre, de la part de Mc, une certaine liberté d’adaptation
catéchétique des paroles de Jésus, liberté comparable à celle que supposent
les différentes versions évangéliques d’une même déclaration de Jésus.
S’inquiéter pour de la nourriture, comme le font les disciples, c’est
manquer de confiance ; c’est compter uniquement sur ses ressources
matérielles pour vivre ; c’est oublier que Jésus ne délaisse jamais les
siens pour ce qui leur est essentiel. Mc ne prêche pas un abandon
irresponsable à la providence, mais ouvre à une confiance en Jésus analogue
à celle que les prophètes prêchaient au peuple d’Israël vis-à-vis de Dieu.
Les disciples ont le cœur aussi endurci que le peuple élu l’a eu et que
l’auront indéfiniment les chrétiens de tous les temps. N’arrive-t-il pas que
l’Église se préoccupe plus de sa subsistance que d’une fidélité confiante à
son Maître ?
Passage au rite
Faire confiance… sur quoi ? Il ne nous est assuré que le salut éternel,
comme conséquence de notre fidélité à Jésus Christ, malgré tout et contre
tout. Comme il l’a fait le long de son existence, et, surtout, dans le
sommet du calvaire. Participer à l’Eucharistie c’est de vivre avec Jésus, à
la messe et après la messe, cette confiance au Père.
Pour le Notre Père
De quelle nourriture sommes-nous préoccupés ? De quoi voulons-nous remplir
nos esprits ? En disant « donne-nous notre pain »… que voulons-nous demander
? Aurions-nous par hasard le cœur endurci ?
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MERCREDI SIXIÈME SEMAINE
Mc 8,22-26
Introduction
Jésus, dans l’évangile de Mc n’a aucun scrupule de passer en pays païen.
Peut-être n’est qu’un arrangement littéraire pour justifier la mission
apostolique auprès des non juifs. En tout cas, Jésus et son Évangile sont
arrivés dans notre pays, le Sénégal, d’origine païenne. Avons-nous profité
de sa présence ? Si besoin, demandons pardon.
Pour l’homélie
Contexte. Après l’aveuglement des pharisiens, des gens de la parenté de
Jésus, de ses concitoyens, des disciples – voici la guérison d’un aveugle. Mais ce sera une
guérison « laborieuse »… on dirait « à moitié »… comme le regard de foi de
Pierre dont nous écouterons le récit demain.
Ce récit offre plusieurs ressemblances avec celui de (vendredi dernier)
7,32-37. Tous les deux propres à Marc sont situés chacun à la fin d’une
série d’épisodes liés à une multiplication des pains, semblent revêtir en Mc
la valeur de signes à l’appui d’une catéchèse inspirée d’Is 35,5-6 :
Alors,
les yeux des aveugles verront et les oreilles des sourds s'ouvriront. Alors,
le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. Des
eaux jailliront dans le désert, des torrents dans la steppe.
♦
v. 22.- Après les reproches adressés aux disciples (hier), et avant la
première confession de foi (8,27-30, demain), la guérison difficile,
progressive, d’un aveugle, par Jésus, illustre selon Mc son pouvoir
illuminateur et ses efforts pour ouvrir les yeux de ses disciples. Une autre
guérison d’aveugle interviendra au terme de son enseignement sur sa mission
(10,46-52, celle de Bartimée).
♦
v. 24.- Ayant ouvert les yeux, ou ayant levé, ou ayant recouvré la vue.
Début du troisième et dernier séjour de Jésus en pays païen : de 8,22 a
9,13. Le premier 5,1-20 : le possédé de Gerasa ; le deuxième 7,24 – 8,9 :
femme syro-phénicienne ; sourd-muet ; deuxième multiplication des pains.
On ne sait pas qui a présenté le malade à Jésus (disciples ? gens du pays
?). Consigne de silence, comme d’habitude, lorsqu’il s’agit d’un « signe
messianique ».
Cet aveugle ne devrait pas l’être de naissance ; autrement, même si
l’expression frôle la blague, il n’aurait pas pu identifier ni hommes, ni
arbres, s’il n’en avait pas vu auparavant.
* Interprétation symbolique : Première étape de la vision (déficiente),
c’est la proclamation de foi de Pierre « Tu es le Christ »… mais sans croix.
Deuxième étape de la vision (parfaite) : proclamation de foi du centurion
romain : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ».
** Autre lecture : Première étape, on ne professe que la messianité
(puissante) de Jésus, on a du mal a accepter sa faiblesse. Deuxième étape :
pouvoir proclamer, malgré tout, qu’il est le Fils de Dieu.
Passage au rite
Nous avons tous besoin d’améliorer notre regard sur la vie. La vérité est
invisible à nos yeux. Cette vérité est l’amour de Dieu pour nous, malgré
tout ce qui puisse faire apparaître le contraire… De même qu’il s’est passé
pour Jésus dans ses échecs apostoliques, surtout à la passion. Mon Dieu,
pourquoi m’as-tu abandonné ? Nous somme là pour « y voir clair » comme
Jésus.
Pour le Notre Père
Que ton nom soit sanctifié. Puissions-nous reconnaître la sainteté de Dieu
par notre vie de foi. Donne-nous de te reconnaître saint, ô notre Père.
Disons donc…
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JEUDI SIXIÈME SEMAINE
Mc 8,27-33
Introduction
Nous serons témoins par la première lecture de l’alliance que Dieu fit avec
Noé. Mais nous sommes des partenaires de la Nouvelle Alliance.
Puissions-nous y croire ; puissions-nous demander pardon de nos manques.
Pour l’homélie
Première partie : 27-30.- Ce récit préparé depuis 6,14-16 (les opinions
populaires sur Jésus) montre comment les disciples, dont la foi est exprimée
par Pierre, vont au-delà des réponses insuffisantes à la question posée par
l’activité de Jésus : il ne vient pas préparer la venue d’un autre ; il est
le Sauveur définitif.
♦ v. 27.-
Césarée de Philippe.- Villa construite près des sources du Jourdain
en 2 ou 3 avant Jésus Christ par Hérode Philippe en honneur d’Auguste.
Actuellement Banijas.
♦
v. 29.- Le Christ.- C’est-à-dire le Messie, celui qu’annonçaient et
préparaient les prophètes, y compris Jean Baptiste. À l’époque de la
rédaction de Marc, ce titre exprime la foi de l’Église en Jésus. Note a Mc
1,1 : Christ c'est-à-dire Messie (litt. consacré par l’onction), désignation
juive du Sauveur attendu. Mc l’entend au sens nouveau qui lui confère son
application à Jésus. Une seule fois en Mc, Jésus est reconnu comme Messie
par un homme, Pierre, aussitôt obligé au silence (8,29-30), et Jésus
n’approuve ce titre qu’au cours de son procès religieux (14,61-62 :
Mais lui
gardait le silence ; il ne répondit rien. De nouveau le Grand Prêtre
l'interrogeait ; il lui dit : « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? »
Jésus dit : « Je le suis, et vous verrez le Fils de l'homme siégeant à la
droite du Tout-Puissant et venant avec les nuées du ciel »).
♦
v. 30.- Ne parler de lui à personne.- Cette réaction de Jésus n’implique
selon Mc aucune désapprobation à l’égard du titre de Christ, qu’il acceptera
en 14,62. Ce titre tombe sous la consigne de silence comme celui de Fils de
Dieu et les autres expressions de la foi de l’Église (voir note à 1,34, le
mercredi de la 1ère semaine, et note à 1 ,44, le jeudi de la 1ère semaine)
prématurés, selon Mc, avant l’achèvement de la mission de Jésus par la mort
et la résurrection (voir note à 4,22 ; jeudi troisième semaine). Pour
comprendre l’insistance de Mc sur le secret de Jésus, il faut tenir compte
non seulement des ambiguïtés des titres messianiques juifs, insuffisants
pour définir la mission de Jésus, mais aussi des progrès de la foi de
l’Église primitive et de l’application de Mc à relire le vie terrestre de
Jésus à la lumière de la révélation de Pâques.
♦
v. 31.- Il commença à leur enseigner.- Désormais l’enseignement de Jésus
porte sur la manière dont il doit accomplir sa mission (vv. 31-33 ; 9,30-32
; 10,32-34 – les trois annonces de la passion). Cet enseignement, réservé
aux disciples, donne son unité à cette partie du livre jusqu’à 10,45 (Le
fils de l’homme est venu non pour… mais pour). Il caractérise une seconde
phase de la révélation de Jésus, cette fois explicite (v. 32), après celle
des paraboles et des signes.
♦
v. 31.- Le Fils de l’homme.- Voir vendredi 1ère semaine. Les anciens, les grands prêtres et les scribes.- Il s’agit des membres du
grand Sanhédrin, collège de 71 membres, qui gouvernait le peuple juif. Il
comprenait des représentants de l’aristocratie laïque (les anciens), des
grandes familles sacerdotales (les grands prêtres) parmi lesquelles on
choisissait le Grand Prêtre, et des scribes ou interprètes de la loi (le
plus souvent de tendance pharisienne). Le Sanhédrin était présidé par le
Grand Prêtre en exercice (Caïphe).
Trois jours après.- Formule typique de Mc (10,34 : troisième annonce)
pouvant désigner le troisième jour après celui dont on parle.
♦
v. 32.- Pierre se mit à le réprimander.- La réaction de Pierre exprime bien
la difficulté d’associer le titre de Christ avec les perspectives de la
Passion et de la mort. Peut-être cela éclaire-t-il la mise à l’écart, en Mc,
de ce titre (et de ceux de Saint et de Fils de Dieu) jusqu’à la passion.
♦
v. 33.- Derrière moi, Satan ! - En s’opposant à la Passion de Jésus, Pierre
endosse le rôle de Satan qui tente de détourner Jésus de l’obéissance de
Dieu. Il quitte sa place de disciple, qui doit marcher derrière de Jésus
(1,17.20 : appel des disciples ; 8,34 : condition pour suivre Jésus).
Passage au rite
Sommes-nous mieux disposés que Pierre à accepter un Messie Crucifié ? Il
faut être en communion avec lui aussi bien à la passion qu’à la
résurrection.
Pour le Notre Père
Pour ne pas tomber dans le défaut de Pierre il faut que nos pensées soient
celles de Dieu et non celles des hommes. Il nous faut intérioriser
profondément la prière du Notre Père.
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VENDREDI SIXIÈME SEMAINE
Mc 8,34 – 9,1
Introduction
Jésus est en territoire païen – Césarée de Philippe – mais il s’adresse à
des foules comme si elles étaient des disciples. Ce n’est pas une
incohérence « historique » mais un souci catéchétique : le disciple n’est
pas au-dessus de son Maître. Dakar, territoire païen ; mais nous désirons
être des disciples ; demandons pardon de nos manques.
Pour l’homélie
♦
v. 34.- La foule.- Chaque annonce de la Passion est suivie des paroles de
Jésus qui en tire les conséquences pour ses disciples.
Si quelqu’un….- Sous cette forme, cette parole suppose que l’existence du
disciple authentique est définie par celle de Jésus : il s’agit de le suivre
dans le renoncement à soi que signifie l’acceptation de la croix,
c’est-à-dire, d’après les vv. 35-37, en risquant sa vie pour la cause de
Jésus et de l’Évangile.
♦
v. 35.- Qui veut sauver sa vie.- Note à Mt 10,28 : Âme. Alors que le mot
psyché équivaut souvent à vie, Mt distingue ici le corps et l’âme. Il
n’identifie pas âme et vie, car il devrait distinguer deux sortes de vie, ce
qu’il ne fait nulle part. Le corps est ce par quoi l’homme s’exprime, l’âme
est le principe personnel de la vie.
♦
v. 35.- Et de l’évangile.- Ces mots ne se trouvent pas dans certains
manuscrits (voir 10,29 :
Jésus lui dit : « En vérité, je vous le déclare,
personne n'aura laissé maison, frères, sœurs mère, père, enfants ou champs à
cause de moi et à cause de l'Évangile… » qui est une mention particulière de
Mc). L’œuvre de Jésus se poursuit, selon Mc, dans la prédication de
l’Évangile et celui-ci peut conduire le disciple au sacrifice de sa vie
comme la mission de Jésus l’a conduit à la croix.
♦
v. 37.- Litt. Comme prix d’achat, ici pour recouvrer la vie perdue. (Ps
49,8-9 :
Un homme ne peut pas en racheter un autre, ni payer à Dieu sa
rançon. Quel que soit le prix versé pour une vie, elle devra cesser pour
toujours.)
v. 9,1.- Litt. Ne goûteront pas la mort.
Avec puissance : Ces mots opposent la manifestation triomphale du Règne — à
l’obscurité de ses débuts. Cette puissance est donnée au Christ dès sa
Résurrection (cf. Rm 1,4, note i : Ce n’est pas la résurrection qui a fait
de Jésus le Fils de Dieu, mais, à la Résurrection, Dieu l’a souverainement
élevé [Ph 2,9] et lui a donné la gloire et la puissance suprême [Ep
3,20-23]). Cette parole de Jésus a été rapportée avec des nuances diverses
(Mc 16,28 ; Lc 9,27). Les termes employés ici désignent bien la génération
contemporaine de Jésus et ses disciples dont quelques-uns verront
l’établissement du Règne de Dieu, sans doute lors de l’avènement final du
Christ. Conformément aux habitudes de la langue prophétique et
apocalyptique, cette parole ne distingue pas les différentes étapes que
l’avenir pourra faire apparaître, et sa portée immédiate concerne les
auditeurs qu’elle appelle à se convertir sans tarder (v. 38). Il faut noter
la fidélité de la tradition pour une déclaration qui ne semble pas être
réalisée comme on aurait pu l’attendre. Divers essais d’interprétation ont
été proposés (prise de Jérusalem seulement ; apparitions du Ressuscité ;
Transfiguration) sans obtenir l’assentiment commun.
Michel QUESNEL.- Quoi qu’il en soit de l’interprétation précise de cette
finale, elle a une tonalité d’espérance, en conclusion d’une exhortation
plutôt sévère : mort douce ou martyre, décès proche ou passion lointaine,
tout cela doit conduire au Règne de Dieu. C’est la dimension de résurrection
que Marc exprime après celle, nécessaire, de la mort à la suite du Christ.
Passage au rite
La participation au Mystère du Christ qu’est la messe, accomplit pour nous
cette parole mystérieuse : nous sommes témoins de la puissance du Règne en
Jésus glorifié et Jésus eucharistié.
Pour le Notre Père
Que ton Règne vienne… et le Père répond a notre demande. Disons avec
confiance : Notre Père…
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SAMEDI SIXIÈME SEMAINE
Mc 9,2-13
Introduction
Comme tous les matins nous nous sommes rassemblés pour célébrer « le mystère
de la foi ». C’est la foi qui découvre le sens des paroles et des gestes que
Jésus nous a prescrit de faire. Que le Seigneur lui-même veuille nous
pardonner nos doutes et nos hésitations en ce domaine.
Pour l’homélie
♦
v. 2.- Litt. Après six jours.- Dans l’évangile, cette précision n’a plus
valeur chronologique mais ce détail peut faire allusion au déroulement de la
fête des Tentes, fête joyeuse et populaire. Elle commençait six jours après
le grand jour des Expiations et durait sept jours (Lv 23,34.36 :
« Parle aux
fils d'Israël : Le quinze de ce septième mois, c'est la fête des Tentes, qui
dure sept jours, en l'honneur du SEIGNEUR ; chacun des sept jours, vous
présenterez un mets consumé au SEIGNEUR. Le huitième jour vous tiendrez une
réunion sacrée et vous présenterez un mets consumé au SEIGNEUR : c'est la
clôture de la fête ; vous ne ferez aucun travail pénible »). Dans la
tradition antérieure à la rédaction évangélique, il pouvait donc s’agir,
soit du premier jour de la fête que Jésus aurait célébré à l’écart avec les
siens, soit du jour final, marqué par des grandes réjouissances. Note en Mt
17,1 : La transfiguration éclaire la montée du Fils de l’homme à Jérusalem
(16,21 : Il commença a leur montrer) où elle est située par la tradition
présynoptique. Aux disciples qui ne peuvent comprendre le chemin qui veut
suivre leur maître (16,22 : Pierre), Dieu fait entrevoir la gloire
mystérieuse de son Fils et exige d’eux qu’ils écoutent son enseignement. Mt
maintient fermement le schéma primitif d’une révélation apocalyptique dont 2
P 1,17-18 semble offrir une tradition particulière.
♦ v. 2.-
Sur une haute montagne.- Non pas dans la montagne en général mais sur une
montagne élevée, comme pour la Tentation (4,8) et en Galilée pour la mission
finale (Mt 28,16). En ne localisant pas cette montagne, Mt a probablement
voulu signifier que la révélation dernière a lieu non sur la sainte montagne
de Sion mais sur la montagne eschatologique où afflueront les nations (Is
2,2-3 :
Il arrivera dans l'avenir que la montagne de la Maison du SEIGNEUR
sera établie au sommet des montagnes et dominera sur les collines. Toutes
les nations y afflueront. Des peuples nombreux se mettront en marche et
diront : « Venez, montons à la montagne du SEIGNEUR, à la Maison du Dieu de
Jacob. Il nous montrera ses chemins, et nous marcherons sur ses routes»).
♦ v. 3.-
Il fut transfiguré.- Litt. métamorphosé.- Ailleurs ce verbe désigne une
transformation spirituelle (Rm 12,2 :
Ne vous conformez pas au monde
présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence,
pour discerner quelle est la volonté de Dieu: ce qui est bien, ce qui lui
est agréable, ce qui est parfait). Ici cette transformation est visible ; Mt
et Lc mentionnent qu’elle atteint le visage ; les trois synoptiques
signalent le changement perceptible qui concerne les vêtements. Comme dans
les apocalypses juives, ces vêtements resplendissants sont les signes de la
gloire céleste accordée aux élus qui deviennent pareils aux anges (Mt 28,2-3
:
Et voilà qu'il se fit un grand tremblement de terre : l'ange du Seigneur
descendit du ciel, vint rouler la pierre et s'assit dessus. Il avait
l'aspect de l'éclair et son vêtement était blanc comme neige). Cette scène
mystérieuse ne prend son sens que dans la perspective de la Résurrection du
Christ dont elle est manifestement, chez Mc, une anticipation.
♦
v. 4.- Élie leur apparut avec Moïse.- Note à Mt 17,3 : Plutôt que
représenter l’un la loi et l’autre les prophètes, Moïse et Élie apparaissent
ici comme précurseurs ou comme témoins de l’Alliance. Élie devait être le
précurseur du Messie (Ml 3,23 :
Voici que je vais vous envoyer Elie, le
prophète, avant que ne vienne le jour du SEIGNEUR, jour grand et redoutable)
et il est identifié un peu plus loin à Jean Baptiste (Mt 17,12-13 :
« Elie
est déjà venu, et, au lieu de le reconnaître, ils ont fait de lui tout ce
qu'ils ont voulu. Le Fils de l'homme lui aussi va souffrir par eux. » Alors
les disciples comprirent qu'il leur parlait de Jean le Baptiste), mis a mort
par Hérode. En même temps qu’Élie apparaît Moïse, dont le judaïsme connaît
aussi l’assomption, semblable à celle d’Élie (2 R 2,11) et à celle d’Hénoch
(Gn 5,24). L’ordre Élie – Moïse est inversé en Mt et Lc (Moïse et Élie).
♦
v. 5.- Rabbi.- Par ce titre respectueux, mon Seigneur (de rab : grand), on
s’adressait aux docteurs de la loi mais aussi à d’autres personnages.
Adressé à Jésus (10,51 ; 11,21 ; 14,44-45) ce titre est rendu par Maître en
Jn 1,38 (gr. didascale). Vers la fin du 1er siècle le mot perdit sa valeur
de vocatif et désigne les docteurs de la loi (de là l’emploi encore actuel
du mot rabbin).
Il est bon que nous soyons ici.- Note à Lc 9,33. La formule est équivoque :
est-ce bon pour Pierre, dans la joie présente, ou pour les personnages
mystérieux auxquels il veut rendre service ? De toute façon, Pierre comprend
mal la situation et rêve de la prolonger.
♦ v. 5.-
Dressons trois tentes.- Allusion possible à la fête des Tentes.
Il ne savait que dire.- Même formule qu’en 14,40 :
Puis, de nouveau, il vint
et les trouva en train de dormir, car leurs yeux étaient appesantis. Et ils
ne savaient que lui dire.
♦
v. 7.- Une nué vint les recouvrir.- Comme en Lc 1,35, ce mot indique une
venue de Dieu à la manière de ses manifestations au peuple de l’Exode.
Celui-ci est mon Fils bien-aimé.- Cette déclaration de filialité divine
rappelle celle qui a été faite lors du baptême de Jésus. Note à Mt 17,5 :
écoutez-le.- Au baptême (Mt 3,17), la voix du ciel avait désigné Jésus comme
le Fils (cf. Ps 27), le Serviteur (Is 42,1) ; à la Transfiguration, elle le
désigne avant tout comme le Prophète que tout le peuple doit écouter. La «
voix » s’adressait alors à Jésus ; elle s’adresse maintenant aux disciples
et, à travers eux, aux « foules ».
♦
v. 9.- Ne raconter à personne.- (Note à Mt 17,9 : La recommandation de
garder secret ce qui a été révélé par le ciel est un thème classique de la
littérature apocalyptique, repris par les synoptiques, par Mc surtout, dans
la perspective du « secret messianique ».) Cette obligation du secret évoque
d’autres recommandations semblables. En précisant que le secret ne pourra
être levé qu’après la Résurrection, Mc veut expliquer qu’on ne pouvait
comprendre cet épisode qu’une fois révélée la gloire du Ressuscité. Ce
faisant, il peut être l’écho des préoccupations de la communauté : comment,
après une telle manifestation, Jésus n’a-t-il pas été, de son vivant,
reconnu comme le Messie ?
♦
v. 10.- Ce qu’il entendait par « ressusciter d’entre les morts ». Litt.
Ce
qu’est ressusciter d’entre les morts.- Ces derniers mots sont une reprise de
la déclaration précédente ; Mc 9,23 (si tu peux) offre une construction
semblable. Autre leçon : ce qu’est : quand il ressusciterait d’entre les
morts. Ce n’est pas l’idée ou le fait de la résurrection qui étonne les
disciples (beaucoup de Juifs y croyaient), mais la manière dont Jésus en
parle. Il l’annonce comme prochaine, alors qu’on l’attendait pour la fin des
temps. De plus l’idée que le Fils de l’homme glorieux doive passer par la
mort et la résurrection devait être choquante.
♦
v. 11.- Élie doit venir d’abord.- C’est en faisant référence à Ml 3,23 (voir
note au v. 4) qu’on affirmait cette venue d’Élie d’abord. Plusieurs textes
rabbiniques y font allusion. La communauté de Qumram attendait la venue d’un
Prophète et des Messies d’Aaron et d’Israël (Règle 11,11).
♦
v. 12.- Élie vient d’abord et rétablit tout.- Le verbe traduit par rétablir
est celui que Ml 3,24 gr. a choisi pour rendre l’hébreu : il ramènera le
cœur des pères vers les fils. Le précurseur devait donc travailler à
réconciliation générale. Jésus ne conteste pas cette idée ; elle lui paraît
pourtant incompatible avec les souffrances du Messie qui doit venir après
Élie. D’ailleurs, Élie est déjà venu (v. 13) en la personne de Jean Baptiste
(Mt 11,13-14 :
Tous les prophètes en effet, ainsi que la Loi, ont prophétisé
jusqu'à Jean. C'est lui, si vous voulez bien comprendre, l'Elie qui doit
revenir) et, bien loin d’avoir pu exercer son ministère de réconciliation,
il a lui-même souffert.
♦ v. 12.-
Le Fils de l’homme… beaucoup souffrir et être méprisé.- Cette phrase est
propre à Mc on chercherait en vain dans les Écritures un texte concernant
les souffrances du Fils de l’homme. Ce pourrait être une allusion aux
souffrances du Serviteur en Is 52,14 ; 53,4-10, mais le Serviteur n’y porte
pas le titre de Fils de l’homme.
♦
v. 13.- Selon ce qui est écrit de lui.- Ici encore la référence à l’Écriture
est propre à Mc et l’idée selon laquelle Élie précurseur doit souffrir, est
absente de l’AT et n’est pas clairement exprimée dans la littérature juive.
Plutôt qu’une allusion possible aux épreuves d’Élie durant sa vie, c’est
l’idée originale de Mc qu’il faut relever. Selon lui, il existe un
parallélisme étroit entre Élie et la Fils de l’homme : l’un et l’autre
doivent souffrir ; le sort de Jean Baptiste (cf. 6,17-29) préfigure ainsi
celui du Christ. Ce thème lui paraît si important qu’il appelle au
témoignage des écritures.
Passage au rite
Nous sommes aussi allés sur « une haute montagne » : c’est l’autel. Nous y
avons entendu la voix que nous exhorte à écouter le Fils. Nous allons aussi
partager avec lui le passage part la mort de Jésus, dont Jean Baptiste a été
le précurseur.
Pour le Notre Père
Il est censé que nous avons « écouté » ; que nous avons appris, et que nous
mettons en pratique l’enseignement du Fils. Non seulement en répétant les
mots, mais aussi, et surtout, en y vivant d’accord. C’est pourquoi nos osons
dire…
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