LUNDI PREMIÈRE SEMAINE
Lv 19,1-2.11-18
Réponse du Psaume : Tes paroles, Seigneur, sont l’esprit et la vie. (EqC,
66)
Mt 25,31-46
Introduction
Depuis hier nous sommes entrés dans la première semaine de
Carême. Que le Seigneur nous accorde l’intelligence – la lecture en
profondeur « intus legere » – de notre foi, ainsi nous pourrons mieux
vivre en accord avec cette foi qui est la nôtre. Toujours avec son aide ;
naturellement ! Comme maintenant, en demandant de recevoir le pardon de nos
péchés.
Pour l’homélie
À la recherche du thème.- C’est clair – à mon avis
– que le « thème » qui « unit » les lectures est, d’une part, la dernière
phrase du Lévitique Tu aimeras ton prochain comme toi-même », et
d’autre, chaque fois que vous l’avez fait (vous ne l’avez pas fait) à
l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (à
moi non plus vous ne l’avez pas fait).
Mais il y a aussi des remarquables différences à tenir en compte
entre les deux textes.
Dans le Lévitique le prochain est : ton compagnon (3
fois) ; ton prochain (3 fois) ; ton compatriote (1 fois) ; ton frère (1
fois) ; les fils de ton peuple (1 fois) ; toutes ces appellations deviennent
comme synonymes. Or, c’est clair ton prochain n’est rien d’autre que
« le juif comme toi » ; celui qui appartient à la même société clanique que
toi. C’est donc « une proximité fermée ». En plus il y a ceux qui sont
censés être inférieurs socialement : journalier, le sourd, l’aveugle, le
faible ; toujours aussi appartenant à ton peuple. Et le référent,
comme toi-même.
Par contre, dans l’évangile, le référant est le Roi lui-même ; Roi
qui est le signifiant de Jésus. Et ce Roi s’identifie à tous ceux qui sont
dans le besoin, sans d’autre condition. C’est donc « une proximité sans
limites ».
Encore davantage : si nous voulions « traduire » en chrétien le « comme
toi-même » du Lévitique, il faudrait que « moi-même », je sois aussi le
signifiant de Jésus. C’est-à-dire : Jésus reçoit comme fait à lui les aides
données au petits et pauvres. Petit et pauvre, donc, l’égal de Jésus.
L’aimer comme à moi-même, c’est me faire l’égal des petits et pauvres ; me
mettre à leur place. Ainsi donc : Jésus l’égal des pauvres ; moi l’égal des
pauvres ; moi donc l’égal de Jésus. Autrement dit je dois les aimer
effectivement comme si Jésus était a ma place, compte tenu de cette
sorte d’« équation » : pauvre = Jésus = moi-même. Ce qui est bien plus
exigeant, et plus véritable, que faire des « équilibres » pour identifier
celui qui est devant moi avec Jésus… ce qui n’est pas toujours honnêtement
possible. Par contre je dois – parce que c’est possible avec la grâce de
Jésus lui-même – agir comme si Jésus était à ma place devant le plus
misérable et méchant des humains !
Le thème pourrait être exprimé par
Soyons les proches de ceux qui ont besoin de nous puisque Jésus veut être
proche d’eux.
Passage au
rite
Toute la vie publique de Jésus n’a été rien d’autre que la mise
en pratique des ces « œuvres de miséricorde » ; qui l’on conduit à la Croix,
mais aussi à la gloire. C’est cette œuvre globale de miséricorde qui est
rendu présente sur l’autel. Pour en participer d’abord comme bénéficiaires ;
après comme bienfaiteurs. Soyons conséquents à la participation liturgique.
Pour le Notre Père
« Notre Père » c’est proclamation de fraternité, de proximité ouverte, sans
limites. Prions donc comme nous l’avons appris…
retour
MARDI PREMIÈRE SEMAINE
Is 55,10-11
Réponse du Psaume : De toutes leurs épreuves, Dieu délivre ses amis. (Mis.
noté vert, 59/3)
Mt 6,7-15
Introduction
Célébrer l’Eucharistie c’est plus qu’une prière ;
celle-ci n’est qu’un entretien avec le Seigneur. Célébrer l’Eucharistie
c’est d’accomplir une action sacramentelle : une offrande, un geste… bien
sûr, accompagné de mots qui donnent le sens à ce qui se fait. Nous sommes
venus donc offrir au Père tout honneur et toute gloire par, avec, en,
Jésus ; unis à lui et entre nous par l’Esprit. Qu’il veuille maintenant
pardonner nos péchés.
Pour l’homélie
À la recherche du thème.- Pourrait-il être exprimé en disant
Quelle est la prière qui pénètre toutes les couches
célestes jusqu’à parvenir au cœur du Père ?
Quel est le point (le mot) de tangence entre les deux lectures ?
Dans Isaïe : Ma parole qui sort de ma bouche, ne me reviendra sans
résultat. Dans Matthieu : Ne rabâchez comme les païens, ne les imitez
pas. Vous donc, priez ainsi : Notre Père.
Cette parole qui fait le « vient-et-va » efficace entre Dieu et
la terre, pourrait être considérée en « petit p » et alors elle pourrait
être la prière dominicale elle-même (Notre Père). Mais aussi, elle pourrait
être considérée « grand P » (même si on glisse vers Jn), et alors elle est
le Verbe-Parole qui a dit : Je suis sorti du Père et je suis venu dans le
monde; tandis qu'à présent je quitte le monde et je vais au Père (Jn
16,28) ayant tout achevé (Jn 19,30). Le « vient-et-va » parfaitement
bien accompli, absolument efficace.
Dans Isaïe il est aussi question de résultat, de faire
ce que Je veux, de sa mission confiée à la parole. Nous-mêmes,
nous sommes un peu « le résultat » de ce « vient » de la Parole (grand P) :
En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui tombe en
terre ne meurt pas, il reste seul; si au contraire il meurt, il porte du
fruit en abondance (Jn 12,24). C’est donc que nous aussi devrions
retourner, revenir à Dieu… Ce qui devrait s’accomplir le jour de
notre entrée dans la maison du Père. En attendant, nous faisons déjà ce
« va » du trajet « vient-et-va », chaque fois que nous sommes capables de
prier dans l’intelligence de la foi la Prière Dominicale.
Je dis bien « dans l’intelligence de la foi » pour signifier la
compréhension de chaque mot et de chaque phrase du Notre Père. Autrement
nous risquons de faire comme des perroquets. (Entrer dans l’intelligence du
Notre Père : bon « effort de Carême »). Jésus nous donne encore une autre
condition nécessaire pour que notre prière pénètre les cieux : le pardon
mutuel préalable. Vite dit… pas facile, peut-être, à faire ; mais nécessaire
tout de même.
Nous pouvons devenir cette « récolte » que le Père attend après avoir
envoyé sur terre la pluie et la rosée de Jésus pour la féconder.
Qu’allons-nous faire ?
Passage au rite
Nous allons célébrer tout de suite le « vient-et-va » du
Verbe Parole : du Père au monde, du monde au Père. Vie, mort, glorification
du Christ : Mystère de la foi. Jésus a fait le « vient » tout seul. Dans le
« va », Jésus ne le fait pas seul, nous qui sommes là, nous le faisons avec
Lui. Laissons-nous emporter par le Christ.
Pour le notre Père
Plus que jamais, aujourd’hui à la suite de notre évangile,
l’invitatoire du missel pour la prière de Jésus prend tout son sens :
Comme nous l’avons appris du Seigneur et selon son commandement,
nous osons dire : retour
MERCREDI PREMIÈRE SEMAINE
Jon 3,1-10
Réponse du Psaume : Pardonne-moi, mon Dieu, relève-moi ! (EqC 196)
Lc 11,29-32
Introduction
Notre pratique chrétienne devrait être vécue comme la célébration
d’un sacrement. Celui-ci s’accomplit par l’action conjointe (synergie)
d’éléments matériels (gestes, paroles) et de l’Esprit. De même pour nous :
les actes corporels – gestes, paroles – et l’esprit (le notre) plus l’Esprit
(le Saint) qui agissent ensemble. Que notre célébration nous fasse grandir
dans l’esprit et l’Esprit. En commençant par le rejet de nos
péchés.
Pour l’homélie
[Pour les renseignements exégétiques de ce passage de Lc 11,29-32, voyez, s.
v. p., le Mardi de la 23ème semaine].
À la recherche du thème.- Convertissons-nous ;
nous avons de meilleures raisons que les Ninivites. Le prophète anonyme,
auteur du livre de Jonas, interpelle ses contemporains fermés en leur propre
salut et en excluant de cette possibilité les étrangers. L’auteur du livret
donne comme exemple de conversion l’opposant le plus opposé pour un Juif :
les Assyriens de leur capital Ninive. Ils se sont convertis rien qu’en
entendant l’appel à la conversion du prophète Jonas.
À la fin du récit, Jonas se fâche contre Dieu parce qu’il s’est montré
bienveillant à l’égard des ninivites (comme pas mal de personnages qui
apparaissent dans les évangiles à l’égard de certaines actions de Jésus).
Cette fin du livre de Jonas n’apparaît pas dans notre lecture. (Voyez les
premières lectures – du lundi au mercredi – de la 27ème semaine
impaire).
Jésus s’est identifié à ce Jonas de fiction à l’égard des gens
de sa génération qui lui demandaient des signes éclatants pour se
convertir, c’est-à-dire accepter sa personne et son message
puisqu’ils n’étaient ni des païens ni des athées.
Il ne faut aller plus loin dans la réflexion. Nous pouvons déjà
nous interroger à la suite de ce thème : A qui ressemblons-nous
davantage, aux ninivites qui font confiance à Jonas, ou à cette
génération contemporaine de Jésus qui refuse sa personne et son message
parce qu’il ne leur donne les signes éclatants qu’elle lui demande ?
En ce Carême, où en sommes-nous de notre progression dans la
connaissance de Jésus, de ses paroles, de ses exemples ; dans la suite de
ses consignes ? Sommes-nous capables de croire que même les cheveux de
notre tête sont tous comptés lorsque des adversités sans raison
apparente tombent sur nous ? Ou, par contre, exigeons preuves, miracles,
pour confier inconditionnellement en l’amour paternel de Dieu pour nous,
rien que parce que Jésus nous l’a dit ?
Notre culpabilité, si c’était le cas, serait bien plus
grande que celle de la génération de Jésus car nous possédons le grand signe
de la Glorification de Jésus après sa fidélité jusqu’à la Croix, jusqu’au
tombeau. Avons-nous besoin davantage ?
Passage au
rite
Nous accomplissons dans la foi – donc avec
l’assurance de la certitude – le grand signe que Jésus nous donne pour
« mériter » notre adhésion : le Mystère de la foi ! Que notre vie
corresponde à notre foi.
Pour le Notre
Père
Il y a ici bien plus que Salomon. C’est son
descendant, et Fils de Dieu, qui est là et qui nous a appris à prier : en
paroles et en Esprit. Suivons donc fidèlement son enseignement en disant :
retour
JEUDI PREMIÈRE SEMAINE
Est 14,1-3.12-14. Vg
Réponse du Psaume: Tu m'écoutes, Seigneur, quand je crie vers toi (Mis.
noté, 87/A)
Mt 7,7-12
Introduction
Mardi dernier nous
disions que l'Eucharistie est plus qu'une prière. Rien à enlever de cette
affirmation. Elle est don, elle est accueil. Don de Dieu, accueil du Don
divin. Don aussi de nos louanges et nos actions de grâce. Don de la Parole,
accueil de la Parole, réponse à la Parole. Vidons nos cœurs du mal pour que
le Don puisse les remplir.
Pour l'homélie
A la
recherche du thème.- Il est question de la prière de demande: celle
d'Esther avant doser se présenter devant le roi de Perse, Xerxès, pour le
supplier en faveur du peuple juif déporté dans le pays. D'autre part,
l'enseignement de Jésus, ver la fin du Sermon sur la Montagne, sur
l'assurance d'être exaucé par Dieu los de nos prières, sous-entendu de
demande.
Les
généralités du début du passage: demandez, cherchez, frappez, sans trop de
précision sont suivies de quelque précision: on demande du pain, on demande
du poisson, on demande à son père dont la bonté est celle du Père céleste
qui dépasse infiniment celle du père terrestre. Aucune raison à douter de
l'exaucement.
Quelle
liaison entre la "Règle d'or" et cet enseignement? Une réponse parmi
d'autres (cf. Bonnard, p.100-101): Les disciples pourront constater qu'ils
sont enfants de Dieu (votre Père céleste) en ceci qu'ils agiront
selon la règle d'or, résumé de la Loi.
Cette règle
d'or était connue du monde antique. Jésus la renouvelle sur deux points: il
ne s'agit pas de faire du bien pour en recevoir au retour, mais de prendre
l'initiative de ce bien, sans compter qu'il sera rendu. D'autre part, la
règle est présentée comme un résumé de la pensé biblique: la Loi et les
Prophètes. (cf. Mt 5,17: N'allez pas croire que je suis venu abroger
la Loi et les Prophètes: je ne suis venu pas a abroger, mais accomplir;
22,40: De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les
Prophètes).
Au sujet du
contenu de nos demandes, de ce que nous devons ou pouvons demander dans
notre prière, vois quelques pensées de saint Augustin (354-430). Augustin
accepte que l'on demande tout à Dieu, mais il cherche aussi à purifier ces
demandes. Toujours il les centre en Dieu pour apprendre à ses catéchumènes,
finalement, à ne demander à Dieu que Dieu: "Demande autre chose, si
tu trouves quelque chose de meilleur." Il ajoute, en faisant parler Dieu:
"C'est moi qu'il faut posséder, de moi qu'il te faut jouir. Moi qu'il faut
embrasser."
♦ Extraits de
"Lettre à Proba", veuve romaine en Afrique, après la prise de Rome en 410.
Saint Augustin répond à cinq questions.
1.
Dispositions.- Concentre toute ton action à l'intérieur de toi... Tu
veux prier dans un temple? Prie en toi-même. Mais commence par être temple
de Dieu... La prière est d'abord un retour de l'extérieur vers
l'intérieur.
2. Que
demander dans la prière?- Demande la vie bienheureuse. ~ C'est
donc uniquement à cette vie que où nous vivons avec Dieu que, sans nul
doute, il faut rapporter tout ce qui peut être demandé utilement et
convenablement...
3.- Pourquoi Dieu nous demande-t-il de prier, lui qui sait? -
Le Seigneur notre Dieu n'a certes pas besoin que nous lui fassions connaître
notre volonté car il ne peut l'ignorer, mais il veut par la prière exciter
et enflammer nos désirs, pour nous rendre capables de recevoir le don qu'il
nous prépare... Comme d'autres affaires peuvent attiédir notre désir, nous
rappelons à certaines heures notre esprit à la prière. ~ Autre est un long
discours, autre un sentiment durable du cœur.
4.-
Quel type de prière adresser à Dieu? - Il répond par le commentaire du
Notre Père. elle est la prière parfaite: parce que le Seigneur nous l'a
apprise; parce qu'elle éveille le véritable désir. Tout prière doit se
ramener au Notre Père, norme de toute prière chrétienne. si nous prions
comme il convient nous utiliserons, peut-être d'autres mots, mais leur
contenu ne s'écartera pas de la prière du Seigneur. Il nous est loisible
de formuler dans notre prière les mêmes demandes en variant les paroles à
notre guise, mais nous ne serions être libres de demander autre chose...
Pour Augustin la prière ne saurait être séparée des œuvres: jeûnes, aumônes:
Comment chercher avec les mains le Dieu incorporel et impalpable? Ces
mains sont nos œuvres.
5.-
Que penser de la prière non exaucée? - Le Seigneur donne toujours quand
on lui demande, mais il ne donne pas toujours ce qu'on lui demande. Il faut
prier en confiance: le Seigneur sait mieux que nous ce qui nous convient.
Nous sommes ainsi engagés sur le chemin de l'espérance et de la patience.
Nous savons que l'Esprit intercède pour nous; lui il sait prier comme il
faut, alors que nous ne le savons pas: il n'intercède pas selon nous,
mais selon Dieu. Or, dieu est le seul à connaître notre vrai
désir. Il ya donc en nous une sorte de docte ignorance, mais éclairée par
l'Esprit qui aide notre faiblesse. (Dans Marcel NEUSCH, "Initiation à
saint Augustin", Cerf, Paris, 1996, col. "Épiphanie").
Passage au
rite
L'Eucharistie
accomplit en actes - Mystère de la foi - toutes les demandes du model de
prière: depuis la sanctification du Nom, jusqu'à la délivrance du Malin,
passant par le pardon des péchés et le don du pain quotidien. Entrons-y avec
le cœur bien disposé, et l'intelligence de la foi des nos paroles et nos
actes.
Pour le Notre
Père
Combien
plus votre Père céleste ne donnera-t-il de bonnes choses... Y a-t-il de
meilleures choses que celles qui sont demandées au Notre Père? Prins donc en
pleine assurance, en disant...
retour
VENDREDI
PREMIÈRE SEMAINE
Ez 18,21-28
Réponse du Psaume : Si tu retiens nos péchés, qui donc, Seigneur, pourra
survivre ? (Mis. noté vert, 210/54)
Mt 5,20-26
Introduction
Quel est le sommet « pénitentiel » de la messe ? A mon
avis, ce n’est pas « la préparation pénitentielle » du début ; mais lorsque,
dans le récit de l’institution, nous rendons présent « le sang versé (et
offert) pour nous et pour la multitude en rémission des péchés ». Offrande
et don s’emboîtent. Entrons reconnaissants et repentants dans cette
stéréophonie liturgique dons nous sommes acteurs et bénéficiaires.
Pour l’homélie
À la recherche du thème.- Il est
question de pardon dans les deux lectures, mais pas sur le même registre.
En Ezékiel, l’accent est posé sur la responsabilité personnelle ; détachée
de l’agir du clan ou de la famille. C’est la grande innovation apportée par
le Prêtre-Prophète en Exil. Chacun répondra devant Dieu de ce qu’il a fait…
Il y a un « petit » problème supplémen-taire : on ne se souviendra plus
de toute la justice qu’il avait pratique : c’est possible ? Je n’ose pas
répondre… C’est vrai aussi qu’il est dit : Si le juste se détourne de sa
justice, se pervertit, et meurt dans cet état, c’est à cause de sa
perversité qu’il mourra. Il faut aussi tenir compte que la révélation de
la survie – pour le vrai bonheur ou le vrai malheur – n’était pas encore
arrivée. Mais cette mort « seulement » corporelle était, à l’époque, le
résumé de toute séparation de Dieu … Ma question demeure.
D’autre part l’accent du passage évangélique est porté sur la
responsabilité du respect – de l’amour ? – à l’égard du frère depuis
les sentiments – se met en colère – jusqu’à l’insulte offensive, dont
la commission est considérée par Jésus aussi grave que le meurtre. Le
principe est annoncé en sentence généralisant : Tout homme… Si quelqu’un…
Suivent deux exemples pratiques, parmi nombreux d’autres possibles,
reportés à le deuxième personne du singulier :
Lorsque tu vas… Accorde-toi…
Une des caractéristiques des six antithèses dont il est question
au début du Sermon sur la Montagne, c’est de radicaliser les aspects
fondamentaux de la Loi. Il ne suffit pas de ne pas faire du mal physique au
frère (5e commandement), mais même pas de mal
« psychologique », dirions-nous aujourd’hui. (Nous savons que celui-ci
laisse aussi de traces, non pas dans le corps mais dans l’esprit).
Peut être de ce côté-là nous pourrions rapprocher la
perversité dont parlait Ezékiel (qui faisait oublier à Dieu tout le bien
jadis accompli) de ce mal verbal infligé au frère. Radicalisation apportée
par Jésus.
Le thème serait donc, sous un jour négatif, ne pas faire
le moindre mal au frère : ni physique, il va de soi, tout le monde
connaît la Loi ; ni psychologique, verbal, ou gestuel… En présence du
Père des frères, ce mal commis a la même gravité.
Mais on pourrait aussi retourner le thème et le regarder
sous un jour positif : faire le bien – aimer en parole et en acte – à tous
les niveaux au frère qui est à nos côtés.
Le sérieux de l’enseignement se traduit par le premier exemple
particulier : impossible s’approcher du Père, sans avoir offert ou demandé,
le pardon au frère. Dans le deuxième exemple, le sérieux s’exprime
par l’urgence à faire la paix.
Je copie de Bonnard : « Ce frère n’est pas l’homme en
général, mais au niveau de la vie palestinienne, le membre de la communauté
juive ; à celui de l’Église matthéenne, le membre de l’Église ; on perçoit
dans le 1er évangile une polémique contre la notion sectaire de
frère caractéristique de l’essénisme » (p. 64).
Passage au
rite
Nous entrons dans l’acte stéréophonique, où on offre en même
temps que l’on reçoit. Le sang, la vie ; le pardon. Même si mes péchés sont
absolument personnels, je ne peux pas entrer dans le mystère sans être
réconcilié à mon niveau afin de l’être aussi au niveau de Dieu.
Pour le Notre Père
Disons donc Pardonne-nous comme nous pardonnons, comme
venons de l’apprendre :
retour
SAMEDI PREMIÈRE SEMAINE
Dt 26,16-19
Réponse du Psaume : Heureux qui règle ses pas sur la parole de Dieu (Mis.
noté vert, 146/2)
Mt 5,43-48
Introduction
Marie de Béthanie reçu la félicitation de Jésus
parce qu’elle avait choisi l’unique nécessaire. Au moment de
commencer la messe qui clôture notre première semaine de Carême, nous allons
demander de savoir chercher le même unique : non pas une chose mais
une Personne. Que lui-même puisse nous pardonner nos égarements.
Pour l’homélie
À la recherche du thème.- Le
Deutéronome nous rappelle les deux volets de l’Alliance (de la Première et
de l’Éternelle) : D’une part, tu as obtenu du Seigneur cette
déclaration : il sera ton Dieu ; d’autre part : le Seigneur a
obtenu de toi cette déclaration : tu seras son peuple particulier… tu
devras garder ses commandements. Il y eu alliance mais les
engagements sont de la part du peuple, de l’inférieur, du bénéficiaire. Il y
a deux partenaires, mais c’est une alliance à « sens unique », du « haut en
bas ».
L’évangile, pour sa part, s’adresse à des partenaires de
l’Alliance ; elle est censée être signée : Vous avez appris… Eh bien moi,
je vous dis. Et ce qui nous est dit sont des impératifs, des expressions
d’appartenance à l’Alliance : aimez, priez, afin d’être, soyez parfaits !
Il est nécessaire de bien méditer pour bien accomplir, pour bien se
maintenir dans l’Alliance offerte ; nous ne la méritons pas ; nous la
gardons.
Des précisions. On chercherait en vain dans l’A. T. l’ordre
explicite de haïr l’ennemi. Cette instruction suppose l’idée largement
répandue dans le bas judaïsme que tous ceux qui ne font pas partie de la
communauté nationale et religieuse sont des ennemis.
♦ v. 43.- L’ennemi dans ce contexte, n’est ni
l’adversaire personnel, à l’intérieur de la communauté religieuse, ni
l’ennemi de la nation au sens politique et militaire, mais le persécuteur
de la foi, l’ennemi de la communauté messianique. En conséquence
prochain doit être compris au sens de membre de la même communauté
religieuse. Didaché : « Pour vous, aimez ceux qui vous haïssent et
vous n’aurez pas d’ennemi. » Mt veut dire que les chrétiens auront
toujours des ennemis ; la Didaché, qu’ils doivent essayer de n’en
plus avoir en les aimant. Pour ma part, j’oserai dire : « Ne soyez ennemis
de personne et vous accomplirez cette clausule de l’Alliance tellement
difficile, en apparence, à accomplir ».
♦ v. 45.- Afin d’être [litt. devenir]
vraiment : afin que vous deveniez ce que vous n’êtes pas encore.
Car il fait lever : Ce verset ne signifie pas que nous
devons chercher des preuves de l’existence de Dieu dans la nature ; mais
que, pour celui qui connaît le Dieu de Jésus Christ, la générosité de la
nature est une image, et même et même un signe valable, de son amour.
D’après Jésus, l’amour pour l’ennemi ne mérite pas une
récompense mais, sur la foi en la parole du Christ, il peut l’espérer.
L’extraordinaire évangélique (que faites-vous d’extraordinaire ?)
c’est de rompre l’égoïsme de clan ou de classe pour aimer l’ennemi.
L’extraordinaire de l’amour évangélique tient moins à l’intention de celui
qui aime qu’à l’objet, au bénéficiaire - ennemi de cet amour.
♦ v. 48.- Vous donc, soyez… exprime un ordre mais aussi
une promesse. Le thème de la perfection dans les écrits bibliques, n’exprime
pas tant l’idée de pureté morale que celle d’engagement total,
d’appartenance sans réserve à Dieu, au sein même du péché. Dans leurs actes
d’amour, de réconciliation, de fidélité intrépide à la loi du Christ, ses
disciples feront apparaître dans le monde quelque chose de la perfection du
Royaume de Dieu.
L’évangile nous montre le volet auquel nous sommes engagés dans
l’Alliance Nouvelle et Éternelle.
Passage au
rite
Il n’est pas une banalité de célébrer
l’eucharistie. Sérieux exercice de carême pour la redécouverte de la vérité
de notre conduite. À chaque célébration l’Alliance nous est offerte, comment
nous nous en acquittons ?
Pour le Notre
Père
Haine pour
personne, amour effectif pour tous. Afin d’être
vraiment les fils de…
retour