L E T E M P S D U C A R Ê M E : Regard d'ensemble sur le Lectionnaire |
REGARD D’ENSEMBLE SUR LE LECTIONNAIRE DU CARÊME EN SEMAINE
Comme d’habitude lors des temps privilégiés – Avent, Noël, Carême, Pâques – le choix des lectures pour chaque messe est fait avec le critère de « choix par thème ». C’est-à-dire un certain rapport devrait apparaître entre la première lecture, toujours tirée de l’Ancien Testament, et la page d’évangile de la même messe.
Dans
les documents les plus anciens, la célébration de la Pâque se
présente essentiellement comme un jeûne d’un (samedi) jour, deux jours
(samedi plus vendredi [on avance à rebours] ; (la « semaine
sainte » n’a pas encore été instituée) ; ou plusieurs jours, suivi d’une
assemblée nocturne de prière, que clôture l’eucharistie qui tombe déjà avant
l’aube du premier jour de la semaine. L’obligation de prendre part à cette
assemblée nocturne est fondamentale. Ces jours de jeune sont inséparables de
l’assemblée nocturne et forment avec elle la célébration pascale. Le jeûne du samedi, puis du vendredi, n’est pas un jeûne pénitentiel (de mortification), mais d’absence, un jeûne d’attente ; un jeûne qui sera rompu par la fête eucharistique quand apparaît l’étoile du matin, à l’heure où les femmes porteuses de parfums se mettaient en route vers le tombeau dont la pierre avait déjà été enlevée. Jeûne, rassemblement de la communauté des croyants, veillée de prière, lectures de l’Ancien et du Nouveau Testament, célébration de l’Eucharistie, agapes fraternelles dans la joie du Christ ressuscité, tels sont les éléments fondamentaux de la Veillée Pascale.
Une semaine
de jeune a bientôt commencé à Rome comme préparation à la nuit sainte. La
semaine, s’ouvrait le dimanche, par la lecture de la Passion. L’assemblée du
mercredi de cette semaine (comme celle des autres mercredis) ne comportait
pas plus la célébration de l’eucharistie que celle du vendredi (qui par la
suite deviendrait le « vendredi saint »). Dans le cours du IVe siècle, apparaît une période de trois semaines de préparation à Pâques. Ces trois semaines furent comptés en remontant du dimanche de la Résurrection jusqu’au dimanche Laetare (« Réjouis-toi [Jérusalem] » chant d’entrée de ce dimanche qui, par la suite deviendrait le 4ème dimanche du carême, mais qui, en ce moment, ne l’était pas encore).
Plus tard, vers la fin du IVe siècle (vers 384) est né le jeûne de quarante jours. Le dimanche d’ouverture des six semaines de jeûne, c’était le premier dimanche du carême, qui tombait exactement le quarantième jour avant le début du Triduum Pascal.
Ces étapes
dans l’organisation du temps de préparation à la Veillée Pascale (à
Pâques !) ont laissé quelque trace dans l’organisation actuelle du
lectionnaire en semaine, surtout dans le choix des lectures évangéliques.
Ainsi donc,
dans les trois dernières semaines de notre Carême (quatrième,
cinquième et sixième = Semaine Sainte) l’évangile est toujours de saint Jean
(excepté le mercredi saint). Pendant la 4ème semaine, a part le
lundi (où on lit la guérison du fils du fonctionnaire royal), on proclame la
guérison du paralysé de la piscine de Bethzatha et les discussions que cette
guérison a provoquées, gardées dans les chapitres 5 et 7 de saint Jean.
Discussion
qui se poursuit jusqu’au jeudi de la semaine 5ème avec le
chapitre 8 de Jn. C’est le vrai procès religieux contre Jésus d’après Jn.
Car il n’est pas reporté après son arrestation à Gethsémani. Seulement le
petit interrogatoire chez Anne, qui, en plus n’était pas Grand Prête « cette
année là ».
Le vendredi
5ème, on lit la fin du chapitre 10 qui poursuit la discussion à
la suite de l’affirmation de Jésus d’être un avec le Père. Le samedi, la
décision de Caïphe, qui était Grand Prêtre « en cette année-là », qui dit:
«Vous n'y comprenez rien et vous ne percevez même pas que c'est votre
avantage qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse
pas tout entière.» La 6ème semaine, les évangiles : l’onction chez Lazare ; l’annonce des reniements de Pierre ; la « vente » de Jésus par Judas chez les Grands Prêtres.
Ces trois dernières semaines sont donc orientées vers la passion de Jésus. Par contre les trois premières, dont les évangiles sont tirés des trois synoptiques, envisagent plutôt des thèmes concernant la conversion au sens moral du mot.
À mon avis donc la Liturgie de la Parole du Carême en semaine envisage d’abord une révision sincère et exigeante de la propre conduite en rapport à la parole de Jésus – pour entrer après, dans la deuxième partie, dans la contemplation de la Passion du Christ, tout en nous oubliant nous-mêmes.
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