L E T E M P S D U C A R Ê M E : Semaine des Cendres |
Jl 2,12-18 Réponse du Psaume : Donne-nous, Seigneur, un cœur nouveau ; mets en nous, Seigneur, un esprit nouveau. (EqC 46)
2 Co 5,20 – 6,2
Introduction Notre célébration d’aujourd’hui est comme l’entrée « sécrète » en Carême. L’entrée « publique » sera faite dimanche. L’entrée du Premier Dimanche de Carême est l’entrée ancienne, l’originale, avant que l’on institue la célébration d’aujourd’hui. Voyez ce qui sera dit à la prière sur les offrandes de dimanche : Avec cette Eucharistie, Seigneur, nous commençons notre marche vers Pâques… Cependant rien ne doit empêcher le sérieux de notre commencement comme en « privé ». Bien commencer, pour mieux continuer, et finir mieux encore… à Pâques. [Pas de Préparation pénitentielle ni de Kyrie].
Pour l’homélie
À la recherche du « thème ».- Si nous prenons
l’évangile comme point de référence, le « thème » serait la cohérence
entre ce que nous faisons extérieurement et ce que nous faisons
intérieurement. Les gestes que nous faisons – aumône, prière, jeûne –, d’une
manière ou d’une autre, seront connus des autres même si on ne le veut pas.
(Si je ne voulais pas qu’ils soient connus, peut-être serais obligé à ne pas
pouvoir les faire). Or je les fais pour Celui qui voit dans le secret,
même s’il y en a qui me voient de l’extérieur. Ce n’est pas pour eux (pour
ceux qui me voient) que je les fais.
Il va de soi – du moins en Afrique, au Sénégal – que tout le monde fait :
l’aumône – p. e. le « Denier du Culte », les quêtes des Chemins de Croix
pour Caritas, etc. – ; et la prière – Chemins de Croix – ; et le jeûne – du
moins celui du Mercredi de Cendres et celui du Vendredi Saint, les autres
étant libres –.
Ce n’est pas le cas dans d’autres endroits où il faut commencer par exhorter
à poser ces gestes. Ici, au Sénégal, il faut « simplement » exhorter à leur
donner le sens que le Seigneur attend de nous.
Pour sa part Joël nous exhortait à réveiller le sens communautaire –
j’oserais dire « solidaire » – de nos vertus et nos défauts. Vertus et
défauts de la communauté en tant que telle ; qui, probablement, ne sont pas
les mêmes que l’adition de toutes les vertus et de tous les défauts
personnels, individuels. Une fois les défauts découverts, solidairement,
avec coresponsabilité, communautairement, aujourd’hui Mercredi des Cendres,
présenter au Seigneur un projet « pénitentiel », c'est-à-dire de correction,
pour tout ce Carême ; et en demander pardon, aussi communautairement,
solidairement, lors de la Célébration Communautaire de la Pénitence vers la
fin du Carême.
Enfin, saint Paul proclamait la disponibilité miséricordieuse du Seigneur à
nous exaucer et à nous pardonner. Peut-être, d’emblée, nous sommes inclinés
à écouter ces paroles comme une exhortation à la confession sacramentelle.
Ce n’est pas interdit. Mais si nous tenons compte « du pluriel » à qui Paul
adresse les paroles, nous pouvons bien comprendre que c’est encore
« solidairement », communautairement, que nous sommes invités à nous
convertir, à nous corriger, à progresser dans la fidélité, compte tenu du
« temps plus favorable » que nous sommes en train d’initier.
Si je dis « plus favorable », c’est pour faire comprendre que le
Carême n’est pas comme le temps « des occasions » dans les magasins, le
temps des remises bon marché. Dieu est toujours miséricordieux ; il n’a pas
des hauts ni des bas dans l’exercice de son amour. Ce temps est
« favorable pour nous », en ce sens que l’approche de Pâques nous fait
rendre compte de qui nous sommes, et de nos incohérences ; et le temps de
mettre de l’ordre dans nos existences. L’acceptation des cendres sur nos têtes doit signifier la confession (au sens de manifester extérieurement) que nous sommes pécheurs et que nous demandons, à ceux qui verront les cendres sur nos têtes, de prier pour nous. De même que nous prions pour ceux sur qui nous verrons aussi des cendres. En les acceptant, nous nous engageons donc à nous convertir pour croire à (en vivant selon) l’évangile.
Passage au rite La messe, est l’ensemble de tous les gestes que chacun de participants pose ; depuis le prêtre au dernier des rassemblés. Puisse le Seigneur voir le secret de notre cœur et l’agréer.
Pour le Notre Père « Quand vous priez… » Faisons-le comme le Seigneur nous l’a appris. retour
Dt 30,15-20 Réponse du Psaume : Heureux ceux qui gardent la loi du Seigneur. (Transmission orale) Lc 9, 22-25
Introduction À la prière d’ouverture nous demandons au Seigneur de nous « inspirer » et de nous « soutenir ». Inspirer quoi ? Soutenir quoi ? Nous actions, et toutes nos activités. De toute sorte, bien sûr. Mais, compte tenu du début du Carême où nous sommes, nous pouvons penser aux résolutions de carême prises hier. Lui, le Seigneur, inspire et soutien ; mais c’est à nous d’agir (notre action, nos activités). Prions donc, mais aussi, demandons pardon de nos possibles incohérences : prier sans agir.
Pour l’homélie
À la recherche du « thème ».- « Faites le bon
choix ! ». C’est clair : Moïse parle aux hébreux sur le point d’entrer dans
la terre promise. Mais une fois à l’intérieur il ne faut pas y vivre
n’importe comment ! Je te propose aujourd’hui de choisir ou bien la vie
et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. ~ Choisis donc la vie !
Et Moïse donne les moyens par lesquels on peut choisir la vie et le
bonheur une fois déjà entrés dans le pays dont tu vas prendre
possession. Au contraire, si on ne suit pas ces indications, vous ne
vivrez pas de longs jours sur la terre dont vous allez prendre possession.
Choisis donc la vie !
Pour sa part saint Luc, à l’évangile, nous reporte, détachée de
son contexte, la première annonce que Jésus fait de sa passion et les
consignes pour devenir disciple – celui qui veut marcher à ma suite
–. En suivant ces consignes on pourra sauver sa vie ; sous-entendu
« sa vie éternelle ». Consignes assez exigeantes d’ailleurs, résumées dans
les expressions prendre sa croix chaque jour, renoncer à soi-même, perdre
sa vie pour Lui. Sans le dire explicitement, Jésus provoque à un choix :
« Toi aussi, toi qui écoutes, choisis la Vie ! » ; même si le prix est
apparemment un peu « cher ». Mais à quoi sert gagner le monde entier si
on le paye de sa propre existence éternelle ?
La Vie (grand V) que Jésus promet est bien meilleure que celle
qui attendait aux hébreux dans la terre promise. Dans ce sens, un certain
parallèle apparaît entre le Jésus et le Moïse de nos textes d’aujourd’hui.
Tus les deux nous disent de faire le bon choix !
Nous venons d’entrer en Carême. Une terre promise nous attend :
Pâques. Le gage de la Vie (grand V) nous attend à la Veillée Pascale et
l’« explosion » sacramentelle dans cette célébration-là. De même que par
Moïse, de même que par Jésus, nous sommes invités par la Liturgie
d’aujourd’hui à choisir comment « vivre dans la terre promise de l’Église »,
comment « marcher à la suite de Jésus » pendant le Carême pour atteindre la
Vie grand V. L’Église nous invite à « Faire le bon choix ! » Allons-y en
plein courage. Mettons-y de notre part, que le Seigneur ne va pas manquer à nous inspirer et à nous soutenir afin de bien aboutir à l’achèvement pascal.
Passage au rite Célébrer l’Eucharistie, c’est déjà donner (perdre ?) sa vie pour et avec le Christ. Sa parole ne peut manquer. Croyons-y fermement. Chaque jour… à chaque eucharistie !
Pour le Notre Père Marchons encore à la suite de Jésus en priant comme lui au Père : Que ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se réalise. Nous osons dire aussi Que ta volonté soit faite ; disons-le donc comme nous l’avons appris de Jésus lui-même… retour
Is 58,1-9a Réponse du Psaume : Seigneur, ne nous traites pas selon nos péchés ! Seigneur, ne nous juge pas selon nos offenses ! Que descende sur nous ta miséricorde. (Mis. noté, 203) Mt 9,14-15
Introduction Nous voici parvenus au premier vendredi de Carême. (Pas grande chose à voir avec les « 9 premiers vendredis de mois »). Dans six autres, ce sera le Vendredi du Triduum Pascal : le Vendredi de la fidélité totale. Que le Seigneur nous garde persévérants à sa suite le long de ces semaines. Qu’il veuille aussi pardonner nos faiblesses.
Pour l’homélie
À la recherche du thème.- Vendredi jour de
jeûne (du point de vue « disciplinaire » pas obligatoire ; libre). Beaucoup
de monde le garde. Mais attention ! Qu’il y ait cohérence ! Le jeûne,
ce n’est pas pour se mortifier, pour se faire du mal, pour souffrir ; le
jeûne c’est la prière – le dialogue avec Dieu – du corps ; pour que celle de
l’esprit soit vraiment crédible aux yeux de Dieu. Elles sont inséparables.
Il ne faut pas que mon corps prie (jeûne) et que, d’autre part, l’on
cherche son intérêt, traite durement ceux qui peinent (qui travaillent)
pour nous ; que le jeûne se passe en disputes et querelles, en coups de
poings sauvages. C’étaient les avertissements du Troisième Isaïe à ses
contemporains vers la fin du VIe siècle avant J. C. déjà
installés en Palestine, au retour de l’Exil en Babylone. D’après le texte,
eux, ils étaient incohérents ; c’est pourquoi Dieu n’écoutait pas leur
prière ; elle n’avait pas de sens. Attention pour nous : soyons donc
cohérents. C’est pourquoi, depuis la meilleure pensée juive, jeûne, prière
et aumône marchaient de la main, inséparablement ; en cohérence.
De sa part, Jésus se passait d’une certaine pratique de jeûner des disciples
de Jean et des Pharisiens : deux fois par semaine, le lundi et le jeudi. Ce
jeûne, volontaire, de dévotion, était censé renforcer leur prière pour le
pardon des péchés du peuple et pour que les temps messianiques arrivent
d’une bonne fois.
Jésus n’est pas contre le jeûne établi, qu’il a sûrement pratiqué le jour du
Yom Kippour, et à l’anniversaire de la destruction du temple par les
babyloniens en 587 av. J. C. Mais pour lui, Jésus, l’objectif de la
prière-jeûne des baptistes et des Pharisiens était déjà arrivé : le pardon
des péchés était arrivé avec l’arrivée des temps messianiques, comme
l’arrivée de l’époux à la salle du banquet de noces. L’affliction imposée
par le jeune pour renforcer la demande du Messie, n’avait plus de sens !
Jeûne et affliction, pour manque de quelque chose d’absolument nécessaire,
vont de pair.
Jésus annonce aussi son absence à cause de la Passion – l’Époux enlevé
– : alors donc les disciples, qui maintenant sont dans la joie de la
présence, seront dans l’affliction et le jeûne de l’absence. Notre jeûne de carême, quel sens doit-il avoir ? Non pas celui de l’absence – Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps – ; ce n’est donc pas ce sens que nous devons lui donner. Ce serait plutôt celui de renforcer notre demande de conversion, de mener à bon terme les projets d’amélioration de conduite formulés le Mercredi dernier. Jeûne nécessairement cohérent avec une conduite de pleine charité à l’égard du prochain. Autrement nous nous entendrions adresser les réprimandes d’Isaïe.
Passage au rite La vie chrétienne n’est pas centrée sur le jeûne de l’absence. Au contraire elle est centrée sur la joie de la présence. Sans oublier qu’Il (l'Époux) nous a été enlevé pour quelques trois jours, lesquels nous ont obtenu le pardon de nos péchés. Notre joie n’est pas naïve, insouciante. Elle est la joie réfléchie de savoir que cette présence est passée par une croix et un tombeau. Nous entrons dans ce mystère. Allons-y dans la joie et avec respect.
Pour le Notre Père Nous sommes les disciples de Celui qui a dit que sa nourriture consistait dans l’accomplissement de la volonté de Celui qui l’avait envoyé. Ne faisons pas ce jeûne ; nourrissons de cette même nourriture. Osons dire, donc Que ta volonté soit faite… par nous, tes enfants. Disons donc ensemble… retour
Is 58,9b-14 Réponse du Psaume : Toi qui es bon, toi qui pardonnes, prends pitié de nous, sauve-nous. (Mis. noté, 50/A) Lc 5,27-32
Introduction Saint Jean raconte dans l’Apocalypse que dans une de ses visions, à la vue de la majesté du Christ glorieux, je tombai comme mort à ses pieds, mais lui il posa sur moi sa droite et me dit : Ne crains pas (Ap 1,17). Je ne sais pas si celui qui a composé notre prière d’ouverture avait ce texte dans sa tête (ou dans son cœur !). En tout cas, nous demandons au Dieu fort, éternel, de poser sa main sur notre faiblesse. Que sa grâce nous permette de lui être fidèles, malgré tout.
Pour l’homélie
À la recherche du thème.- La première lecture est
la suite immédiate de celle d’hier. C’est le volet positif à la suite du
volet négatif de l’oracle. Deux séries de trois Si tu… fais ceci
ou cela…, suivie chacune des promesses de la part de Dieu de grande
richesse spirituelle, et même aussi matérielle, en réponse à cette
initiative positive du fidèle. « Si » on était capable de passer de la
situation négative d’hier à cette action positive d’aujourd’hui, le Seigneur
ne restera pas indifférent.
La « conversion » est possible ; le Seigneur l’accueille, le
Seigneur l’inspire, le Seigneur l’attend… avec tout le respect à l’égard du
pécheur qui veuille se convertir : Si tu…
Luc raconte « la conversion » de Lévi. On pourrait penser que
Jésus l’a obligé : Suis-moi. Point. Et Lévi abandonnant tout,
l’homme se leva et se mit à le suivre. Peut-on penser que la parole de
Jésus avait enlevé la liberté à Lévi ? La radicalité de la parole de Jésus
(en Lc) est la même qu’il a adresse « au notable » qui gardait tous les
commandements depuis sa jeunesse. Jésus ajoute : Une seule chose te
encore te manque : tout ce que tu as, vends-le, distribue-le aux pauvres et
tu auras un trésor dans les cieux ; puis viens, suis-moi. » Le verbe
était à l’impératif dans un cas comme dans l’autre ; la réaction cependant,
différente. Alors la parole de Jésus n’« envoûtait » donc pas
l’interlocuteur. Si tu me suis… Pour Lévi la communauté de vie avec
Jésus de Nazareth justifiait suffisamment la renonciation à ce qu’il avait
quitté.
Les récompenses promisses dans l’oracle d’Isaïe ne peuvent pas
se comparer avec cette communion de vie avec Jésus. Le repas qu’il lui offre
exprime la joie qu’il ressent à la suite de son choix. Malgré le
« scandale » des Pharisiens et leurs scribes. Si nous aussi nous étions capables de suivre Jésus ; de tout abandonner de ce qui pourrait empêcher la suite…
Passage au rite Serions-nous meilleurs que les copains de Lévi ? Jésus est venu chez nous, malgré notre indignité. Comme nous l’avons demandé à l’ouverture, qu’il pose sa main sur nous. Qu’il nous relève. Que le repas eucharistique partagé avec lui maintenant, nous assure le partage de sa table à Pâques, mais aussi la table de l’éternité.
Pour le Notre Père Jésus est venu pour nous. L’ouverture à toute sorte de gans de ses repas en Galilée était au cœur de sa mission. Cette ouverture nous permet d’être ici, maintenant. Tel que lui-même nous l’a appris n’ayons pas honte de demander et d’offrir le pardon. Ainsi donc, nous osons dire : retour
Suggestion : Le chant de « Ta nuit sera lumière de midi » (G 222) à la Communion ? à la préparation des offrandes ? à la fin de la messe ?
Rappel : Les Si tu… d’Isaïe m’ont rapporté le souvenir, toute « distance » respectée, de ce poème de Rudyard Kipling SI...
Nota Bene.- Il faut lire le poème par rangés de strophes de gauche à droite : 1 - 2 3 - 4 5 - 6 7 - 8
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